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MessageSujet: Le passé comme un boomerang ♠ [Livre I - Terminé]   Le passé comme un boomerang ♠ [Livre I - Terminé] EmptyVen 24 Jan - 10:40

Qui l’eut cru ? L’apocalypse de mon vivant. J’m’en serais bien passée, fallait pas déconner. J’pouvais mettre ma vie en jeu contre un joli contrat et un gros paquet de pognon mais depuis que les bombes avaient rasés de près le paysage... c’était ma peau tout court qui était en jeu. Ça m’plaisait moyennement. Bordel de merde, j’avais pas canné en Afghanistan, j’avais survécu à toutes mes missions, c’était pas pour y passer pendant des putains de vacances chez des bouffeurs d’escargot sur une foutu côte normande.
Le bon côté des choses, c’était que contrairement à la plupart des pécores, j’avais eu un arsenal sous la main... au début. Maintenant, tout ça était réduit en peau de chagrin. J’me sentais presque à poil. Un glock 17., un GP, un desert eagle trouvé dans le grenier d’un mec qui jadis avait dû avoir une armurie au black dans ses combles -un vrai normand, pas de doute-, un fusil de chasse et deux couteaux. J’vais encore des mun’ mais j’tiendrai pas cinquante ans comme ça. J’étais mercenaire, pas Dieu le Père. Côté bouffe, ça commençait aussi à tirer la gueule et heureusement que j’avais abattu ce crétin de Simon d’une balle entre les deux yeux, j’avais gagné quelques jours. Avait-on idée d’être aussi con à faire confiance vu la gueule de la météo ? À se demander si les recruteurs l’avaient choppé chez les boyscouts.

Toujours est-il que j’étais remontée par les champs, j’avais évité les routes, étripé ce qui ressemblait fort à une espèce de cinglé qui s’était pris pour un titan. Au cas où, j’avais même laissé une belle indication quoi qu’un peu voyante. Y avait pire dans le coin... moi. Y avait plus qu’à espérer que ce type-là avait pas traîné en peloton sinon, j’allais devoir jouer à chat, et c’était nettement plus drôle dans les grottes par une chaleur d’enfer.

Des putains de vacances en France...

J’avais fini par choisir les routes, le genre route menant au trou du cul du monde. De toute façon, c’était tout ce qui devait rester. Les trous de cul de province.
Bah tiens... quand j’le disais. Une ville, ou plutôt un patelin. Avant de foncer comme une tête brûlée et de me faire canarder comme une débutante, j’observais une heure ou deux. Ça avait l’air d’être civilisé dans le coin... pour une apocalypse, bordel, c’était pas si mal. Je repérais sans mal la brebis galeuse du tas, la bonne poire et sur un jeu d’actrice digne d’un oscar, je me fis passée pour blessée en m’approchant et en gémissant. Prestation d’enfer. Dommage, personne d’autre que lui pour la voir. Je plantais mon glock entre ses épaules, l’empêchant de faire un mouvement qu’il pourrait regretter.
Dans un français correct, je lui annonçais que c’était pas vraiment son jour de chance. « Tu la fermes et tu me conduis gentiment au type qui gère ce merdier. » Et après un petit rappel à l’ordre ou deux, ce fut fait. Brave garçon. D’un geste bien placé, je l’envoyais faire la sieste. Mais j’avais fait une grosse erreur, sous estimer la défense du patelin. J’eus quand même tout le loisir d’en étaler un et de péter le nez d’un autre avant de me retrouver immobilisée par une poigne bien solide, m’empêchant de me retourner dans un premier temps. Mais un moment d’inattention me permit de me relever avant de me retrouver la gueule en face à face avec le canon d’un flingue. Mes yeux se fichèrent derechef sur le visage du porteur du canon. Une seule chose me vint en tête et sortit tout haut en anglais bien franc. « Fils de chienne ! ». Non pas que j’avais un grief réel contre lui, mais y avait des gueules qu’on s’attendait pas forcément à revoir et j’avais plus le même lexique qu’à l’époque de nos têtes à queues.
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MessageSujet: Re: Le passé comme un boomerang ♠ [Livre I - Terminé]   Le passé comme un boomerang ♠ [Livre I - Terminé] EmptyVen 24 Jan - 11:16

    Une autre journée à Louisville. Une autre saloperie de journée. Qui passe lentement... Je n'étais pas allé voir Eléanore, pas plus que je ne traînais avec mes hommes. Pour l'instant, je restais seul, accoudé à une barrière de béton à l'orée du bois, séparant une propriété de l'extérieur de la communauté urbaine. Je réprimais mon violent manque de nicotine par tout ce que je trouvais, c'est à dire rien. Je ramassais des cailloux blanc de cette immonde allée de garage et je les lançais dans l'espèce de mare aux canards qu'il y avait trois mètres plus loin. Parfois, j'arrivais à faire un ou deux ricochets. D'autres fois, aucun. Je m'en fichais. Je m'occupais juste les mains pour les empêcher de trembler, le reste n'avait par ailleurs aucune espèce d'importance. Je réfléchissais. Ou plutôt non, je me perdais tout seul dans mes propres pensées. Il n'y avait rien de commode, rien de réconfortant à tout ce que j'imaginais. Je pensais aux écorcheurs, bien sûr. Notre principal souci immédiat. Comment les retrouver maintenant qu'avec Bandat on leur avait craché à la gueule ? Ils avaient mis les voiles, abandonné leurs morts, et on ne les avait plus revus, ni trouvé la moindre trace. Et les meurtres avaient cessé. Certains pensaient qu'on avait sauvé l'affaire en foutant la pétoche à ces mecs. Je n'étais pas d'accord. J'en avais vu assez d'eux pour savoir qu'il n'y avait rien pour les faire se carapater. Ils voulaient cette ville et ses ressources. Sa nourriture, ses armes, ses maisons, son bois, ses femmes. Ils voulaient tout. Ils n'auraient rien. Avec Bandat, on saurait s'assurer de...


    Putain, et voilà que je repensais à cette foutue gonzesse. Bandat. Bandat et son joli petit cul. Bandat et ses manières aguicheuses. Bandat le sniper. Putain de merde. J'étais déjà gêné d'entretenir une relation avec une femme. En désirer une autre c'était tout que pour continuer à m'embêter, j'en étais certain. Parce que bon. Avec Lén, c'était quand même pas anodin, ce qu'on partageait... Même si je savais pas vraiment ce que l'on partageait au juste. Je retournais en ville, convaincu que jamais j'aurais dû baiser Lén pour m'éviter des emmerdes qui commençaient déjà à se faire sentir : j'avais le chic pour savoir quand allait me tomber une tuile sur le coin du nez. Et le pire, c'est que j'avais voulu bien faire, encore une fois. Bref. Je retournais en ville, rejoignant la patrouille volante. Comet, Bertin et trois autres dont je ne connaissais que le nom qui étaient de l'unité de tankistes qui nous avait accompagné ce qui me semblait être un siècle en arrière. On avançait... Quand on tombait en pleine altercation entre mes hommes et une civile que je ne reconnaissais tout d'abord pas. Elle mit à mal les membres de l'autre patrouille avant que l'on intervienne. Bertin et Comet sur mes talons hurlant de lever les mains en l'air, je tirais de mon holster mon propre calibre pour le braquer droit sur la nuque de la fille, entretemps reconnue. Putain mais elle foutait quoi elle, ici ? Je me remémorais le tout instantanément. L'Afghanistan, la première fois pour moi. Pour elle aussi il me semble. Les paris, et leur conclusion... Je l'avais baisée parce qu'elle était bonne. Anglaise et un peu conne à l'époque, j'avais fait un joli pied de nez à son unité en me la cognant. On avait eu notre truc pendant quelques temps, juste pour s'amuser et décompresser sous les tropiques... Avant qu'il ne se passe un sale truc et qu'elle soit renvoyée de l'armée. Et la revoilà ici.


    Et après, on me dira que Louisville n'est pas une ville maudite, hein?


    La garce lâche un juron.



    | Salut Edgcombe. Heureux de revoir ton joli petit cul. |


    Je lui envoies la crosse de mon flingue en plein dans la gueule, la renvoyant au sol brutalement.


    | Qu'est ce que tu fous ici, connasse ? T'es en mission pour ta putain d'armée? |


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MessageSujet: Re: Le passé comme un boomerang ♠ [Livre I - Terminé]   Le passé comme un boomerang ♠ [Livre I - Terminé] EmptyVen 24 Jan - 12:30

Putain d’apocalypse. Ça devait évidement tomber en plein dans les vacances que je n’avais pas prises depuis deux ans. L’existence était vraiment une chienne de m’emmerder pendant mes putains de vacances. Si j’avais été en contrat, j’aurais au moins été armée jusqu’aux dents, fringuée comme il se doit pour les circonstances et avec des rations de survie. Les rations, c’était pas la joie mais c’était toujours mieux que la bouffe que je me trimballais. Les fayots et les conserves froides, pas que j’avais pas déjà donné mais ça commençait à bien faire. Même les animaux se faisaient rares, c’était vraiment la merde. J’me serai bien bouffé un lapin bien cuit mais je l’avais dans l’os.
Cela dit, j’étais pas non plus particulièrement ravie d’avoir un flingue braqué sur la gueule. En général, c’était moi qui mettais en joue. Ce genre de chose avait tendance à me mettre de mauvais poil. Pour couronner le tout, j’étais pas franchement heureuse de me faire braquer par ce mec-là. Fallait que je tombe sur lui, précisément lui, dans le trou de cul de la France. Sur tous les pécores du coin, c’était Raulne que j’avais en face de moi. J’aurais bien fait ma mariole mais ce con était capable de me faire un nouveau trou pour la ventilation. Pas pratique et franchement débile alors que j’avais éviter qu’une bombe me tombe sur le coin de la gueule. Sans ce type de problème probable, je lui aurais déjà pointé mon flingue en direction de ses valseuses. Il devait déjà pas avoir apprécié que j’étale une partie de la sécurité du coin, alors si je faisais ça...
À sa remarque, je souris largement mais pas du tout le genre de sourire qu’il aurait pu voir en Afghanistan. Il avait pas l’air très au courant du fait qu’on m’avait déclarée disparue puis perdue, ou plutôt, décédée. Apparemment, l’histoire était restée en interne. C’te blague. Bref. « J’peux pas en dire autant de ta gueule Raulne. Quoi que ton cul... ça se laisse négocier. » Jamais j’aurais osé dire un truc pareil en public à l’époque.

Un coup de crosse dans la gueule, ça sonne un peu et on a tendance à mettre un genou à terre, j’faisais pas exception. Je me mis à rire en le regardant droit dans les yeux avec un regard qui en disait assez long sur une chose : j’avais profondément changé. J’étais plus le même animal qu’à notre rencontre. Plus le même du tout. Et visiblement, il ne savait vraiment rien sur l’après scandale. Ça avait le don de me faire bien marrer. « J’ai une gueule de roastbeef commandé tout propre sur lui ? Franchement, tu me déçois Raulne. Au moins, ta vue est restée perçante pour mater une paire de fesses. » L’idée de lui menacer l’entre-jambe avec un couteau était tentante mais c’était un coup à me prendre une balle. C’était pas l’idée du siècle. Et puis, j’avais pas crapahuté dans les champs et la merde pour y passer aussi connement. Il n’empêche que je ne pus pas faire autrement que de retourner le poignet du type qui posa sa main sur mon épaule pour m’inciter à rester le genou à terre. « Toi, touche-moi encore et c’est pas la main que j’vais te péter ? Vu ? » Le regard que j’avais en disait assez long. C’était le mec à qui j’avais péter le nez. Il devait être ravi de me voir à terre, du moins jusqu’à ce que je lui retourne le poignet. « T’as été me le chercher où celui-là ? Chez les scouts ? Bordel de Dieu, me dis pas que c’est ça qui monte la garde. » Oui, je me permettais de l’ouvrir mais j’avais pas moins de quinze trains de retard à rattraper concernant le patelin.

Pour sa gouverne, et en guise de bonne foi, j’lui annonçais quand même la couleur me concernant. « Au fait, te défrise pas, y a personne d’autre en route pour ce petit coin d’enfer. Le dernier couillon que j’ai croisé se l’est joué Rambo version Krueger. Il décore près d’un bosquet à six ou sept kilomètre d’ici. » Bon, j’y avait été un peu fort pour l’exemple puisque je l’avais ouvert en deux de bas en haut après l’avoir solidement attaché à un tronc, ainsi que quelques autres joyeusetés. J’ignorais carrément que j’avais refroidi un type de la variété de ceux que le militaire avait dégommé. En même temps... j’savais franchement pas ce qui traînait dans le coin. Quand un mec fait montre d’intentions hostiles à mon égard, j’me la joue pas sainte ni négociatrice.
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MessageSujet: Re: Le passé comme un boomerang ♠ [Livre I - Terminé]   Le passé comme un boomerang ♠ [Livre I - Terminé] EmptyVen 24 Jan - 19:20

    Ca c'est du Raulne tout craché. Taper d'abord, poser des questions ensuite. Je me fichais bien des conséquences de mes actes pourvu que j'obtienne le résultat escompté. Et là en l'occurrence le résultat que je désirais, c'était d'obtenir des putains d'informations qui pourraient nous permettre à tous de nous en tirer en un seul morceau. Bien sûr, je n'étais pas aussi naïf que ça. Je savais très bien qu'il y avait peu de chances qu'on ramène tout le monde au bercail. La fosse commune dans laquelle mes gars étaient enterrés commençait déjà à se remplir, il ne fallait donc pas beaucoup s'étonner de la putain de tournure que prenait les évènements. J'avais de moins en moins d'hommes, et les meilleurs et les plus endurcis n'étaient pas forcément les derniers à être partis. Putain de guerre. On s'y prépare pendant toute une vie et quand elle commence pour de bon, les choses dégénèrent sûrement et simplement. Et voilà que je retombais sur un autre fantôme de mon passé. Putain de Louisville. Putain de merde de situation pourrie. Je voyais dans son regard de fauve qu'elle estimait ses chances d'aller plus vite que mes réflexes. Nous tombions sur la même conclusion au même moment. Si elle bougeait, je lui faisais péter le coffre et je répandais ce qui servait de cervelle à une foutue gonzesse partout sur les murs. Pas besoin d'hésiter, je savais qu'elle était un soldat, ou du moins un ancien soldat. La fille me sourit, mais ce sourire a quelque chose de dérangeant. Je ne relève pas, je ne réagis pas, ne voulant pas lui laisser la plus petite once d'iniative dans nos échanges. Elle m'envoie une pique, me complimentant indirectement. Je lui refrappais le visage avec la crosse de mon arme, tout aussi violemment et vicieusement.


    | Ta gueule. Ici, t'es rien ni personne, alors tu te la joues pas Lara Croft, on est d'accord? |


    Ca ca veut dire, tais toi, ou je te jure que je te fume et personne ne trouvera rien à y redire. J'aime être un homme sociable et honnête, faire la discussion et tout ça. Mais quand c'est moi qui fait le mariole, pas l'inverse. Cela dit, je remarquais qu'Alix était plus distante, plus froide, plus dure. Je ne savais qu'à peu près ce qu'elle avait vécu en Afghanistan et cela ne m'étonnait pas. De plus, si elle avait survécu là dehors depuis un moment... Ca vous change un homme, et ça rend moins con les femelles. Cela dit elle avait raison. Les english étaient de vrais clowns en opérations et ils osaient même pas se masturber sans autorisation. Pour autant, elle pouvait faire partie des forces spéciales pour ce que j'en savais, ou pire, de ces putains de mercenaires à qui on avait foutu la râclée après qu'ils nous aient pilonné la gueule. Après tout on ne savait rien de ces gars là. La seule chose dont j'étais à peu près certain, c'était qu'elle ne pouvait pas être impliquée avec nos écorchards locaux, ces types violaient et trucidaient toutes les gonzesses sur lesquelles ils parvenaient à mettre le main. Je ris.


    | y'a pas que ma vue qui soit perçante, poupée. |


    Blague graveleuse, je montre à mes hommes que j'ai le parfait contrôle de la situation. La voilà qui menace à nouveau l'un de mes hommes. J'agite doucement mon flingue.


    | tut-tut-tut, elle va se calmer cette grande gueule ? Sinon je laisse le scout te démonter le fion et te taper la rate. Okay? | terminais je en parodie de l'accent anglais que j'employais en opération quand je m'adressais aux britons.


    elle me dit que je n'avais pas à m'inquiéter personne ne venait par ici dans le secteur. Je fronçais les sourcils. Elle m'annonçait avoir buté un mec si ce n'étaient plusieurs.


    | Et toi, bien sûr, tu es venue ici pour tes vacances... Dis moi ce que tu fous vraiment ici et qui tu as croisé en route. |

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MessageSujet: Re: Le passé comme un boomerang ♠ [Livre I - Terminé]   Le passé comme un boomerang ♠ [Livre I - Terminé] EmptyVen 24 Jan - 20:36

Me faire mettre à genou par une moitié de sécurité, ça avait le don de m’agacer et de malmener mon ego mais en l’occurrence, mon ego n’était pas vraiment la chose dont je me préoccupais pour le moment. J’étais dans un trou paumé au milieu de nulle part avec un flingue braqué sur la gueule qui trouva aussi sec son chemin vers mon visage une fois de plus. Je me massais un peu la zone endolorie par les coups précédents, le défiant à moitié du regard de faire mieux. Je n’étais pas masochiste mais j’avais appris à encaisser les coups, plus que nécessaire et il m’était même arrivé de me blesser moi-même pour faire comprendre à mes adversaires que mon propre corps était un outil comme un autre. Je n’avais pas de pensées suicidaires non plus. J’étais pragmatique. Cependant, quelque chose changea malgré tout dans mes yeux, un avertissement latent. Je ne ferai rien ici mais j’avais la dent dure et ça, il ne pouvait pas s’en douter. « T’as le flingue. C’est toi le chef après tout. » Remarque vaseuse... avoir un flingue n’instaurait pas la supériorité, sinon, j’aurai fini dans une fosse commune dans un pays quelconque en guerre. Qu’il comprenne que je me foutais de sa gueule ou pas m’importait peu. La seule raison pour laquelle j’avais ramené mon cul ici, c’était survivre, pas crever parce que ce cher Philippe avait dormi avec une épine dans le cul.

Quand il tenta de se la jouer à l’ancienne, je relevais le regard, arborant le même sourire. « J’suis au courant, j’ai pas oublié, t’en fais pas va. Note, le sable, c’était pas le top, ça s’insinuait partout. » J’aurais pu, dû la boucler mais s’il voulait jouer au jeu du : « J’te mets mal à l’aise histoire de rassurer les couilles de mes hommes. », on pouvait jouer à deux.
À la remarque suivant en revanche, il s’attira un regard qui en disant long, très long sur mes intentions à son égard si la menace n’était pas une menace en l’air. Il n’y avait qu’une chose, une seule qui pouvait m’atteindre et ce qu’il venait de dire résumait parfaitement le malaise. Je ne souriais plus. Qu’il prenne garde aux menaces qu’il formulait où je les lui ferai bouffer. Je n’avais pas un regard blessé ou apeuré, il s’apparentait plus à celui d’un animal sauvage blessé qu’il ne valait mieux pas contrarier.
Je me relevais avant de lui répondre. « Et bien si, j’étais en vacances bordel de nom de dieu -en anglais dans le texte-. Mes putains de premières vacances depuis deux ans figure-toi. C’que je fous ici ? C’est le seul foutu patelin encore debout. Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? J’ai vu de la lumière ? Ouais, si on veut, y a de ça. J’ai vu du mouvement, j’me suis approché, j’ai vérifié que c’était pas un de ces putains de cinglés que j’ai plombé et j’ai fait du gringue au crétin qui pique un roupillon le nez dans la terre et me voilà. Quant à qui j’ai croisé en route, un ancien collègue de boulot qui a pris une balle entre les deux yeux en court de route -J’évitais de dire que je l’avais plombé pour survivre et avancer plus vite- et de temps en temps un cintré qui nous refait un foutu remake de l’aube des morts mais en plus intelligent et en plus glauque. Et avant d’arriver ici, le gars que j’ai ouvert de bas en haut à quelques kilomètres histoire de faire un exemple. Point à la ligne ! J’ai croisé personne depuis trois semaines de merde à part quelques ravagés ! »
J’étais pas le genre émotive et je m’emportais pas même si j’avais haussé le ton. En vérité, c’est qu’on était jamais seul en contrat, on restait jamais coincé pendant cinquante plombes tout seul à causer avec un ballon de volley. J’avais pas vu la civilisation depuis un bail. J’avais un poil les nerfs.

« Tu veux savoir quoi d’autres ? » J’me doutais que c’était pas fini et qu’il faisait que commencer. La tentation de lui tailler la barbe avec un couteau était quand même pas mal tentante. Fallait pourtant que je m’abstienne.
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MessageSujet: Re: Le passé comme un boomerang ♠ [Livre I - Terminé]   Le passé comme un boomerang ♠ [Livre I - Terminé] EmptyVen 24 Jan - 22:11

    Je n'étais pas d'humeur patiente, et il allait vite falloir qu'on trouve un truc parce que si j'allais devoir cogner cette conne pour qu'elle se mette à table, ça allait jaqueter et la populace du coin n'était pas du genre à accepter la torture aussi librement, loin de là. Il fallait que je fasse en sorte de comprendre, et de tout savoir. C'était toujours l'enjeu de la grande partie, n'est ce pas ? Je faisais un signe de tête à Comet, ne partageant qu'un regard avec le sergent chef de mon peloton. Il hoche presque imperceptiblement la tête. Comet est un homme dur. Il n'aime pas la torture gratuite. Mais il sait que parfois, c'est nécessaire. On ne peut pas traîner cette petite poule jusqu'à la mairie. Ca va jaser et on va encore se faire accuser de viol alors qu'on n'aurait pas touché à un seul poil de cul de la donzelle. Comet se dispersa avec mes hommes, nous laissant un peu d'intimité pour s'assurer que personne ne viendrait déranger notre petite conversation dans cette ruelle sordide. La fille continue de me regarder. Elle pourrait mordre, la pouffiasse. Je ne m'en approche pas trop, ça ne sert à rien. Plus je reste à distance et plus je suis en sécurité. Je connais bien les prises pour se débarasser du connard prétentieux qui vous braque un flingue sur la nuque. Ca, c'est du trop facile pour moi. Alors, je donne pas cette chance. A qui que ce soit. Ca n'en vaut tout simplement pas la peine. La fille obtempère, mais je sais que ce n'est que pour un court instant et qu'elle prépare déjà sa revanche. Autant dire que je me prépare au pire. Et le pire, ça me connaît. Je ne réponds pas à ses paroles. Ca n'en vaut pas la peine et je risque de dire une connerie, quelque chose qui nous foutrait en l'air pour rien. Elle me sourit, alors que je la tape. Putain elle a bien changé, Alix. Elle a plus son gros balais dans le cul maintenant


    | Ah ouais ? J'ai toujours cru que si tu te grattais c'était pour les morbacs. Notes, j'ai toujours pris mes précautions avec toi. On sait jamais. |


    Pan. Ca c'est fait maintenant ta gueule et passes à table. Cependant, je notais très vite la faiblesse de la fille. Elle n'aimerait pas qu'on la viole, son regard était assassin. J'identifiais tout de suite cela comme une grande peur, une faiblesse que je me devais d'exploiter. Moi personnellement, je n'avais pas la fibre du pointeur dans le cœur, mais qui pourrait le dire pour certains de mes hommes ? Je découvrais mes dents en un sourire carnassier totalement malsain. La fille se relève. J'aligne ma mire sur sa poitrine. Autre erreur que j'évitais. Un tir à la tête c'est pas franchement facile. Un mouvement brusque et je perds ma cible. Une poitrine c'est plus large, et ça bouge moins rapidement puisque tout le reste du corps doit bouger d'abord. Et même si elle me foutait un coup dans le bras qui ne me faisait dévier que de quelques centimètre, je pouvais toujours lui toucher l'épaule ou le bras. Tandis que la tête, si on dévie, c'est loupé. On arrache une oreille au mieux. La fille crache en anglais qu'elle était vraiment en vacances. Son histoire tenait la route. Mais je ne tenais pas à laisser entrer une ennemie. Et ca faisait beaucoup de touristes qui se retrouvaient à Louisville, dis donc...


    | Des vacances ? Putain, tu te ramollis Edgecombe. Enfin, tout est question de proportion. T'as jamais eu vraiment les couilles. T'as l'air plus méchante qu'avant, mais t'es encore un cran en dessous. T'as tué des mecs ? Ok. Tu m'expliques en détail tout ce que tu sais d'eux. Leurs vêtements, leur direction, leur équipement, ce qu'ils t'ont dit, ce qu'ils te voulaient. Et tu vas te déplumer toute seule comme une grande, et me dire d'où tu tiens tout ce qui t'as aidé à arriver jusqu'ici. Et pas d'entourloupes, sinon je te démolis un nichon au neuf millimètres. Tu sais que je déconne pas. Alors tu te tais. Et t'exécutes. Plus vite ce sera fait, plus vite on saura si je te file à mes hommes avant de te fusiller ou si on te file une paillasse pour la nuit. |

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MessageSujet: Re: Le passé comme un boomerang ♠ [Livre I - Terminé]   Le passé comme un boomerang ♠ [Livre I - Terminé] EmptySam 25 Jan - 0:07

Tout ça commençait à me taper sérieusement sur les nerfs. Le problème, c’était que je ne pouvais pas risquer de me prendre une balle dans le buffet. J’avais pas fait tout ce chemin pour ça même si à la base, j’pensais pas trouver encore un truc qui tienne debout. Mais de voir tout ce beau monde me laisser en tête à tête avec Raulne me fait m’interroger plus en détail sur la situation du coin. Quand on agit comme ça, c’est qu’on a quelque chose à cacher. Qu’est-ce qui était arrivé à ce foutu patelin, dans quelle merde avais-je atterri ?
Mais cette fois, je zappe la suite des politesses, j’en ai ma claque. Je ne capitule, j’ai juste autre chose à foutre que de jouer à chat maintenant qu’on est en tête à tête. Il persistait sur le chemin de la menace. Tout ça allait dégénérer, je n’étais pas d’humeur à me laisser emmerder par un con de militaire qui jaugeait son grade à la taille de sa queue.
Il point son arme vers ma poitrine alors que je me relève. Sans faire de geste brusque, je pointe l’arme vers mon cœur et me rapproche bien, le forçant à faire un pas en avant. Mon regard n’a pas changé mais mon sourire d’étire. Je ne prends, cette fois, pas la peine de m’adresser à lui en français. « Garde-toi de faire des menaces que tu pourrais regretter Raulne. D’autres l’ont fait avant toi et ils pourrissent au milieu des déserts dans lesquels ils voulaient me lâcher. Alors m’emmerde pas avec ta putain d’autorité à deux balles. Demande et je réponds. » Lui servir un partie de réponse ? Encore fallait-il que son cerveau décrypte l’info et la rattache à une autre.

Cette fois, je repris en français, sans bouger. « Des vacances ouais et me parle pas de couille ou j’te remonte les tiennes en deux deux. Mais que veux-tu, faut profiter de son argent avant de crever. Quoi qu’en l’occurrence, pour le coup, c’est râpé. » Je ne relevais même pas la provocation sur ma méchanceté comme il l’appelait. Mieux valait qu’il ne sache pas ce que je faisais quand je n’étais pas en vacances. « J’ai pas fait les comptes et j’leur ai pas vraiment demandé non plus de me filer leur acte de naissance. En général, ils étaient fringués avec ce qu’ils avaient trouvé sur les corps. Superpositions de couches, matos de camping mourir, armement de grenier, le genre pas déclaré à l’état mais pas toujours en super état de marche. Mais ça, c’était au début, bien avant que j’arrive dans le coin. Toujours au début, ils voulaient juste nous braquer, histoire qu’on refile notre matos. Sauf que j’étais pas exactement équipée comme le pecno de base des environs et moi, quand on me braque, généralement, j’le prends plutôt de travers. Par la suite, on a commencé à tomber sur des dégénérés. Enfin, ça passait... Ils étaient un peu frappé, pas spécialement coriace mais c’est devenu une question de matos, de fringues, de bouffes. En fait, ils étaient juste paumés et rendu barjots par les circonstances. Ceux-là tentaient de rallier les grandes villes quand ils tentaient pas de nous buter. Ça a commencé à craindre après. Mon binôme a crevé, faute d’inattention, j’ai récupéré ce que je pouvais. » Gros mensonge mais rien n’indiquait que je mentais. Il fallait pouvoir tromper son monde dans mon job. « Après ça, j’ai évité les grands axes, les axes tout court d’ailleurs. J’suis passée à travers champs et bois. La plupart des gens sont bruyants dans un tel environnement, facile à repérer et donc à laminer. J’ai pas rencontré grand monde après ça. Sauf l’autre taré. Il avait des fringues de militaires sur le dos, pas trop mal armé. Lui, il était ravagé. Tu te souviens de ces gars, le regard à l’ouest qui attendait que la merde arrive sur nous pour s’éclater ? Pareil. Cette espèce de merde a cru pouvoir s’amuser. J’lui ai plombé l’épaule et un genou avant de l’attacher à un arbre et de l’ouvrir en deux. Il était clairement pas tout seul dans le coin. J’en ai évité un paquet d’autres avant lui. Compte une dizaine de kilomètres, quinze à tout péter pour commencer à tomber dessus. J’me suis pas attardé pour leur demandé la route. »

Maintenant que j’avais tout dit et sans répondre à la provocation puisque j’avais été claire sur le sujet un quart de poil plus tôt. Je posais mon sac lentement à côté de ses pieds, ouvert. Munitions -cinq boîtes de 9 mm et une demi de 357-, cartouches -une petite dizaine-, bouffe, fringue, cordes, mousquetons, huit, papiers et allumettes. Pas de tente ni de sac de couchage. J’avais pioncé la gueule dehors par tous les temps. Je décrochais le holster, déposant sur mon sac le glock, le GP et le desert eagle, chargés à moitié tous les trois, en cas de perte, moins de mun’ perdues. Je lui filais le fusil de chasse avant de retirer un couteau de ma ceinture et un de ma botte. Pas le genre de couteaux qu’on trouve dans le commerce ni dans les armées régulières et les deux premiers flingues étaient clairement les miens vu l’entretien. Je les plantais dans un pot de fleurs mortes, pas loin de ses pieds dans un geste on ne peut plus précis, lui signifiant clairement que j’aurais tout à fait pu les lui planter dans les pieds. « Tu veux fouiller ? »
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MessageSujet: Re: Le passé comme un boomerang ♠ [Livre I - Terminé]   Le passé comme un boomerang ♠ [Livre I - Terminé] EmptyDim 26 Jan - 9:57

    Cette sempiternelle recherche d'informations m'obsédait, c'était quelque chose que je n'aurais su nier à quiconque. Peut être était ce parce que combattre dans le noir complet ne m'allait pas, peut être aussi était ce dû à ma spécialisation militaire. Après tout, j'étais un soldat, pire, un officier, dans une section de reconnaissance. J'avais des responsabilités et la base de mon job, de ma vocation même, était justement de récolter et de traiter des informations pour permettre aux gars d'avancer dans une sécurité relative pour surprendre un maximum les adversaires auxquels nous pourrions être confrontés. Or là, je n'étais plus vraiment à même de pouvoir réaliser la mission qui était dévolue à mes fantômes. Nous n'avions aucune solution de repli, des approvisionnements en eau et en nourriture extrêmement limités, et il avait fallu également que l'on se mette au régime sec pour d'autres fournitures. Les munitions ne manquaient pas, elles. On n'avait eu qu'une seule échauffourée même si elle avait été sérieuse, mais on avait récupéré plein de munitions sur les types morts qui nous avaient attaqués... Et sur les corps des anglo-américains sur la plage. Entre ça et les corps de soldats du régiment de dragons retrouvés en périphérie de la ville, on avait même plus d'équipement létal qu'au début de toute cette guerre ! Mais voilà, sans base arrière, sans réserves de denrées et sans tout le reste, on ne pouvait pas progresser. Du fait, nous qui étions sensés être les yeux et les oreilles de l'armée n'avions plus d'armée à guider, et aucune liberté de mouvement ou presque. C'était quelque chose de désagréable et d'extrêmement frustrant également. Bref. Voilà que l'autre foutue pouffiasse joue aux durs.


    | Je suis en position de te menacer, et pas l'inverse. Alors ne me fais pas chier ou je jure que je t'explose. |


    Elle m'explique qu'elle était effectivement en vacances, et me menaçait à nouveau. Je la frappais encore avec la crosse de mon arme, d'un coup sec en plein visage. Merde alors, elle commençait à me les secouer à ne rien vouloir comprendre ! Je laissais échapper un petit rire alors qu'elle disait que ses congés étaient foutus.


    | Ah ça, je te le fais pas dire. |


    Et voilà qu'elle reprend ses grands airs, qui me donnent envie de lui péter les dents. Elle a pas encore compris qu'elle ferait mieux de la fermer ? Je ne la frappe pas. J'ai besoin des informations qu'elle est en mesure de m'apporter, même si celles ci ne peuvent qu'être douteuses. Je voyais le genre de types auquel elle faisait allusion. Ces mecs qui six mois plus tôt étaient pères de famille, commerçants, honnêtes hommes, et qui dans l'horreur se métamorphosaient en pillards, en violeurs, en meurtriers. Un peu comme des militaires en fait, mais sous le coup d'aucune forme institutionnalisée d'autorité, ce qui les rendait bien évidemment extrêmement dangereux de par leur nature. Même s'ils étaient souvent chichement équipés, cela ne voulait pas dire qu'ils soient totalement inoffensifs, bien au contraire... La fille a survécu parce qu'elle était entraînée contrairement à tous ces types, et parce qu'elle était mieux équipée. Ca, je voulais bien le croire. Son histoire était plus que crédible, mais est ce que cela voulait dire pour autant que je devais tomber dans la panneau ? Non. J'allais la cuisiner encore, c'était immanquable. Je ne pouvais pas me permettre d'agir autrement de toutes façons. Une fois son histoire finie, elle pose son sac ouvert. Des munitions, de la nourriture, du rechange et un peu de matériel divers. Elle me montre le glock, le FP et le desert eagle. Tu parles qu'elle a su survivre, elle se trimballe avec la moitié de la puissance de feu de l'armée russe sur le dos. Je comprenais le message. Je te donne mes armes mais gares à toi si t'abuses de trop. J'hochais la tête, souriant.


    | Tu me crois aussi con ? Non, chérie. Je crois que tu vas faire ça pour moi. A poils, et au trot. Je dois être certain que tu m'as laissé toute ta quincaillerie et je veux pas t'approcher de trop près, ça serait la merde après et on le sait tous les deux. Tu n'en profiterais pas, j'en suis sûr, pour me péter la gueule. Alors tu vas t'auto fouiller. Ou plutôt t'auto-effeuiller. Sympa comme concept, non? |

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MessageSujet: Re: Le passé comme un boomerang ♠ [Livre I - Terminé]   Le passé comme un boomerang ♠ [Livre I - Terminé] EmptyDim 26 Jan - 13:32

J’étais bien loin d’imaginer la situation qu’avait traversée la ville. Je m’étais juste préoccupée de ma gueule depuis que j’avais butté Simon. Je n’avais eu à m’occuper de rien ni de personne à part de moi et de ma survie. Quand il avait fallu faire couler le sang, je l’avais fait. Point barre. La Alix d’avant 2002 aurait probablement répugné à faire tout ça mais elle était mort, d’une certaine façon. Je n’étais pas elle même si certains de ses démons me hantaient encore. Mais il était hors de question que je laisse ses démons me dominer et ses souvenirs me poursuivre. J’avais autre chose à foutre que de me remémorer des événements passés. Ouais, quelque part... dans le désert d’Afghanistan, une brave bonne femme était morte, y avait juste pas de cadavre à trouver, juste un écho vague.
Que Raulne fasse sa crise d’autorité n’avait rien de surprenant, déjà avant, il était le genre nerveux et merdeux. Fallait pas demander à un jeune clébard de se comporter autrement quand il avait eu l’habitude de faire un peu comme bon lui semblait. Notez, à sa place, j’me serais probablement péter une dent ou deux mais putain, il me faisait chier royalement. Un nouveau coup vola tout droit vers mon visage. Ça commençait à me lasser, je tournais légèrement la tête pour évité en grande partie le coup, mais pas assez vite puisqu’il me râpa en partie la joue. J’étais vraiment pas au top de ma forme pour ne pas réussir à éviter ce coup. Mais avec ça, il comprendrait peut-être que j’allais pas non plus me laisser cogner dessus joyeusement jusqu’à ce qu’il se fatigue.

Mais fallait quand même que je coopère un minimum sinon, j’allais vraiment me faire plomber le cul. Je lui filais donc ce qu’il me demandait, des infos. J’évitais le récit détaillé du temps passé dehors, j’avais plus ou moins perdu le compte des jours. J’en avais franchement rien eu à battre de savoir quel jour pouvait bien afficher le calendrier. Le jour, il faisait jour, la nuit, il faisait nuit. Point barre. J’avais pioncé quand j’étais fatiguée, ne dormant que d’un œil... J’avais bouffé quand je pouvais plus faire autrement. Heureusement, j’avais eu, en plus de mon ancien entraînement de militaire, un enseignement bien plus costaud derrière. Je savais à quoi ressemblaient presque toutes les formes de privations, j’avais même expérimenté certaines tortures. Ma vie, ça avait été d’avancer, de me taire, de survivre, d’empocher mon pognon ou de crever. J’avais nagé en plein no man’s land avec une moitié d’identité remaniée. La civilisation de base avec ses règles, j’avais du mal.
De fait, à mes yeux, Raulne était un peigne cul casse couille qui avait dû bouffer son manuel depuis vu la gueule de ses grades. Pourtant, il était hors de question que je le sous-estime. Ce type était presque aussi vicieux que moi. Voilà pourquoi, en déposant mes armes, je lui fis comprendre qu’il ne fallait pas trop abusé parce que me faire plomber ne suffirait peut-être pas à m’arrêter. Il ne fallait jamais présumé de rien.

J’allais rétorquer un truc graveleux mais je me repris de justesse. Nom de dieu ce que j’avais envie de lui péter la gueule. « Dommage, t’étais pas contre l’effeuillage réciproque à l’époque. » J’avais pas pu m’en empêcher. Décidément...
Cependant, je balançais mon manteau à terre, ma veste en kevlar, mon pull, me retrouvant en débardeur. S’il tiquait pas sur le kevlar, j’aurais du cul mais j’pouvais pas faire autrement. Pas moyen de cacher quoi que ce soit sous le débardeur noir à moitié transparent tellement il était usé, pas même le pansement que j’avais sur la clavicule ou encore les autres cicatrices que j’avais un peu partout, de formes et de tailles variables. Ça aurait pu disparaître si ça avait à chaque fois été soigné rapidos mais on avait pas forcément de toubib avec nous à chaque fois, résultat, ça laissait de sales traces. Je jarretais mes pompes puis ouvrais ma ceinture pour laisser mon froc se casser la gueule en bas de mes chevilles. J’avais un pantalon nettement plus serrant en dessous histoire de pas trop me les peler, pas moyen non plus de cacher quoi que ce soit, d’autant plus que j’avais fait des barrières de toiles isolantes en haut de mes cuisses, au dessus et en dessous des genoux et aux chevilles. Ca empêcher les bestioles de passer et le vent avec. S’il pensait que j’allais me foutre à poil en pleine rue, il l’avait dans l’os. J’me retournais même un peu pour qu’il voit que j’avant rien dans le dos, à part, encore et toujours, quelques marques. S’il avait été observateur, il aurait même pu voir que j’en avais une belle qui partait du front jusqu’à mon oreille. Un souvenir de ma « punition » en Afghanistan et j’en avais d’autres des souvenirs de cette époque. « Satisfait Raulne ? Ou j’continue ? »
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MessageSujet: Re: Le passé comme un boomerang ♠ [Livre I - Terminé]   Le passé comme un boomerang ♠ [Livre I - Terminé] EmptyDim 26 Jan - 20:14

    J'essayais d'être le plus malin, ce qui n'était pas forcément facile. Je n'étais pas une flèche, et je n'étais pas non plus le plus apte à établir des plans trop compliqués. J'étais simple comme se devait de l'être un simple fantassin. Bien sûr, cela signifiait que je ferais probablement une erreur à un moment ou à un autre. Je le savais, je m'y préparais. J'avais de très bon réflexes et je cognais fort. J'étais beaucoup de choses, c'était sûr, mais j'étais surtout capable de me défendre, de faire mal aux gens. J'étais comme ça. Je pensais avant tout à ma propre survie, et en second à la survie des hommes sous mon commandement. Je n'étais pas le meilleur tacticien, ni même le meilleur meneur d'hommes. Je faisais ce que j'avais à faire et c'était déjà bien suffisant. Je ne cherchais pas plus loin. Réfléchir un peu plus ne ferait que me conduire à des considérations malheureuses, ce que je voulais éviter à tous prix. Rester en vie à tous prix était le crédo. La fille essaie d'éviter le coup, mais trop tard. La poignée de mon arme s'écrase brutalement sur sa joue. Ce sont des choses qui arrivent. C'est à son tour d'en chier, c'est comme ça. Quelque part, j'avais l'impression que je la rabaissais à notre niveau de merde à tous pour éviter qu'elle ne soit laissée de côté, fraîche et immaculée, tout juste arrivée du dehors, cette zone quasi légendaire où se côtoyaient mercenaires, écorchards, et autres joyeusetés que nous n'avions pas identifié. Bientôt, Louisville laisserait sa marque sur elle aussi. Chacun son tour, moi, j'avais déjà donné. La fille me dit que j'étais pas contre l'effeuillage réciproque, en faisant référence à cette lointaine époque où j'étais déjà en train d'imaginer toutes sortes d'arnaques ; comment niquer la british en faisait notamment partie. Je lui rétorque, un peu sèchement.


    | C'est sûr, mais uniquement parce que je voulais ton cul. Là, j'en veux plus. Alors, tu t'exécutes. Ou je t'exécute. Au choix. |


    Elle le fait. Elle a beaucoup de matos et de couches d'épaisseur. Pour une fille en vacances, bien équipée. Veste en kevlar, rien que ça. Elle l'a forcément piquée sur un mort. Buté par ses soins ou alors était ce simplement une « trouvaille » ? Je ne croyais pas aux coïncidences. Elle se retrouve en débardeur noir, suffisamment usé pour que je voie au travers. Je ne m'intéressais pas aux attributs de sa féminité. En fait, je m'en contrefichais totalement. C'était pas le moment, et j'étais déjà pris. Suffisamment d'emmerdes au cul pour ne pas en plus retourner vers une vieille prise, une fille que j'avais charmée uniquement pour gagner un pari avec mes hommes. Elle était tentante, c'est sûr, mais je tirais mon coup suffisamment régulièrement pour résister à une beauté vénéneuse comme elle. Si je l'approchais, elle me planterait. Ca se voyait comme le nez au milieu de la figure. Bref. L'anglaise continua à se dessaper, ne laissant qu'un pantalon qui la ficelait et son débardeur pourri. Elle fit le tour. Elle cachait peut être quelque chose dans sa petite culotte la vile, comme un surin maison. Mais je m'en fichais. Le pire était écarté. Si je ne faisais pas d'erreur, il ne se passerait rien. Elle me demande si je suis satisfait ou si elle doit continuer


    | Ca va, va pas croire que j'ai envie de te revoir toute nue. Vue comment t'es fringuée, ça doit être bourré de saloperies là dessous. Tu peux te rhabiller, mais tu laisses ton équipement par terre. Maintenant, les questions. Si je voie que tu mens, je garde tes affaires, et on te chasse de la ville dans cette tenue. La première est simple. Combien t'as tué de gens depuis le début de ce bordel? |

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MessageSujet: Re: Le passé comme un boomerang ♠ [Livre I - Terminé]   Le passé comme un boomerang ♠ [Livre I - Terminé] EmptyLun 27 Jan - 14:13

Je n’avais pas pour habitude de me trouver en position de faiblesse ou du moins, pas de cette manière et ça commençait de plus à plus à me pomper l’air. Lui et ses grands airs aussi ça commençait à bien faire. Si j’avais voulu foutre la merde bordel, je serais rentrée dans cette ville sans me faire voir et j’en serais ressortie tout aussi discrètement. J’étais là, on m’avait vu, c’était que je voulais qu’on me voit. Je n’étais peut-être pas un pas une as de la discrétion dans tous les cas mais ça n’était pas trois foutus plantons à moitié réveillé qui aurait pu m’en empêcher. Merde. Le pire, c’était que connaissant l’abruti, ça allait prendre des plombes. Il cherchait déjà la petite bête avant alors maintenant... j’osais à peine imaginer pendant combien de temps il allait me faire chier avec ses questions à la con. Dans le fond, j’avais bien fait de me débarrasser de Simon, il aurait été capable de balancer de but en blanc qu’il était mercenaire tant il était fier de son statut et surtout, son orgueil à la con nous aurait fait buter tous les deux. Heureusement que j’avais mis une balle dans la tête de ce connard misogyne. Ça m’avait épargné des emmerdes et de la bouffe. J’avais bien calculé ce coup-là, de toute façon, j’avais jamais aimé bossé avec ce mec-là. Il avait tout de la brute de base et entre l’infiltration et le défonçage de la grande porte, on savait tous ce qu’il aurait choisis. Ma jugeote soit bénie.

À la demande de Philippe, je me dessapais puis me rhabillais une fois monsieur satisfait. « Va te faire foutre Raulne. » On fait ce qu’on peut avec ce qu’on a et la technique du sous-marinier, ça allait bien pendant un moment mais je rêvais de me taper la gueule dans la flotte. C’était un fait. Hors, j’étais quasi sûre que c’était comme partout, l’eau courante, c’était devenu un joli rêve au même titre qu’un foutu steak.
Croisant les bras, j’attendais sa question, question qui me fit hausser un sourcil. Combien j’en avais buté ? Avais-je seulement compté ? Soupirant, je fermais les yeux, commençant à faire mes comptes. Je n’y avais pas été avec le dos de la cuillère et j’aurais sans doute pu en épargner mais j’avais fait mes choix, trop tard pour le regretter et puis c’était pas mon genre. Après quelques secondes à passer en revue ces dernières semaines, je me décidais à lui répondre, sûre de moi. « Précisément ? Dix-huit. » J’aimais pas trop faire les comptes. J’étais pas le genre à calculer les pertes en fin de contrat quand y en avait et jamais chez « l’ennemi ». J’étais pas du genre à chialer. J’étais du genre à considérer que chaque personne méritait de crever pour au moins une chose dans sa vie. C’était peut-être une façon très personnelle de me déculpabiliser mais c’était pas en allumant des cierges pour chaque vie prise que j’allais tenir. Le monde était pourri, encore plus aujourd’hui et fallait faire avec. Je laissais chialer le commun de la populace, j’avais autre chose à foutre. De toute façon, si l’enfer et le paradis existait, j’me posais pas la question, j’irai en bas. J’avais choisi la vengeance et l’argent, j’avais pas eu besoin de plus. « Un couple qui se la jouait Bonnie and Clyde, un cinquantenaire qui a voulu nous piquer la bouffe, quatre militaires amerloques qui on voulu nous recruter de force, un pecno, un mercenaire, un paquet de trois cinglés, un autre mercenaire, une nana hystérique qui a voulu me planter, deux pecnos, un cinglé plus cinglé que les précédents et finalement Rambo-Krueger. » Le deuxième mercenaire, c’était mon binôme. Pourquoi j’avais décompté ? Pour qu’il évite de me poser la question. « Et non, je ne peux pas te donner la marque de leur pompe. » J’aurais dû éviter mais non. J’aurais tué pour des clopes... J’en avais pas vu depuis près d’un mois. On sous-estimait l’importance des petites choses.
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MessageSujet: Re: Le passé comme un boomerang ♠ [Livre I - Terminé]   Le passé comme un boomerang ♠ [Livre I - Terminé] EmptyLun 27 Jan - 20:00

    La fille était en colère, mais je n'en avais rien à foutre. Pour ce que j'en savais, elle était peut être un déserteur de l'armée britannique, ou pire encore une espionne. Elle pouvait être en reconnaissance, mais si c'était le cas elle avait perdu ses copains. Ou bien ils l'attendaient dans les bois. Je n'en savais rien. Je devais tirer cette histoire au clair avant de lui laisser la vie tranquille. Si seulement c'était possible. J'étais clairement tout aussi susceptible de la plomber d'une balle dans la tête et d'une dans la poitrine au moindre geste brusque, mais ce destin m'irait aussi si cela devait s'avérer être la seule solution qui me venait lorsque j'aurais entendu toute son histoire. Quoiqu'il en soit, la fille commençait à s'impatienter. Moi aussi, en fait. J'aurais voulu que tout soit beaucoup plus clair, beaucoup plus facile, mais rien ne l'était jamais dans ce nouveau conflit destructeur. Tout était compliqué, obscur. Le comble pour un soldat dont le but est de rendre les choses plus claires, le terrain plus accessibles. J'essayais en tous cas de démêler le vrai du faux dans toute cette histoire. Cela n'avait rien de facile, mais je m'y attachais quand même. Pourtant, quand j'y repensais... Rien ne m'y obligeait... Mais si. C'était mon devoir, et même si cela ne représentait plus grand chose coupé de ma chaîne de commandement et isolé comme je l'étais, cela restait pour autant la notion qui continuer de structurer le plus mon action. C'était comme ça. Et quand j'y repensais, j'étais retombé dans les vieux travers de mon père. Devoir, sens de l'honneur. J'étais peut être un connard fini mais je continuais de m'attacher à des principes désuets, qui, j'en étais sûr, allaient probablement me faire tuer dans les jours, semaines ou mois à venir. Alix m'envoie à nouveau des mots d'amour.


    | Seulement si c'est toi, chérie. |


    Je la prenais au sérieux mais ne pouvait m'empêcher de la tourner en dérision. Me placer au dessus des autres était libérateur dans toute situation de stress. Finalement, je n'étais pas si différent de ce gros con de Reh même si je ne l'avouerais probablement jamais. La fille, fière, attend ma question. Elle soupire, parce que cela la remet face à des souvenirs qu'elle n'apprécie pas, et peut être un peu aussi parce qu'elle sait que cela risque de griller ses chances que je lui permette de crécher en ville. Elle me précise finalement qu'elle en a tué dix huit. Je siffle. Je suis pas sûr d'en avoir tué autant depuis le début de toute cette merde. Faut dire quue j'ai été pris dans une sacrée bataille rangée et aussi que j'ai liquidé quelques uns de nos tourmenteurs dans les environs de la vie, en compagnie de la délicate petite chose qui me sert de sniper. Dix huit ? Ou elle comptait m'impressionner, ou elle disait la vérité. J'avais l'impression que c'était la deuxième solution. Dix huit, elle m'aurait menti pour me dire un chiffre nettement moins élevé pour augmenter ses chances. Elle dit la vérité, j'en suis sûr. Je tiquais quand elle parlait d'américains. Il y en avait encore. C'était peut être eux qui nous attaquaient pour ce que j'en savais.


    | Des américains ? Où ça ? Te recruter ? Qu'est ce qui leur a donné cette idée ? Les américains ne sont pas des européens, ils ne savent pas ce que c'est que la mobilisation générale. Pourquoi auraient ils essayé de recruter une simple « civile » dans un pays qui n'est plus leur allié de toute évidence ? |



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MessageSujet: Re: Le passé comme un boomerang ♠ [Livre I - Terminé]   Le passé comme un boomerang ♠ [Livre I - Terminé] EmptyLun 27 Jan - 21:33

Le pire dans cet interrogatoire à la con, c’était que je voyais clairement qu’il s’éclatait à m’emmerder. C’était pas vraiment un souci, j’avais connu pire mais ça commençait sérieusement à me brouter parce que je le connaissais. J’m’attendais pas à des fleurs, j’avais passé l’âge de croire au Père Noël... mais putain de merde, il m’avait chié dans mes bottes avant et il était bien parti pour remettre ça. Je m’exhortais au calme, c’était vraiment pas le moment de péter un plomb. J’avais tout le temps pour ça, sauf s’il me plombait le cul avant. Je souriais de travers, fallait qu’il s’accorde sur son discours ou on allait pas s’en sortir. « Faudrait que tu te mettes d’accord avec toi... Lieutenant. Soit tu m’envoies des fleurs soit tu les bouffes mais fixe-toi, tu me files le tournis à changer d’avis sur nos histoires de cul. » Perso, j’en avais rien à foutre, j’devais bien avouer que notre joute verbale me faisait du bien, si j’avais pu lui taper sur la gueule, c’aurait été la cerise sur le gâteau.
Au lieu de ça, je me mettais à lui détailler la liste des gens que j’avais descendus pour rester en vie et garder ce qui m’appartenait, c’est à dire, pas grand chose. Je l’entends siffler, je ne réagis pas. J’comptais pas les points, ça m’fatiguait et ça m’agaçait. J’avais assuré ma survie, point à la ligne, j’allais pas non plus les pleurer, c’était un fait.

Seulement voilà, j’le vois tiquer à propos d’un truc, quoi, j’en sais rien. Les ricains... « Calme tes remontées acides, tu vas te flinguer la santé. C’était pas près d’ici, c’était un peu plus deux semaines environ après le début de tout ce merdier. J’avais plus de matos que ça quand tout a commencé. Disons que je manquais pas de ressources et qu’ils s’étaient visiblement fait lâcher sur place sans filet de sécurité. » Comment ces cons avaient compris ce qu’était mon job, j’en savais rien mais ils l’avaient su et la discussion avait tourné court. Ils pouvaient ni me payer, ni me garantir quoi que ce soit. De plus, j’allais sûrement pas aider quelque pays que ce soit sans rien savoir et les versions, ça se traficote. J’ai pas des masses de principe mais en cas d’apocalypse, j’fais des exceptions. Ça se trouve, c’était eux qui avaient commencé à foutre le bordel avec leur parano à la con.
En attendant, j’étais emmerdée parce qu’il allait fatalement me demander ce que je foutais avec un arsenal dans ma baraque de vacances. Juste remarque mais pas à mon avantage. Bordel, j’allais morfler dès que je prononcerai les mots « J’étais mercenaire. ». C’était couru d’avance. Techniquement, je l’étais toujours, mais un merco dans la merde, ça devient juste un électron libre. Vive la liberté de l’emploi. « Je bossais pour du pognon Raulne. J'étais une pute de combat. Tu crois qu’il s’est passé quoi en Afghanistan ? Qu’on m’a tapé sur les doigts pour une histoire sordide et qu’on m’a dégradé avant de me jeter dehors ? Nan. J’te passe les détails, la finalité, c’est celle-là, j’suis pas retournée à la vie civile, j’suis passée de militaire à mercenaire. » J’le voyais venir gros comme une maison le coup de crosse, s’il décidait pas de me tirer une balle. Le cas échéant, j’aurais plus à m’en faire mais ça m’aura sacrément fait chier de faire tout ce chemin pour rien. « J’sais pas comment ils ont pigés ce que je faisais mais ils ont cru que la perspective de pouvoir dézinguer du monde ça m’éclaterait. J’ai décliné l’invitation, on a dû les descendre. » Fin de l’histoire. On avait récupéré ce qui était utile et on avait mis les voiles, pas pressé de voir leurs copains rappliquer, si copains, ils avaient encore. Ce dont on avait douté fortement puisque personne, en trois jours, n’était venu vérifier si ces types étaient en vie.
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MessageSujet: Re: Le passé comme un boomerang ♠ [Livre I - Terminé]   Le passé comme un boomerang ♠ [Livre I - Terminé] EmptyMar 28 Jan - 20:05

    Le temps passait, lentement, sous la tension du moindre faux pas. Nous savions tous les deux qu'en présence de l'autre nous nous devions de prendre garde à ce que nous faisions car cela pouvait nous amener à la violence, la douleur et la mort. Ce n'était pas anodin comme discussion, c'était même l'un des exercices qui soit le plus difficile à réaliser, surtout dans la situation présente. Nous étions sur le fil du rasoir, tous les deux dangereux l'un pour l'autre et pourtant nous avions besoin de notre vis à vis pour avancer. Déjà, il y avait le souci de savoir pour moi tout ce qu'elle même savait. Je le désirais ardemment, bien sûr, pour la simple et bonne raison que cela pouvait nous apporter des informations essentielles sur ce qui nous permettrait de survivre. Son besoin à elle était bien plus prosaïque ; elle avait besoin d'un toit visiblement, d'un endroit où se reposer et de manger en quantité suffisante. Besoin l'un de l'autre... Pas exactement ce que l'on pourrait définir comme une relation d'amitié, mais bien plus comme une de nécessité. Cela nous permettait d'entrer en interrelation mais forcément pas pour longtemps. Cela signifiait aussi que nous avions l'un comme l'autre notre point de rupture, celui que nous ne pourrions dépasser en aucune manière sous peine de mettre fin à l'échange. Dans ces conditions, l'image du fil du rasoir était plus que jamais d'actualité. Et la voilà qui me renvoie à la gueule mes propres plaisanteries. J'arquais un sourcil. Elle s'attendait à quoi ? A une bonne bouteille de rouge, à un peu de rôti saignant, quelques légumes, un toast et puis de la baise ? Elle rêvait éveillée, celle là.


    | T'as pas encore compris que je me fous de ce passé ? Rien à battre. Le passé, c'est pas super important, ici. Le passé lointain j'entends. Pourquoi, ça t'importe à toi, les quelques parties de baise qu'on a eu dans le temps ? Tu penses que pour ton joli cul je vais te laisser entrer, bouffer et te pieuter dans MA bourgade? |


    Oui. C'était mon endroit, ici. Quelque chose que j'avais en propre, puisque j'étais celui qui avait le plus de mecs armés et compétents avec lui. Dans ces conditions, c'était plutôt moi le chef que le mec élu, le maire Huygues, ou que la fille charismatique, Mathilda Fontaine. En tous cas pour le moment, tout le monde s'accordait à dire que le statu quo était plutôt en ma faveur qu'en celle de n'importe qui d'autre. C'était par ailleurs ce qui m'arrangeait le plus, et ce que je ne laisserais pas échapper comme si de rien n'était, sans agir contre toute tentative. Ce qu'elle me dit ensuite me laissait sans voix, totalement incapable de pouvoir avancer quoi que ce soit en réponse à ce qu'elle me disait. Deux semaines après le début du merdier. Soit près de deux mois avant les attaques sur Louisville, en fait. Que faisaient là ces connards ? C'était eux qui avaient attaqué Cherbourg ou est ce qu'ils étaient venus en renfort ? Là, j'étais décontenancé, et cela suffit pour me faire fermer ma grande gueule. Et là, elle me lâche qu'elle était mercenaire. Mercenaire ? Une anglaise mercenaire en vacances ? Son histoire sonnait vrai, mais je n'aimais pas ça, pas ça du tout. Je ne voulais en aucun cas que l'on se retrouve à devoir accueillir une cinglée de la gâchette comme elle en ville. Ces types avaient essayé de l'embaucher, elle et quelqu'un d'autre puisqu'elle parlait de « on ». Ca devait être son fameux compagnon...


    | On ? Qui ça on ? Toi et l'autre type ? C'était qui lui, ton copain ? |


    Elle avait tué des américains. Ou bien elle bossait pour eux et elle essayait de m'entuber.


    | Et tu as mis deux mois pour arriver jusqu'ici? |
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MessageSujet: Re: Le passé comme un boomerang ♠ [Livre I - Terminé]   Le passé comme un boomerang ♠ [Livre I - Terminé] EmptyMar 28 Jan - 21:45

À chaque faux pas, j’risquais de prendre du plomb dans le buffet et ça ne m’enchantait pas le moins du monde. Je développais mon histoire, modifiant légèrement la vérité concernant mon binôme tragiquement décédé pour ma survie. Et devoir mettre les choses au clair avec lui, c’était pas vraiment ce qu’on pouvait appeler une discussion civilisée. Pas que j’en demandais une mais on était pas rendu au rythme où les vacheries volaient joyeusement. À un moment, y en aurait bien un des deux qui finirait par cogner sur l’autre. Tant que je filais le premier pain, ça m’allait, même si techniquement, il avait trois coups d’avance.
Je ricanais à moitié, c’était présomptueux de sa part que de penser que ça avait une quelconque importance. « Qui a dit que ça m’importait ? Arrête de péter plus haut que ton cul Raulne. Faut bien s’échanger des banalités non ? C’est de rigueur, ça entretient la hargne et ça maintient éveillé. » Je levais les yeux au ciel. « Ta bourgade hein ? » C’était donc lui qui gérait le cirque, ce qui voulait dire qu’il était le plus haut gradé. Que de réjouissances en perspective... J’en avais de la chance ! Il avait fallu que j’atterrisse en rase campagne dans un bled maintenu par une putain de tête à claque. Vraiment une chance de tous les diables. Faudrait que je m’entretienne avec le cornu un de ces quatre pour lui rappeler ce moment mémorable.

Enfin... au moins lui avais-je fermé la gueule l’espace de quelques secondes. Ça faisait un bien fou ce silence. Il était bruyant comme pas deux quand il devenait nerveux. Pourtant, j’restais quand même sur mes gardes, surtout maintenant que je lui avais balancé mon petit secret sordide. « Le « on », c’est le binôme décédé. Le qui, c’était Simon O’Sullivan, un crétin fini et mal dégrossi dont même l’IRA avait pas voulu. J’ai bossé deux fois avec lui et la finesse, c’était pas son fort. C’était loin d’être mon pote et j’aurais largement préféré ne pas croiser ce débile profond au beau milieu d’une apocalypse. C’était pas le genre à avoir des valeurs ou ne fut-ce qu’un embryon de principe. »
Sa suspicion commençait à méchamment me brouter le chou mais je fermais ma gueule, je savais où était mon intérêt dans cet histoire et c’était pas de me faire jeter de la ville. « J’ai cherché des infos, j’ai essayé d’en obtenir, de joindre du monde. Que dalle, pas moyen de trouver une seule de mes connaissances ni de les joindre. J’me suis terrée un moment, je mettais très peu de distance entre le reste de la civilisation et moi. Pourquoi tu crois que j’me suis fait braquer par Roméo et Juliette avec des flingues ? Enfin, quand je dis je, c’est encore on à ce stade. On s’est mis en mouvement après notre rencontre fortuite avec les ricains quand on s’est rendu que personne s’était intéressé de savoir s’ils étaient toujours en vie. On avançait molo pour tenter de trouver de la bouffe et de l’armement jusqu’à ce qu’on se rende compte que la plupart des denrées étaient périmées ou déjà embarquées ou encore trop encombrantes. » Sans déconner, on était tombé sur une cave pleine de jambon fumé, j’avais eu des crampes d’estomac rien qu’à l’odeur et le proprio avait rien trouvé de mieux que de caner au milieu de ses putains de jambons. « J’ai dû faire des détours de dingue pour éviter les grands axes et me mettre à l’abri en même temps. À chaque personne butée, j’faisais un détour, au cas où et parfois, j’revenais sur mes pas pour m’assurer qu’aucun trouffion ne me suivait. Et t’imagines facilement que dès que j’trouvais un endroit assez sûr pour me taper un somme, je m’écoulais dès que j’étais sûr de rien risquer. » Autrement dit, j’avais perdu un temps dingue à pioncer et à récupérer dès que j’en avais eu l’occasion. S’il s’attendait à une grande révélation, c’était râpé, j’avais fait que survivre, marcher et chercher avant de tomber par hasard sur ce trou paumé même pas renseigné sur une carte.
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MessageSujet: Re: Le passé comme un boomerang ♠ [Livre I - Terminé]   Le passé comme un boomerang ♠ [Livre I - Terminé] EmptyDim 2 Fév - 14:31

    Je posais maintenant la plus importante des questions, celle à dix millions. Comment elle avait fait pour arriver jusqu'ici était central, et je pensais bien que la fille m’aie dit la vérité ce n'était pas là la question principale. Ce qui m'intéressait désormais, c'était la raison qui l'ai poussée à mettre autant de temps pour parvenir jusqu'ici, alors que selon ce que je me doutais elle n'avait pas dû faire tant de kilomètres que ça. Je continue de la braquer, je n'ai absolument aucune confiance en elle ou aux gens de son espèce. Des femmes, d'abord, et des mercenaires ensuite. La lie de l'humanité d'après mon sens moral relativement discutable, certes, mais il n'en restait pas moins que je n'avais absolument pas l'occasion d'apprendre des choses importantes sinon primordiales pour notre survie à tous. J'avais déjà intégré que la fille avait rencontré des soldats américains un peu paumés en pleine campagne et ce, dès le début du conflit. Cette information me laissait un peu sur le cul, c'était un fait. Je ne me serais jamais douté que nous ayons pu avoir des alliés à l'époque qui interviendraient aussi vite. Peut être avaient ils vécu un déplacement trop dangereux en hélicoptère, qui les avait ensuite laissés à pieds ? Pour ce que nous en savions... l'information était pourtant importante. Il y avait l'air d'y avoir pas mal de factions armées dans le secteur... La fille ricane, et me donne envie de la frapper à nouveau. Je me contiens. Je suis un gentleman... Je l'ai toujours dit !


    | On s'en fout. Ouais, on a baisé. Mais c'était y'a longtemps. Maintenant ça n'a plus aucune importance qui on était et ce qu'on a fait. |


    L'apocalypse lavait ou... Approfondissait nos péchés du passé. Pour le moment, tout cela ne m'importait que fort peu. Ce n'était pas important, pas le moins du monde même. On se fichait bien de qui avait fait quoi. Personnellement, je ne me rappelais même plus si j'avais pris du plaisir en m'envoyant son minou. C'était bien trop loin en arrière, mais j'avais le sentiment qu'on ne s'était pas forcément emmerdés l'un avec l'autre. Moi en tous cas. La fille me précise qu'effectivement, elle parlait bien de son binôme décédé, un mec de l'IRA, un terroriste quoi. Je n'avais aucune sympathie particulière pour les britons, mais je n'en avais pas non plus pour les poseurs de bombes et les révolutionnaires de mes couilles. Apparemment, la fille essayait de me faire avaler qu'ils s'étaient rencontrés par hasard une fois l'apocalypse lancée. Mouais. Pourquoi pas.


    | Un irlandais et une british, ensemble au milieu de nulle part... Ca en fait des coïncidences dans ton histoire, dis moi! |


    J'essayais surtout de la rendre nerveuse, le reste je m'en fichais bien. Alix m'explique sa stratégie de survie, entre recherche de contacts et rester à proximité des grands axes sans rester dessus. Elle met bien entendu le doigt sur le problème majeur de la survie dans notre nouveau monde. Trouver et transporter de la nourriture, ce qui n'a rien d'une affaire aisée. Se reposer. Je m'approche d'elle d'un pas.


    | Ok. Je vois. T'es seulement de passage, ou tu comptes rester ? |


    J'attendais bien sûr sa réponse... Même si moi, je savais déjà ce que j'allais faire.
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MessageSujet: Re: Le passé comme un boomerang ♠ [Livre I - Terminé]   Le passé comme un boomerang ♠ [Livre I - Terminé] EmptyDim 2 Fév - 18:17

Expliquer à ce connard suspicieux la façon dont j’avais sauvé mon cul et pourquoi j’avais traînassé ne m’enchantait pas des masses. Seulement, j’avais pas le choix et c’était là tout le nœud du problème. C’était pas parce que j’étais, pour une fois, honnête qu’il allait me croire. Il était français, j’étais anglaise et mercenaire, on était l’équivalent de l’huile et de la flotte à l’instant précis. Même moi, j’me serai pas crue, c’était dire à quel point c’était le bordel.
Je fis l’impasse sur notre passé, le jeu de la politesse ou de la bagatelle venait de voler la gueule dans les orties. Bien. Fini de jouer, je sens que ça n’était que les hors d’œuvre, autant me préparer à la suite. J’me plante peut-être mais j’ai pas appris à me relaxer dans une situation pareille, juste à me méfier et faire gaffe à ce que je disais. Sauf qu’ici, c’était la vérité que je devais balancer et pas un semblant de vérité, en dehors de Simon. Admettre qu’on a butté un type pour de la bouffe en dehors du fait qu’il soit pénible ne se justifie que difficilement dans ce genre de conflit, surtout avec un tas de civils non-armés dans les parages.
Lui, moi, le pec du coin... peu importait. Si j’me retrouvais la gueule dehors sans arme, j’ferais pas dix trois kilomètres à moins d’avoir du bol et de tomber sur une bande de dégénérés.

« J’reconnais, ça pue assez comme histoire, n’empêche que c’est bien comme ça que ça s’est passé pour moi. Est-ce qu’il en savait plus ? J’en sais rien et j’ai pas cherché à savoir. Il a eu son utilité, il a crevé. Peut-être qu’il avait des infos, peut-être pas. J’étais en vacances bordel de merde, j’avais aucune envie de fliquer ce pauvre con et j’avais surtout aucune raison de le faire. Il aurait été capable de croire qu’il avait une touche. Quand ça a pété, j’ai eu autre chose à foutre que de savoir s’il avait un plan. J’ai sauvé ma peau, il a suivi. Quand il est mort, j’ai eu la paix et plus de bouffe. Le côté silencieux a bien failli me rendre un peu dingue quoi que ça, pas besoin, c’était le cas depuis un bail. »
Quand il me demande finalement ce que je compte faire, j’hésite pas deux secondes. « Si j’suis rentrée ici, c’est pas pour remettre les voiles. Je reste, à moins que tu me foutes dehors. » Ce qu’il était foutu de faire, je ne l’ignorais pas. C’était ni un enfant de cœur ni un bon samaritain et j’étais pas exactement quelqu’un de fiable. Cela dit, il n’était pas sans se douter que si je restais là, il avait un atout dans sa manche et que j’allais pas donner de raisons de me retrouver dehors. S’il me laissait rester ici, il s’offrait mes services sans rien débourser. Me filer un lieu sûr suffisait largement et il le savait. J’avais pas une foultitude de principes, c’était vrai mais j’mords pas la main qui me loge et qui me nourrit sans raison valable et là, j’en avais pas. Bon, Philippe et moi, c’était pas l’amour fou mais au fond, il avait rien à me reprocher à part mon ancien job, vu que là, à priori, j’étais juste le random réfugié étranger qui avait rien à foutre là. En théorie.
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MessageSujet: Re: Le passé comme un boomerang ♠ [Livre I - Terminé]   Le passé comme un boomerang ♠ [Livre I - Terminé] EmptyLun 3 Fév - 20:11

    J'espérais que les choses soient claires, qu'Alix aurait compris mon positionnement. Le fait qu'on l'on ai baisé par le passé ne comptait pas ; on se fichait bien de tout ce qui était arrivé avant l'explosion des engins de destruction massive qui avaient rayé nos principales villes en même temps que nos anciennes vies. Désormais et quoi que nous fassions, plus rien ne sera jamais comme avant. Nous pouvions faire tous les efforts du monde, ressasser le passé encore et encore... Celui ci n'était plus que cendres, totalement dénué de sens. Alix et moi avions partagé quelque chose de dérisoire il y avait des années de cela. Même pour quelqu'un de normalement constitué, cela n'aurait pas eu énormément de sens vous pouvez me croire. Alors pour quelqu'un comme moi, qui se fichait éperdument de qui avait partagé jadis un coït quelconque, ça ne comptait absolument pas. Des nanas, il y en avait plein ici. Et des mecs qualifiés pour se battre. Je manquais certes d'effectif, mais je souffrais aussi d'un déficit chronique de confiance qui m'empêchait forcément de lui réserver un poste à responsabilités et un accueil plus chaleureux. On s'en fichait. Nous étions deux biffins de carrière, semblait il. Même si elle n'était jamais qu'une foutue radasse elle avait aussi porté un uniforme et prêté serment. Dans ces conditions, il semblait clairement improbable que nous en venions tous deux à nous couvrir mutuellement un de ces quatre. Pourtant, en parallèle, j'étais tiraillé par l'envie de mettre à profit les compétences de quelqu'un qui savait réellement se servir d'une arme. Foutue radasse peut être mais Bandat savait le prouver. Les filles n'avaient peut être pas de couilles mais elle savaient aussi bien tirer que les mecs.


    Enfin, pas dans tous les domaines.


    La fille elle même avoue que l'histoire qu'elle me sort sent mauvais comme des dessous de bras. On n'aurait pas pu dire plus juste, mais avais je le choix ? Le principal problème que me causait son récit était qu'il était crédible. Etrange, mais crédible. Dans ces conditions je devais faire un choix bien plus difficile que précédemment. Lui faire confiance ou la buter. Bien sûr, je ne saurais lui faire totalement confiance. Si je voulais être honnête, sans doute n'étais je pas capable de lui faire ne serait ce qu'un peu. Elle est crédible. Putain de merde, j'aurais préféré cent fois plus avoir une raison crédible de la buter hormis celle que je ne l'aimais pas et qu'elle représentait une menace potentielle.



    | Ouais, d'autant que t'envoies des messages positifs que t'as le feu au cul à tous les mâles des environs à chaque coup. Bon. J'ai du mal à croire ce que je vais dire, mais putain, je te croie. Ca te mets pas à l'abri d'une exécution sommaire, je suis sûr que j'ai pas à chercher bien loin une bonne raison pour te fumer. |


    Alix me confirme avec aplomb qu'elle veut rester ici. Je réfléchis. Je baisse mon arme et la rengaine. Je fais un pas vers elle. Si effectivement elle dit la vérité, elle sait qu'elle a intérêt à ne rien oser ou bien mes hommes vont la démolir.


    | Partons du principe que je te garde. A quoi tu nous sers ? Hors de question de te rendre ton matériel, t'es citoyenne d'un pays qui nous a agressés. Tu as... amélioré certains talents? | dis je en lorgnant sa poitrine.


    Bien sûr, je suis absolument pas intéressé. Mais comme ça, elle sait qu'ici, c'est pas la joie. Pas le moins du monde.
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MessageSujet: Re: Le passé comme un boomerang ♠ [Livre I - Terminé]   Le passé comme un boomerang ♠ [Livre I - Terminé] EmptyMar 4 Fév - 14:17

La conversation était d’un niveau tout à fait différent. Il nous avait fallu un certain temps pour nous jauger et même si c’était loin d’être fini, la plupart des pentes glissantes avaient été évitées. Je laissais de côté nos ébats passés pour plus tard, juste pour l’emmerder. Notre passé n’avait aucune importance, il n’avait servi que de tremplin à la suite des événements, une mise en bouche, un défoulement bienvenue. Je continuerai sans aucun doute à l’emmerder mais ça n’était plus le moment. Il y avait d’autres sujets à aborder, plus importants, plus urgents, vitaux même, surtout pour moi, en l’occurrence. S’il me foutait dehors désarmée, il pouvait parier sur mes chances de crever sans trop se planter et j’avais pas particulièrement envie de lui en donner l’occasion, pas envie du tout même.
Fallait avouer que y avait bien d’autres trucs à parier, fallait juste attendre un peu. Ça viendrait tout seul avec le temps. Notez, y avait sûrement pas grand chose à parier au final. Quel monde de merde. Même des cacahuètes, c’était pas la peine.

Mon histoire puait sacrément fort mais c’était bien la seule que j’avais à lui servir vu que c’était la bonne. Il aurait pu me questionner en boucle que les réponses auraient été les-mêmes. J’avais rien à ajouter et il allait bien falloir qu’il la digère. Mais par la porte ou par la fenêtre, fallait que ça passe. Il pouvait même se la foutre au cul avec ou sans lubrifiant, c’était pas mon problème tant que j’étais pas relâchée dans la nature.

« T’inquiètes va, mon cul en a vu d’autres. » Décidément, fallait que ça revienne sur le tapis. Quel brute chou ce connard. Il était en manque, c’était pas possible. Cela dit... venant d’un mec, pas surprenant, la grosse majorité avait une bite à la place du cerveau. Restait à découvrir si c’était une greffe ou si c’était naturel. Mais pour être aussi con, fallait que ce soit naturel, y avait pas trente-six solutions. « Et c’est moi la malade de la gâchette après ça hein ? Mais ouais, pigé. Orteil de travers, plombs dans la carcasse. »
Il rengainait pour se rapprocher et je me fis violence pour éviter la boulette. Y avait rien à faire, vu la super confiance qu’on entretenait, j’avais surtout envie de le cogner. J’avais de mauvais réflexes parfois mais pas cette fois, heureusement.

J’avais envie de lui faire une jolie démo de mes talents améliorés, comme il me demandait mais ce crétin était capable de me plomber alors que j’faisais que lui montrer. Et puis ses hommes étaient plus éloignés mais pas forcément inexistants. « Corps à corps -et pas dans l’idée de ce que t’es en train de mater- quoi que..., combat en zone urbaine, pièges et sabotages. Dans une moindre mesure, explosif, camouflage et surveillance, pas trop mon kiff sauf si j’ai pas voie au chapitre. J’suis sournoise, toute en finesse, ou presque. Les armes lourdes en revanche, oublie... » Les explosifs, c’était pas ce qu’on pouvait appeler le fin du fin. En tant que mercenaire, t’as plutôt intérêt à être polyvalent, façon couteau Suisse ou t’es mort. J’en avais appris largement plus qu’à l’école militaire mais je restais nettement plus efficace en situation de combat. Oui, j’étais vicieuse, sournoise et c’était bien pour ça qu’on me payait en général. Mon truc à moi, c'était la proximité et les distances moyennes. Bref... j'étais loin de la formation standard façon tous à l'abri.
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MessageSujet: Re: Le passé comme un boomerang ♠ [Livre I - Terminé]   Le passé comme un boomerang ♠ [Livre I - Terminé] EmptyJeu 6 Fév - 19:39

    J'avais abandonné l'idée de flinguer tout le monde. C'était pas productif, même si ça calmait les nerfs. C'était bien. Compliqué, par contre. Mais il fallait ce qu'il fallait. Depuis ma discussion avec Fontaine j'avais bien intégré que je n'avais pas le droit de me laisser aller à la solution la plus simple qui serait de foutre dehors les nouveaux arrivants et de tacler tous ceux qui ne seraient pas d'accord avec moi. Simple... Mais a terme ce n'était pas possible. Tuer des gens ok, les tuer sans raison c'était clairement plus moyen. Enfin, moi, ça me causait pas des masses de cas de conscience. Un peu quand même, bien sûr, mais bon, quand on faisait le total des emmerdes que les flinguer pouvait me causer par la suite... Le calcul était assez vite fait ! Bref. Je n'avais aucune espèce de confiance en Alix. Elle était peut être avec l'ennemie. Pourtant, nous manquions cruellement de bras pour les travaux de défense et de surveillance, et elle au moins était quelqu'un d'expérimenté. Une foutue pouffiasse qui pétait bien plus haut que son cul tout ça parce qu'elle avait des nichons, mais quand même. Elle savait de quel côté on tenait un flingue. Ce qui ne voulait pas dire que je comptais lui en confier un, pas du tout. Mais d'une certaine manière je pouvais lui accorder suffisamment de crédit pour permettre d'oeuvrer au bien commun. Si déjà on arrivait à l'identifier celui là. Bordel. J'ai mal à la tête. La fille semblait cependant prendre conscience que si elle faisait la conne je la foutais dehors, à poil, sans équipement, et que je me lavais les mains de ce qui lui arriverait. Ca, donner une chance à quelqu'un qui la gâche, ça m'empêche pas de lui envoyer un violent retour de bâton dans la gueule. Bien fait. Bref. Edgecombe remportait la palme dans le genre gourdasse. Je l'avais bien baisée en Afghanistan, et même si elle semblait avoir grandi dans la vie, il lui restait pas mal de kilométrage à avoir pour éviter de se refaire avoir. Elle l'avait visiblement compris. C'est pas plus mal. En plus la fille est tellement poissarde que le seul mec qui l'ai jamais possédée jusqu'au trognon dans les forces armées françaises est justement le mec en charge de la défense de la ville où elle se pointe. Dans le genre vernis y'a pas à dire. Elle est gratinée même à ce point là. A tel point que je lui laissais le bénéfice du doute quant à son récit sans passer par la case « je fusille le type du pays avec qui on est en guerre et qui espère rentrer dans MA ville. Je souris à ses paroles.


    | Ouaip. Tout un bataillon il paraît. |


    Elle acquiesce à la règle que je lui impose, la seule règle qui en vaille la peine.


    | Je m'en fiche de ce que tu penses de moi, Edgecombe. Si t'es une saloperie d'espion, tu le regretteras. |


    je la savais désireuse de me cogner, mais je constatais non sans déplaisir à quel point elle appréciait que je ne la donne pas à mes gars pour la ruiner un bon coup. J'éclate de rire à ses paroles.


    | Nan mais tu crois vraiment que je vais te faire bosser à notre défense ? J'ai aucune confiance en toi ; t'es jamais qu'une maniaque de mercenaire ressortissante d'un pays qui nous bourrine. Sois déjà contente d'être ici. Non, tu auras d'autres tâches à faire. En fait, même que ton avis importe peu. Enterrer les morts, creuser des tranchées de communication ou t'acharner sous les serres pour un peu de bouffe. Tant que j'aurais pas la putain de certitude que t'es avec nous, t'auras droit à rien d'autre. Tu choisis quoi ? |
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MessageSujet: Re: Le passé comme un boomerang ♠ [Livre I - Terminé]   Le passé comme un boomerang ♠ [Livre I - Terminé] EmptyVen 7 Fév - 17:11

Je n’allais pas me plaindre du caractère relativement calme qu’avait pris la discussion. Je me foutais pas mal de ce que Raulne pensait de ma gueule. Lui et moi, ça serait jamais la folle entente et aucun de nos n’aurait probablement jamais le dernier mot sur le long terme. On ne pouvait pas se saquer et quoi qu’il en dise, ça remontait à loin et au passé. On avait baisé, on avait pris du bon temps, j’étais conne à l’époque et pas qu’un peu, j’assumais parfaitement, les regrets, c’était pas pour moi. Trop emcombrant.
Il aurait aimé me buter. J’aurais adoré lui démolir la gueule. Fin de l’histoire. En l’occurrence, c’était contre productif pour l’un comme pour l’autre. J’étais utile, pas besoin d’être devin pour le voir. J’me doutais bien qu’il me foutrait pas un flingue dans la main. Y avait trop de circonstances qui me tenteraient de lui coller une balle dans la caboche. Comme par exemple sa propension à me menacer avec une arme dont il ignorait totalement la portée. Qu’on s’échange des banalités sur le cul en tout genre ou qu’il me prenne et / ou me traite de salope m’indifférait, il avait juste tout intérêt à se méfier de certaines de ses menaces à mon égard, ce serait pas la première fois qu’un mec se réveillerait sans sa queue, avec ou sans anesthésie. « Tu crois pas si bien dire Raulne. »
Et comment... Qu’il l’ait voulu, ce qui m’étonnerait, ou non, il avait visé juste. Il ne se doutait vraiment pas à quel point il avait presque vu juste ce connard. Enfin, qu’il sache ou non ne m’empêcherait sans doute pas de lui mettre mon poing dans la gueule à un moment ou un autre. C’était déjà assez miraculeux qu’il n’ait pas déjà rencontré mes phalanges.

« J’adore quand tu me dis des mots doux. T’as fini avec tes conneries que j’sache ce que je peux faire dans le coin ? » Si je savais qu’il pensait que c’était sa menace de me faire troncher par ses hommes qui me retenait de le cogner... J’le cognerais ici et maintenant. Sans détour et avec le sourire. Les hommes étaient parfois, ou plutôt très souvent, soumis aux désirs de leur basse anatomie. « Tu m’demandes ce que je sais faire, j’te le dis, commence pas à m’emmerder. Je sais que tu sais que si tu me files un flingue, j’serais bien trop tentée de te coller une balle sans rien toucher de vital juste pour le principe. Alors non, je ne croyais pas bosser pour votre défense. Je creuserai des petits trous pour les morts et tes communications. » Il imaginait pas ce dont j’étais capable avec une pelle. « Tiens, tant que j’y suis, si y a du monde à éviter, c’est le moment de le dire. » Tant qu’à faire, j’aimais autant tenter d’éviter les fouteurs de merdes ou ceux qui s’emmerdaient assez pour avoir la langue trop bien pendue ou le poing facile. Au moins tant que j’avais pas bouffé un truc et piqué un roupillon. Paraît que j’étais pas fréquentable, encore moins s’entend, quand je manquais des bases.
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MessageSujet: Re: Le passé comme un boomerang ♠ [Livre I - Terminé]   Le passé comme un boomerang ♠ [Livre I - Terminé] EmptyDim 9 Fév - 21:08

    Je pensais déjà à l'intérêt d'avoir une fille comme Edgecombe dans le secteur. C'était forcément un avantage, pour nous. Quelque chose de positif. Bien que je savais parfaitement que la fille était notoirement indigne de confiance, il y avait tout de même des bénéfices à retirer de ce genre d'association. Si la mercenaire avait dit vrai, nous étions déjà dans le même bateau, ce qui signifie forcément que l'intérêt commun faisait de nous des alliés de circonstances. Je savais que c'était mieux que rien, mais que ce n'était pas forcément la panacée. Je serais toujours sur mes gardes, c'était là au moins l'évidence incarnée. Elle aussi, de toute manière. Pendant toutes ces années, elle semblait avoir mûri, pris du plomb dans la tête. C'est bien. D'ordinaire, c'était ailleurs qu'elle prenait bien. Visiblement l'expérience malheureuse qu'elle avait eu à la fin de son passage à l'armée avait suffi à provoquer chez la britannique le déclic nécessaire pour que les choses aillent un peu mieux là haut. Moins conne et moins naïve. Ce qui la rendait foutrement plus dangereuse. Je savais qu'elle était sur mon terrain, et que c'était moi qui dictait la loi. Elle le savait aussi. Pour l'instant tout était carré. Mais il fallait que je prenne garde à ce que notre relation reste asymétrique de la même manière qu'elle l'était actuellement. Si je perdais du pouvoir, de l'emprise, les choses pourraient salement dégénérer. Et maintenant qu'Alix était revenue en mode Rambo, je n'avais plus le droit de lui laisser la moindre occasion. Bref. Je crois pas si bien dire ? Mouais. L'ironie, elle l'a déjà mieux maniée dans le passé. Là, c'est juste ridicule. Elle pourrait avoir un peu plus de mordant, bordel de merde ! Pourquoi est ce qu'elle semblait aussi énervée, tout à coup ? J'ai touché une corde sensible, peut être ?


    Je me plais à imaginer qu'elle pouvait très bien avoir eu d'autres aventures avec d'autres de ses camarades, britanniques cette fois. C'était peut être ça qui avait causé tout le bordel de la fin de sa carrière militaire ? J'en savais rien. Pour moi, tout ceci était quand même un peu beaucoup confus. Je n'allais pas chercher à comprendre beaucoup plus loin. Ce n'était pas mes oignons, mais alors pas du tout. Elle m'houspille à nouveau. Cela me fait sourire. Je la laisse un instant, réfléchissant à ce que je pouvais lui infliger comme tâche. Infliger, oui. Sinon c'est pas drôle. Elle se défend pour les compétences qu'elle a pu m'étaler. Elle est volontaire pour les tâches les plus ingrates ; elle a conscience qu'elle va devoir se salir les mains pour gagner sa pitance et son toit. Je partais d'un petit rire alors que j'avais une illumination quand elle me demanda s'il y avait des gens à éviter. Je coule un regard vicieux vers elle, clairement réjoui par l'idée que j'avais. Je siffle. Mes hommes rappliquent. Non, je ne les prends pas pour des chiens, mais hurler après quelqu'un ici fout la pétoche à la moitié de la ville. Siffler, c'est simple, rapide, et tout le monde comprend.



    | Je sais ce que tu vas faire. Tu vas aller dès demain devant la mairie pour y rejoindre un groupe de travail. |


    Comet arrive, je lui fais un clin d'oeil.


    | On a une invitée. Elle paie pas de mine, comme ça, et c'est une chieuse. Mais elle peut nous être utile. Tu la fous quelque part pour la nuit, je me fous d'où tant qu'il y a de la place. Demain, tu la fais pointer avec le groupe où se trouve Reh. Comme ça, nos deux petits rigolos pourront faire connaissance. Pourquoi pas en allant chercher un peu de bois mort ? Il faut bien qu'on chauffe les coins à réfugiés. Et les maisons. Donc ouais, tu feras ça, Edgecombe. Tu seras de corvée de bois. C'est épuisant, mais indispensable. Et ca te fera gagner ta pitance. On est d'accord ? Suis Comet. Il te trouvera une place quelque part, au moins provisoirement. |

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MessageSujet: Re: Le passé comme un boomerang ♠ [Livre I - Terminé]   Le passé comme un boomerang ♠ [Livre I - Terminé] EmptyLun 10 Fév - 19:32

Entendons-nous bien. J’étais pas ravie d’être sous les ordres d’un trou du cul de bouffeur de mollusques et de batraciens... Seulement voilà. J’avais pas le choix. Que ça m’enchante ou pas, la situation resterait pareille. C’est-à-dire moi, sans flingues, avec une réserve de bouffe ridicule, dans une putain d’apocalypse. Quand y a que dalle à marchander, on sauve sa peau, c’était la base de la base. Si le tas de bouseux psychotiques qu’il y avait dehors n’avaient pas compris ça, ça me gênait pas de les buter... même sans ça en fait.

J’aurais pu répondre de façon plus sèche, plus mordante à sa remarque mais je n’en avais aucune envie. J’avais un putain de principe et un seul putain de cauchemar, un seul et il avait fallu que ce con mette le doigt dessus. Qu’il additionne ou pas, ça changerait rien, sauf peut-être mon envie de lui péter les dents. Il fallait quand même qu’il se méfie de certain retour de flamme. J’étais conciliante mais y avait des limites aux conneries qu’il pouvait balancer, pareil avec ses menaces.
Devoir faire de la merde pour gagner ma place, c’était pas nouveau. J’avais pas commencé avec du taf transcendant en tant que mercenaire. Les contrats qui payaient du feu de dieu, c’était pour les meilleurs. J’avais vraiment fait des missions de merde avant de creuser mon trou. Alors tant qu’à faire, autant lui creuser ses trous même si le sol devait être sacrément dur dans le coin vu le temps qu’il faisait.

Le rire qu’il me sert quand j’lui demande le nom des emmerdeurs à éviter n’augure rien de bon. Il va me coller avec le pire trou du cul du patelin. Le genre de mec que j’aurai envie de flinguer pronto et sans appel. J’le sens, c’est bien son genre. T’inquiètes mon cher, tu vas entendre parler de ta brillante idée pendant des plombes, j’te le promets.
Devant la mairie ? J’hausse un sourcil. À mon tour de me marrer. « Tu sais ce qu’il te dit l’épuisement Raulne ? » Je lui offre mon majeur en guise de réponse. Même pas en rêve je lui offrirai la joie d’me voir épuisée, il rêvait les yeux grands ouverts. « À la prochaine et prends soin de mes jouets. J’compte bien les récupérer un jour. » Et le plus tôt possible. J’aimais ma petite armurerie perso même si en attendant, tout ça était dans ses pattes. J’avais au moins pu conserver mon kevlar, j’allais pas trop chier une pendule.
Je regarde Comet du coin de l’œil. C’est pas que j’ai pas confiance mais un peu quand même. Un accident, c’est vite arrivé et si j’étais en vie, c’était entre autre parce que j’avais confiance en rien ni personne à part moi. J’comptais plus le nombre d’abrutis qui avaient été envoyés ad patres par excès de confiance. Ça ne serait pas mon cas. Mais je restais calme sur le trajet. Pioncer entourée de mur, même si ça pelait dehors, ce serait toujours mieux que de pioncer la gueule exposée à tout vent.
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