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Mathilda Solveig Fontaine

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Mathilda Solveig Fontaine
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Emploi : Je suis hotesse de caisse dans un supermarché. Je suis aussi conseillère municipale de la mairie de Louisville, et "parent" d'élèves au Lycée de Lyra
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Tout se sait mais rien ne se dit [Livre I - Terminé] Mathiiie



MessageSujet: Tout se sait mais rien ne se dit [Livre I - Terminé]   Tout se sait mais rien ne se dit [Livre I - Terminé] EmptyMer 31 Juil - 19:43



Tout se sait mais rien ne se dit

Je trainais des pieds, c’était indéniable. Je venais tout juste de finir ma « tournée » en tant que bénévole et gérante du groupe de soutien. Et avant cela, j’avais passé trente-six heures d’affilé au centre hospitalier. J’étais éreintée alors qu’il n’était que onze heure et demie du matin. Ma journée était en plus loin d’être terminée. Je devais faire un grand ménage chez moi – vous verriez le taudis qu’est devenu ma maison, laissé sous les « bons » soins de ma petite sœur, que je soupçonnais d’ailleurs d’en avoir profité pour faire une petite fête en mon absence – avant de pouvoir espérer me reposer. Et encore, j’étais en excluant ma visite au cabinet notarial. Je n’avais pas eu le temps de m’y rendre, malgré l’urgence de la situation. Je n’avais pas vraiment eu de minutes à moi ces deux dernières semaines. Entre mon nouveau travail de « médecin provisoire », tous les blessés à soigner, continuer de gérer mon poste à la mairie, et mon idée du groupe de soutien… j’étais complètement débordée. Mais étrangement, je me sentais mieux dans mes baskets. L’esprit toujours occupé, je n’avais pas vraiment le temps de penser à ce qui me préoccupait et que je refusais d’admettre. Ca faisait quoi ? Trois semaines que je ne l’avais, ne serait-ce croisé ? Comme quoi, cette petite ville était assez grande pour ne pas être obligé de côtoyer quelqu’un que nous n’avions pas envie de voir. Par quelqu’un, j’entends bien entendu Micka…ël. J’étais encore fâchée contre lui, et blessée par lui également. Rancunière ? Oui, je vous l’accorde. Je vous le concède aussi. Ce qu’il pouvait être stupide quand même ! Il avait tout réduit en poussière. Sept longues années d’amitié. Et tout ça pour quoi ? D’ailleurs, allez savoir pourquoi vous. Parce que je n’en avais foutrement aucune idée… Cela ne changeait pas la confiance que je lui accordais ainsi que… les sentiments que j’éprouvais envers lui. Et justement c’était pour ça que je lui en voulais. Trois semaines. Il avait trois semaines pour venir s’excuser, prendre de mes nouvelles. Mais rien, il n’en avait rien fait et c’était d’autant plus blessant… En même temps, il devait être des plus occupé avec le retour de l’ancienne Louisvilloise. Les nouvelles vont vite, et même si aucune ne stipulait leurs retrouvailles en détail, je n’avais pas besoin d’un dessin. Naïvement, j’avais pensé que si cela arrivé, je m’en ficherais. Cependant ce n’était absolument pas le cas. J’étais loin de rester détachée et cela me poussait à rester concentrer sur autres choses.

Je chassais le trentenaire de mon esprit, et me garait devant le cabinet notarial. Je sortais de ma voiture rapidement, récupéra un sac dans mon coffre, et ferma cette dernière. J’entrais dans la cabinet et vint directement frapper  à la porte de la personne que je venais de voir. L’absence de secrétaire n’était pas vraiment pour m’étonner. Après trois coups, je rentrais un léger sourire aux lèvres, et salua l’homme assis derrière le bureau Une pause dej’ en compagnie d’une vieille connaissance, ça te dirait ?. Je lui montrais le sac que j’avais dans la main, contenant quelques plats faits maisons que, je l’avoue, on m’avait donné pendant ma tournée. Je ne pourrais clairement pas tout manger, et ce n’était pas le moment de gâcher de la nourriture. Je posais le sac sur le chaise, puis vins saluer Arthur. Cela faisait longtemps que je ne l’avais pas vu… Et il n’avait pas changé. Je sais que je n’avais pas rendez-vous, mais j’espérais te soudoyer avec… Je fouinais dans le sac du cake, de la quiche lorraine… Et du quatre quart !


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MessageSujet: Re: Tout se sait mais rien ne se dit [Livre I - Terminé]   Tout se sait mais rien ne se dit [Livre I - Terminé] EmptyJeu 1 Aoû - 14:55

Tout se sait mais rien ne se dit.

Les jours suivaient sans se ressembler pour autant. La vie des habitants avait été perturbée encore plus par les récents événements qui s’étaient passés sur les routes à l’entrée de la ville ainsi que ceux sur la plage et la plupart d’entre eux craignaient demain. C’était aisé de les comprendre et cela aurait été facile de se laisser emporter par ce flot de pensées négatives sur notre futur à tous. Mais je refusais de me laisser entraîner là-dedans. Certains devaient garder le moral des troupes en hausse, et c’est exactement ce que je comptais faire. J’essayais un maximum de rassurer les quelques personnes qui venaient à mon cabinet, celles-ci s’étant faites d’ailleurs encore plus pressées depuis ces deux dernières semaines, comme si elles se sentaient obligées de venir me voir pour poser leurs questions, faire leurs testaments ou bien parler de leurs biens, mais que, d’un autre côté, parler de tout ça leur faisait trop mal. Du coup, ils s’échappaient du cabinet dès qu’ils pouvaient, me laissant le soin de gérer le plus gros – si pas l’entièreté – de leur dossier, ne me donnant que quelques informations qui n’étaient, généralement, pas suffisantes pour tout ce que je devais faire. Je devais alors constamment refaire appel à eux, ce qui était compliqué par le fait que le téléphone ne fonctionnait plus. Je me retrouvai donc souvent à devoir aller moi-même chez les gens, et cela commençait à me peser. C’était éreintant.

Je me frottai les paupières avec mon pouce et mon index, tentant par un miracle quelconque de reposer mes yeux qui n’arrivaient plus à bien dormir la nuit. Si je savais dormir trois heures de suite, c’était un miracle. Mes insomnies m’avaient repris et je passai le plus clair de la nuit à lire, travailler ou bien plongé dans mes pensées. Alors qu’autrefois des bruits divers se faisaient entendre dans les ruelles peu éclairées tard le soir, ce n’était plus le cas depuis le début de la guerre, et depuis que le couvre-feu avait été installé. Je me demandais comment la situation allait évoluer… Notre vie ne tenait qu’à un fil à présent.

Il était à peine onze heures trente et déjà je souhaitais voir la fin de la journée arriver. Je me passai une main dans les cheveux, pour me remettre les idées en place. Encore toute une longue après-midi à écouter les plaintes des gens, à tenter de les conseiller, mais à faire en fait plus l’assistant social et le psychologue que le notaire. Bon sang, je ne suis pas fait pour ça !

J’entendis distinctement les pas d’une personne qui approchait de mon bureau et je tournai alors la tête dans la direction de la porte, attendant que l’inconnu se montre. Je n’avais plus de rendez-vous avant cette après-midi. Qui se pointait là alors que je ne l’attendais pas ? Trois petits coups résonnèrent sur le bois de la porte et je pus enfin voir de qui il s’agissait quand elle tourna sur ses gonds.

« Mathilda ! Entre, je t’en prie. »

J’étais un peu surpris de la voir là. Je n’avais pas rendez-vous avec elle, de cela, j’étais certain. Je venais encore de revérifier mon carnet juste avant que ses pas ne retentissent dans le couloir. Et je me doutais que si elle passait, ce n’était pas pour parler de la pluie et du beau temps, même si nous avions une relation assez amicale. Mes soupçons furent confirmés quand elle reprit la parole. Je lui répondis par un large sourire, tout en me levant pour la saluer.

« Tu essayes de soudoyer un notaire ? Est-ce que tu te rends compte que tu t’exposes à de sacrées conséquences si cela vient à se savoir ? »

Je m’appuyai contre le bureau et je jetai un coup d’œil rapide à ce qu’elle avait sorti de son sac. Je ne pus empêcher mon ventre de gargouiller à ce moment-là. Il était presque midi et mon corps me faisait savoir que j’avais besoin de me nourrir, comme tout être normalement constitué.

« Je crois que tes arguments sont très convaincants. Tu as gagné ton rendez-vous. »

Je fis quelques pas dans la pièce, histoire de me dégourdir un peu avant de me rassoir sur cette chaise que je ne quittai presque plus. Je m’étirai un peu et puis je repris une attitude plus professionnelle, même si, étant avec Mathilda, je pouvais me permettre quelques familiarités.

« Alors, de quoi voulais-tu me parler ? »

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MessageSujet: Re: Tout se sait mais rien ne se dit [Livre I - Terminé]   Tout se sait mais rien ne se dit [Livre I - Terminé] EmptyJeu 1 Aoû - 16:02



Tout se sait mais rien ne se dit

C’était indéniable, le notaire avait l’aire tout aussi fatiguée que je l’étais moi-même. Vu les piles qu’il avait sur son bureau et non loin de ce dernier, je devinais sans mal qu’il avait eu beaucoup de travail ces derniers temps. Je ne devais pas être la seule à venir le voir pour lui demander des conseils et faire des démarches. En même temps, vu la période dans laquelle nous vivions, cela n’avait rien d’étonnant. Nous avions tous peur d’une manière ou d’une autre, et il nous semblait important de mettre en ordre nos affaires. Au cas où. J’étais moi-même là pour ça, même si cela m’embêtait de déranger Arthur. Pour autant, il fallait vraiment que le fasse, et qu’il ne m’en voudrait pas. Il comprendrait, ça c’était certain. Et puis j’étais sa plus ancienne cliente alors… Je me rappelle encore la dernière fois que j’étais venue dans ce cabinet. A l’époque, il n’avait pas encore ce bureau. Mon dossier avait été le premier qu’il avait du traité en qualité de notaire. Et il l’avait fait à merveille. Il m’avait beaucoup aidé dans mes démarches, mais aussi à m’intégrer à Louisville. C’est aussi grâce à lui que j’avais connu Mickaël, ce dernier étant nul autre que son cousin.  S’il était au début un simple professionnel, il était devenu rapidement un ami, même si nous n’avions pas le même âge. Je lui fis un sourire amicale et lui répondais à sa suite   Faudrait-il encore pour cela que tu me dénonces, et je te suis trop utile pour cela. Rappelle donc toi que j’ai bâti ta réputation mon cher. Bon il n’avait pas vraiment eu besoin de moi pour cela. Mais c’est vrai que j’avais été contente d’avoir pu lui filer un coup de pouce, en le recommandant à qui voulait l’entendre. Mon poste de caissière et de conseillère municipale avaient pas mal aidés en ce sens. Pour le reste, il le devait à ses compétences et à son travail acharné. Sa réputation il l’avait faite lui-même et avait prouvé à plusieurs reprises qu’il était des plus capables en tant que Notaire. Si l’occasion de changer de notaire m’était arrivé plusieurs fois, j’avais toujours refusé. J’avais confiance en Arthur, cela était suffisant.
Lorsque le ventre du notaire se mit à gargouiller et qu’il m’indiqua que mes arguments étaient valables, je lâchais un rire et lui dis Vas-y sers-toi ! C’est pour la bonne cause . La quantité ne manquait pas, c’était certain. Si je n’avais pas pu ramener quelque chose à boire, je me doutais qu’il aurait deux verres dans le coin que nous pourrions remplir au robinet. Lorsqu’il m’interrogea sur ma venue, je me remis à fouiller, mais cette fois dans mon sac à main, jusqu’à trouver ce que j’avais ramené pour lui. D’abord, prends ça. Ce n’est pas frequent comme moyen de paiement, mais ça te sera plus utile qu’un chèque. Je lui déposais une petite bonbonne de gaz pour réchaud, et une lampe torche qui se rechargeaient à la seule énergie de notre bras tournant une manivelle. Cela ne m’avait rien coûtait, ayant trouvé tout ça dans le navire que j’avais fouillé il y a de cela plusieurs semaines. Pour autant, ça avait beaucoup de valeur, et d’utilité surtout. S’il ne les gardait pas, il pourrait les échanger facilement contre des choses qui lui serviraient plus. M’installant ensuite sur le siège en face de lui, je lui répondais enfin tu t’en doutes, je suis venue pour affaire. J’ai plusieurs questions personnelles en fait à te poser. Et ensuite, soit certain que je finirais ce repas en te posant d’autres questions, mais cette fois, te concernant toi plus précisément. Ça fait un bon moment qu’on ne s’est pas vu et qu’on n’a pas discuté de tout et de rien. J’imagine que comme moi, tu as été très occupé… Bref. Cela ne doit pas être une surprise pour toi non plus, mais j’aimerais faire des démarches concernant une éventuelle succession. Je me fourre à chaque fois dans tes situations pas possibles, et il faut que je couvre les arrières mais surtout ceux de Lyra. Je ne sais pas vraiment si cela peut fonctionner ainsi, mais puis-je ajouter à mon testament une mention selon laquelle j’aimerais que mon droit de tutelle vis-à-vis de Lyra ainsi que la gestion de tout son patrimoine, soient transférés à Mickaël ? Sachant que je ne veux pas qu’elle soit au courant et qu’il aura le droit de refuser, sans que personne ne le sache dans ce cas là. Car c’est une lourde responsabilité et je ne veux pas qu’il se sente obligé de l’assumer. Je n’avais jamais évoqué oralement cela avec le jeune homme, même si cela était complètement évident. Si nous ne nous parlions plus ces dernières semaines, cela ne m’empêcher pas de lui faire toujours confiance. Je savais qu’il s’occuperait très bien de Lyra, même si elle risquait de lui en faire voir des verts et des pas mures. Dans un premier temps en tout cas. En le côtoyant, ma petite sœur finirait par s’adoucir avec lui. Je n’avais aucun doute quant à cela. Par contre, il y en avait d’autres, que je devais aussi évoquer avec le notaire Aussi, j’aimerais savoir ma marge de manœuvre concernant ce que je possède moi-même, pour les léguer à Lyra dans l’optique où… C’était pas facile à cracher, mais il le fallait bien. Et je savais que cela ne sortirait pas de cette pièce. Dans l’optique où je viendrais à avoir un enfant… Je sais que l’on ne peut pas le déshériter, et cela ne serait pas le but. Pour autant, ais-je quand même la possibilité de léguer à Lyra certains de mes biens ? Ce n’était pas encore sur. Et même si c’était le cas, il y avait plus de quatre vingt dix pourcent que, s’il s’avérait que j’étais vraiment enceinte, je n’irais pas au bout de cette dernière… J’avais eu plusieurs semaines de retard et j’attendais toujours les résultats de ma prise de sang, beaucoup plus long à effectuer à présent que ce monde s’était barré en sucette. Faisant une pause, je pris un morceau de cake, et commença à un manger un peu. J’avais aussi assez faim, et il me fallait des forces pour arriver au bout de cette journée qui s’annonçaient interminables…
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MessageSujet: Re: Tout se sait mais rien ne se dit [Livre I - Terminé]   Tout se sait mais rien ne se dit [Livre I - Terminé] EmptyJeu 1 Aoû - 17:06

Tout se sait mais rien ne se dit.

« Comme si j’étais capable de dénoncer une vieille amie comme toi ! Et puis, je perdrais alors tous les avantages que tu m’apportes là ! Et je ne dis jamais non à une part de cake. »

Je lui souris largement, lui faisant comprendre que tout n’avait été que taquinerie, si elle ne l’avait pas encore compris. Elle m’invita alors à me servir, ce que je fis rapidement, montrant à quel point j’avais faim.

« Merci ! »

Toujours debout, je pris une part de quiche, et mon estomac me fut reconnaissant lors de ma première bouchée. J’interrompis cependant la dégustation de mon dîner pour aller dans la petite pièce qui jouxtait mon bureau. J’y pris deux verres dans une petite armoire qui était accolée au mur, à côté d’un évier et d’un micro-ondes. C’était souvent là que je réchauffais mes plats pour manger le midi, sauf quand j’avais prévu de dîner ailleurs. C’était peu, mais c’était suffisant pour subvenir à mes besoins de bureau. Pas besoin de plus. Je revins dans la pièce après avoir empli les verres d’eau du robinet et en posai un sur le bureau pour Mathilda, et gardai l’autre dans ma main pour boire avidement. J’oubliais souvent de boire quand je travaillais, et je m’en souvenais toujours au moment de manger.

Pendant ce temps, elle avait sorti des objets de son sac et me les tendait comme paiement, disait-elle. Je reposai donc prestement le verre que j’étais en train de boire sur le bureau, et me saisit des objets qu’elle me donnait. La bonbonne et la lampe en mains, je la regardais à nouveau avant de parler :

« Merci, c’est vraiment très gentil et c’est certain que ça me servira beaucoup plus que de l’argent, mais tu es sûre que tu n’en as pas besoin toi-même ? Ou pour Lyra ? »

Je n’avais pas envie de la priver de quelque chose qui aurait pu l’aider dans sa vie de tous les jours. Il était certain que des objets comme ceux qu’elle venait de me donner allaient m’être très utiles, surtout avec l’hiver qui venait, avec le froid mordant et les nuits plus courtes, où une source de lumière qui ne fonctionnait pas à l’électricité serait très utile mais je me refusais à lui prendre quelque chose dont elle aurait pu se servir. Je les reposai alors sur le bureau, laissant mon regard posé dessus un instant.

Une fois assis à nouveau, Mathilda se mit à me parler de la raison pour laquelle elle était venue me voir. Je l’écoutais patiemment, prenant note mentalement de ce qu’elle disait, pour pouvoir y répondre plus facilement après, comme je l’avais toujours fait. Les gens avaient tendance à tout déballer d’un coup, rapidement, sans prendre le temps de souffler, comme si plus vite les choses seraient dites, plus facile se serait pour eux. Alors je faisais fonctionner ma mémoire pour pouvoir répondre à tout ce qu’ils pouvaient m’avoir dit.

« Techniquement, la personne que tu souhaites nommer tuteur doit être d’accord, et venir avec toi pour signer les papiers. C’est valable aussi pour la gestion des biens d’autrui. Mickaël doit savoir que tu envisages de le nommer tuteur, et qu’il devra aussi gérer les biens de Lyra en même temps. C’est un peu indépendant de ton testament en fait. Dans ton testament tu vas certifier que tous tes biens reviennent à Lyra et c’est un papier qui ne regarde que toi. Or, pour un changement de tutelle, comme ici tu passes non pas par un professionnel mais par quelqu’un que tu connais, qui fait partie de ta "famille" – ici le sens "famille" est employé de manière large – il doit absolument être au courant et apposer sa signature sur le document de changement de tutelle. Imagine qu’il refuse, comme tu sembles lui laisser le choix, qu’est-ce qu’on fait alors dans ce cas-là ? Tu auras tout d’abord fait ces démarches pour rien, mais en plus Lyra n’aura d’autre choix que d’être mise sous tutelle d’un professionnel, ce qui, à mon avis, ne te plairait guère. Il te faudrait en parler à Mickaël d’abord, et, s’il refuse, cela te laisse l’opportunité de voir avec d’autres personnes avant d’envisager l’option "professionnel". »

Je l’écoutais à nouveau me poser une autre question et cela me fit prendre conscience à quel point Mathilda était une femme sûre d’elle et très mûre. Beaucoup de gens qui venaient me voir paniquaient, hésitaient, n’osaient parler en "si" et imaginer le pire. On restait très souvent vagues, car les gens n’aimaient pas l’idée de ne plus vivre et de devoir affronter la mort. Mais Mathilda semblait tellement différente de ces gens. Elle savait exactement ce que nous risquions tous. Et elle savait exactement ce qu’elle devait faire avant que tout cela n’arrive. C’était ce que j’aimais chez elle, sa détermination et son esprit pratique. Néanmoins, ses dernières paroles me surprirent un peu. Un enfant ? Ça, c’était tout de même étonnant. Est-ce qu’elle était enceinte ? Je ne pensais pas qu’elle était en couple alors cela me surprenait grandement. Je pris cependant mon ton professionnel pour lui répondre.

« Bien sûr, tu as tout à fait le choix de ce que tu veux faire de tes biens. Ça, cela fait partie de ton testament. Tu peux très bien y faire note des biens que tu souhaites léguer à Lyra, et, d’un autre côté, des biens qui seraient pour ton ou tes propres enfants. Le tout est de bien le formuler, pour ne pas qu’il y ait d’ambiguïté quelconque à sa lecture. Mais si tu précises que tel bien est pour Lyra et tel autre bien pour ton enfant, il n’y aura aucun souci. »

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MessageSujet: Re: Tout se sait mais rien ne se dit [Livre I - Terminé]   Tout se sait mais rien ne se dit [Livre I - Terminé] EmptyJeu 1 Aoû - 22:45

Tout se sait mais rien ne se dit.

J’envoyais valser bien loin une pièce foutue, trop usagée pour être réutiliser d’une quelconque façon et elle atterrit par chance dans la pile des trucs inutiles que mon boss voulait tout de même revoir au cas où je serais un idiot. Moi, de mauvaise humeur ? Mais quelle idée voyons ! Ça serait comme d’avouer que Martin est un maire incompétent, impensable ! Je jetais un œil à l’horloge. Merde, j’allais être en retard. Arthur allait m’attendre ! Avec un peu de chance, il serait tellement pendu à ses dossiers qu’il n’y verrait que du feu – on y croyait. Pouvoir passer un peu de temps avec mon cousin suffisait à me remonter un peu le moral. C’était assez la pagaille dans ma tête. C’était déjà le cas avant le retour d’Emy mais là, je n’avais même plus une seule minute de répit au milieu de ce quotidien chaotique. J’étais sous pression avec la guerre, le début de la famine, l’hiver nucléaire, Rose, Emy, mon job et… Mathilda que je n’avais pas revu depuis trop longtemps. Elle me manquait tellement que ça me rongeait chaque jour un peu plus. Je me voyais cependant mal re-débarquer la bouche en cœur en lui disant Hey salut, au fait tu sais qu’Emy est revenue ?  Je ne savais tellement plus où j’en étais entre elles deux. J’avais besoin d’en parler et j’espérais qu’Arthur serait une oreille attentive. Nous avions pris l’habitude de discuter lui et moi. La famille servait à ça aussi après tout. Il m’aiderait à y voir plus clair et à trouver des solutions peut-être ? Je savais bien que ce raisonnement naïf relevait de la crétinerie mais je restais optimiste envers et contre tout. Le boss me fit un signe de tête lent et lourd – il était crevé ce qui n’avait rien d’étonnant, alors que je lui indiquais le vestiaire au fond du garage. Je me lavais rapidement les mains et ôtais ma combinaison de travail. Une fois prêt, j’attrapais mes clés et me mis en route pour le cabinet. J’avais ressorti ma voiture exprès et veillais comme un dingue à rationaliser le carburant utilisé. Ça en devenait limite de la parano. Je surveillais ma vitesse et arrivais avec quinze minutes de retard. Ouais, ça craignait mais je bossais, il me pardonnerait bien pour ça. Je sortis de l’habitacle et me perchais à nouveau dans mes pensées, à tout ce que je voulais confier au notaire. J’étais tellement perdu dans mon esprit que je ne regardais pas ce qui m’entourait. C’est ainsi que je passais à côté de la voiture de la renégate sans la voir – pourtant, je ne saurais la reconnaître entre mille.

J’évoluais très naturellement vers la porte de son bureau, convaincu de l’y trouver plonger dans le boulot à corps et cœur perdu. Cette dernière était légèrement entrouverte et avant même que je ne vienne poser ma paume sur le bois la constituant, je perçus une voix familière s’échapper de l’intérieur. Mon rythme cardiaque s’accéléra drastiquement – bordel ce que ce son m’avait manqué. J’eus seulement envie d’entrer pour pouvoir la voir en chair et en os sauf que le sens de leur conversation me parvint et me fis me figer sur place. J’allais faire demi-tour en réalisant qu’ils parlaient business mais mon prénom émergea et je ne pus m’empêcher de rester clouer là au sol. Quoi ? Moi ? Tuteur de Lyra ? Qu’est-ce que … ? Elle ne m’avait jamais parlé de ça. Cela me faisait plaisir et ne me plaisait pas en même temps. Bien sûr, m’occuper de sa cadette ne me dérangerait pas du tout au contraire. Je serais heureux de l’épauler s’il arrivait quelque chose à … - non, ça ne pouvait pas arriver. Mais en même temps, c’était culotté de sa part qu’elle demande ça à mon cousin derrière mon dos sans mon autorisation ou sans m’en avoir touché un mot. En plus, n’avait-elle pas eu l’air de désapprouver ma façon de prendre soin de sa sœur quand elle était à l’hôpital ? Je ne la comprenais vraiment pas. Sa confiance en moi, cela dit, se fit en même temps tellement évidente – me confier ce qu’elle avait de plus précieux - qu’elle réchauffa mon être entier. Après avoir froncé durement les sourcils, je laissais un sourire s’étaler sur mes lèvres sans m’en apercevoir. J’hésitais toujours à les interrompre ou à partir même si de toute évidence, cette discussion me concernait. Je commençais à tourner les talons quand j’entendis la suite par inadvertance.

Enfant ? Mathie était enceinte ? Non ? Mon sang fit un tour complet en une seconde. De quoi ? Ou plutôt de qui ? Moi ? Forcément, on ne s’était pas protégé vu qu’elle m’avait assuré… Bordel, c’était forcément moi, non ? Je n’arrivais pas à réaliser ou à imprimer la nouvelle. Je restais choqué, abasourdi alors que le timbre grave et posé d’Arthur lui répondait une tirade que je n’écoutais déjà plus. Putain, si c’était vrai, si j’étais le père de … Putain, merde. Je devais savoir maintenant parce que je ne pouvais pas ne pas savoir, c’était tout. J’entrais, officiellement livide et largué mais également en colère. C’était la seule façon que je connaissais pour ne pas me laisser abattre par les imprévus, la hargne. Elle avait réponse à tout et me permettait de lutter même si ce n’était pas la meilleure approche dans ce cas… Je ne jetais même pas un regard au notaire, je vins directement planter mes yeux dans ceux de son interlocutrice. « C’est quoi cette histoire ? T’attends un gosse ? » Je la fixais et fus convaincu alors que c’était d’office de moi qu’elle devait être enceinte. « Putain, Mathie, tu comptais me parler de ça quand ? » J’oubliais où on se trouvait et encore plus j’oubliais la présence du témoin. J’avais envie d’hurler sur elle – après tout rien n’était résolu depuis notre dernière engueulade et en même temps avec plus de violence encore, j’avais envie de l’embrasser. J’avais craint pour sa vie avec l’attaque de Louisville et avais écumé l’hôpital jusqu’à être sûr qu’elle n’avait rien. J’avais voulu cent fois la retrouver chez elle mais n’avais pas eu la force. Maintenant, elle se trouvait à portée de main et à la fois, à des kilomètres de moi. Round deux, que le match commence.  
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MessageSujet: Re: Tout se sait mais rien ne se dit [Livre I - Terminé]   Tout se sait mais rien ne se dit [Livre I - Terminé] EmptyVen 2 Aoû - 12:51



Tout se sait mais rien ne se dit

C’était agréable d’être avec Arthur. J’appréciais beaucoup l’homme et je savais qu’entre nous, ce n’était pas ponctué de prise de tête et de disputes. J’appréciais aussi le professionnel qu’il était, et je lui faisais confiance. Il avait toujours servis les intérêts de ma sœur, aussi difficile que cela est pu, et je lui en étais toujours reconnaissant. C’était le premier qui m’avait vraiment aidé à mon arrivé à Louisville, et sans lui, j’aurais beaucoup plus galéré, ça c’était certain. Passer un peu de temps avec lui, même si nous parlions « affaire » était agréable. Je me notais mentalement d’ailleurs de l’inviter un de ses quart boire un verre. Comme au bon vieux temps. Et dieu sait qu’il me manquait quand même ce bon vieux temps.

Avant toute chose, j’avais payé le notaire, et ne fut pas vraiment étonnée qu’il me demande si j’étais sûre que je n’avais pas besoin de ce que je lui donnais. Je lui faisais un signe négatif, et un sourire amical pour le rassurer. Non je n’en avais pas besoin dans l’immédiat. Et surtout il était hors de question que je prenne sur son temps de travail, sans rien lui donner en retour. Nous étions amis, mais là j’étais d’abord venue voir le notaire avant Arthur lui-même. C’était très important de savoir discerner les deux personnes si nous voulions continuer et à entretenir une relation amicale et une relation professionnelle.   Ne t’en fais pas. J’ai encore ce qu’il faut chez moi. Et j’y tiens. Les bons comptes font les bons mais après tout !. Oui c’était vraiment important à mes yeux de faire ce qu’il fallait. Il me connaissait et je ne m’en faisais pas quant au fait qu’il accepterait. Si je devais m’acharner avec certains, ce ne serait pas le cas ici et c’était aussi une des choses que j’aimais beaucoup chez lui. Entrant ensuite dans le vif du sujet, je lui posais les questions qui m’avaient mené ici, notant mentalement toutes ses réponses. Je me pinçais légèrement les lèvres lorsqu’il m’affirma que Mickaël devait être au courant et d’accord au préalable. C’était quelque chose que j’aurais voulu éviter. Je me voyais mal aller frapper à sa porte, prendre le risque de tomber sur sa petite amie, pour lui dire « Hé salut ! Au fait, tu ne voudrais pas signer ce papier pour avoir la garde de Lyra si jamais je me fais descendre ?. Non clairement, je ne le pouvais pas. D’un autre côté, comme le soulignait Arthur, si je ne faisais pas les démarches, Lyra se retrouverait pupille de la nation et on ne sait pas trop où. Ce n’était pas ce que je voulais pour elle. Poussant un soupir, je lui dis C’est bien ce que je craignais… Je vais penser à cela à plat et je reviendrais vers toi plus tard concernant cette question. Disons que ce n’est pas vraiment le bon moment pour évoquer cette possibilité avec ton cousin… . Si nous n’étions pas constamment en train de nous prendre la tête avec Mickaël, les choses seraient plus simples. Ce serait plus simple d’ailleurs s’il me disait clairement ce qu’il avait à me reprocher. Car j’en étais certaine, il me cachait quelque chose et ça m’agaçait qu’il ne soit pas capable de me le dire directement… La situation aurait été complètement différente d’ailleurs. Ou peut-être pas. Car finalement ce n’était pas si mal que nous ne nous parlions plus, même s’il me manquait énormément. Il pouvait enfin s’occuper de lui, sans avoir à s’inquiéter constamment pour moi et faire avec moi d’ailleurs. Et puis avec le retour d’Emy…

J’évoquais ensuite la seconde chose qui m’avait amené ici. Je devais être au courant de tout avant de me décider. Au cas où. Je fus rassurée, soulagée même par sa réponse, et je crois que cela dut se voir sur mon visage d’ailleurs. C’était une des mes craintes. Si j’étais vraiment enceinte et si finalement je m’engageais dans cette voix, je pourrais tout de même léguer quelque chose à ma sœur. Je n’avais pas vraiment d’argent de côté et en dehors de ma vieille bagnole, je n’avais pas d’autres biens. Pour autant, je voulais quand même qu’elle reçoive quelque chose de moi. Buvant une gorgée d’eau, je m’apprêtais à lui demander, dans ce sens, si nous pouvions revoir mon testament ayant des choses à changer dans ce dernier lorsqu’un bombe fit éruption dans la pièce et explosa. Celle là, je me m’y attendais pas. Depuis quand le renégat me suivait et écoutait aux portes ? Depuis quand il se permettais de m’agresser de la sorte. Surprise je l’étais complètement, au point d’en faire tomber mon verre qui, d’un se renversa sur moi. Et de deux qui se brisa par terre. Je regardais l’homme et lui dis d’un ton très colérique Non mais c’est quoi ton problème à la fin ?. Je le repoussais légèrement pour ramasser le verre brisé à terre. Il n’y avait que quelques gros morceaux – heureusement encore -. Enervée, je me coupais avec l’un d’eux, et poussa un juron. Et sachez que je ne jure jamais… Je me relevais pour jeter les morceaux à la poubelle et me tournant vers Arthur, je lui demandais Tu peux m’indiquer où il y a un évier ou un lavabo ? Je le suivais dans une autre pièce, laissant derrière nous son cousin. Juste avant qu’il ne retourne dans son bureau, alors que je passais mon doigt sous l’eau, et attendais que le sang arrête de couler. Je suis désolée pour ton verre… Et… Si tu pouvais le calmer avant que je revienne. Je suis trop fatiguée par tout ce qui passe pour avoir la force de lui faire face… J’en ai que pour quelques minutes pas plus… C’était un peu lâche de mêler Arthur à tout cela, mais je n’avais vraiment pas la tête à affronter Mickaël toute seule. Ce n’était pas le moment. Je n’avais pas envie de lui parler. Pas après qu’il m’ait espionné. Pas après qu’il est cru bon de se mêler d’une affaire privée. Pas en sachant qu’il était de nouveau avec Emy, et combien ma culpabilité envers elle et lui aussi me rongeait…  
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MessageSujet: Re: Tout se sait mais rien ne se dit [Livre I - Terminé]   Tout se sait mais rien ne se dit [Livre I - Terminé] EmptyVen 2 Aoû - 14:09

Tout se sait mais rien ne se dit.

Je remerciai encore une fois Mathilda pour les objets qu’elle m’avait apportés, quand elle me précisa qu’elle avait ce qu’il fallait chez elle. Si elle me le disait, je la croyais et je n’avais plus aucune raison de prétexter ne pas les prendre. Mangeant toujours ma part de quiche, tout en dialoguant avec elle, je m’interrogeai intérieurement sur les tenants et aboutissants de ce qu’elle m’exposait.

Je savais que Mathilda et Mickaël étaient proches. Ils étaient amis depuis longtemps maintenant et si j’avais cru plusieurs fois qu’ils se mettraient en couple, cela ne s’était jamais produit. Pourquoi ? Impossible pour moi de le dire. Il était pour moi évident que mon cousin était attiré par elle. Il fallait être aveugle pour ne pas le remarquer. Est-ce que c’était elle qui n’avait pas voulu ? Si je connaissais relativement bien mon cousin, je ne connaissais pas aussi bien mon amie ici présente. Le fil du temps avait fait que nous avions appris à nous connaître, mais, inévitablement, il y a certaines choses dont on ne parle pas entre amis. Un souvenir me revint en mémoire. Quelques mois plus tôt, en août, Rose avait organisé une fête d’anniversaire pour Mickaël. J’avais tout naturellement été convié par ma cousine. À un moment, j’avais vu les deux amis s’éloigner de la foule, l’air très complice. Je n’ai jamais su ce qui s’était passé à cet instant, mais je n’étais pas totalement stupide au point de croire qu’ils s’étaient éloignés sans un but précis en tête. Il faudrait que j’en parle à Mickaël un de ces quatre…

Le fait que la conseillère vienne me voir aujourd’hui pour me parler de quelques changements de testament mais également du fait qu’elle veuille confier la tutelle de Lyra à Mickaël s’il lui arrivait malheur me faisait m’interroger encore plus. Généralement, on ne confiait pas la tutelle d’un être proche à quelqu’un qui n’était pas vraiment proche de soi. C’était une règle qui était dans 99% des cas respectée. Cela m’invita donc à confirmer mes soupçons sur la relation "et plus si affinités" qui existait entre mon cousin et la jeune femme qui se tenait en ce moment en face de moi. À ce moment, elle soupira, et je repris avec attention mon dialogue avec elle.

« Oui, prends le temps de réfléchir. Un changement de tutelle n’est pas rien, et même si je peux comprendre que tu aies envie que cela soit vite fait, il faut être sûre de ton choix. »

Je ne relevai même pas la fin de sa phrase, notant mentalement d’en parler avec Mickaël la prochaine fois que je le verrai. Ils étaient en froid ? Bon sang, ça semblait bien compliqué leur relation à ces deux-là ! Mettant fin à mes questions internes, je me focalisai à nouveau sur Mathilda qui sourit, soulagée visiblement ce que je lui avais dit concernant le legs des biens. Je la vis ouvrir la bouche pour me poser une autre question quand la porte de mon bureau s’ouvrit brutalement, dirigeant mon regard vers celle-ci, qui révéla…

« Mickaël ? »

Il ne parut même pas m’entendre, jetant directement son regard sur Mathilda, et lui posant des questions comme si je n’étais même pas là. Je fronçai les sourcils, surpris tout d’abord qu’il soit là en cet instant, mais aussi qu’il semblait apparemment être en train d’écouter aux portes. Soudain, je me rappelai que nous avions prévu de dîner ensemble ce midi. Merde ! J’avais complètement oublié ! Voilà qui expliquait sa présence, mais pas le fait qu’il écoutait à la porte. Je constatai que la jeune femme avait renversé son verre sous le coup de la surprise et qu’il s’était brisé par terre en tombant. J’allais me lever pour l’aider à ramasser mais elle fut plus vive que moi et le temps que je parvienne à ses côtés, tout était dans la poubelle. Je n’eus même pas le temps de m’adresser à mon cousin, car elle me demanda de la mener à l’évier qui se trouvait dans la pièce d’à côté, à l’endroit où j’étais allé chercher les verres juste avant. Je l’accompagnai jusque-là, lui donnant un essuie propre qui se trouvait dans l’armoire pour sa blessure.

« On s’en fout du verre. J’espère que tu n’as pas été blessée en ramassant les morceaux par contre. Y’a du désinfectant dans cette armoire si tu veux, sers-t’en. Je m’occupe de Mickaël. »

La laissant se débrouiller seule, je revins dans la pièce principale, où mon cousin se tenait toujours debout. Il semblait bouillonner de rage contenue. Apparemment, il n’avait pas su se décharger en posant ses quelques questions virulentes à Mathilda. Je le connaissais suffisamment bien pour savoir que sa colère sous-jacente n’allait pas disparaître comme ça. Il y avait définitivement quelque chose qui ne tournait pas rond ici.

« Je peux savoir ce qui se passe ? »

J’avais pris un ton tranchant, car je n’avais pas du tout aimé la façon dont il avait débarqué dans le cabinet alors que j’étais en train de discuter professionnellement avec Mathilda. Il n’aurait pas dû rentrer comme ça, sans s’annoncer. Évidemment, il avait fallu qu’il tombe à un mauvais moment, celui où nous parlions de lui. Et c’était en partie ma faute, j’avais oublié notre rendez-vous pour manger, et j’avais laissé Mathilda s’installer pour me poser des questions. Concours de circonstances absolument atroce. Mais il fallait qu’il se calme !

« Y’a quoi entre vous deux exactement ? Et ne me dis pas « rien » parce que, visiblement, ceci n’est pas rien ! »

Je voulais qu’il me réponde rapidement, avant qu’elle ne revienne de la pièce à côté où, techniquement, on entendait quand même ce qui se passait dans le bureau où nous étions. C’est pourquoi ma deuxième question avait été posée sur un ton plus bas, me rapprochant de Mickaël pour que lui seul puisse m’entendre. Je fis de même pour la suite.

« Est-ce que j’ai bien compris ce que je crois avoir compris ? Le gosse qu’elle attend est de toi ? »

Si c’était bien ça – et j’en étais presque sûr – il était clair que ça ne se passait pas bien entre eux. À cause de ce bébé ? À cause d’autre chose ? Dans quel bordel avais-je encore mis les pieds sans m’en rendre compte ?

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MessageSujet: Re: Tout se sait mais rien ne se dit [Livre I - Terminé]   Tout se sait mais rien ne se dit [Livre I - Terminé] EmptyVen 2 Aoû - 15:15

Tout se sait mais rien ne se dit.

Mon problème ? MON problème ? Et le sien alors ? Silence radio pendant plus de trois semaines alors qu’elle pensait être enceinte de NOTRE gosse ? Aussi compliquée qu’était la situation, elle aurait dû m’avertir. Elle savait bien que je ne l’aurais pas laissé seule pour gérer cette histoire. Putain mais non, elle voulait tout avoir sous contrôle hein ? Encore maintenant là quand elle ramassait de façon précipitée le verre brisé sans attendre qu’on lui apporte le moindre truc pour l’aider à tout jeter sans coupure. Et bam d’ailleurs elle se blessa. Non mais vraiment... La vue de son sang suffit à ce que je contienne le reste de ma hargne pour le moment et je la laissais gérer l’incident avec Arthur en me mettant un peu en retrait. Quand ils quittèrent la pièce, j’en profitais pour respirer des grands coups d’air afin de me calmer. Quelle blague, bordel, quelle blague. Bon maintenant, ça suffisait cette succession de délire. J’allais devoir clarifier une bonne fois pour toute la situation avec Emy et foutre Mathilda devant le fait accompli juste après. Mais avant je devais tirer au clair ma très certaine paternité cachée et accessoirement me calmer pour être plus lucide. Elle n’avait répondu à rien et avait réussi à se défiler avec tout ça. J’étais quasi certain qu’elle parviendrait toujours à s’enfuir. Qu’est-ce qui l’effrayait sérieusement ? Et bon sang comment on en était arrivé là en si peu de temps ? Sept ans d’amitié pour finir de cette façon ? J’aurais pu m’asseoir pour attendre leur retour mais je n’en fis rien. J’étais trop nerveux pour ça, je faisais les cents pas dans le bureau de mon cousin. Ce dernier finit par revenir en premier. Son ton tranchant me fit arrêter ma petite mascarade d’agité et je me plantais devant lui prêt à lui répondre. Parce que moi, contrairement à la renégate, je savais très bien assumer ce qu’il se passait et je savais identifier chaque composante, voir la réalité en face. Je n’eus pas le temps de répliquer qu’il embraya. Comme si j’allais lui dire qu’il ne se passait rien alors que je venais de lui servir une scène digne d’un mauvais feuilleton télé. Je prenais rarement les gens pour des cons, moi. Et encore moins quand ils étaient aussi futés et importants pour moi que l’était le notaire. Il boucla sa tirade sur un ton plus bas et je compris que l’ancienne caissière risquait de nous entendre – bien que personnellement, j’en avais rien à foutre. Moi, j'avais rien à lui cacher.

Si le gosse était de moi ? Bonne question tiens ! J’aimerais bien le savoir aussi mais vu la situation, il y avait tout de même de fortes chances. « Si je savais moi-même ce qu’il se passe, ça m’arrangerait aussi figure toi ! » Bordel, c’était le délire. Elle faisait que me rejeter mais elle voulait que je sois tuteur de Lyra. Comment elle avait pu ne rien me dire à propos de ça ? Et à propos de cette potentielle grossesse ? Je me passais une main sur la bouche et sur le menton afin d’essayer d’être moins aveuglé par ma colère. « C’est compliqué… » Parce qu’elle le voulait bien d’ailleurs. Pour elle, ça devait être plus simple pas vrai ? Une petite aventure sans conséquences comme ça, blouf. Elle avait déjà oublié tout ce que nous nous étions dit juste avant ça. Tout ce que j’avais cherché à lui faire comprendre, ça n’avait servi à rien du tout. Je lui avais dit que je voulais être avec elle de but en blanc – plus clair que ça tu meurs. On avait fait marche arrière encore une fois. Et maintenant, un milliard de circonstances nous séparait. Si c’était trop tard ? Non. Ça ne serait jamais trop tard. Je retrouvais partiellement mon sang froid quand j’enchainais sur « Ou ça l’est pour moi du moins… Et ouais, je suis quasi sûr qu’il s’agit de moi. » Je me remis à marcher et longeais la pièce en me grattant le front distraitement. Et Arthur qui se retrouvait bloqué au milieu du scandale, mêlais à ça sans le vouloir. J’abusais d’avoir pénétré de la sorte ici. Je lui coulai un regard un peu navré. « Désolé. Je voulais pas faire une telle entrée. Quand j’ai entendu sa voix, j’ai voulu faire demi-tour mais j’ai entendu la conversation et… je ne sais pas. J’ai pas réussi à me barrer. Enfin, tu me connais. » Je détournais les yeux pour les fixer sur le chemin par lequel elle était partie. Ca tournait à du dix mille à l’heure dans ma tête. Et je la connaissais trop bien pour imaginer la suite de cette affaire. Je me retournais alors brusquement vers Arthur et lui déclara d’une voix déterminée. « Fais-moi signer ces papiers. » Je devais, voulais, pouvais m’investir là-dedans. Mathilda devait se foutre dans son crâne que quoiqu’elle fasse pour me repousser, je comptais m’accrocher. Devant l’absence de logique entre ma dernière réplique, la scène et la situation, j’ajoutais. « Pour Lyra. » Tout était confus dans mon esprit et à la fois tellement limpide. Je comptais prendre les rênes cette fois-ci. De toute manière quoique je fasse, c’était toujours un mauvais pas pour elle. Alors autant que j’avance dans la direction qui me convenait.

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MessageSujet: Re: Tout se sait mais rien ne se dit [Livre I - Terminé]   Tout se sait mais rien ne se dit [Livre I - Terminé] EmptyVen 2 Aoû - 16:37



Tout se sait mais rien ne se dit

Tout était en train de virer au cauchemar, en quelques minutes. Je n’avais pas voulu tout ça, pas du tout. C’était d’ailleurs une des raisons pour lesquelles j’étais contente de ne pas avoir eu besoin à recroiser le renégat. Je n’aimais pas mentir. Mais je ne voulais pas non plus qu’il s’imagine des choses, des choses dont il n’y avait aucune certitude d’ailleurs. Des choses qui, même si elles arrivaient, ne dépendaient que de ma seule volonté. Oui de ma seule volonté parce que je connaissais très bien l’homme. Si j’étais enceinte, si nous avions commis cette erreur, il voudrait assumer, garder cet enfant et s’en occuper avec moi. Et ça, il en était juste hors de question, tout simplement hors de question. Je ne le permettrais pas. Comme si j’étais ce genre de femme. J’avais d’ailleurs pris toutes mes précautions. Je m’étais moi-même fait ma prise de sang et j’avais moi-même donné l’échantillon à l’analyse en lui demandant de relever plusieurs données, pour noyer le poisson dans la mer. J’aurais ensuite déduit moi-même des analyses si j’étais vraiment enceinte et dans le cas contraire les raisons des quelques nausées qu’il m’arrivait souvent d’avoir.  Tout cela c’était à moi de le gérer, et à moi toute seule. Micka…ël… Mickaël avait autre chose à faire et  penser. Et c’était tant mieux. Je préférais me débrouiller toute seule, peu importe les conséquences, comme je l’avais toujours fait. C’était aussi dans cette optique que j’avais voulu me renseigner. Je voulais juste savoir à quoi m’attendre au cas où… Et cela aurait du rester privé. Mais Mickaêl en avait encore fait qu’à sa tête.

Je n’arrivais pas à croire qu’il avait écouté aux portes… Cela ne lui ressemblait tellement pas… J’avais vraiment tout foirée avec lui. Je ne sais pas comment nous en sommes arrivés jusque-là, mais cela devait s’arrêter une bonne fois pour toute. Je tenais à lui, oui, et c’était d’ailleurs pour ça que je devais reprendre les choses en main. Je le faisais devenir quelqu’un qu’il n’était pas et je me détestais pour ça. Autant que je détestais vis-à-vis de sa petite amie revenue. Même s’il m’avait soutenu qu’elle ne comptait pas vraiment, je savais que c’était faux. Sinon pourquoi serait-il allé la voir à la clinique plusieurs fois ? J’avais vu les registres pour y travailler. Jalouse ? Non… Ou peut-être un peu, mais cela n’avait aucune importance. Sa vie était avec elle, clairement. Je ne voulais pas me mettre entre eux, ni en travers de leur chemin. D’ailleurs il n’avait même pas pris la peine de venir me voir pour prendre des nouvelles, ni pour m’annoncer qu’elle était revenue. C’était bien la preuve que je génais plus qu’autre chose. S’il faisait ce qu’il faisait en cet instant c’était juste par devoir et rien d’autre… A cette pensée, je m’appuyais légèrement contre l’évier.

Non, je devais me reprendre, surtout en cet instant. J’avais envoyé Arthur au front, le mélant à tout cela. C’était injuste et lâche de le laisser assumer à ma place. J’entendais sans entendre qu’il s’adressait à Mickaël, le temps que je reprenne un peu de « force » pour affronter cette situation. J’enroulais mon doigt dans une feuille de sopalin, et rejoignis la pièce, non sans une boule au ventre. Je ne pouvais pas arriver plus mauvais moment, quant Mickaël dit qu’il voulait signer les papiers pour Lyra.. Je m’avançais et dis d’ailleurs à ce sujet Non il n’en était pas question Mickaël.. Oui, son prénom en entier et pas le surnom par lequel je l’appelais tout le temps. Une résolution que j’avais prise, et très dure à tenir. Il est juste hors de question que tu signes ses papiers, parce que tu ne le feras que par sens du devoir ou je ne sais pas quoi, et pas parce que ce serait quelque chose que tu voudrais réellement. Et ma sœur mérite beaucoup mieux. Ce n’est pas quelque chose que l’on peut décider sur un simple coup de tête. C’est une très grosse responsabilité et il est donc hors de question que tu les signes tout de suite.  . Ce n’était pas méchant, mais… Réaliste. Je refusais qu’il fasse cela juste pour me faire plaisir ou encore parce qu’il s’en sentait obligé. Ce n’était saint pour personne. Prends le temps d’y réfléchir. Surtout que tu n’es plus seul. Je rajoutais cela pour ne pas qu’il s’imagine que je faisais marche arrière. Juste qu’il devait comprendre que ce n’était pas le genre de chose que l’on pouvait faire sur un coup de tête. Et puis, il n’était plus seul non plus, comme je venais tout juste de lui préciser… Arthur ? S’il veut toujours les signer dans une semaine, tu lui expliqueras alors tout ce que cela implique et si ça lui va, donnes les lui… Sinon j’aviserais . Je ne mêlais pas mon ami à cela, mais mon notaire, même si, dans l’état actuel des choses, c’était confus de faire la différence. Je n’aimais pas ça du tout, mais je ne pouvais pas faire marche arrière, pas après lui avoir demandé de gérer son cousin, pas après que ce dernier lui ait dit qu’il était quasiment certain d’être le père. Je restais plantée là, debout, et me contenta de regarder le notaire pour lui dire  Je ne faisais que te demander des informations concernant un éventuel enfant parce que je ne suis sûre de rien et que j’attends toujours les résultats de mes analyses sanguines puis me tournant vers Micka, j’ajoutais Et c’est pour ça que j’allais pas me pointer chez toi après trois semaines où tu n’as pas daigné une seule fois venir me voir, pas même pour m’annoncer que ta petite amie était revenue par exemple. Tu t’attendais à quoi ? Que je vienne, la bouche en cœur t’annonçait que j’étais peut-être enceinte, et dire au passage à Emy que tu l’as trompé avec moi ? Je ne l’avais pas voulu, mais mon ton s’était plus violent, plus colérique. Moi qui avais voulu garder mon calme, c’était loupé. Je soufflais pour me reprendre et ajouta plus calmement  En attendant cela n’explique pas pourquoi tu étais là à écouter aux portes une conversation privée ! . Je n’aimais pas être autant en colère contre lui, et aussi distante aussi. Je détestais ça. Il m’avait tellement manqué, et je me faisais violente pour pas aller jusqu’à lui. Parce que je ne devais pas. Non. Nous devions en finir une bonne fois pour toute et avancer. Même si je savais parfaitement que je serais incapable de tirer complètement un trait sur lui. Parce que Micka était Micka, et que j’avais clairement plus que de l’amitié pour lui. Et c’était d’ailleurs pour cela que je voulais que l’on arrête les frais. Il avait pas besoin de ça, et méritait beaucoup plus qu’une femme telle que moi, une femme qui ferait de lui sa priorité, avec qui il pourrait faire front, qui l’épaulerait, comme le laisserait l’épauler. Bref, tout ce que je ne pourrais jamais faire…
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MessageSujet: Re: Tout se sait mais rien ne se dit [Livre I - Terminé]   Tout se sait mais rien ne se dit [Livre I - Terminé] EmptyVen 2 Aoû - 22:08

Tout se sait mais rien ne se dit.

Ok, je me retrouvais là au beau milieu d’une scène de ménage alors que rien ne présageait une telle issue à peine quelques minutes plus tôt. En plus, je ne connaissais pas toute l’histoire et du coup j’avais du mal à suivre. Je passai une main sur mon front, essayant par là de rester calme, et pour gérer les deux zigotos qui s’excitaient devant moi. Visiblement, j’étais un témoin dont ils n’avaient rien à faire qu’il soit là. Bon très bien, mais s’ils pensaient l’un et l’autre que j’allais rester là à tenir la chandelle, ils se trompaient.

Je ne trouvai rien à ajouter quand Mickaël me fit comprendre qu’une part de l’histoire lui manquait également. À quoi jouait Mathilda ? Si elle était enceinte de lui, il me paraissait évident qu’elle aurait dû le lui dire ! Mais je ne savais plus vraiment sur qui rejeter la faute de ce qui se passait ici. J’étais frustré de ne pas tout savoir, car cela m’empêchait d’avoir un avis clair sur la situation. Je détestais ça. J’avais besoin de recueillir plus de données pour savoir exactement comment me positionner. En plus, il m’était difficile de me retrouver entre deux personnes qui m’étaient chères. J’avais d’un côté Mickaël, qui était non seulement mon cousin mais également quelqu’un qui me comprenait, et que je connaissais plus que personne, et d’un autre côté Mathilda, qui était une amie assez proche, avec qui j’aimais parler de tout et de rien, quand nous nous retrouvions en dehors de ce bureau. C’était extrêmement ardu de garder un avis neutre dans ce cas-là. Je ne dis rien non plus quand il me confirma que c’était compliqué. Je le savais déjà. Il continua de parler, et je l’écoutais gravement.

« Oui je sais comment tu es. Mais Mick, tu peux pas débarquer comme ça et crier sur elle alors que… »

Alors que quoi ? Je n’en savais foutrement rien. Qu’est-ce qui me dérangeait le plus dans cette histoire dans le fond ? Que Mickaël ait débarqué comme ça ? Que Mathilda semble enceinte de lui et qu’elle ne lui ait rien dit ? Que je me retrouvais au milieu de tout ça alors que ce n’était pas mes oignons ? Je soupirai, passant une main dans mes cheveux, tentant d’éclaircir mes pensées confuses. Dans quelle situation m’avaient mis ces deux-là ? Alors que j’essayais toujours de trouver mes mots, mon cousin reprit la parole, et je n’eus pas le temps de dire quoi que ce soit, étant interrompu par Mathilda qui revenait, un bout d’essuie-tout enroulé autour du doigt. J’espérais qu’elle avait utilisé le désinfectant, sinon ça risque de s’infecter, selon la profondeur de sa blessure. Elle refusa en bloc sa proposition de signer les papiers de changement de tutelle tout de suite. Je les regardais tour à tour, s’affrontant du regard comme deux chiens prêts au combat. Elle lui sortit tout un petit discours qui montrait que sa décision était sans appel et avant que Mickaël n’ait le temps de répondre, elle s’adressa à moi.

« Je n’ai pas l’intention d’être votre intermédiaire. Vous avez clairement un problème, que vous seuls pouvez résoudre. Il est hors de question que je fasse signer n’importe quel papier vous impliquant tous les deux dans la situation dans laquelle vous êtes actuellement. Au vu de ce qui se passe en ce moment, ça n’amènera rien de bon. Alors vous allez d’abord régler vos différends, quels qu’ils soient, et ensuite on verra bien… »

Je n’avais nullement haussé le ton mais j’avais clairement fait comprendre ma position. Je les appréciais tous les deux et je n’allais pas prendre parti pour l’un ou l’autre. Je n’avais pas envie que cela me retombe dessus par la suite et nuise à ma relation avec l’un des deux. Je tenais trop à eux deux pour cela. Quand Mathilda reprit la parole, je faillis rester bouche bée au moment où elle lâcha ses dernières paroles à Mickaël. Hein ? Que ? Quoi ? Est-ce que ça ne les dérangeait vraiment pas de parler de tout ça devant moi ? Visiblement non. Lorsque je m’étais rappelé quelques instants plus tôt l’amitié particulière qui liait les deux jeunes gens devant moi, je n’avais pas espéré qu’ils me confirment ça de vive voix dans les minutes qui suivraient. C’était une chose que de subodorer une relation plus si affinités et de l’entendre dire clairement. Je ne savais si je devais me sentir gêné que Mathilda parle de ça devant moi, mais je décidai rapidement que s’ils l’avaient fait, tout en sachant que j’étais là pour écouter, ce n’était pas à moi de l’être. Je réalisais soudainement la position délicate de mon cousin, surtout depuis qu’Emy avait refait surface. J’en arrivais presque à le plaindre. Je décidai d’intervenir, alors qu’elle s’énervait contre lui.

« Il avait rendez-vous avec moi. On devait manger ensemble. J’ai complètement zappé. Désolé pour ça, c’est un peu ma faute du coup tout ce bordel. »

Je n’avais nullement l’intention de prendre part, mais il me semblait nécessaire de dire les choses telles qu’elles étaient. Tout cela n’était qu’un mauvais concours de circonstances. C’était tout. Et nous allions devoir réagir comme des adultes parce que si déjà à trois nous pétions les plombs, je ne donnais pas cher de nous dans un avenir proche. Je tentai de les calmer en prenant une voix posée.

« Écoutez, je ne sais pas exactement ce qui s’est passé entre vous pour que vous en arriviez là. Mais je pense que là, on doit tous se calmer sinon ça ne va pas aller. Mais enfin, regardez-vous ! Vous vous regardez comme deux bêtes féroces prêtes à se sauter dessus !  Comment vous avez fait pour en arriver là ? Vous vous entendiez si bien ! »

Mon discours avait quelque chose de purement rhétorique, et je le savais. Je ne m’attendais même pas à ce qu’ils me répondent, mais j’avais eu besoin de sortir des mots de ma bouche, pour ne pas rester béat face à ce qui se passait sous mes yeux.

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MessageSujet: Re: Tout se sait mais rien ne se dit [Livre I - Terminé]   Tout se sait mais rien ne se dit [Livre I - Terminé] EmptySam 3 Aoû - 12:02

Tout se sait mais rien ne se dit.

Mickaël ? Je ne me rappelais pas de la dernière fois où elle m’avait appelé par mon prénom en entier pour la bonne raison que ça n’arrivait jamais. Elle m’était une distance atroce entre nous, même avec ses mots - surtout avec ses mots en fait. Elle me prenait pour un vrai gosse qui allait faire n’importe quoi sur un coup de tête. Ok, ok, j’avais dit ça de façon impulsive mais je me connaissais suffisamment pour savoir que j’aurais accepté ça les yeux fermés. Jamais je n’aurais laissé Lyra seule s’il arrivait quelque chose à Mathie. Comme si j’allais la planter là ! Elle était un peu comme une seconde sœur pour moi bien qu’humainement, nous ne soyons pas spécialement proches. Ma relation avec son ainée impliquait automatiquement ça.  Ce n’était pas le sens du devoir qui me pousserait à faire ça mais de toute évidence, elle me jugeait insensible ou je ne sais pas quoi. Arthur prit la parole, je l’écoutais à peine. J’allais répliquer mais elle recommença de plus belle me coupant la parole avant même que j’ai eu le temps de prononcer le moindre mot. Surtout que je n’étais plus seul ? Emy ? Mais j’étais pas marié à ce que je sache et je faisais ce que je voulais, ça ne la concernait en rien. Bordel ! Le comble fût tout de même atteint quand elle se mit à parler à Arthur comme si je n’étais pas dans la pièce. J’hallucinais complétement là. J’avais pas cinq ans putain ! Elle me traitait comme un môme. Elle ne s’arrêtait plus de parler sans me regarder durant un bon moment comme si je n’existais tout simplement pas et contenir ma rage devenait de plus en plus laborieux, je croisais les bras sur ma poitrine en serrant la mâchoire si fort que je me fis presque mal. Elle se souvint que je me trouvais là et se remit à me balancer tout un ensemble de remarques visant à exacerber ma culpabilité. J’avais peut-être bien trompé Emy mais je la croyais morte et quand bien même, MOI, je ne regrettais rien. Même si un gosse devait faire son apparition alors je m’en fichais de ce qu’elle racontait à ce propos. «  Ca va t’as fini ? Je peux en placer une ? On s’en fout d’Emy, putain Mathie, t’es peut-être enceinte ! Tu réalises que c’est plus important que le reste ? » Elle était déjà en temps normal, plus importante que tout le reste… « Tu pouvais me trouver au garage au pire si c’était vraiment elle qui gênait ! Si au lieu de me fuir t’étais venu me trouver je n’aurais pas été forcé d’apprendre ça de cette façon ! De toute façon, c’est comme d’habitude, tu as encore voulu tout contrôler dans ton coin ! T’as jamais besoin de moi, c’est bien connu !  »  C’était trop facile de tout rejeter sur moi, trop simple !

Et voilà maintenant que mon cousin s’excusait. Le délire. Il n’avait rien à voir là-dedans ! Quand il posa un état des lieux, exprima les faits actuels, je me calmais enfin progressivement, choqué désormais par la situation. Je le fixais et me sentis tellement honteux tout à coup. Oui, on s’était toujours entendu à merveille, nous avions toujours été sur la même longueur d’onde comme des meilleurs amis pouvaient l’être d’ailleurs. Comment en étions-nous arrivés là ? C’était une excellente question. Quand j’avais commencé à vouloir plus assurément. J’avais cherché à lutter contre mes sentiments, j’avais échoué et au final, j’avais précipité ma meilleure amie dans une relation plus poussée qui de toute évidence ne fonctionnait pas ou du moins qui ne lui convenait pas. Je ne pouvais être le seul à vouloir que ça aille plus loin et c’est exactement ce qu’il s’était passé. Elle n’avait fait que me recadrer dans ce sens et moi, je l’avais toujours poussé plus loin dans l’autre sens. Je reportais mon attention sur la jolie brune et vis sa mine s’assombrir. Elle, non plus, n’avait pas souhaité que nous en arrivions là, je le savais très bien. Elle était tellement importante pour moi et je n’arrêtais pas de la perdre, je creusais toujours un peu plus le fossé qui nous séparait. En voulant préserver notre amitié, j’avais causé plus de dégâts. Et en voulant me lancer dans autre chose, j’avais fait pire. J’étais tellement triste d’en arriver à ce constat et de prendre conscience que nous étions bloqués dans un cul de sac. Je m’adossais au bureau d’Arthur et posa un instant mes paumes sur mon front afin de reprendre contenance avant de briser le silence en répliquant calmement. « Non, c’est ma faute Arthur. Mathie a raison, je n’avais pas à écouter aux portes et encore moins à débarquer de cette façon. Je suis désolé. J’ai pas pu m’empêcher d’écouter. »

J’étais déjà nettement plus maître de mes nerfs et de mes intonations quand je déclarais sans lâcher la renégate des yeux. « J’en reviens pas que tu lui as parlé de ça avant de m’en parler à moi. Je sais que nous ne sommes pas dans les meilleurs termes en ce moment et je comprends que la situation soit… hallucinante. Mais si tu avais vraiment voulu me trouver, on le sait tous les deux que tu l’aurais fait d’une façon ou d’une autre. Tu n’étais pas obligée de garder ça pour toi. Tu peux toujours compter sur moi, je croyais que tu savais ça…. D’ailleurs pour Lyra, prépare les documents quand même Arty. Je vous promets à tous les deux d’y réfléchir sérieusement, je ne signe rien dans l’immédiat. »   Je me passais une main sur le visage, j’avais du mal de réaliser ce que nous étions en train de vivre. Ça ressemblait réellement à une mauvaise série télé. Je me tournais vers l’ancienne caissière et lui demanda très doucement. « Tu auras les résultats quand ? »  Je savais que ce n’était pas le meilleur endroit pour en parler mais il fallait que je sache au moins ça. Je ne pouvais pas rester dans l’ignorance, plus maintenant. Qu’elle le veuille ou non, j’étais directement concerné et je comptais assumer de A à Z mes responsabilités. Pas uniquement par devoir mais bien parce que je le voulais, je désirais m’impliquer, être là pour elle et pour notre possible enfant. Parce que j’étais sûr de mes sentiments pour elle et certain que j’aimerais ce môme s’il existait bel et bien. Je n’avais pas encore atterri ou réalisé, c’était vrai, mais je savais très bien ce que je serais capable de faire pour que tout ça s’arrange au mieux.
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MessageSujet: Re: Tout se sait mais rien ne se dit [Livre I - Terminé]   Tout se sait mais rien ne se dit [Livre I - Terminé] EmptySam 3 Aoû - 14:29



Tout se sait mais rien ne se dit

En venant voir Arthur, je ne pensais pas me retrouver dans une telle situation. Ni même de mettre mon ami entre deux feux. Car c’était clairement le cas. La seule chose que nous savions faire avec Mickaël en cet instant, c’était de se pendre encore une fois la tête. En même temps, je ne sais pas à quoi s’attendait le renégat en entrant d’une telle manière dans la pièce et de commencer à se montrer agressif. J’aurais dû me montrer plus adulte et mieux réagir. Oui j’aurais dû, mais je n’en avais pas été capable. Je dois l’avouer, j’ai tendance à sortir facilement les crocs lorsque le trentenaire haussait un peu le ton. Je sais pas, mais quand il s’agissait de lui, j’aurais tendance ces derniers temps à tout prendre à cœur. Ces derniers temps. Parce qu’avant, j’étais plus patiente. J’en prenais conscience au moment où Arthur coupa court à notre dispute en nous demandant ce qui nous était arrivé. Et dire que sans mon notaire, j’aurais répondu aussi sèchement à Mickaël et on aurait fini par ne plus se parler. Encore. Je ne pus m’empêcher de prendre une mine sombre d’ailleurs à sa remarque, et un air triste. Il avait cent fois raisons. Alors plutôt que de répondre à Micka en lui criant dessus, en lui disant qu’il n’était qu’un imbécile et qu’en effet, je préférais cent fois me débrouiller toute seule plutôt que d’aller le trouver alors que je n’avais aucune garanti qu’Emy ne serait pas - Emy envers qui je me sentais extrêmement mal - ; que lui aussi aurait pu venir me voir plutôt que de débarquer comme un furieux ici ; que s’il n’avait qu’une once d’amitié pour moi, il serait venu me parler du retour de sa petite amie ; etc, je prenais le temps de réfléchir calmement à lui répondre comme l’adulte que j’étais. Heureusement que Lyra n’était pas là pour assister à tout ça. Quel piètre exemple je faisais…

Au moins, je n’avais pas perdu ma journée en venant ici, comme je le pensais à peine quelques minutes plus tôt. Micka se calma lui aussi, et paraissait tout autant gêné que moi d’avoir dû faire intervenir Arthur dans notre querelle. Quand avait-elle réellement commencé ? Lorsque le mécano avait voulu changer, faire évoluer notre relation.. Et que je ne l’avais pas voulu de mon côté, que cela m’avait fait peur. Il avait raison, le concernant j’avais une grosse tendance à fuir plutôt qu’à affronter les difficultés. Je le savais, mais j’avais quand même mal à ne pas faire autrement. Un stupide moyen de défense, oui, peut-être, mais qui jusque-là m’avait empêché de souffrir plus. Parce que, clairement, je souffrais de ce qui se jouait entre le cousin de mon notaire et moi. Tout comme il devait aussi en souffrir lui aussi. Ça se voyait à sa gestuelle, à son regard, aux expressions sur son visage. Lorsqu’il s’excusa d’avoir fait éruption comme un furieux dans le bureau - quand bien même il avait été invité à déjeuner par Arthur - je fus soulagée. Oui soulagée qu’il reconnaisse que ce n’était pas toujours moi qui était en tort et que lui aussi se conduisait mal. Je lui fis un signe de la tête lui faisant comprendre que je le remerciais d’avoir pris la peine de le faire. J’aimais un peu moins la suite de ses paroles et le fait qu’il soit persuadé que je sois venue en parler à Arthur plutôt que lui en premier, peu importe dans quel état lamentable se trouvait notre relation amicale. Mais avant que je ne mette les choses au clair, il enchaina sur Lyra. Je fis quelques pas dans la pièce me rapprochant des hommes. Je fis signe à Micka de se retourner et de regarder un coin de bureau que je lui montrais Tu te trompes. Je ne suis pas venue voir Arthur, je suis venue M. Constant, mon notaire. Sinon pourquoi aurais-je pris la peine de le payer si j’étais venue juste discuter avec lui ? Ton cousin est certes mon ami, pour autant lui comme moi discernons le professionnel et la cliente. Je me tournais vers celui que je venais d’évoquer pour qu’il lui dise lui-même qu’en effet, nous faisions vraiment la part des choses, et que cela avait été convenu depuis bien longtemps déjà. Je n’avais pas eu envie de renoncer ni à ses services, ni à son amitié. Ainsi nous avions tout deux discerner les deux, et cela n’avait jamais été difficile ou une épreuve.

Je savais bien que le renégat n’en était pas capable, mais nous avions beaucoup plus les pieds sur terre que lui. Quant aux papiers concernant Lyra, j’ajoutais pour le reste, l’éventuelle passation de tutelle, et de gestion des biens de ma sœur, je comptais t'en parler, et compter aussi d’ailleurs sur la présence de Arthur pour que tu comprennes bien dans quoi tu t’embarques. Ce n’est pas quelque chose à prendre à la légère et si ton cousin ne m’avait pas averti de tout ce par quoi j’allais devoir passer, je ne m’en serais clairement pas sortie. Ce n’est aussi simple que cela n’y parait Loin de là même. J’adorais ma petite sœur oui, mais ce fut très dur à assumer et à tout gérer au début. D’ailleurs c’était simple, je n’avais pas arrêté  de venir voir Arthur parce que je ne m’en sortais pas. Au niveau procédure, cela serait plus simple vu la période dans laquelle nous vivions. Mais cela restait quand même compliqué, et cette décision n’était pas à prendre à la légère et rapidement. C’était du bonheur, de l’épanouissement et du meilleur de ma petite sœur que l'on parlait. Le caractère humain à tout cela est ce qui rend d’ailleurs le tout délicat. C’était pour ça que je n’avais pas choisi le fils de l’ancien maire pour rien. Je lui faisais confiance pour prendre soin d’elle. Pour autant, s’il s’en sentait obligé, cela ne fonctionnerait pas. Il devait le vouloir, peu importe ce par quoi il devra passer. Cela allait affecter sa vie, celle de Lyra, mais aussi celle de sa sœur, de son cousin et bien entendu celle d’Emy. Me retournant vers Arthur, je lui dis Tu as raison, on s’est comporté comme des gamins, pire que ça même… Je m’en excuse, tu n’avais pas à te retrouver mêler à cela… Tu n’as jamais pensé à ajouter « psychologue » ou « médiateur » sous ta plaque de notaire ? Je laissais échapper un petit rire, un peu triste, avant de retourner mon regard vers Micka, non loin de moi à présent. C’était si… bizarre, oui c’est ça, bizarre d’être aussi distant l’un avec l’autre. Pourtant ça me paraissait des lustres – et à juste titre – que nous agissions ainsi. Nous en avions parlé le soir où… Et finalement cela n’avait rien changé, rien du tout. Dès que l’on s’était revu, nous nous étions encore repris le bec. C’était vraiment bête, oui bête d’en être arrivé là. Et je reconnaissais que je n’avais non plus étais correcte. Ainsi finis-je par lui dire T’as raison, j’aurais quand même du t’en parler, mais ça fait quoi ? Trois semaines ! Bon sang trois semaines ! Je me voyais mal me pointer chez toi ou sur ton lieu de travail en te disant « salut ça va, au fait je suis peut-être enceinte. Bon bah à la prochaine. Et passe le bonjour à Emy de ma part ». Je suis désolée, mais c’était à toi de venir me voir quand elle a refait surface ! Je l’ai appris au détour d’un couloir à la clinique ! Ce n’était pas des reproches. Enfin un petit peu, mais je ne l’avais pas fait méchamment. Mon ton avait aussi été calme, même si contenir ce qui bouillonnais en moi n’était pas facile Je m’asseyais sur la chaise, fatiguée et lasse de tout cela. Je menais un train d’enfer ces dernières semaines. Avec tous les blessés à la clinique, je n’avais pas une minute de répit. Oui vraiment j’étais lessivée et j’avais vraiment plus la force de me battre contre lui. Je poussais un soupir, puis lui répondis enfin, le regard dans le vide, me massant un peu la nuque J’en sais trop rien. Demain, dans trois jours, dans une semaine qui sait ? Je… Si t’y tiens, je te tiendrais au courant. Mais t’as franchement aucune obligation. Tu n’en as jamais eu envers moi, et ce n’est pas maintenant que j’ai envie que cela commence. Ensuite j’… Ensuite on avisera. Je me relevais et me mis à faire les cents pas dans la pièce. J’étais terrifiée à l’idée que peut-être j’étais enceinte. Je n’étais pas prête, pas prête du tout, même si le fait que ce soit un enfant de Micka avait quelque chose de… rassurant. Bon sang, on parlait de Micka quand même, pas de n’importe qui non plus. Pour autant, je ne pourrais pas assumer avoir un gosse. Encore moins en sachant toute la culpabilité que je ressentais vis-à-vis de la petite amie du renégat. Je n’étais pas ce genre de femme ! J’avais beau ne pas arriver à regretter ce qui s’était passé entre Micka et moi ce n’était pas pour autant que je ne culpabilisais pas…
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MessageSujet: Re: Tout se sait mais rien ne se dit [Livre I - Terminé]   Tout se sait mais rien ne se dit [Livre I - Terminé] EmptySam 3 Aoû - 16:18

Tout se sait mais rien ne se dit.

J’avais plus que jamais l’impression de gêner. Ils continuaient de se chamailler devant moi, comme deux enfants qui auraient joué à « mon malheur est plus grand que le tien et c’est ta faute ! ». J’avais l’impression d’être devenu le seul adulte de cette pièce et je ne savais plus quoi faire pour leur faire prendre conscience de la débilité de cette situation. Si je résumais correctement les informations que j’avais jusqu’à présent, je comprenais qu’il s’était visiblement enfin passé quelque chose entre eux – chose que j’avais espéré à un moment donné, aussi bien pour mon cousin que pour Mathilda, étant donné qu’ils semblaient extrêmement bien s’entendre – mais que cela avait mal tourné. À cause de quoi, je ne le savais pas trop, je ne pouvais qu’émettre des hypothèses. Mais les conséquences, à savoir la grossesse de la jeune femme, n’avaient pas l’air d’en faire partie, puisque Mickaël n’était pas au courant.

Je vis mes dernières paroles calmer un peu les deux protagonistes et cela m’apaisa également. Bien, peut-être allaient-ils arriver à se parler sans se crier dessus comme ils le faisaient depuis l’irruption de mon cousin dans le bureau. Ce dernier alla s’appuyer contre le bureau et je le regardai, avant de lâcher quelques mots.

« Ce qui est fait est fait, inutile de revenir là-dessus. Maintenant qu’on est dans cette situation, autant mettre tout à plat. »

Lorsque Mickaël reprit la parole, décidant visiblement de dire une partie de ce qu’il avait sur le cœur à son amie, et que celle-ci lui répondit, créant un échange dans lequel je n’avais pas ma place, je restai en retrait, attendant de pouvoir m’exprimer. Leur échange dura quelques secondes, pendant lesquelles, je réussis à m’énerver encore plus pour eux. Aussi attendis-je à peine une seconde après la fin des paroles de Mathilda pour leur dire clairement ce que je pensais.

« Est-ce que vous voulez bien me laisser en dehors de votre querelle ? Je ne prendrai pas parti, pour aucun de vous deux, parce que je tiens à vous deux de la même façon. Si vous avez des choses à vous dire, dites-les vous, mais ne m’incluez pas dedans et ne me demandez pas de vous aider à vous justifier. Mathilda, tu es venue me voir pour me poser des questions professionnelles, et je t’ai répondu en tant que professionnel. Je ne nie pas avoir été surpris quand tu m’as parlé d’un éventuel enfant et le fait que tu cites Mickaël n’a fait qu’ajouter à ma perplexité. Mais je comprends mon cousin quand il est choqué que tu ne lui en aies pas parlé en premier. Je ne dis pas qu’il a raison de s’énerver de la sorte, on le connaît tous les deux, on sait que c’est son caractère… De même, je ne te reproche rien, tu avais tes raisons certainement de ne pas lui en parler et je n’ai rien à dire là-dessus. Mais là, vous vous lancez vos arguments dans la figure, dans le but de vous prouver qui est le plus malheureux des deux ou qui a les meilleures raisons d’être en colère ! Bon sang, si tu es effectivement enceinte, vous allez avoir un gosse ensemble ! Vous devez gérer ça ensemble et pas montés l’un contre l’autre ! »

J’avais haussé le ton au fur et à mesure de mes propos et j’en ressortis éreinté. Je n’avais pas besoin de ça ! Pas aujourd’hui, pas cette semaine, pas là, alors que j’étais déjà crevé de ces longues journées pénibles à devoir écouter des gens qui ne faisaient que se plaindre. Je fis le tour de mon bureau et allai me rasseoir sur la chaise qui me supportait toute la journée. Je la rapprochai de la table, posant mes coudes dessus et enfouissant ma front au creux de mes paumes.

« Merde, vous faites chier ! »

Je n’avais pas prononcé ces mots très haut. Ils n’étaient en rien méchants et ma voix n’avait cherché qu’à énoncer un fait, d’un ton calme et posé, légèrement emplie d’un désespoir passager dû à ce qu’ils me faisaient subir. Je fermai les yeux un instant, voulant chasser ce désespoir, cette colère, cette frustration de ne pas pouvoir les aider plus, et voulant surtout regagner un peu de calme. Je ris légèrement, toujours appuyé sur le bureau, quand Mathilda me demanda si je ne devais pas ajouter « psychologue » sur ma plaque. Oui, j’aurais peut-être dû… En ce moment, c’était plus ce que j’étais que notaire. Je les entendis continuer de se parler, et mon cousin demanda quand elle allait avoir les résultats. Je me retins de lever les yeux au ciel quand elle lui répondit que si cela l’intéressait, elle le lui dirait. Oui, bien sûr, ça n’allait sûrement pas l’intéresser de savoir si elle était effectivement enceinte de lui, c’était évident ! J’avais l’impression qu’ils s’amusaient à se passer le badge de l’imbécilité en ce moment. Mickaël, Mathilda, Mickaël, et puis Mathilda… Ils ne pouvaient pas agir en adultes un peu ? De ma chaise, je les interpellai :

« Dites, puisque je suis le témoin officiel de cette réunion non-officielle, vous allez me dire pourquoi vous êtes en froid tous les deux ? Ou bien vous-mêmes ne savez pas ? »

J’en avais marre de tout ça, alors quitte à mettre les pieds dans le plat, autant le faire proprement. Je pensais les connaître suffisamment pour pouvoir me le permettre. Et puis au pire, si cela ne leur plaisait pas, ils iraient se chamailler ailleurs que dans mon bureau, et ce serait aussi bien pour ma santé mentale.

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MessageSujet: Re: Tout se sait mais rien ne se dit [Livre I - Terminé]   Tout se sait mais rien ne se dit [Livre I - Terminé] EmptySam 3 Aoû - 19:31

Tout se sait mais rien ne se dit.

Je me retenais de rouler des yeux – ne voulant plus aggraver la situation, mais honnêtement elle aurait pu voir mon cher cousin une fois qu’elle était sûre de la grossesse et lui poser cette question à ce moment-là. Je voulais dire, c’est pas comme si elle avait 8 mois devant elle pour voir venir, pas vrai ? Que ça soit Arthur ou son notaire, elle aurait pu attendre avant de prendre les renseignements. Pour moi, ça ne justifiait rien qu’elle le voit en tant que professionnel ou non. Elle agissait dans l’urgence inutilement. Oui, ok, on était en guerre mais bon. Je la fermais sur ce point et ne relevais pas pour le bien commun. Elle était trop têtue. De plus, notre témoin semblait d’accord sur ce point – ça ne servait à rien de se butter sur ce fait. Il fallait aller de l’avant. Son petit discours sur la gestion des biens de Lyra me passa un peu au-dessus de la tête, je n’arrivais pas à me concentrer sur ça, ça me semblait trop secondaire pour le moment. De toute manière, j’allais les signer ces fichus papiers, je le savais. Surtout que je faisais confiance à Arthur pour m’expliquer ça dans le détail une prochaine fois et pour m’aider à faire la part des choses. Là n’était plus la question et c’est d’ailleurs notre médiateur du moment qui s’occupa de recentrer la discussion avec un long discours qui me fit encore plus regretter d’avoir mis les pieds dans ce bureau. Ces dernières phrases se marquèrent au fer rouge dans mon esprit. Il avait tellement raison, on devait faire face à ça ensemble et non, l’un contre l’autre. Mais il fallait qu’elle me laisse pour ça ma place dans cette histoire – ce qui actuellement n’était pas le cas. C’est pour ça que j’étais si en colère. Je ne disais toujours rien alors qu’il allait s’asseoir en jurant à moitié dans ses dents. Je m’en voulais tellement de l’avoir mêlé à ça maintenant. Pour une fois, je n’étais pas la personne qui tenait le crachoir et je laissais Mathilda enchainer. J’étais légèrement sonné pour le moment parce que depuis qu’il avait fait l’état des lieux et nous avait recadrés, je commençais à prendre la mesure de ce qui nous attendrait peut-être. Elever un gosse, je savais même pas si j’en étais capable. Je perçus le rire de la jolie brune sans avoir entendu pour autant ce qui avait déclenché cette fausse hilarité bien trop forcée.

Holà. Elle venait d’avouer que j’avais raison et je me décrispais à vue d’œil à ses mots. Elle n’avait pas tout à fait tort concernant Emy et pas tout à fait raison non plus. C’était tellement compliqué, le retour de mon ex… ou de ma copine, je ne savais même plus, nous avait encore plus éloigné l’un de l’autre. Il fallait que je clarifie tout ça avec la concernée. Je ne pouvais plus continuer cette mascarade. Je me montrais distant avec elle, elle savait très bien ce qu’il se passait et elle continuait tout de même à s’accrocher. Il fallait que je solutionne ça au plus vite. Tout le monde avait tellement gigoté dans tous les sens que je me surpris à réaliser que la renégate s’était rapprochée. C’était réellement dur pour moi d’être à proximité d’elle et à des années lumières pourtant en même temps. Je la détaillais alors et lui trouvais une mine terrifiante. D’ailleurs, même mon cousin ne me semblait pas en grande forme. Qui l’était vraiment après ? Je dormais mal depuis que la blonde avait « emménagé » chez moi, j’étouffais même dans mon appartement. J’étais trop indépendant et elle était trop dépendante. Je respirais calmement et répliquais « D’accord, tu n’as pas tort. J’aurais peut-être dû te trouver pour te le dire mais je ne savais pas comment t’annoncer la nouvelle et encore moins comment tu allais le prendre. J’ai jugé bon de te laisser tranquille et de ne pas t’ennuyer avec ça. Je ne savais plus… Je ne sais toujours pas où j’en étais, où j’en suis avec toi alors je ne savais pas comment réagir. » C’était la vérité, je croyais que ça allait plus l’agacer que je lui en parle et j’avais craint d’envenimer davantage les choses. Du coup, j’avais préféré que notre ancienne querelle se tasse avant de vraiment la revoir. C’était loupé de toute évidence. Son soupire m’obligea à resserrer la mâchoire – c’était légitime que le père du potentiel gosse sache quand même si la potentielle mère était enceinte, non ? Je devais être une solution pour elle, pas un problème, merde.

Si j’y tenais ? Mais elle n’avait pas compris que cette scène était issue du simple fait que je prenais à cœur cette situation ? Sa situation, notre situation ? Aucune obligation ? Le début de « j’aviserais » ? Et voilà, encore une fois, elle ne me laissait aucun espace. Qu’à cela ne tienne, j’allais me le créer moi-même. Ce peut-être marmot, c’était le mien aussi. Hors de question que je n’ai pas mon mot à dire. Je respirais profondément avant de lui répondre et parvint à adopter un timbre de voix neutre, presque apaisant. Je plantais mon regard dans celui de mon interlocutrice afin qu’elle y puise ma détermination et ma sincérité. « Mathilda, bien sûr que je tiens à être informé. Et autant que je te le dise maintenant, directement et clairement, je tiens à m’impliquer si grossesse il est question. Ça dépasse l’obligation. Je suis aussi impliqué que toi-même si je n’aurais pas à le porter, pas par le devoir mais par la force des choses, je suis concerné et je suis aussi « lié » que toi à ce possible enfant. Si on doit avoir un gosse, s’il y a des décisions à prendre, des choses à faire, je veux être là. Je veux qu’on gère ensemble cette histoire. Je ne compte pas prendre ça à la légère et je compte prendre la place qui me revient de droit. Et au-delà de ça, je ne te laisserais jamais affronter tout ça seule. Ce n’est pas rien, ça ne l’est pas pour moi. » Je ne savais pas être plus clair que ça…

J’étais tellement secoué par cette nouvelle et par tout ce que j’aurais dû lui dire plus tôt, par tout le chemin qu’il restait à faire pour qu’on annihile cette distance inconvenante entre nous. On était occupé de parler de la vie d’un possible petit-être que nous aurions créé ensemble. J’aurais voulu qu’on en parle dans d’autres circonstances et avec d’autres aspirations. Arthur me tira de mes pensées et je me décollais du bureau afin de venir m’installer sur une des chaises face à lui alors que Mathie s’était déjà relevé et marchais de long en large. Pourquoi on s’était disputé ? Simple, très simple en fait. J’étais fou amoureux de cette nana qui flippait quand elle me sentait trop sérieux, alors j’osais rien lui dire. Du coup, on faisait un pas en avant deux en arrière et ainsi de suite jusqu’à que je ne supporte plus rien. Je relevais un sourcil et offris un haussement d’épaule à mon cousin. « On a eu quelques soucis de communication… » C’était peu dire. Ma façon de présenter la chose en la minimisant à son extrême me fit sourire – mes nerfs commençaient à lâcher, j’allais finir par rigoler comme d’habitude. « Je pense que de toute manière depuis le début de la guerre, tout part en diagonale. Tout le monde est à cran et on n’a pas échappé à la règle… » Je revins furtivement poser mes yeux sur la silhouette de ma meilleure amie avant de reporter mon attention sur les traits tirés du propriétaire des lieux. Étrangement, maintenant que j’avais vidé une partie de mon ressentiment, je me sentais d’humeur à tenter d’alléger un peu l’ambiance. J’ajoutais dans cette optique. « J’espère que tu me feras un prix d’ami vu qu’on est de la même famille quand tu me factureras cette séance. » Je le gratifiais d’un léger rictus et lui déclarais plus doucement. « Désolé que tu aies été impliqué là-dedans. »

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MessageSujet: Re: Tout se sait mais rien ne se dit [Livre I - Terminé]   Tout se sait mais rien ne se dit [Livre I - Terminé] EmptySam 3 Aoû - 20:54



Tout se sait mais rien ne se dit

Wouha… Doucement là. Je rêvais où Arthur et Micka parlaient comme si c’était déjà fait, comme si j’étais vraiment enceinte et que j’allais n’avoir comme autre choix que de la garder ? ! Ouais, c’était un peu ce que sous entendez les paroles de l’un et de l’autre et ça n’était pas vraiment pour me plaire. Ils ne pensaient pas à mal, je m’en doutais bien ; mais là, ils ne faisaient que m’angoisser un peu plus. Si je n’avais pas voulu que cela se sache, c’était bien pour une raison. Oui, faut être deux, mais bon sang ! Je ne sors pas avec Mickaël qui a d’ailleurs déjà une copine ! Ce n’était pas comme si ce « tas de cellule » -s’il existait - avait été désiré. Et puis vous avez vu vous dans quel monde on vit actuellement? Je ne voulais pas d’enfant, ni maintenant, ni plus tard. Enfin je crois. En fait j'en sais rien... Pour autant, je n’aimais pas les entendre employer les termes suivants : « élever », « assumer », « prendre des décisions et gérer ensemble », « droit ». Moi aussi j’avais mon mot à dire, et aussi horrible que cela puisse paraitre c’était surtout à moi de décider. Parce qu’au final, le choix me revenait. Le renégat aurait beau de pas être d’accord, cela ne changerait rien. J’étais très butée dans mon genre et puis m#rde à la fin : C’était mon corps, ma vie, ma décision ! Oui il assumerait, ça j’en avais conscience. Ce n'était pas lui que je remettais en question ni même ces actions. C'était moi, moi et moi seule. Et si je n’avais pas envie d’assumer justement cette erreur que nous avions commis? J’allais encore passer pour la méchante, pour celle qui n’écoute rien. Alors que justement, ce seraient eux qui n’écouteraient pas. Je découvrais d’ailleurs que le garagiste se voyait père. Jamais une seule fois il m’avait dit vouloir le devenir, fonder une famille ou ce genre de chose là. Il y avait vraiment un truc qui clochait...

C’était vraiment la journée des surprises, que ce soit pour lui, comme pour moi d’ailleurs. Et je ne vous parle même pas de ce pauvre Arthur qui se retrouvait au milieu d’une scène à laquelle il n’aurait jamais dû assister. Je n’enviais absolument pas sa place. D’ailleurs, il fit ce qu’il pu pour comprendre et suivre, ce qui n’était pas du tout une mince affaire, bien au contraire. Au moins nous avait-il permis de nous calmer un peu, et c’était déjà un miracle en soit. Plusieurs n’étaient pas de refus, mais cela aurait été utopiste de penser que, d’un coup de baguette, il pouvait arranger tous nos problèmes. Car tant que Mickaël persistait à jouer un rôle qui n’était pas lui, à me cacher je ne sais pas trop quoi, et à me tenir ainsi éloigné, qui, je le savais, me concernait d’une manière ou d’une autre, nous allions clairement à la catastrophe. Parce que, de mon côté, j’estimais toujours avoir été honnête et sincère nous concernant. Il savait très bien qu’il comptait beaucoup pour moi – n’étais-je pas prête à lui confier ma sœur quand même ? A lui, à personne d’autre ? Pas même à Isabella que j’aimais pourtant beaucoup, et qui s’occupait souvent de Lyra ? -, que je lui faisais entièrement confiance - et je ne faisais entièrement confiance à personne ; en dehors de lui, je n'avais parlé à personne de toute ma vie, de mes souffrances, de toutes ses plaies qui n'avaient pas encore cicatrisées -, mais que je ne pouvais pas, que je ne voulais pas m’engager dans quelque chose que de l’amitié avec lui. Je voulais le préserver avant que ce ne soit trop tard… Avant qu’on ne puisse plus faire marche arrière, et que je ne sais pas moi, qu’il finisse par m’aimer ! Oui j’avais peur de ça, parce que je ne pouvais pas lui rendre la pareille. Si je l’aimais moi ? Je ne sais pas. Peut-être. Oui sans doute. Pour autant ma vie n’en était pas plus simple. C'était même plus compliqué en fait. Parce que j'étais tiraillée entre ce que je devais faire et mon affection particulière pour lui. Et à chaque fois, c'était le premier qui gagnait et le deuxième qui en souffrait.

Je faisais de plus en plus vite les cents pas dans la pièce. Je n’arrivais pas à concevoir qu’ils puissent faire autant de plans sur la comète, sans même m’avoir demandé ce que moi, j’en pensais. Je lâchais un rictus quand Mickaël dit à son cousin que nous avions des problèmes de communication. Non sans rire ? Je m’arrêtais, et les regardais l’un après l’autre. Et d’une voix plus tranchante que je ne l’aurais voulu, je leur lâchais Et si j’ai pas envie d’avoir ce gosse ? N’y avez-vous pas pensé une seule seconde que je n’avais aucune intention d’avoir un enfant ? Oui j’ai posé la question et alors ? Je n’ai jamais dit que s’il s’avérait que je sois enceinte, - et cela n’est clairement pas fait -, j’ai l'intention ou l'envie de devenir mère. Même si c'est Micka le père. J'en avais un peu trop dit, mais tant pis. Ils ne se rendaient pas compte, pas compte du tout de ce que tout cela impliquait. Je n’avais pas du tout l’intention d’assumer comme désirait si fort le faire Mickaël ! Je n’étais déjà pas capable d’avoir une relation saine avec lui, alors un potentiel gosse ? Ce n’est même pas la peine d’y penser. C’était trop de problèmes, trop de difficultés que je ne voulais pas voir frapper à ma porte. Je rajoutais, en regardant cette fois ci uniquement le garagiste Bon sang, mais Micka on arrive même pas à avoir une conservation sans se prendre la tête ! Et on ferait comment hein ? Lyra ne supportera pas que tu vives chez nous et nous ne déménagerons pas. Et puis, mais bordel ya Emy aussi ! Tu as beau me dire que tu t’en fous, elle vit quand même chez toi ! Et après toutes les horreurs par lesquelles elle a dû passer, j’ai pas franchement envie d’en rajouter une couche. Tu crois qu’elle va le prendre comment ? Apprendre que tu l’avais déjà enterré et que tu as couché avec moi ? Et tu crois que je vis ça comment? De savoir qu'à cause de moi, elle va encore plus souffrir? Que je lui casse quelque part les espoirs qu'elle a envers toi? Parce que si elle est revenue alors qu'elle n'a plus de famille, c'est pour toi ! Comment veux-tu que je ne me sente pas mal? Je n’avais pas été agressive, j'étais même plutôt triste. Pour autant, je devais poser ce constat.

Je poussais un soupir de lassitude et me rapprocha du renégat, me plantant devant lui, pour le regarder vraiment droit dans les yeux. Ecoute Micka je te rejette pas. Je ne t’accuse de rien ok ? Je ne fuis pas et je ne t’exclue pas non plus. C’est juste que… Tu es encore sous le choc de cette nouvelle ok ? Moi ça fait trois jours que je le sais, et j’ai eu le temps d’y penser. Longuement très longuement. Alors oui, je sais que c’est ma faute si toi tu n’as pas pu le faire. Je sais reconnaitre que j’ai tort. Mais avant de mettre la charrue devant les bœufs, vérifies l’état de ces derniers, et s’ils pourront aller au bout du voyage. Parce que dans notre cas, ce n’est clairement pas possible Je ne pouvais rien lui dire de plus, et je ne pouvais pas être plus claire. Je ferais ce que j’ai à faire, que ce soit vis-à-vis de lui ou de moi. J’essaye seulement de nous préserver un peu ok ? De te préserver, et de me préserver. Alors ne me prêtes pas de mauvaises intentions. Parce que je n’en ais jamais eu à ton égard. C’est ton le contraire d’ailleurs. Tu vois, t’as l’impression de patiner avec moi ? Bah c’est exactement ce qui je me dis vis-à-vis de toi. Parce que quoi que je fasse, quoi que je dise, ça ne va jamais. Et ça n’ira jamais. Je sais pas comment on est arrivé là, mais clairement, dans l’état actuel des choses, nous ne sommes même plus amis… Cela me désole, mais j’ai essayé, j’ai vraiment essayé d’arranger les choses, même si tu penses constamment le contraire. J’ai mes tords, oui, mais je suis pas la seule. Il ne pouvait pas me dire le contraire. Et si c’était le cas, ce serait un mensonge, et il le savait très bien. Trois semaines que nous ne nous étions pas vu, pas parlé, même pas croisé. Notre belle amitié fusionnelle s’était clairement envolée et je ne pouvais pas la rattraper. En avais-je même encore envie ? Je suis fatiguée de tout cela. finis-je par dire, avant de récupérer mon sac. Tant pis pour le déjeuner. Je n’avais plus faim de toute façon. Je n’avais qu’une seule envie : retourner m’occuper l’esprit, aller m'occuper de ma maison, puis revoir ma sœur, chez nous et auprès de qui je retrouverais le sourire. Me dirigeant vers la sortie, je dis, avant de partir Arthur, encore une fois, je suis désolée pour tout cela. Je repasserais te voir une autre fois, et cette fois ci je prendrais rendez-vous. Micka, je te tiendrais au courant dès que j’en sais plus. Au revoir.

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MessageSujet: Re: Tout se sait mais rien ne se dit [Livre I - Terminé]   Tout se sait mais rien ne se dit [Livre I - Terminé] EmptyDim 4 Aoû - 16:51

Tout se sait mais rien ne se dit.

J’étais toujours assis sur cette chaise, le menton à présent entre mes paumes, les regardant détruire peu à peu ce qu’il restait comme sympathie entre eux. Après quelques secondes de discours, mon cousin s’avança vers moi, prenant une chaise de l’autre côté du bureau comme siège et répondit finalement à ma question qui était restée en suspens dans l’air un instant. Je laissai un sourire narquois s’installer sur mon visage, détendant également mes traits marqués par mon irascibilité précédente.

« Tiens donc, de communication. Tu m’en diras tant. »

Mon ton était aussi rieur que le sien lorsqu’il me demanda si j’allais lui faire un prix pour la séance. Je me contentais de lever les yeux au ciel en continuant de sourire, pendant que Mathilda continuait de faire les cent pas dans le bureau, non loin de nous. Je vis mon cousin se radoucir quelque peu et je savais qu’il allait encore s’excuser auprès de moi, comme ils le faisaient tous deux depuis que leur dispute avait éclaté et que j’en étais devenu le témoin involontaire.

« Ne t’en fais pas. Tu devrais t’inquiéter plus pour vous deux que pour moi dans cette histoire. »

J’avais à peine fini ma phrase que la jeune femme s’avança vers nous et nous parla d’une voix tellement tranchante que cela me fit froncer les sourcils, avant de comprendre le sens de ses propos. Cela me laissait presque bouche bée. Est-ce qu’elle était sérieuse ? Elle n’allait pas garder cet enfant si elle était enceinte ? Je ne réalisais pas vraiment mes pensées, tant ma surprise était grande. D’accord ils semblaient tous deux dans une situation délicate et avoir un enfant ensemble ne serait certainement pas évident mais de là à avorter ?! Je n’avais rien à dire néanmoins, aussi ne pus-je que garder le silence, me contentant de fixer Mickaël, pour voir comment il prenait la nouvelle. La seule chose que je notai dans mon esprit, c’est qu’apparemment, mon cousin était tout de même le meilleur « choix » de Mathilda pour être père de ses enfants. Je ne savais même pas s’il le remarquerait. À sa place, j’aurais été ébranlé du début de ses propos et de son envie claire de ne pas garder cet enfant si effectivement elle était enceinte.

Je gardai encore le silence quand elle s’adressa à mon cousin, regrettant de ne pas pouvoir m’esquiver dans une autre pièce pour les laisser en tête-à-tête. Mais c’était plutôt délicat. Je ne savais toujours pas les tenants et aboutissants de toute leur histoire, mais j’espérais bien avoir une discussion sérieuse avec Mickaël par la suite. Et le plus tôt serait le mieux. Car ils semblaient bien dans la merde tous les deux et si je pouvais aider, je n’allais certainement pas hésiter à le faire. Encore une fois, je jetai un coup d’œil vers l’autre homme de la pièce, pour percevoir son état quand elle lui lâcha un « dans l’état actuel des choses, nous ne sommes même plus amis… ». Ouh, ça allait loin cette histoire ! Certainement plus loin que ce que je pouvais m’imaginer. Je m’attendais à ce que leur discussion dure encore un peu, mais, subitement, elle reprit son sac qu’elle avait posé sur le bureau et je compris qu’elle allait partir, m’abandonnant là un Mickaël très probablement à l’état de loque. Juste avant de sortir, elle m’adressa quelques mots et je ne pus répondre qu’un :

« Je serai là si tu as besoin de moi. »

Et elle sortit, laissant une ambiance particulière s’appesantir sur le cabinet. Je laissai quelques secondes s’égrener lentement dans la course du temps, pour nous laisser tous deux l’occasion de prendre la parole en premier. Mais je savais que j’allais devoir moi-même lancer la discussion, sinon il ne me dirait rien. Je pris donc un ton neutre pour lui parler, me penchant sur le bureau pour me rapprocher de lui.

« Il va falloir que tu m’expliques tout ça, Mick. »

Je savais qu’il devait se douter que je voudrais des explications. J’avais toujours eu envie de connaître tout sur tout. C’était une de mes forces, mais aussi une de mes faiblesses, parce que parfois, j’apprenais des éléments qu’il aurait mieux valu que je ne sache pas. C’était difficile de faire la part des choses par moment. Mais là, j’étais sûr que je voulais savoir exactement ce qui se passait entre lui et Mathilda. J’avais déjà plusieurs éléments en main, mais je ne savais pas tous les agencer et j’attendais de Mickaël qu’il m’aide à le faire. Si je connaissais suffisamment mon cousin, je n’aurais pas à insister beaucoup pour qu’il parle. Il n’avait jamais été taiseux, encore moins sur ce qu’il ressentait, et cela m’aidait beaucoup à le comprendre et à savoir comment il réagirait dans une situation donnée.

« Comment vous en êtes arrivés là tous les deux ? Aux dernières nouvelles, vous étiez très bons amis, non ? »

Je savais qu’il avait toujours existé une ambiguïté entre ces deux-là. Je connaissais suffisamment mon cousin pour savoir qu’il était intéressé par la jolie brune. Et je savais d’office qu’il se passerait un truc entre eux un jour. Mais jamais je n’aurais pu prévoir que cela tournerait si mal. Si c’était bien ce que je pensais, c’était la pire relation post-amitié-améliorée que j’avais pu voir de toute ma vie.

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MessageSujet: Re: Tout se sait mais rien ne se dit [Livre I - Terminé]   Tout se sait mais rien ne se dit [Livre I - Terminé] EmptyDim 4 Aoû - 18:38

Tout se sait mais rien ne se dit.

Notre petit aparté avec Arthur me permit de sommairement me décrisper, un véritable oasis au milieu de la tempête. Ca faisait beaucoup à encaisser d’un seul coup et je savais que je n’étais pas au bout de mes peines. Je ne pensais juste pas qu’un raz-de-marée me tomberait dessus directement après. Le ton qu’emprunta Mathilda me fit instantanément croiser les bras – un moyen d’autodéfense peut-être ? Je tournais brusquement la chaise dans sa direction pour ne pas perdre un mot de son discours. Elle ne voulait pas du gosse ? Elle voulait faire quoi ? Avorter ? Sérieusement ? Elle ne voudrait pas le garder MÊME SI il venait de moi. Même si elle savait qu’elle pourrait compter sur moi. Je blêmis un peu plus à chaque mot qui sortait de sa bouche. On s’en sortirait comment ? Bien, j’en suis sûr bien. J’étais prêt à tous les compromis du Monde si elle voulait bien garder ce gosse. Y avait Emy, ouais mais encore une fois, pourquoi elle me rattachait autant à elle. Putain on était sorti ensemble qu’UN mois. UN MOIS ! Je n’étais pas marié à cette nana, on n’avait aucune obligation directe. Ok, elle avait besoin d’un toit et tout ça, je comptais pas la laisser dans la merde mais après… La jolie brune se réfugiait juste derrière la première excuse venue. Ce n’était pas possible autrement. Bien sûr, elle avait raison sur pas mal de points mais tout ça pour moi, ça restait gérable, ça restait possible d’aider Emy sans pour autant remplir le rôle du petit ami. Je n’eus pas le temps de lui démolir son argumentation – tout d’abord parce que j’étais encore secoué à l’idée qu’elle tue peut-être ce qui pourrait être notre môme et puis parce qu’elle avait déjà repris la parole prenant à peine le temps de souffler entre ses deux tirades. J’avais envie de rire devant ces «  non je ne rejete pas » ( pas du tout bien sûr ! ) et «  je ne te fuie pas », mais non mais quelle idée ! Elle ne nous donnerait jamais aucune chance, je le savais mais ce n’est pas pour autant que l’entendre dire ça de vive voix comme ça ne me blessa pas terriblement. Je veillais à garder mon attitude dure, mes traits tendus pour ne pas lui donner l’occasion d’apercevoir le mal qu’elle me faisait.

Elle essayait de nous préserver ? NOUS ? La seule qu’elle préservait là, c’était elle. Elle, oui. Comment ça quoiqu’elle dise ou fasse, ça n’allait pas ? Quand avais-je dit ça ? Quand ? Elle n’arrêtait pas de me montrer du doigt d’ordinaire, c’était ça, pas l’inverse. Je relevais un peu mieux le regard quand elle décida pour nous deux que ça n’irait jamais et que… nous n’étions même plus amis. Cette réplique me coupa littéralement le souffle. Elle m’aura enfoncé un couteau dans les côtes, ça m’aurait fait le même effet. Je me décomposais sur ma chaise, toute ma hargne retomba d’un seul coup pour laisser place à un profond malaise. J’étais devenu un étranger pour elle ? J’avais tout perdu ? Tout même son amitié ? Je restais choqué, bouche-bé, aphone. Comment en étions nous arrivés là ? Comment avions –nous pu tout perdre en l’espace de quelques semaines ?  Elle prit ses affaires, je ne la lâchais pas des yeux alors qu’elle déclara qu’elle reprendrait rendez-vous avec Arthur et qu’elle disait me tenir au courant pour la suite. De toute manière, elle s’en foutait que je sache. Elle s’en foutait de ce que je pense, elle s’en foutait que je sois le père du potentiel bébé parce qu’elle avait déjà pris sa décision et qu’une fois encore, elle ne me laissait pas le choix. Elle allait tout me reprendre comme ça ? Elle avait tout placé dans mes paumes, sa confiance, son affection, même son corps, ainsi que l’espoir d’un autre avenir pour nous. Et là, elle venait de tout arracher en moins de cinq minutes. Tout avait disparu, elle voulait, venait de disparaître. Elle avait tout emporté même mon optimisme quand elle sortit de la pièce. Je m’affalais alors un peu plus sur mon siège. Jamais, nous n’avions traversé de crises, jamais nous ne nous étions autant pris la tête. Jamais, je n’étais resté en retrait et n’avais pas cherché à lutter. Mais là, là, ça avait été trop loin. J’essayais de retrouver contenance autant que possible, conscient que je ne pouvais pas simplement rester là abasourdi et brisé.

Je savais qu’on était dysfonctionnel en ce moment parce que… Parce que j’étais tombé amoureux d’elle et qu’elle refusait de le voir ou de l’accepter. Que j’attendais toujours plus à tort. C’était vrai que nous n’étions pas prêt à assumer une autre existence et que dans des circonstances pareilles, la chose était… Mais tout de même. Pourquoi fermer directement la porte ? Non, pourquoi je n’arrêtais pas de les foncer plutôt ? Ça ne m’amenait nulle part sauf à de toute évidence, notre perte. Les intonations de mon cousin me sortirent de mon apathie et je posais mon attention toujours défectueuse sur lui. Oui, j’étais venu pour ça en plus, lui expliquer. Il m’y encouragea à la suite de deux interrogations et cette fois-ci plutôt que d’éluder le sujet, je comptais lui parler franchement. « Oui, on était plus que ça même… »  Je me passais une main sur le visage pour tenter de retrouver une apparence humaine et plus momifiée par les événements. « Putain Arty, j’ai tout foiré, pas vrai ?  Je crois que je vais avoir besoin d’un remontant. » Et dire que je devais bosser dans une demie heure. J’avais l’impression de m’être manger un sale coup dans la figure. Je me relevais soudainement, ne pouvant plus supporter de rester immobile et me mis à marcher dans la pièce. « C’est ma faute. J’ai voulu que ça aille plus loin, elle était pas prête pour ça. Je le savais mais… J’aurais jamais dû faire ça. Mais c’était plus fort que moi. Je suis complétement fou d’elle et elle s’obstine à pas le voir ou je ne sais pas. On a eu beau discuter, on revenait toujours en arrière. Je ne pouvais plus supporter ça. Mais putain qu’est-ce que je vais faire moi maintenant ? » Je doutais que le notaire puisse répondre à cette question mais ça ne coûtait rien de la formuler à voix haute même de façon de rhétorique.  


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MessageSujet: Re: Tout se sait mais rien ne se dit [Livre I - Terminé]   Tout se sait mais rien ne se dit [Livre I - Terminé] EmptyDim 4 Aoû - 22:02

Tout se sait mais rien ne se dit.

J’avais presque attendu que Mickaël pète un plomb. Qu’il s’énerve. Qu’il crie contre elle, elle qui ne voulait pas ce potentiel enfant avec lui. Qu’il sorte cette colère qui devait couver en lui, en hurlant des mots qui certes n’arrangeraient rien, mais qui lui permettraient au moins de se défouler. Après tout, l’un comme l’autre avaient abusé dans cette situation. Et j’avais l’impression que l’énervement et la possibilité de s’exprimer n’avait pas été égale des deux côtés. Mais mon cousin était resté complètement muet, face à la tornade Mathilda. J’avais un peu pitié pour lui. Cette femme, il l’aimait, j’en aurais mis ma main à couper. Et là, elle venait de lui renvoyer la porte en pleine figure. Ça devait faire mal. Très mal.

J’étais resté un moment silencieux mais ce silence était vite devenu pesant. En tout cas pour moi. Mickaël lui, semblait plongé dans son abîme de tristesse, de misère et de solitude. Il fallait que je le sorte de là. J’étais le seul à pouvoir le faire en cet instant. Je pris le temps de me passer les paumes sur le visage, détendant vainement mes traits et prenant le temps de réfléchir à ce que j’allais dire. Je le fis émerger lentement de sa torpeur quand je l’apostrophai et il réussit à me lâcher quelques mots qui m’encouragèrent à continuer à le faire parler. Je le connaissais assez pour savoir qu’il était beaucoup mieux une fois ses émotions déballées en long et en large avec des mots souvent tranchants mais plein de vérité. J’acquiesçai quand il me parla d’un remontant. J’avais ce qu’il fallait.

« Je reviens avec ce qu’il faut. »

Je me levai pour retourner dans la pièce où j’étais allé chercher des verres d’eau tout à l’heure, et où Mathilda s’était soignée sommairement après s’être coupée. J’ouvris la porte d’une armoire pour en sortir une bouteille de rhum, qui se tassait dans le petit espace avec une bouteille de vin et deux-trois bouteilles de soda non-entamées. Il ne fallait pas croire, je n’étais pas le genre de type à boire de l’alcool au bureau. Les deux bouteilles alcoolisées m’avaient d’ailleurs été offertes il y a quelques temps. Cependant, il m’arrivait d’en boire un verre, le soir, lorsque la journée était terminée, et que celle-ci avait été particulièrement pénible. J’aimais le silence qui régnait sur le cabinet ces soirs-là, ou plutôt devrais-je dire ces nuits-là, étant donné que le soleil s’était souvent couché depuis longtemps quand je me retrouvais à boire dans mon bureau. Attrapant deux verres au passage, la bouteille dans l’autre main, je revins vers où Mickaël se trouvait. Je servis les verres et lui tendis le sien avant de retourner m’assoir à l’endroit que je venais de quitter, ma main droite serrant mon verre.

Mickaël se releva, se mettant à faire les cent pas comme Mathilda l’avait fait juste avant lui. Son ombre flottait encore dans la pièce et j’aurais presque pu les voir, tous deux, virevoltant dans l’espace réduit, emplis de la même frustration et de la même peine. Ne voyaient-ils pas ? Ils se ressemblaient plus qu’ils ne le pensaient. Ils étaient tous deux têtus, bornés, méfiants, sûrs d’eux et surtout aussi perdus l’un que l’autre s’ils n’étaient pas ensemble. Mais ils refusaient de le voir, complètement aveuglés par ce que l’autre déclenchait en eux.

« Je ne pense pas que ce soit plus ta faute que la sienne. Vous êtes tous les deux tellement têtus que vous ne voyez pas plus loin que le bout de votre nez ! »

Je pris le temps de laisser l’arôme du rhum emplir mes narines avant de boire une petite gorgée, dégustant sa saveur sur ma langue, comme si elle allait pouvoir m’aider à trouver les mots justes.

« Le problème avec vous, à mon avis, c’est que vous êtes sur le même chemin mais que vous n’avancez pas à la même vitesse. Toi, tu es prêt à foncer pour arriver le plus vite possible à destination parce que tu es sûr et certain de ce que tu ressens pour elle. Mais Mathilda, elle ne fait que regarder en arrière et du coup, ça l’empêche d’avancer au même rythme que toi. »

Je fis un geste de la main, comme pour m’excuser. Mes pensées m’emmenaient plus loin que ce que je voulais dire et je n’avais pas envie d’embêter mon cousin avec mes interprétations. Je passai cette même main dans ma nuque, pour masquer mon embarras d’avoir déliré de la sorte, mais aussi pour réfléchir à quelque chose de plus concret à lui dire. Je me devais de l’aider après tout. Je lâchai un petit rire en parlant, puis me calmai vite pour redevenir sérieux.

« Désolé pour la métaphore, j’ai encore du mal à jouer le psy, malgré mes tentatives. Ce que je veux dire, c’est que vous vous montez l’un contre l’autre alors qu’il n’y a aucune raison. Et excuse-moi de te contredire mais… je ne pense pas qu’elle ne voit pas que tu es fou d’elle. Il faudrait être aveugle pour ne pas le voir et je ne crois pas qu’elle le soit. »

Je m’adossai à mon siège, le verre toujours en main et bus à nouveau une gorgée.

« Quant à ce que tu dois faire… Là, pour le moment, tu dois laisser couler. Vu l’état dans lequel Mathilda nous a laissé, la pire chose à faire serait de retourner la voir maintenant. Attends qu’elle ait les résultats de son test, et alors vous verrez. »

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MessageSujet: Re: Tout se sait mais rien ne se dit [Livre I - Terminé]   Tout se sait mais rien ne se dit [Livre I - Terminé] EmptyMer 7 Aoû - 16:37

Tout se sait mais rien ne se dit.

C’est à peine si je l’avais vu quitter la pièce, j’étais tellement horrifié parce qu’il venait de se passer. J’avais du mal de me convaincre que le sol ne s’était pas effondré sous mes pieds. Et je n’avais rien fait pour la retenir. Rien du tout. Peut-être que c’était une bonne chose. Je l’avais assez poussée dans ses retranchements, je ne voulais pas la démolir tout de même. Arthur revint sur l’entrefaite de mon million de pensées et regrets avec de quoi soulager ma pression sanguine. Je ne m’attendais pas vraiment à ce qu’il me sorte une bouteille – surtout que pour en trouver maintenant, il fallait se battre. Je lui aurais bien dit de pas la gaspiller pour une raison aussi minable mais la vérité, c’était que j’en avais vraiment besoin alors je le laissais faire. Je pris le verre qu’il me tendit sans même prendre le temps de savoir en quoi consistait le breuvage. Je me relevais en le gardant dans ma paume. J’avais parlé vite, trop vite et je commençais à douter que mon interlocuteur ait réussi à détacher les syllabes les unes des autres. Sauf que ce dernier avait grandi avec moi, il était habitué à ma façon de m’exprimer quand je perdais les pédales. Il n’avait rien loupé de ma tirade et il se mit d’ailleurs à y répondre. Ses premières remarques m’arrachèrent un sourire triste. Mathie et moi nous avions bien des points communs, je le savais. C’était triste que finalement, ça se retourne contre nous. Mon cousin reprit de plus belle après avoir bu une gorgée et je l’avais imité d’ailleurs tout en me forçant à m’adosser au mur le plus proche pour le regarder. Nous avancions sur le même chemin ? Vraiment ? Je n’arrivais plus trop à y croire aujourd’hui. Il était clair qu’elle n’attendait rien de plus de moi qu’un meilleur ami alors bon.

Néanmoins ce qu’il soulevait attirait mon attention. Les paroles du notaire me redonnaient espoir même si je continuais de me poser cent mille questions sur ses dires. Il semblait avoir tellement raison. Je me focalisais sur le futur et à vrai dire, je n’avais peur de rien. Je pensais sûrement que je n’avais rien à perdre mais elle… Elle croulait sous un tas de responsabilités. Et puis surtout, son passé était plus lourd à porter et l’ironie voulait que j’ignorais complétement à quoi sa vie sentimentale passée se résumait. Simplement parce que nous ne parlions pas de ça. Il me fit un geste de la main que j’accueillis d’une grimace. Je le voyais éreinté, voir confus et je m’en voulais un peu de le mêler à mes emmerdes sans vraiment le vouloir. On avait pas que ça à faire après tout au milieu d’une guerre, jouer à Amour, Gloire et Beauté, ça n’était officiellement pas la meilleure façon de gérer les événements. Mais bon, paradoxalement, c’était aussi parce qu’on risquait de crever que je prenais ça bien plus à cœur qu’avant. Je ne voulais rien regretter. Le propriétaire des lieux semblait embarrassé par ce qu’il venait de m’analyser mais je trouvais ça terriblement juste. Peut-être surtout que je voulais croire à ce qu’il me disait car ça me réconfortait. « Non mais… Je n’avais jamais envisagé ça sous cet angle. Tu es meilleur psy que tu ne le penses. » Je lui offris le début d’un rictus. Est-ce qu’elle en avait vraiment conscience, il disait que oui mais je n’en étais pas si sûr. Si elle se rendait compte à quel point je l’aimais, elle n’aurait pas tenté de me remettre dans les bras d’Emy juste après notre aventure. Ça avait été insensible et dur à encaisser pour moi. Nous n’en serions sûrement pas là d’ailleurs.  « Je sais pas… Elle a tenté de me convaincre que je serais mieux avec Emy et qu’elle serait heureuse si on se remettait ensemble. Si elle se doutait vraiment de ce que je ressens pour elle, elle ne se serait pas montrée aussi… insensible. C’est ça, la raison de notre dispute d’ailleurs. Elle m’a servi un discours infect’ à son propos. Elle n’a fait que me rejeter et j’ai pété les plombs. » Je rebus un peu de mon récipient et laissa l’arôme rouler sur mes papilles.

Je pris très sérieusement ses conseils et les approuvais d’un hochement de tête.  « Oui, tu as sûrement raison. » Je n’envisageais de toute manière pas d’aller la retrouver. Pas après ça. Je vidais mon verre d’une seule traite avant de venir le poser sur le bureau du Louisvillois. J’étais déjà un peu plus lucide et un peu plus calme grâce à lui.  « Il faut que je fasse quelque chose aussi concernant Emy. Je peux plus lui mentir indéfiniment et je veux pas qu’elle apprenne cette histoire de la bouche de quelqu’un d’autre même si je doute qu’elle s’ébruite. » Quoiqu’il arrive, je me savais et savais également les deux avertis suffisamment discrets pour ne pas alerter le voisinage mais bon… Dans une ville aussi petite, tout pouvait très vite se savoir. Je me rassis sur la chaise et posa une main sur mon front en soupirant.  « Ou l’art de se foutre dans la merde en l’espace de quelques mois. » Je fis descendre ma paume sur ma bouche et mon menton. Quel bazar.  « Je suis vraiment désolé que t’aies été confronté à ça, c’était vraiment pas le moment. Excuse-moi de te le dire mais t’as vraiment mauvaise mine. » Je lui servis un sourire compatissant. Tous les deux paumés après le passage de cette tornade, nous nous faisions face. On aurait été parfait là pour jouer dans une série à petit budget. Cette situation était tellement dingue. Et les mots de ma… mon ancienne ? - meilleure amie ne cessaient de revenir sous forme d’échos dans mon crâne.  Nous ne sommes plus rien. Ca allait être difficile de patienter pour la revoir après ça.


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MessageSujet: Re: Tout se sait mais rien ne se dit [Livre I - Terminé]   Tout se sait mais rien ne se dit [Livre I - Terminé] EmptyJeu 8 Aoû - 12:00

Tout se sait mais rien ne se dit.

Mickaël me fit un rictus en répondant à mon analyse pas psychiatrique pour un sou, malgré ce qu’il affirmait. Je lançai un petit rire sans joie, en pensant à nouveau que mon boulot m’avait amené à le devenir, surtout parce que je le voulais bien. J’avais à cœur d’aider les habitants de Louisville, et je m’étais donc laissé entraîner sur cette pente glissante qui déviait de mon simple job de notaire, pour en faire un métier complexe, mêlant juridique et social. Je l’étais devenu parce que je le voulais bien. Ma conscience professionnelle me perdrait… De même que mon envie d’aider tout le monde. Cela pouvait paraître égoïste, mais j’allais devoir me recentrer un peu sur moi-même si je voulais pouvoir rester en forme physiquement et moralement. Je ne continuerais pas bien loin comme ça.

« Je fais de mon mieux… Après tout, c’est ce que je me retrouve à faire régulièrement pour mes clients alors je commence à prendre le pli. Si tu veux mon avis, les psychiatres sont bien trop prétentieux, ce n’est pas si difficile que ça de comprendre l’être humain et de le conseiller. »

Un nouveau rire s’échappa de ma gorge, plus joyeux cette fois-ci, avec un soupçon d’ironie. Je n’avais jamais aimé les psychiatres, et mon cousin le savait. Après tout, je me demandais bien ce qu’il ne savait pas sur moi. Nous étions bien plus que de simples cousins, et j’étais heureux de l’avoir à mes côtés face à tous ces événements que nous vivions depuis sept semaines. Alors qu’il reprenait la parole, pour me parler de Mathilda, je reposai mon verre sur le bureau, pour pouvoir faire un geste avec ma main sans renverser le précieux liquide.

« Bon sang, Mick, c’est normal ! Tu couches avec elle, et puis subitement Emy revient ! Emy avec qui tu étais en couple avant toute cette merde. Forcément que Mathilda se sent rejetée ! Mets-toi à sa place, tu aurais réagi comment si le mec avec qui elle était revenait soudain d’entre les morts et revenait habiter chez elle ? Mal. Très mal. Je te connais suffisamment pour le savoir. Alors pourquoi en serait-il autrement pour Mathilda ? Elle ne va pas te dire de ne pas aller vers Emy, alors que tu l’avais choisie elle avant que ces foutues bombes ne se déversent sur nos têtes. »

Ça me paraissait logique, à moi. Et je me demandais si Mickaël avait déjà envisagé les choses de cette façon. L’être humain avait cette capacité à se focaliser tellement sur lui-même par moments, notamment quand il vivait des situations difficiles, qu’il ne cherchait même pas à comprendre les motivations des autres à agir de telle ou telle manière. Je me dis que ce n’était peut-être pas si mal que j’ai été là pour voir leur dispute. Ainsi, j’allais peut-être pouvoir aider Mickaël à comprendre la situation d’une autre façon, en donnant mon point de vue extérieur à tout ça. Ils étaient tous deux trop impliqués pour savoir se détacher de leurs sentiments et de leurs appréhensions.

« Je pense qu’elle cherche à se protéger. Surtout qu’elle a vu Emy revenir et qu’elle ne sait plus trop ce qu’elle représente pour toi du coup, où ce que tu vas faire avec Emy. En disant "tu seras mieux sans moi", c’est elle qu’elle cherche à protéger, je pense. »

C’était vraiment comme ça que j’interprétais le comportement de mon amie. Je savais que Mickaël était amoureux d’elle. Et je soupçonnais que si Mathilda n’avait pas été intéressée par lui, jamais elle n’aurait couché avec lui. Cela faisait des années qu’ils étaient amis – avec un plus pour mon cousin – et comme par hasard, juste au moment où Emy disparaissait, il se passait quelque chose entre eux. Je savais bien que parfois je voyais des choses là où il ne se passait rien, mais ce coup-ci, j’étais sûr de ne pas m’avancer sans preuves. La dispute qu’ils venaient d’avoir été tout sauf insensée également. Mickaël vida son verre, le posant sur le bureau, alors que, de mon côté, je reprenais le mien pour siroter le reste lentement.

« En effet, c’est à toi de voir ce que tu comptes faire avec elle, et surtout ce que tu vas lui dire. Je pense néanmoins que tu dois savoir d’abord ce que toi tu veux, avant de lui parler. »

Il ne serait pas bon qu’il lui parle en étant encore perturbé par Mathilda. Cependant, comme il l’avait dit, il ne pouvait plus attendre trop longtemps avant de parler à Emy. Et cela l’empêcherait donc de faire la paix avec la brune avant d’avoir cette discussion avec son ex-petite amie. Ex ? Oui, après tout, je voyais bien qu’il ne comptait pas se remettre avec elle. Sinon il n’aurait pas tenu tout ce discours sur Mathilda.

« Tu deviens de plus en plus doué pour te mettre dans une belle merde en effet. À croire qu’en grandissant, tu cherches encore plus à te complexifier la vie. »

J’avais dit cela d’un ton moqueur, mais sans méchanceté aucune. Il savait de toute façon que je n’allais rien lui reprocher. Tout ce que je disais, je cherchais à le faire pour son bien, et pour lui exposer mon avis sur la crise qu’il traversait. Que cela lui serve ou pas, au moins, j’aurais dit ce que j’avais à dire.

« Je t’ai déjà dit de ne pas t’en faire. Si la famille n’est pas là pour aider quand y’a des coups durs, qui sera là hein ? »

Il savait qu’il pouvait compter sur moi quand il fallait, et je savais que l’inverse était vrai. Je passai une main sur mon visage, à nouveau, me frottant les paupières, quand il me parla de mon état.

« Ouais je sais. Je bosse beaucoup en ce moment, et je dors mal. L’un combiné à l’autre fait que ma tête ressemble à ça. Mais ça va passer. Le temps que les gens comprennent que ce n’est pas en venant me voir tous les jours que je vais pouvoir les aider plus. Sérieusement, s’il y avait un psy dans cette ville, ça m’arrangerait bien ! »

Je ris à mes propos, tellement ironique de ma part de souhaiter un psychiatre à Louisville alors que je détestais les gens qui faisaient ce métier. Voyant que Mickaël tirait toujours une sale tête, je me calmai et lui demandai d’un ton plus calme, légèrement inquiet :

« Ça va aller ? »

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MessageSujet: Re: Tout se sait mais rien ne se dit [Livre I - Terminé]   Tout se sait mais rien ne se dit [Livre I - Terminé] EmptySam 17 Aoû - 14:12

Tout se sait mais rien ne se dit.

Arthur s’emportait tout seul et je le laissais mener jusqu’au bout sa tirade. J’avais oublié de préciser la temporalité des événements et il avait tiré ses conclusions tout seul. J’étais peut-être moins psychologue que mon cher cousin mais pas stupide non plus. Bien sûr que je savais que ma situation non éclaircie avec Emy portait préjudice à ma relation avec Mathilda. Quel crétin ne s’en rendrait pas compte ? Je n’avais peut-être pas fait des études poussées comme lui mais ça ne m’empêchait pas d’être un minimum réfléchi – parfois, quand je le voulais. Bref, j’étais assez censé pour ne pas comprendre la confusion. Mais ce n’était pas de ça que je parlais. Je lui expliquais avec quelle violence elle me repoussait et ça AVANT le retour de la blonde. Comme il l’ajoutait, elle cherchait à se protéger. Et ça même avant que mon ex-copine ne refasse surface. Je ne savais pas ce qu’elle avait vécu de si dramatique en dehors de son histoire familiale pour se refermer autant à la possibilité de vivre quelque chose d’intense avec quelqu’un mais… Je devenais présomptueux ? Un peu, en effet. J’étais quelqu’un de peu reposant, je faisais tout à fond, j’étais à 200% dans tout ce que j’entreprenais. Et c’était ça qui avait d’autant plus effrayer la conseillère municipale. Je fonçais dans le tas comme toujours parce que j’y croyais, parce que j’étais sûr de ce que je voulais et de tout ce que j’étais capable de mettre en œuvre pour l’obtenir mais elle… Elle n’avait pas voulu de ça. Je l’avais forcée à emprunter un chemin dont elle ignorait même sûrement l’existence. En reposant mon verre, je répondis finalement à ses longs commentaires. « T’aurais eu raison si tout ce que je viens t’expliquer ne s’était pas déroulé avant qu’Emy revienne. Même avant qu’elle revienne, Mathilda me repoussait déjà. Je pense qu’on ne peut pas faire plus clair que ça. De toute manière, je dois parler à Emy. Il faut que je sois honnête avec elle, je peux pas continuer à entretenir tout ça sinon je vais vraiment finir par péter les plombs et je ne vais finalement pas du tout l’aider. Elle n’a pas mérité ça. » J’ignorais comment j’allais m’y prendre mais je savais que j’allais finir par la blesser – le mal était déjà d’ailleurs. J’allais l’achever. Ça m’angoissait autant de le faire que ne pas le faire mais avec tout ça, il fallait que je débloque cette putain de situation. J’étais déterminé. Même si Arthur me mettait en garde sur mon instabilité là, c’était impossible pour moi de me taire. Je le savais. Afin qu’il ne me fasse pas plus la morale, je n’ajoutais rien.

Je soupirais devant l’évidence qu’il déclina et puis lui offris un demi-sourire quand il m’expliqua que la famille servait à ça. Il embraya sur son état et je ne pus que grimacer face à ça. Le pauvre… Et nous qui venions d’en rajouter une couche avec des problèmes qui ne le concernaient même pas. « Un psy aurait déjà perdu les pédales là, je pense. Essaie de déléguer ça ? T’avais pas un stagiaire ou je sais plus quoi ? Engage peut-être quelqu’un en plus ? »  Je n’étais pas en état de lui fournir plus de pistes ou de me pencher avec une concentration redoutable sur ses propres soucis alors que les miens venaient de m’exploser en pleine figure alors j’arrêtais là dans mes tentatives d’aide. Je jetais un regard distrait sur l’horloge alors qu’il me demandait si ça allait aller. « Il faudra bien… C’est pas comme si j’avais le choix. Je reprends le boulot dans à peu près cinq minutes en plus… » Je pris une très grande inspiration et essaya vainement de retrouver un peu de consistance. Ma conclusion du jour, après tout ça, à tenter de démêler le vrai du faux. « Je dois prendre du recul. Enfin bref… Je suis quand même désolé Arty que t’aies été mêlé à toute cette histoire et merci pour tes conseils. Je vais te laisser souffler et rentrer au garage là. Toute façon, on se revoit dans pas trop longtemps. Histoire que je me rattrape un peu. Et toi aussi, faut que tu décompresses mon vieux.  » Je lui servis l’ébauche d’un rictus. Dire que j’allais devoir bosser comme ça alors que mon cerveau tournait à plein régime. Ça allait être encore catastrophique.
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MessageSujet: Re: Tout se sait mais rien ne se dit [Livre I - Terminé]   Tout se sait mais rien ne se dit [Livre I - Terminé] EmptyDim 18 Aoû - 21:17

Tout se sait mais rien ne se dit.

Mon verre toujours en main, je bus la dernière gorgée tranquillement, pendant que Mickaël répondait à l’analyse vague que j’avais pu lui sortir sans être sûr d’avoir toutes les cartes en main. J’étais trop fatigué pour réfléchir plus sérieusement que ça à leur situation et j’avais simplement cherché à aiguiller un peu mon cousin sur ce qu’il devait faire. Mais ce n’était que mon avis. Et la vie nous avait montré déjà plusieurs fois que Mickaël ne suivait que son propre instinct, et ça ne m’étonnerait absolument pas si, encore une fois, il n’écoutait pas ce que je pouvais lui dire pour foncer et faire les choses à sa façon. Je ne pouvais pas totalement le lui reprocher. Je ne sais pas que j’aurais fait dans une situation pareille. J’étais quelqu’un de très pragmatique, j’avais tendance à vouloir analyser les choses dans leur ensemble d’abord, puis dans leur détail, avant de décider d’un acte. Et parfois, j’aurais aimé être comme mon cousin. Être direct et franc, comme il pouvait l’être. J’aimais ce trait chez lui, même si, de manière contradictoire, c’était aussi celui qui m’énervait le plus souvent. Mais Mickaël était comme ça et c’était trop tard pour le changer. Moi aussi d’ailleurs. Dans le genre vieux qui ne changera plus, j’étais pas mal.

C’est alors qu’il m’expliqua que j’avais tout faux. J’avais visiblement sauté sur une conclusion un peu trop facile, et sur le coup, je me sentis un peu mal. J’avais lancé une tirade un peu moralisatrice à mon cousin, et voilà que j’avais tout compris de travers. Ah. Merde. Mon esprit tourmenté par ça me fit froncer les sourcils. Là, je ne comprenais plus rien. Si Mathilda le repoussait avant qu’Emy ne refasse surface, ça n’avait aucun sens. Le seul sens que je voyais était qu’elle n’était pas intéressée par lui alors. Mais c’était totalement stupide. Je les avais vus tous les deux. J’avais entendu ce qu’elle avait dit. Ce n’était pas possible. Nier qu’il existait quelque chose entre eux deux était faux. Maintenant, ce "quelque chose" semblait encore plus complexe que ce que j’avais pu imaginer. Face à ça, ma verve s’éteignit d’un coup, et je restai presque muet, baragouinant quelques syllabes pour m’excuser :

« Ah. Désolé pour mon analyse à deux francs alors. J’ai visiblement tout compris de travers. En plus je me suis permis de te donner des conseils qui, du coup, sont caducs. Enfin tu me connais, je cherche juste à t’aider. Je sais que tu vas t’en sortir, tu t’en sors toujours. Fais attention à toi, c’est tout ce que je te demande. »

Mickaël soupira et je compris que notre entretien touchait bientôt à sa fin. Il prit néanmoins le temps de me donner quelques conseils pour me ménager, et pour pouvoir avoir moins de travail et je lui souris d’un air las. Je ne savais pas encore ce que j’allais faire à ce propos. Bien sûr, j’étais totalement conscient que j’étais plongé dans le travail, encore une fois, comme de nombreuses autres fois au cours de mon existence. C’était d’ailleurs à cause de ça que Zoé était partie. Enfin, à cause de ça, et d’autres choses. Mais c’était une autre histoire, je n’allais pas m’appesantir là-dessus à l’heure actuelle.

« Oui j’ai un stagiaire. Je vais voir quant à faire appel à quelqu’un d’autre. Ne te soucie pas de ça, je vais trouver une solution. Je sais que je ne peux pas continuer comme ça. »

Il regarda l’heure à l’horloge suspendue sur un mur du bureau et cela me rappela que l’heure de midi venait certainement de passer sans que je n’ai mangé plus qu’une part de quiche tout à l’heure quand Mathilda était arrivée. Et cela me rappela encore une fois que j’avais oublié le rendez-vous que j’avais fixé à mon cousin pour ce midi. Quel gâchis. Je ne pouvais cesser de penser que tout cela était un peu de ma faute. Si je n’avais pas oublié, je n’aurais probablement pas invité Mathilda à me demander conseil alors que mon cousin risquait de débarquer à n’importe quel instant. Ou alors j’aurais guetté son arrivée avec plus d’attention et je n’aurais certainement pas parlé de lui avec la brune en sachant qu’il risquait de débarquer à tout instant. À présent, Mickaël devait partir. Oui, je me doutais qu’il ne s’éterniserait pas. Et puis, il avait son travail,  comme tout le monde.

« Ok. Quant à moi, je suis désolé d’avoir oublié notre dîner. On se revoit bientôt oui, pour se faire ce dîner déjà. Et puis pour discuter plus calmement de tout ça. »

Et puis il se leva, poussant un autre soupir, me fit un dernier signe de la main et quitta mon bureau. Je restai là, pendant cinq, dix minutes, laissant simplement le temps filer, mon esprit perdu dans ses réflexions propres. Les jours à venir allaient être difficiles pour tout le monde, mais plus spécialement pour deux personnes qui avaient subitement décidé d’être en froid l’une avec l’autre. Comme si la guerre n’apportait déjà pas assez de conflits comme ça. Parfois, je ne comprenais vraiment pas les êtres humains.

FIN
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