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MessageSujet: I see fire, hollowing souls. [Livre I - Terminé]   I see fire, hollowing souls. [Livre I - Terminé] EmptySam 28 Déc - 22:02

 Encore un matin. Et encore une journée, où j'allais devoir donner de ma personne pour la communauté, alors que je sentais bien les regards méprisants de la grande majorité de la population de Louisville. Ce que je ne comprenais pas. Je n'arrivais pas au centre de rationnement pour profiter du système, j'aidais, je travaillais pour pouvoir mériter. Je ne me sentais pas en sécurité quand j'allais à la Pépinière. Avec tous ces rationnements, tout le manque de nourriture. Etienne avait été obligé d'enfermer les quelques provisions qu'ils avait réussi à garder, quelques conserves en majorités, quelques paquets de riz, un ou deux paquets de riz. Ce qui pour moi me paraissait être une véritable richesse. Il les avait échangé contre je ne sais plus quoi, du charbon, ou du sel. Je m'étais habillée chaudement, Etienne insistait pour que j'utilise certains de ces manteaux plus épais que les vestes et les manteaux de son ex-femme. Je me retrouvais emmitouflée dans une épaisse parka. Impossible de se faire du café tous les jours, les temps étaient durs, beaucoup plus durs que je ne le pensais. Je pus manger un peu de pain, fait avec le peu de farine que nous avions pu avoir. Et enfin je quittais la maison, la fermant bien à clef derrière moi. Je fermais le portail et me mettait en route.

Je les entendais, car plus aucun Louisvillois ne se gênaient pour dire ce qu'ils pensaient. Nous étions des voleurs, des parasites, des profiteurs. Il était difficile de cultiver, et surtout la main d'oeuvre n'était pas non plus la plus nombreuses. Les louisvillois nous traitaient de parasites, mais beaucoup profitait du simple fait qu'ils vivaient à Louisville pour profiter des rations offerte. Je ne trouvais pas forcément cette attitude très honorable non plus. Malgré mon petit gabarit, je recevais aussi la même ration, ce qui mettait en colère les autres. Mais malgré ma fragilité, je n'abandonnerais pas ce que je gagne durement tous les jours. J'arrivais enfin à la pépinière, ici, je me sentais au calme, même si je doutais de la sécurité de l'endroit. Il y avait de moins en moins de personne qui venait se geler dans la pépinière. Il fallait garder les graines, les provisions qui devaient être mise en sécurité, mais surtout gardée en sécurité, les pillages étaient nombreux. Les gens avaient peur, les gens avaient faims. Nous étions encore très, très loin de l'autosuffisance. Grâce aux nouvelles notions que j'ai pu acquérir en tant qu'horticultrice, ce qui n'était quand même aps mon métier de base, j'avais pu dire à Etienne de garder tous les pépins, toutes les graines des fruits et des légumes qui en contenait. Nous avions pu faire un minuscule, mais non négligeable, stock de graines, que l'on pouvait planter pour nous deux. Tout était moyen de survie. Certains parleraient d'égoïsme, moi je voyais de l'astuce.

Alexandre n'avait pas pu m'accompagner ce matin. Une urgence peut être. Je me mettais au travail, m'occupant de mettre les caisses de récoltes dans les entrepôts. Je m'attelais à la tâche. Le froid n'était pas, les mouvements étaient plus lents qu'avant l'hiver, je revissais par réflexe le bonnet que j'avais sur la tête, couvrant mes oreilles, et je fourrais mon nez dans l'écharpe que m'avait donné Etienne. Quand j'entendis alors un bruit de fracas. J'entendis des hurlements, des gens venaient d'entrer de force dans la pépinière, réclamant les fruits, les légumes, tout ce qui pouvait être mangé, troqué ou vendu. Je me retournais brusquement. j'avais en main une caisse de ce qu'il désirait, mais j'étais pétrifiée. Depuis l'épisode de la plage, les mouvements de foule, les bruits, les hurlements me tétanisait. La personne en face de moi me hurla de lâcher ce que j'avais dans les bras. Je n'eus pas le temps de réagir que déjà, je payas le pris de ma lenteur. je sentais une douleur me couper la pommette. A quel moment les gens avaient abandonné toute humanité, à quel moment les gens étaient devenus des animaux ?

J'avais encore mal. Et je me retrouvais encore seule.

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MessageSujet: Re: I see fire, hollowing souls. [Livre I - Terminé]   I see fire, hollowing souls. [Livre I - Terminé] EmptyDim 29 Déc - 22:02

    L'air est très frais. Dehors, comme depuis quelques semaines, il fait un froid incroyable. Il ne neige pas, il fait très froid pour cela. Trop disent certains. Je n'en sais rien, je ne suis pas météorologues, mais les gens ne se déplacent plus qu'un maximum couvert. Ils savent que le froid est un mal insidieux qui peut tuer au moment où on s'y attend le moins. Encore une matinée glaciale, entre temps sec et gens froids. Je n'ai pas le choix que de me lever dans pareil endroit. Cela n'aurait tenu qu'à moi, je serais actuellement dans une base en dur, qui disposait de sa propre source d'énergie pour se chauffer, de la bouffe bien chaude à tous les repas et à intervalles réguliers, avec une petite chaufferette pour se détendre un peu le soir venu... Ou alors, quitte à choisir, une bonne grosse bataille avec des milliers de types de chaque côté, le stacato typique des armes à feu et le grondement des explosions, le crissement des chenilles des blindés ou le hurlement des réacteurs des avions de chasse. Mieux valait voir l'ennemi qui allait nous tuer que de crever de faim lentement et sûrement sans rien pouvoir y faire. J'avais bien conscience que les choses auraient pu être pires, même si je ne voyais pas trop en quoi. On pouvait toujours faire pire... D'ailleurs, du confort ou de l'action je n'avais ni l'un ni l'autre. Mon rang m'avait préservé d'une faim trop tenace et j'habitais dans un endroit relativement habité, mais c'était tout. Ah si, et la chaufferette, je l'avais. Eléanore bien sûr... Qui bien souvent maintenant venait me retrouver dans mon lit improvisé, et pendant quelques heures nous oublions la guerre et la mort. Elle était belle, elle était douce. Pourtant, j'étais mal à l'aise. Ce n'était pas comme ça que les choses étaient sensées se dérouler.


    Dans un monde idéal, j'aurais mené ma section avec le reste de la compagnie de paras et on aurait retrouvé avec les autres éléments des légionnaires et des blindés les gendarmes et militaires de bureau de la base de Cherbourg pour organiser sa défense. Mais non. Bombardés, pilonnés, la majeure partie de nos effectifs s'était fait tailler en pièces. On avait perdu notre matériel lourd et notre ravitaillement. Cahin caha, on avait fini par arriver jusque Louisville et depuis, les choses allaient de mal en pis. Sans possibilité d'assurer cet endroit comme base arrière faute de ravitaillement et de stabilité fonctionnelle, j'avais dû rester, attendant sur mon cul que la guerre vienne à nous ou que l'on devienne capable de la rejoindre, ce qui ne pouvait se faire sans pacifier le coin... Et pour le pacifier, il fallait déjà de la nourriture. Je faisais le tour de tous les coins où il pouvait en rester ou ceux où on pouvait en produire. J'avais déjà dû demander à trois mecs de laisser la moitié de leurs poules, qui de toute façon ne faisaient plus d'oeufs depuis quelques semaines. Je me dirigeais vers la pépinière quand j'y attendis des éclats de voix. Grognant et jurant dans ma barbe, je me mis à courir, comprenant immédiatement qu'on en était arrivé à se battre pour les quelques merdes qui restaient. Quand j'arrivais à l'intérieur, c'était le bordel. Un projectile en dur rebondit sur mon casque et j'envoyais un coup de poing dans un type qui passait devant, sans que je sache clairement s'il s'agissait d'une victime ou d'un agresseur. Je criais aux autres d'arrêter. Un type se tenait sur un autre et le frappais par terre. Je le soulevais par les cheveux et l'envoyais la tête la première contre le mur. Je m'avançais et un type frappa une gonzesse en plein visage. Coup de pied vicieux derrière le genoux, le type tombe par terre. Je lui envoie en passant devant lui un coup de coude en plein visage, et redresse la fille sur ses jambes.



    | Ah putain il vous a pas loupée. Ca va, vous ? Vous travaillez ici? |
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MessageSujet: Re: I see fire, hollowing souls. [Livre I - Terminé]   I see fire, hollowing souls. [Livre I - Terminé] EmptyMer 1 Jan - 22:46

Je sentais la douleur sur ma pom-ette, je sentais déjà la rougeur sur ma joue, comme une chaleur désagréable. J'allais devoir encore une fois expliquer ça à Etienne, et surtout à Alexandre. Sous le choc, je restais ... paralysée, et je lâchais la caisse pleine de pauvre navet qui avait la taille d’œuf. C'était ridicule de se battre pour cela. Encore de la violence, même dans la pépinière, un endroit de travail, la violence tapait encore une fois aux portes. C'était terrible, je me sentais encore une fois terriblement vulnérable, j'avais les jambes qui tremblait, le regard vide, perdu. J'avais un nœud n'allais-je donc pas avoir de répit. Je sentais déjà les larmes me monter aux yeux. J'avais déjà peur de l'extérieur depuis la fusillade sur la plage, j'avais réussi à me réhabituer à la pépinière, à la compagnie des gens autre qu'Etienne et Alexandre. Je regardais autour de moi, je voyais trouble, je me sentais mal. Quand je crus reconnaître un uniforme militaire, Alexandre ?

Alex... Alexandre ?

Non. Ce n'était pas Alexandre, ce n'était pas la même manière de se tenir. Il était plus grand. La démarche était différente, plus... imposante, assurée peut être même. J'avais encore la vue embuée par les larmes, mais aussi la confusion, la douleur. Je ne supportais plus la douleur physique, et la faiblesse psychologie qui s'en suit. Je ne peux plus supporter les Louisvillois qui se batte pour quatre navets. Et douze carotte de la taille d'un petits doigts. Je reprenais mes esprits, une voix me sortait de ma léthargie. Une voix grave. Il m'aide à me lever. Jure, ce doit être un truc génétique chez les militaires, jurer. Il m'avait pas loupé disait-il, et me demandait si je travaillais ici. J'essuyais les larmes qui étaient tombée d'elle même sur mes joues, m'excusant.

Oui... Oui... je travaille ici... Enfin ... j'essaye.. Est ce que... Pourquoi ils sont là ? Non... Je sais pourquoi... Commençais-je confuse.

Ne pouvais-je pas être claire ? Me remettre des choses rapidement ? Non. Je pris une grande inspiration, cherchant mes mots en même temps. Les répétant pour qu'il est du sens déjà dans mon esprit. La faim, il fallait trouver une solution. Je n'avais plus envie d'avoir peur quand j'essaye de travailler pour pouvoir produire quelque chose. Pour pouvoir marcher tête en haute en allant chercher le peu de provisions dont j'ai le droit grâce à mes efforts. Je reprenais mon calme. Non, en faîte absolument pas. le calme était nulle part, ma respiration commençait à s'accélérer. Je n'était pas calme. J'allais devenir folle à ce rythme là, ne plus me sentir en sécurité m'empêchait de dormir, et de me sentir bien. J'ai toujours été dans un environnement sur, sans instabilité. Je cherchais à respirer. Comment pouvais-je être aussi faible ?

Je m'appelle Valentine.. J'essaye de travailler ici.. A croire que mon travail va devenir plus dangereux que le votre.

Ce n'était pas forcément très drôle. Surtout qu'avec le ton que j'avais utiliser j'avais du mal à croire qu'il puisse penser que j'essayais d'être drôle. Essayais-je seulement ? Ces militaires. Je ne savais pas quoi en penser. Je recommençais à voir clair, reconnaissant le visage de ce militaire que j'avais déjà vu une première fois, lors d'une réunion qui avait mal tourner avec le maire. Je regardais autour de moi, voyant les gens encore choqué, je réussissais à me calmer. C'était étrange, il semblait bien différent de la dernière fois. Mais après tout, je ne l'avais aperçu que de loin. Mais il semblait fatigué, comme nous tous je suppose. De quoi ? Non très franchement, je me posais la question. je me rendais compte alors que je le fixais, ce qui me fit baisser les yeux. Raulne. Ou quelque chose comme cela. Il me semble que c'est Raulne. Il l'avait bien dit lors de cette réunion de citoyen et militaire, qui avait tourné au désastre suite à l'accusation d'un des citoyen du viol de sa fille. Je clignais plusieurs fois des yeux, ravalant mes larmes.

Vous êtes... Raulne c'est ça ? Je ne me souviens pas de votre ... prénom.

Je regardais par terre, la caisse renversée. Les provisions n'étaient pas perdues, ce n'était que de la terre. Pourquoi continuer à faire des efforts pour une bande de villageois gâtés, incapable de faire preuve d'un peu de sacrifice. Les maigres récoltes n'étaient seulement la faute du rigoureux hiver, mais aussi du manque d'investissement évident et de l'égoïsme ambiant. J'étais terriblement fatiguée, et j'avais toujours la même impression à propos de Raulne. Il était imposant. Et il était à l'origine des faiblesses et des blessures d'Alexandre.

Effrayant.
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MessageSujet: Re: I see fire, hollowing souls. [Livre I - Terminé]   I see fire, hollowing souls. [Livre I - Terminé] EmptySam 4 Jan - 18:55

    Je la manipulais comme un fétu de paille. La regardant vite fait, je remarquais combien elle était maigrichonne. Vue sa peau bien tendue, elle n'avait jamais dû être bien grosse, c'était un fait. Pourtant, les évènements avaient dû prélever leur dû sur son corps comme sur tous ceux qui vivaient à Louisville, ou qui y survivaient plutôt. Je ne voulais pas forcément savoir à partir de quoi était fait son régime alimentaire, sachant qu'elle bossait en pépinière... Si je ne me trompais pas. Elle devait bosser ici oui, elle n'avait pas le profil d'un pillard et la jeune femme avait fait partie des victimes, pas des agresseurs. Deux jours plus tôt, j'avais vu deux réfugiés prendre de la soupe dans laquelle ils faisaient macérer de la mousse. On en était là. Ou plutôt, on y serait bientôt pour de bon. Bref. Le chaos continuait de régner autour de nous mais je ne pouvais pas faire grand chose en restant tout seul. Les choses étaient bien trop engagées pour devoir dévier vers quelque chose de plus calme, de plus serein. De plus pacifique. Même entre eux, ces misérables rebuts d'êtres humains se chamaillaient la moindre miette. Y avait il seulement à manger ici ? Une pépinière... Des glands, des châtaignes, des baies ? J'en savais rien. Pour le coup je n'avais aucune idée de ce que j'aurais pu venir inventorier ici. Peu importait. Il ne resterait bien vite plus grand chose. La fille en tous cas semblait perdue. C'était peut être la première fois qu'elle prenait un bourre pif premier choix comme celui qui lui avait entaillé la pommette. Réveilles toi chérie, tu vis dans un monde encore plus merdique que le précédent. La fille semblait chanceler, et quand je la vis fragile sur ses appuis je remarquais des navets partout par terre. Yeurk. Y'en avait qui étaient vraiment rendus misérables par la faim, c'était vraiment pas croyable ! La fille relève les yeux vers moi mais elle semble pas vraiment me reconnaître. Ou qu'à moitié. Alexandre ? Le premier qui me vient à l'esprit, Reh, me donne envie de frapper à nouveau dans quelque chose. Ce connard, il se l'envoyait ou quoi ? J'espérais qu'elle parle de quelqu'un d'autre, je voulais pas voir l'autre autiste se pointer et remettre encore mon autorité en question!


    | Alexandre ? Qui est Alexandre? |


    Réponds, couillonne, je suis pressé là ! La fille avait des larmes plein les yeux. Bla bla bla. Encore une pleureuse. Ce coin commençait vraiment à me faire chier. Elle s'excuse, se nettoie. C'est ça, tu ressembleras moins à un souillon, à une victime. Continues donc mais putain parles mieux je comprends rien! Le choc lui avait fait perdre le sens commun. Un coup elle me posait une question conne, la seconde d'après elle se donnait une réponse à elle même. Sacré coup sur la tête, ça avait bien dû lui secouer le peu de neurones qu'il y avait là haut comme chez la majorité des gonzesses. Je ne lui répondais pas à ça, j'avais pas de temps à perdre avec ces conneries alors je fis en sorte de me rendre utile et poussais le type qui essayait d'en piétiner un autre pour mettre la main sur des carottes avant lui. Le type ne lâchait pas prise et ma rangers produisit un craquement agréable en lui piétinant les doigts. Remballes ta main, voleur, la prochaine fois je te la coupe ou alors je te pends, au choix. La jeune fille se fend d'un prénom et d'une remarque à peine sarcastique. C'est pas la grande forme on dirait, mais vue la journée ça ne m'étonne pas des masses. Le type dont j'ai écrasé les doigts à un copain et m'envoie son poing dans la figure, que je pare, bloque, et lui envoie mon front dans le nez. Il tombe à la renverse.


    | Permettez moi d'en douter! |


    La fille semble émerger un peu plus et elle m'appelle par mon nom. Je me retourne vers elle.


    | Comment vous le sauriez ? Oui, je suis Raulne. On se connait? |
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MessageSujet: Re: I see fire, hollowing souls. [Livre I - Terminé]   I see fire, hollowing souls. [Livre I - Terminé] EmptyMer 8 Jan - 19:00

Ce Raulne avait quelque chose… d'agressif. Pour quelle raison je ne savais pas, après fout, je ne le connaissais pas. Et connaître ce genre de personnage, demandait certainement beaucoup de temps, et beaucoup de patience. Ce qui en ce moment n'était pas forcément mes points forts. Je n'aimais pas vraiment la manière dont qu'il avait de me regarder. Il est vrai que je n'avais plus toute la splendeur de mes jours heureux à Paris, mais j'estimais bien me défendre, dans la catégorie, pois plume/peau sur les os. Je n'avais jamais été bien grosse, j'avais simplement les joues plus creusées qu'avant, et je sentais quand même mes os pointer plus que d'habitude sous ma chair. Je regardais ce militaire Raulne, qui me demanda qui était Alexandre. Je le regardais haussant un sourcil, ne connaissait t-il donc pas ses propres hommes ? Et surtout ceux qu'il tabasse, pour je ne sais quelle raison d'ailleurs. Je haussais les épaules.

Alexandre Reh, un de vos hommes. répondis-je sans vraiment réfléchir.

Je ne connais pas vraiment leur histoire. Et je crois que c'est quelque chose qui doit rester entre eux. Je n'ai pas à me mêler des affaires des militaires, j'ai d'autre priorités. Si je devais me baser sur une première impression, je dirais que Lieutenant Raulne était un type à ne pas bousculer, je le soupçonnais d'avoir la gâchette facile. Il se débarrassa des derniers assaillants, assez rapidement, ce qui malgré tout, donnait gage de sécurité. Il ne passait pas par quatre chemins, il les mis K.O en se permettant de me rappelez que son travail restait tout de même plus dangereux que le mien. La différence était qu'une horticultrice n'aurait jamais du avoir à se défendre de tarés affamés. Il semblait presque me mépriser. Que lui avais-je fait ? Ma blague… mon ironie n'était peut être pas si bien passée après tout. Lieutenant Raulne ne devait pas rire tous les jours. Plutôt triste non ? Quand je l'appelle par son prénom, il se retourne, reportant son attention sur moi. Je haussais un sourcil, il ne me semblait pas étrange de me souvenir de l'homme qui s'était présenté comme étant à la tête du groupe militaire à Louisville. Qu'il prenne ça comme un compliment, d'une certaine manière, il marquait les esprits, en bien ou en mal, tout dépendait de comment vous preniez le regard qu'il vous lance. Et pour le moment, j'avais l'impression qu'il allait me bouffer.

Non, on se connait pas. Je ne vous ai pas insulté, je me souviens simplement de votre nom de famille, ne prenez pas cela comme une agression. Vous vous étiez présenté lors d'une réunion avec le maire, et le reste de Louisville. Je pensais que peut être vous aviez donné votre prénom. répondis-je en m'agenouillant calmement

Je récupérais les maigres récoltes au sol. Les militaires étaient-il comme ça ? Avec un caractère étrange ? Ce Raulne, me voyait-il comme une menace ? J'en doutais, il devait même me prendre pour une pauvre fille perdue dans une pépinière. Il semblait si imbu de lui même, c'était étrange. Je n'ai pas peur de lui, il met simplement les gens mal à l'aise. Comme si tout ce qui ce qui pouvait arriver dans une journée arrivait pour l'emmerder lui, tout personnellement. Je haussais les épaules. A croire qu'en réalité cette confiance en soi n'était qu'une façade, je haussais les épaules. Tout ce qui m'importait c'est qu'il ne mette plus sa main sur Alexandre. Je remettais les navets dans la caisse, les prenant en moins, je me rendais compte à quel point il était ridicule de se battre pour cela. A quel point les gens pouvaient se montrer égoïste. Nous l'étions aussi moi et Etienne, nous ne partagerions nos maigres réserves pour rien au monde. Fallait-il être égoïste pour survivre ? Je cherchais à m'occuper les mains, avec la volonté de chasser le sentiment de gêne qui me prenait à l'estomac. Je respirais un grand coup. Je n'avais pas grand chose à lui dire.

Ce n'est pas comme Alexandre, je ne me voyais pas demander à Raulne d'aider les gens à se remettre en selle, et se remettre au travail, ou de m'aider à charger les caisses de maigre récoltes pour les mettre à l'abri des pillards, et même ce hangar me semblait très peu sur. Les gens se rendront rapidement compte qu'il n'y a plus rien à manger à cause des pillards, et la faute allait retomber sur les réfugiés, comme toujours. Nous avions véritablement bon dos. Je ne pouvais pas dire que les réfugiés étaient des enfants de coeur, et à dire vrai, je n'en connaissais pas assez pour pouvoir faire des généralités, mais je savais très bien que les Louisvillois pouvaient se montrer particulièrement injuste. Lui demandé ce qu'il faisait dans les parages allait paraître certainement stupide, surtout qu'il m'avait évité des coups que je n'avais pas forcément mérité. Je ne l'avais pas remercier d'ailleurs.


Oh, et merci pour … tout ça. commençais-je. C'est votre quotidien ? Vous occuper des affamés qui s'en prenne aux autres, ou vous avez quelque chose de plus exaltant à faire de votre quotidien ? demandais-je en me relevant avec la caisse et son ridicule contenu que je regardais pendant quelques secondes. Si les gens commencent à se battre pour cela, vous n'avez pas fini de devoir jouer la police.

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MessageSujet: Re: I see fire, hollowing souls. [Livre I - Terminé]   I see fire, hollowing souls. [Livre I - Terminé] EmptyLun 13 Jan - 20:17

    Les choses partaient en couille, comme d'habitude dans ce monde de merde. Ils n'en ont pas encore assez de revenir à la charge et je m'occupe d'eux les uns après les autres. Il faut se rendre à l'évidence. Je suis entraîné et compétent, eux non. Ce n'est pas qu'une question de compétences ou de savoirs faire. Eux frappent par désespoir. Peu importe l'issue du combat tant qu'elle leur permet de s'enfuir avec leur butin. C'est là que réside la différence fondamentale entre eux et moi. Moi, je frappe pour faire mal. Pas pour sonner ou pour exprimer de la colère ou de la haine. Non, pas de ça. J'identifie les zones sensibles, les points faibles. L'expérience me permet de le faire presque par instinct, l'avantage d'avoir dû se battre à de nombreuses reprises pour sauver sa vie. Je frappe pour faire mal, vraiment mal. Mon objectif n'est pas de me sauvegarder mais de démolir l'adversaire. Cette différence dans notre volonté propre me permet d'avoir une sacrée longueur d'avance sur eux. En sus, je suis mieux nourri, et mieux habillé. J'ai moins souffert de la faim et du froid qu'eux mêmes, ce qui confirme un peu plus l'ascendant physique que j'ai pris sur chacun d'entre eux. Lorsque la fille me parle d'Alexandre « un de mes hommes », je me crispe, et coule vers elle un regard de travers.


    | Ce pauvre couillon ? Qu'est ce que vous lui voulez? |


    Oui, Reh est un abruti. Enfin, pas au sens propre. Je soupçonne chez lui une bête d'intelligence. Mais le mec est bien trop imbu de sa personne et bien trop indépendant pour être un militaire efficace. Tout ce qu'il le fait, il ne le fait pas pour ses camarades ou pour sa patrie, ni même pour les citoyens. Il ne le fait que pour lui même. Il se considère comme suffisamment fort et intelligent pour survivre envers et contre tout. C'est en cela que réside son imbécillité. Il n'a rien à faire dans l'armée. Peut être qu'il aurait plus sa place à la Mairie, à gérer des stocks, à optimiser nos ressources ou même à nous trouver des solutions pour réparer, cultiver, emmagasiner, produire, bref pour survivre. Il doit être assez astucieux pour ça. Mais non. Il a fallu que ce maudit furoncle vienne se coller sur mon cul et me fasse chier en permanence. Je l'avais foutu dehors, mais mes sous officiers l'avaient ré-intégré après les pertes subies lors de l'assaut sur la ville. Forcément que dans ces conditions... Je n'avais rien trouvé à y redire. On avait besoin de bras, même ceux de ce pauvre couillon. J'étais à fleur de peau, et le temps de combat s'était substitué au temps réel. Mes réflexes et mon instinct me permettaient de voir les choses et d'y réagir beaucoup plus rapidement qu'en temps normal alors que l'adrénaline inondait mon esprit. La fille me dit qu'on ne se connait pas, et que je m'étais présenté. Ah oui. Putain, c'était il y a un siècle et demi, j'en avais bien l'impression.


    | Ouais, bon, ok. Ou alors c'est votre copain Reh qui vous a parlé de moi. Comment vous le connaissez, celui là ? |


    Si c'était le cas, le type avait il avoué à la gonzesse notre entrevue particulièrement musclée ? La fille ramasse ses navets. Je constate à quel point il n'y en a que très peu. Bientôt, tout le monde crèvera la dalle. Les rations des soldats tués retrouvés à la station essence n'avaient été distribuées qu'à mes hommes. Fallait pas déconner, comment défendre une ville avec des morts vivants ? Notre surnom était peut être les fantômes, mais quand meme.. La fille me tire de mes pensées en me demandant ce que je fais. Autour de nous, le vide se fait. Je suis sûr que la moitié des gens qui repartent en ce moment même ont les poches pleines, mais je peux pas aller les voir pour les pourrir sans risquer une nouvelle émeute, qui pourrait vraiment donner du vilain cette fois ci.


    | Ouais, c'est ça. Et putain, Dieu sait que j'ai rien d'un flic. On doit protéger les gens contre les menaces extérieures, ça on sait faire. Mais on peut pas faire grand chose pour les protéger d'eux mêmes, même si ça nous empêche pas d'essayer, notez ! Bon. Besoin d'un coup de main ici ? Vous en avez encore beaucoup, des navets et d'autres saloperies du genre ? Je vais vous aider à tout inventorier, pour la distribution à venir. |
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MessageSujet: Re: I see fire, hollowing souls. [Livre I - Terminé]   I see fire, hollowing souls. [Livre I - Terminé] EmptySam 18 Jan - 21:31

Je sentais bien que la corde se tendre à l'évocation d'Alexandre. C'était quelque chose que je ne comprenais pas. Peut être que c'était toute cette partie de lui que je connaissais pas, mais que Raulne semblait connaître bien mieux que moi. Autant éluder les questions sur Alexandre. Je n'avais pas envie de rentrer dans leur histoire, et leur problème, car clairement ce n'était pas à moi d'essayer de fixer quelque chose que je connaissais pas. Il me demanda ce que je lui voulais à cet Alexandre. Du dédain, il en avait à revendre à Alexandre. Il le méprisait. Le ton était sec, et peu avenant que je n'osais pas lui dire que je l'avais confondu avec lui à cause de l'uniforme et de ma confusion. Il allait croire que j'étais folle. Et j'allais me demander si j'étais folle. De quoi .. de Qui ?

Rien, rien du tout. répondis-je en me calmant.

Raulne… De son prénom toujours inconnu, n'étais des plus avenant. C'était la première impression que j'avais eu de lui d'ailleurs, quand il s'était présenté sur l'estrade ce jour là. En uniforme, avec l'autorité dans la voix. Je me demandais ce que ce genre de personnage avait pu rencontrer dans sa vie pour qu'il devienne comme cela. Je me posais décidément trop de questions. Je n'allais tout de même pas lui dire. Oh Reh, oui Alexandre, j'entretiens une relation dont le statut reste assez indéterminé, mais qui m'apporte plus de chaleur et de réconfort dont je n'avais besoin. Oui bien sur. J'étais quasiment sûre même, qu'Alexandre ne le savait pas. Mais assez de pensées autour de lui, revenons plutôt à Raulne. Qui je me demandais alors si Alexandre m'avait parlé de lui. A vrai dire.. Pas du tout. Je ne le connaissais pas plus que par son nom de famille, par l'impression qu'il m'avait faîte et le fait aussi qu'il s'était battu officieusement avec Alexandre. Rien de plus.

Il ne m'a pas parlé de vous. Nous nous sommes rencontrés après mon arrivée, à l'hôpital. Quelque chose avec sa jambe il me semble. répondis-je simplement.

Il reprit. Commentant le fait qu'il n'avait rien d'un flic. Je voulais bien le croire sur ce point là. Et là il me demandait si j'avais d'un coup de main, je le regardais, interloquée par cette question. Il me demandait si j'avais besoin d'aide ? Pourquoi pour m'aider. M'étais-je trompée ? Non il n'avait rien d'un bon samaritain, mais je pense qu'il avait surtout la nation du devoir. C'était assez… nouveau. Pour moi je veux dire. Mais la demande était assez agréable. Il reprit. Il allait nous aider à tout inventorier pour la distribution à venir. Avec ce qu'il y avait, ça n'allait pas prendre beaucoup de temps. c'était désolant de oie à quel point il était difficile de subvenir aux besoins des gens. Nous n'avions pas d'agriculture, nous tentions de faire pousser des trucs. C'était ridicule, et ça m'énervait. Devoir allez avec Etienne nous battre pour le navet qui nous était désigné me rendait malade. Pourtant, c'était la survie. Autant dire que je n'étais pas experte dans le concept de marcher sur les autres pour avoir ce qui me revenait ou même plus. Je soupirais. Ce devait être chiant pour Raulne de devoir être le flic, mais tout à fait entre nous, je le trouvais plutôt en forme. Je ne pouvais pas me comparer à Raulne, nous n'avions ni la même carrure, ni le même sexe, ni le même mode de vie, ou le même métier. Mais il ne semblait pas mourir de faim.

Oh.. euh, bah suivez moi. C'est pas tous les jours qu'on a l'aide des militaires, autant en profiter j'imagine. Ca devrait pas vous prendre trop de temps… Avec ce qu'il y a … c'est assez ridicule de se battre pour cela…

Je me répétais certainement en disant cela. Mais très franchement, se battre pour cela , prouvait à quel point la situation était carrément hors de contrôle. Les distributions allaient se faire de plus en plus rare à cette allure, les attaques bien plus fréquentes, c'est un cercle vicieux. Les gens ne voudront plus travailler dans l'insécurité, la main d'oeuvre sera moins nombreuses, les récoltes gaspillées, ou laissé à pourri puisque personne ne peut s'en occuper, et les distributions vont être au compte goutte, et les attaques plus fréquentes, logique. Autant vous dire que je ne voyais pas comment la situation allait pouvoir s'arranger. Je ne la voyais définitivement pas sous un aspect positif, mais plutôt négatif, alarmant, et certainement un peu déprimant. La guerre durcit les gens. Je le voyais bien, et moi même je le sentais. je me sentais changer, en bien ou en mal je n'en avais pas la moindre idée. Mais j'avais perdu en naïveté, je souriais moins, ou du moins pas autant qu'avant, je me perdais plus dans mes pensées, j'étais plus rapidement distraite, plus enclin à chercher une échappatoire à la situation actuelle, au contexte. Je me sentais un peu … cassée à l'intérieure.

Vous n'avez rien d'un flic, je veux bien vous croire. Mais vous allez finir par le devenir non ? Enfin d'une certaine manière. Vous pensez que les gens vont patienter tranquillement devant le bâtiment de distribution, pour avoir les quatre légumes rachitiques cultivés par les horticulteurs du coin ? Les gens ne viennent pas travailler parce qu'ils ont peur, pas peur de l'extérieur, ou des balles, ou des tanks, ou de je ne sais quel corps d'armée. Non, ils ont peur des habitants, de ce que la Faim fait faire… Je m'interrompais Je m'égare, excusez moi.

Je lui fis signe de la tête de me suivre. Il allait me prendre pour une folle. C'était définitif. Mais si personne ne disait rien, en effet les choses ne changeraient pas. Alors, en effet, vous me direz, qu'est ce qu'une petite réfugiée parisienne pouvait faire pour changer quoique ce soit ? Mais bizarrement, je me disais que je ne m'étais pas battue pour survivre, je n'avais pas fait ce si long chemin de Rennes jusqu'à ici, pour finir par mourir de faim. Ca ne me semblait pas juste.

Aurais-je le droit à votre prénom ? Appelez quelqu'un par son nom de famille m'a toujours paru assez… agressif. je réfléchissais et reprit. Sinon, je vous appellerais… Lieutenant. C'est votre grade non ?

J'avais décidément, une excellente mémoire. Il faut dire, que la première fois que je l'avais vu. Il m'avait quelque peu glacé le sang.
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MessageSujet: Re: I see fire, hollowing souls. [Livre I - Terminé]   I see fire, hollowing souls. [Livre I - Terminé] EmptyJeu 23 Jan - 19:45

    Je ne voulais pas paraître encore comme étant la vilaine brute qui ne savait pas se contenir et qui pouvait mettre en danger des innocents. Bon... Si je voulais être honnête, il y avait quand même un peu de ça en moi. De la brutalité. De la propension à la violence. Des facilités à provoquer de la souffrance physique. C'était quelque part l'évidence même. Si je n'avais pas ça en moi je n'aurais jamais pu être soldat et pire encore, je n'aurais jamais pu en être un bon. Tuer faisait partie de ma nature ; j'étais comme un loup lâché dans la bergerie. On le voyait encore avec l'exemple de cette échauffourée. La différence fondamentale entre moi et toutes les autres personnes du coin c'était que moi, j'étais venu me battre par choix. J'avais décidé de m'impliquer physiquement dans tout ceci, alors qu'eux étaient ou suffisamment désespérés pour s'en prendre à plus faibles, ou suffisamment pris à partie pour se retrouver dans l'obligation de se défendre. Quoiqu'il se passe, cela importait finalement assez peu. L'important était qu'ils n'étaient jamais que de pauvres hères s'étant enfoncés dans une merde bien trop noire et bien trop collante pour eux. J'avais sauté dedans à pieds joints en manifestant mon enthousiasme, en parallèle de tout ceci. Et j'étais prêt à en redemander, alors que la fille me parlait de Reh. Et le pire, c'est qu'elle ne m'en disait jamais assez pour que je m'énerve pour de bon. Au fond, je ne savais toujours pas ce qu'il avait fait, ce qu'il avait provoqué. Je ne tenais pas spécialement à le savoir, somme toute. Mais il est des choses que l'on ne veut apprendre ou auxquelles on ne veut se retrouver confronter, alors qu'on en a pourtant pas le choix. En ce qui me concernait, c'était exactement dans cette situation dans laquelle je me trouvais. Je ne voulais pas avoir affaire à ce connard d'autiste mais d'un autre côté, puisqu'on l'avait réintégré dans ma chère unité... J'étais responsable de lui. Tu parles d'une chienlie ! La fille ne semble pas vouloir s'étendre sur Reh. Bon. S'il lui a mis un p'tit coup en passant, j'espère au moins qu'il l'a fait avec l'accord de la soubrette. Sinon, je jure que je lui perce un deuxième trou de balle à l'aide de bastos de neuf millimètres.


    Elle ne savait pas... Alors c'était quoi cette hésitation vis à vis de lui, ce regard dans le vague. Je sens venir les ennuis ; j'ai un talent presque inné pour ça. En fait, depuis que je suis né je sens régulièrement le danger m'étreindre. Et depuis le début de toute cette merde, c'est pire encore. Je me sens constamment menacé. Heureusement que je ne défouraillais pas à chaque fois que la sensation me prenait, sinon j'aurais réduit la moitié de la ville à l'état de simple pulpe sanguinolente, ce qui n'avait bien évidemment pas grand chose d'attrayant comme perspective. Ah, la voilà qui passe aux aveux ! Je continue de la regarder, suspicieux.



    | Normal, c'est de naissance chez lui d'être un traîne la patte et un jean foutre. |


    Ouaip. J'étais convaincu que si le mec avait eu le cran de remettre directement mon autorité en question c'était avant tout pour pouvoir exprimer la peur qui lui tenaillait les tripes. Un peu comme ces foutus clébards qu'il affectionne tant. Si vous poussez l'un d'entre eux suffisamment loin, il peut devenir agressif parce qu'il a peur. C'était, j'en étais convaincu, le cas de Reh. Certains de mes hommes désespérés. Certains avaient déserté ou s'étaient suicidés, surtout au début. D'autres comme lui jouaient au molosse avec tout le monde. Quant à la fille, maintenant quoi, elle s'étonne que je lui propose de l'aie ? Son regard se promène sur moi. Quoi encore ? Ou elle se dit que je suis plutôt beau gosse, ou que moi j'ai bouffé à ma faim. J'aime pas les foutues pouffiasses un peu trop observatrices. Mais là, je dois faire avec. Je lève les yeux au ciel à sa remarque.


    | Nous par contre, c'est tous les jours qu'on doit aider les civils au lieux de faire notre boulot. Bon. Vous me montrez le peu qu'il semble y avoir? |


    Impatient ? Carrément. Je suis un homme d'action. Attendre me donne l'impression de mourir à petit feu. La fille me parle de mon nouveau boulot de flic. Et voilà qu'on remet sur le tapis la question des réserves de nourritures. Et quoi maintenant ? Je suis soldat, pas agronome. Je sais pas faire pousser un truc, par contre je suis en mesure de faire bouffer les pissenlits par la racine à plein de gars s'il le faut. Je notais cependant un truc.


    | Si vous pensez qu'avoir plus de bras peut vous aider à produire plus en dehors des conditions climatique, y'a pas de souci, je signe. J'ai plus d'une centaine de réfugiés rien qu'à l'Eglise qui vendraient père et mère pour avoir la chance de contribuer et de manger un peu mieux. |


    Je suis la fille. Elle me demande mon prénom. Je la dévisage. Presque au tac au tac j'aurais envie de répondre « ce sera lieutenant ». je suis un militaire en opération, bordel, pas une nounou en puissance. Et pourtant je sais que me mettre tout le monde à dos dans cette ville va tous nous faire tuer. Je retire mon casque, soupirant en me grattant l'arrière du cuir chevelu.


    | C'est ça. Mais vous... Je m'appelle Philippe. Et vous ? Vous êtes pas du coin, si? |

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MessageSujet: Re: I see fire, hollowing souls. [Livre I - Terminé]   I see fire, hollowing souls. [Livre I - Terminé] EmptyJeu 6 Fév - 18:44

Si vous pensez que je n’apprécie pas l’aide de Raulne à sa juste valeur vous vous trompez. Il n’était pas le premier militaire à aider à la pépinière, et malgré les maigres récoltes l’aide d’hommes avec de vrais bras était toujours la bienvenue. C’est juste que je ne me sentais pas à l’aise autour de lui. Peut être ce qu’il dégageait. Je ne pourrais même pas vous assurer si je pensais qu’il était un type bien ou non. Je suppose qu’on ne pouvait pas le classer dans aucune catégorie, il n’était sûrement, ni blanc, ni noir, mais plus souvent en nuance de gris. Peut être les plus sombres nuances de gris. Il reprit sur un ton condescendant, traitant Alexandre de traîne la patte et de jean foutre. En effet, c’était pas la grande histoire d’amour entre eux. Je haussais les épaules. Je ne connaissais pas Alexandre en tant que militaire… du moins pas aussi bien que pourrait le connaître le soldat Raulne. Il était hostile à la présence, non, à la simple évocation de « Reh » comme il aimait l’appeler.


Il s’impatientait. En effet, c’était définitivement pas aujourd’hui, que j’allais devenir la meilleure de Raulne. Cette pensée me fit sourire. Quelle idée… Je lui montrais les quelques caisses, les pointant du doigts, ne répondant rien. Evidement qu’il devait aider les civils. On devait tous s’entraider. C’était « l’effort de guerre » d’une certaine manière. Pas la peine de s’impatienter. Raulne n’était pas du genre bavard je pouvais le comprendre parfaitement. Mais c’était pas non plus un prétexte pour être odieux. Je n’aimais pas me dire que ma première impression était la bonne, mais il ne me laissait vraiment pas beaucoup de marge de manoeuvre pour pouvoir me dire qu’il n’était pas un sale type, agressif usant de son uniforme comme signe d’autorité infinie, et éternelle. Vous n’êtes pas Dieu, on est tous dans le même gâteau. Vous êtes plus à l’avant, mais vous avez signé pour ça à la base. Qu’est ce que j’aimerais lui dire ça, mais je risquais de finir étouffer avec une des pommes de terre à m’étouffé au sol la larme à l’oeil. un spectacle plutôt pathétique, j’imagine.

Il retire son casque, et se présente. Phillipe donc. Et bah voilà, c’état pas compliqué, ça ne lui avait pas brûlé la langue ? Il me demandait mon prénom ? Je venais de le lui donné. Et il me demandait si j’étais d’ici. Non, il affirma dans sa question que je ne n’étais pas d’ici. C’était si évident que cela ?


Mh, toujours Valentine. J’habitais Paris.

Je haussais les épaules. Ma vie à Paris n’était qu’un souvenir, mon souvenir. C’était le passé. J’avais perdu toute ma famille dans cette guerre. Et je n’étais pas la seule, ne vous méprenez pas. Mais je n’avais jamais vraiment eu le temps de faire le deuil, de m’apitoyer sur mon sort et de pleurer les morts. On avait tous des fantômes dans son placard, c’était certainement pour cela que je n’acceptais pas la condescendance de Phillipe, nous avions tous souffert dans la guerre, pas seulement les militaires. J’estimais qu’avec … Phillipe, voilà que je trouvais étrave de l’appeler par son prénom maintenant… Ca me gênait presque. Ca humanisait le bonhomme. Bien sur comme tout le monde il avait un prénom, des parents, une famille, mais vous savez, le Lieutenant Raulne me semblait être de ces personnages, qui se détachait de ces valeurs là pour pouvoir achever sa mission, peu importait s’il passait pour un salaud. Dieu, voilà, que je commençais à lui chercher des excuses. Je marchais en direction de la sale de stockage. Les provisions allaient certainement partir entre aujourd’hui et demain. Ce n’était pas des denrées rares, ou vite périssables, c’était les légumes et les quelques fruits, qui tenait la route assez longtemps. Pommes de terre, navet, carotte, choux, et compagnie. Autant dire pas les produites gastronomiques. Le jour ou on fera pousser des papayes n’est pas encore venu. Je récupérais la liste de l’inventaire, regardant ce qu’il fallait vérifier avant de la tendre à … Philllipe. Décidément.

La liste est là. Il faut juste terminer de ramener les caisses, de tout vérifier, et ce sera terminé. commençais-je. Peut être que les Louisvillois ne font pas assez confiance pour laisser de réfugiés apporter leur aide. Peu importe leur nombre, on nous traite de pique-assiette, donc c’est sur que ça aide pas à vouloir porter main forte.

Je ne me considérais pas comme une pique assiette. Je gagnais durement ma part de ration. Je cherchais des astuces, pour pouvoir survivre. J’étais déterminée à vivre, pour plusieurs raisons, je ne voulais pas tombée dans l’oubli, je ne voulais pas qu’on oublie ma famille. On pouvait me traiter de pique assiette, mais au moins, j’essayais de mériter ce que je gagnais. ce n’était pas un du, sous prétexte que j’habitais toute ma vie. Une bande d’hypocrites, c’est tout ce qu’ils étaient.

Evidement que plus de bras peuvent aider. Vous savez ce qu’on dit, plus on est de fous, plus on rit. Mh… C’était peut être pas forcément la bonne citation.

Je tournais la tête vers le stock de provisions. C’était pas la grande forme, mais c’était toujours mieux que les premiers jours.

Et vous ? D’ou venez vous ?

Je supposais que ma question n’était pas indiscrète puisqu’il m’avait posé la même question. J’avais évité de m’épancher sur ma vie parisienne, estimant qu’il s’en foutait royalement et qu’il n’était pas là pour entendre les jérémiades d’une petite parisienne. Je ne cernais pas Raulne, je cherchais simplement à ce qu’il ne me colle pas sa main dans ma figure. Pour l’instant, ça semblait… plus ou moins marcher. Non ?
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MessageSujet: Re: I see fire, hollowing souls. [Livre I - Terminé]   I see fire, hollowing souls. [Livre I - Terminé] EmptyDim 9 Fév - 17:48

    J'essaie de faire avancer les choses, de bouger les lignes... les miennes, surtout. Parce que j'ai conscience d'être parfois trop rigide. Je sais que je ne me fais pas d'amis et que je suis sensé y remédier, mais les choses ont tellement tendance à se compliquer d'elles mêmes... C'est vraiment quelque chose qui m'insupporte de plus en plus. Bref. J'essayais de changer, de faire avancer les choses. La jeune femme à côté de moi semble un peu se remettre du traumatisme qu'elle a subi. Ce n'est pas une mauvaise chose, bien au contraire. Ainsi, elle est bien plus préparée que jamais à tout ce qui suivra. Se prendre quelques coups est toujours bon. Ca endurcit. Ca rend plus fort. Je ne voulais en aucun cas la brusquer, mais il fallait quand même qu'elle se remue un peu. Ce n'était pas une obligation mais si elle voulait vraiment survivre, il allait falloir encaisser aussi bien physiquement que mentalement. Et je savais que dans les deux cas, c'était quelque chose de compliqué de difficile à concevoir même parfois. Pourtant, c'était le prix de la survie. Il fallait survivre aux dépends des autres si on voulait vraiment aller jusqu'au bout. Je la laisse se reprendre, sans trop la brusquer pour le coup. Je préfère attendre qu'elle soit prête, qu'elle reprenne ses esprits et que je puisse voir ce qu'il y avait à voir dans le secteur. Ce n'était pas un défi, non, ce n'était rien de tout ceci. Mais je devais bien me rendre compte des ressources qu'il restait à exploiter dans le secteur. Sinon, on risquait de perdre du temps et pire encore, de laisser se gaspiller des vivres. Nous devions faire attention. Bref. Quoiqu'il en soit, même si j'étais en train de me remplir de toute la bonne volonté du monde, j'avais quand même l'impression que les choses n'allaient pas assez vite. Pas du tout, même. J'essayais de faire en sorte de ne pas me montrer trop pressant, mais nous savions l'un comme l'autre que cela allait bientôt arriver. La fille se désinteresse de Reh, maintenant. Elle hausse les épaules quand je le houspille. Elle ne répond plus. Je pense qu'elle a compris que ce n'était pas dans son intérêt de remettre le sujet sur le tapis. Tant pis ! De toute manière, moins je passerais de temps à déverser ma bile et plus les choses pourraient avancer dans le bon sens. Forcément, ce n'est pas toujours facile, mais je m'en fiche bien. Je dois lutter contre mon instinct de tout envoyer péter rien qu'à penser à ce type, et j'y arrive. Tant mieux.


    La fille me montre les caisses. Je ne sais pas encore quelle est l'étendue exacte de leur contenu, mais ça tombe bien je suis justement là pour le voir. La fille semble en tous cas relativement peu goûter à ma façon de me comporter. Dans le fond, je me fiche éperdument de son point de vue, que ce soit sur moi ou sur le reste. La fille me répond « toujours Valentine ». Ah oui. C'est elle qui a été cognée en plein visage mais c'est moi qui déraille. Paris. Grumpf. J'aime pas les parisiens. Mais je vais pas lui faire remarquer. Et en plus, je vais pas lui parler de cette ville qui s'est fait atomisé à coup d'armement nucléaire. Super pour engager la conversation, mais je vais éviter d'avoir encore à me fighter. Je ne parle pas d'elle, de sa vie, de sa ville, de peur d'aggraver un peu plus les choses. Leçon numéro un du tact à peu près assimilée je crois ! Je ne dis rien, ayant peur d'un nouveau faux pas. Je la laisse me guider jusqu'à la salle de stockage. Elle me monte quelques fruits et légumes. Des trucs de base, qui se cultivent relativement rapidement sous serre. Valentine récupère un papier qu'elle me tend juste après. Alors qu'elle me parle, je commence à regarder son contenu. Je retourne ensuite mon attention vers la jeune femme.



    | Bien. C'est pas Byzance, mais on s'en sortira au moins pour un moment, même si on devra probablement diminuer les rations dans peu de temps. Pour le reste, c'est tout à votre honneur de vous sentir concernée par la survie des autres en plus de la vôtre. Ce n'est pas parce que la moitié des gens du crû sont des connards qu'il faut baisser les bras. Répétez le assez souvent et vous finirez presque par vous en convaincre, vous verrez. |


    j'avais lâché tout ça d'un ton assez ironique, même s'il était clair que je ne m'en prenais pas vraiment à Valentine mais plutôt à notre situation de manière plus générale. La fille lache ce qui pourrait presque paraître pour une plaisanterie. Je lui tourne un sourire fugace.


    | Vous êtes très optimiste si vous pensez rire avec moi. |


    J'essayais de détendre un minimum l'atmosphère avec un peu de réalisme ironique. Elle me demande d'où je viens, alors que je soulève quelques cageots pour apprécier leur contenu.


    | Je viens de Lille, à la base. Mais ça fait bien longtemps que j'y ai plus mis les pieds. Ma garnison est dans le sud ouest, et j'ai passé beaucoup de temps à l'étranger ces dernières années. C'était autre chose, c'est sûr. Vous faisiez quoi dans la vie, avant tout ce merdier? |
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MessageSujet: Re: I see fire, hollowing souls. [Livre I - Terminé]   I see fire, hollowing souls. [Livre I - Terminé] EmptyLun 10 Fév - 20:52

Il m’écoute, regarde les caisses que je pointe, prend la liste, regarde la liste, et doit certainement comparer d’un coup d’oeil les contenus, pour jauger peut être je n’en avais pas la moindre idée. Il ne répondit rien lorsque je déclarais être parisienne. En même temps qu’est ce qu’on pouvait dire ? Ah Paris ? La ville qui a disparu sous un débris de cendre, de cendre, de corps et de débris nucléaire ? Oui, ma ville, ma belle ville n’était plus qu’un tas de ruines, tristesse. Je pris une grande respiration, soupirais, et repris le court de mes pensées, reportant mon attention sur … Phillipe. Impossible, j’allais définitivement pas être capable de l’appeler par son prénom. Ca me semblait profondément pas naturel du tout. ça me mettait presque mal à l’aise, pour tout dire. Je me répète n’est ce pas ?

Il remarqua que ce n’était pas Byzance, en effet, c’était le cas de le dire. J’eus un sourire léger. Et il reprit en disant que c’était tout à mon honneur d’être concernée par la survie de tout le monde ? Oh non.. j’étais bien égoïste que cela. J’aidais pour ne pas être une pique assiette comme on aimait nous appeler. J’aidais à la survie des autres pour assurer la mienne et celle d’Etienne. Je n’avais jamais pensé à cela comme il le déclarait. Je n’étais pas aussi altruiste que cela. Après avoir sortie … ma « blague » si on pouvait l’appeler comme ça, il me lâcha, que j’étais bien optimiste si je pensais rire avec lui. Pourtant, si je ne m’abuse il avait sourit. Ce qui m’avait surpris. Je ne pensais pas Raulne capable de sourire. Il est humain, mais vous savez la première impression avait été très ancrée dans mon esprit. J’avais associé à Raulne des adjectifs tels que dur, froid, autoritaire, expéditif. Mais alors souriant, non certainement pas.

Vous ne louperiez rien, je ne suis pas forcément hilarante. répondis-je distraite.

Il répondit à ma question, déclarant qu’il venait de Lille, mais qu’il n’y avait pas mis les pieds depuis très longtemps. Il était basé dans le Sud-ouest. Ca faisait beaucoup d’informations, mais au moins la conversation était cordiale, c’était assez agréable. Il avait passé beaucoup de temps à l’étranger. Une vie de militaire, je suppose. Et là, question fatidique, qu’est ce que je faisais avant tout ça, avant Louisville, avant la pépinière, avant Alexandre, avant les bombes. Très franchement, je pense que si je lui dis que j’étais danseuse étoile, il allait exploser de rire. Ou me regarder comme si j’étais folle en pensant que c’était une blague. En y réfléchissant, combien de personne était danseuse étoile, réfugiée dans un bled de Normandie à ramasser des pommes de terre et à se prendre des coups par des habitants affamés ? Une seule : Moi. J’eus un léger rire. Mais je n’avais jamais été honteuse de mon métier. Non, je ne mentirais pas, je ne donnerais pas de fausses indications, la danse c’était ma plus grande passion, toute mon existence avait tourné autour de cela.

J’étais danseuse Etoile à L’Opéra de Paris. Comme quoi, on sait jamais ce que l’avenir nous apporte n’est ce pas ? déclarais-je un peu nostalgique

Je n’allais pas répandre ma vie sur la face de Phillipe. Non le prénom, toujours pas. Mais, revenons en à nos moutons. Qu’il ne me demande pas trop de détails, parce que je n’étais pas forcément en mesure d’en donner sans passer pour une parisienne déprimée par sa vie actuelle. Etait-ce le cas ? Oui. Je relevais mes cheveux, les attachant puisqu’ils me gênaient, dégageant ma nuque et on pouvait encore deviner la trace de brûlure de balle de la dernière fois. Blessure de guerre. je levais les yeux au ciel. il devait en avoir vu d’autre. Mais personnellement, j’avais jamais entendu des coups de feu d’aussi près. Je m’égarais, encore. Mais je préférais divaguer plutôt que de penser au passé, car sinon, j’allais tirer grise mine, encore, et c’était fatigant, très fatigant de déprimer.

J’ai jamais pensé finir à ramasser des navets avec un militaire, sans vouloir vous offenser, dans une pépinière dans un village comme Louisville.

Je me baissais pour récupérer une caisse de carottes cabossées qui ne ressemblait en rien à ce que l’on pouvait trouver dans les super marchés avant. C’est terrible…C’était terrible. Il devait bien avoir un avis lui non ? Sur l’avenir des choses comment ça allait tourner, en bon ? En mal ? En plus ou moins bien ? J’étais curieuse de savoir ce qu’il pensait. Mais peut être était-ce encore un peu tôt pour aborder les questions existentielles. Restons en plutôt aux formalités.
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MessageSujet: Re: I see fire, hollowing souls. [Livre I - Terminé]   I see fire, hollowing souls. [Livre I - Terminé] EmptyMar 11 Fév - 19:32

    La fille m'observe du coin de l'oeil alors que je la regarde faire son ouvrage. Elle se demande peut être si je ne suis pas en train de contrôler son travail. Ce n'est pas du tout le cas. J'aurais le temps et les moyens, je l'aurais peut être fait. Mais pas ici. Pas maintenant. L'adrénaline qui m'a possédé tout entier pendant un bon moment ne s'est pas encore carapatée et j'ai le sang chaud. Je n'ai pas la tête à compter des picaillons, selon l'expression consacrée sensée décrédibiliser les comptables et autres financiers. Ce n'était pas mon problème. Ou plutôt si, compter et dénombrer chaque chose qui pouvait être qualifiée d'aliments dans cette ville faisait partie de mes prérogatives. Mais là, je m'assurais d'un simple coup d'oeil de la quantité contenue dans les cageots. Je laissais le dénombrement et le partage en rations aux fonctionnaires municipaux toujours en activité, chargés du rationnement et de la distribution des aliments. La fille note bien le silence qui s'installe un moment lorsqu''elle m'a dit d'où elle venait. Ben oui. Je pouvais pas trop disserter sur la beauté supposée de ce qui n'était sans doute plus d'un immense tas de cendres et de béton armé déchiqueté et éventré. Super vue, quoi. Je voulais même pas savoir à quoi ressemblait la vallée de la Seine, et ce que vivaient secouristes, riverains et employés publics sur les lieux chargés de juguler le désastre. A moins que tout le monde avait tourné les talons et avait plié bagage, ce qui me semblait parfaitement possible vue la merde noire dans laquelle nous nous trouvions. Bref. Valentine, puisque c'est ainsi qu'elle se nomme, sourit à mes paroles sans que je ne me sente insulté ; elle ne semblait pas directement s'en prendre à moi et rire à mes dépens, ce qui m'allait forcément bien plus que si cela avait été le cas. La jeune femme ne relève pas vraiment l'espèce d'embryon de plaisanterie que je lui ai faite, et je ne rebondis pas sur l'ironie qui me vient presque immédiatement à l'esprit.


    | C'est le serpent qui se mord la queue, avec deux petits rigolos comme nous, on va pas s'en sortir. |


    Ce n'était pas vraiment une plaisanterie, mais j'avais tout de même gardé le même ton un minimum taquin. Valentine m'écoute quand je lui brosse à très gros traits mon histoire ou plutôt mon parcours géographique. Elle ne semble pas étonnée, pas vraiment entraînée non plus par mon récit des plus succincts. En vérité, elle semble presque blasée. Pas forcément de ce que je lui racontais, mais de la vie en général, ce qui n'était jamais que le syndrome du survivant tel que nous pouvions l'observer sans cesse dans cette ville menacée. La fille rit doucement. Je ne sais pas pourquoi, elle semble dans ses souvenirs. Est ce que ce que je lui ai raconté a un écho amusant dans sa mémoire ? Peut être. Je ne la juge pas. On n'a pas tous des réactions très normales dans le genre de situation dans laquelle on se trouve. Valentine me dit qu'elle était danseuse étoile à l'Opéra de Paris. Je suis profondément étonné, et je laisse passer un silence. Elle avait troqué une existence exigeante mais confortable pour cette existence ci. Comme nous tous, quelque part.


    | Ah ça, putain, je vous le fais pas dire. Si quand j'étais gosse on m'aurait dit que je serais militaire, j'aurais pété de rire |


    Je soupire à ses paroles suivantes.


    | A qui le dites vous. Je ne me serais jamais vu à gérer des civils en situation de crise. Mon job, c'était plutôt d'aller en provoquer à l'étranger, d'ailleurs, ou de les « résoudre ». Vous avez besoin que je fasse quoi. Je me sens inutile, là. Je déteste me sentir inutile.|

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MessageSujet: Re: I see fire, hollowing souls. [Livre I - Terminé]   I see fire, hollowing souls. [Livre I - Terminé] EmptyMer 12 Fév - 22:15

Depuis les explosions nucléaires, je n’avais pas eu beaucoup de retour de Paris, ou même de l’extérieur, Louisville restait malgré les derniers incidents une sorte de bulle. je crois que je n’ai même pas essayé d’allumer la radio pour être au courant. J’avais peur que l’extérieur soit trop effrayant. Des témoignages de gens présents pendant les explosions, les conséquences directes de tout ça. L’extérieur était effrayant. Il reprit, rebondissant sur mon ironie. Comme quoi on allait pas s’en sortir avec nos humours respectifs. Je n’avais pas beaucoup de choses qui me permettaient de rire à gorge déployée, c’était dur dans le contexte actuel je suppose. Je haussais les épaules, non pas pour balayer les paroles de Raulne, mais surtout pur me détacher de mes pensées sur Paris et sur les restes de la ville que j’avais tant aimé.

Suite à mon annonce sur mon choix de carrière, il restait silencieux. Je le sentais surpris. Après tout qui ne le serais pas ? Mais je n’avais pas eu l’occasion de me lier aux gens de Louisville, j’essayais surtout de ne pas trop attirer les regards sur moi, et de faire ce que je devais faire, sans trop faire de vagues. Rester à la surface, me semblait déjà être un bon but. Il reprit, disant que lui aussi, il aurait bi rit, si on lui avait dit qu’il terminerait militaire étant plus jeune. Je voulais bien le croire, très franchement, je ne pouvais que le croire. J’estimais que Raulne faisait partie de ces types, qui soit terminait dans les rangs, soit hors la loi. J’arrivais très mal à comprendre les motivations des militaires à devenir militaire. Le geste noble ? Le besoin de protéger ? Servir son pays ? Une vie confortable, nourri, logé, blanchi ? Les motivations pouvaient tout de même être très vastes et très variées. Je continuais ma petite entreprise, mettant une caisses sur une autre pour gagner un maximum de place. Mais je supposais assez rapidement que ça ne servait à rien d’essayer de gagner de la place après tout, ce n’est pas comme si la pièce de stockage allait déborder de vivre. J’en avais presque un noeud au ventre, qu’allions nous faire avec cela. Il n’y avait rien, rien du tout.

J’allais pas déprimer maintenant, franchement ça devenait ridicule. Il soupire, et reprends. Son job c’était pas de gérer des situations de crise, mais d’en provoquer. voilà un aveu pas forcément très rassurant. Puis il continuait en demandant ce qu’il devait faire, qu’il se sentait inutile et qu’il détestait se sentir inutile. Je me retournais vers lui, profondément choquée par cet aveu. Il était bien trop humain, c’était presque dérangeant.

Vous êtes plus humain que ce je pensais quand je vous ai vu pour la première fois. balançais-je sans vraiment réfléchir. Le prenez pas mal, hein, c’est juste qu’on imagine pas vraiment vous entendre dire que vous vous sentez inutile.

Il n’était pas inutile. Du moins pas en ce moment. il m’avait évité un nouveau séjour à la clinique. Et m’aidait à faire l’inventaire. C’est sur que ce n’était pas aussi exaltant que ce qu’il avait pu connaître, mais nous faisons tous face à ce genre de situation.

Vous êtes pas inutile. Regardez, vous m’avez évité un nouveau séjour à l’hôpital et vous faîtes l’inventaire. Alors, je veux bien croire que c’est pas aussi exaltant qu’avant, mais si vous pensez que l’horticulture me passionne… On avait tous une vie bien plus passionnante. Il s’agit de survivre maintenant, tant bien que mal. On peut toujours espérer vivre plus tard.

Et c’était le cas de le dire. Normalement, si rien ne s’était passé, si les bombes n’étaient pas tombée, j’aurais été en train d’auditionner pour un ballet au Royal Albert Hall à Londres. Au lieu de ça, j’étais coincée dans une pépinière. Au final, je me fichais bien du Royal Hall, je me fichais bien du lieu, mais le froid, ce froid, ce terrible froid, m’empêchait même de danser ne serait-ce qu’une heure ou deux. Au moins pour me dégourdir. Non, Etienne avait été catégorique j’allais me briser quelque chose, ça ne valait pas le coup. Je soupirais. Ca me manquait, j’allais en crever à ce rythme là.

Militaire c’est l’ordre non ? C’est aussi votre travail de maintenir l’ordre, et de résoudre les conflits. Je comprends bien que vous en ayez marre d’entendre le voisin A accuser le voisin B de lui voler sa ration, mais que voulez vous, c’est les risques du métier, non ?

Je souriais, en me baissant pour récupérer une caisse. Et la mettre avec les autres.

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MessageSujet: Re: I see fire, hollowing souls. [Livre I - Terminé]   I see fire, hollowing souls. [Livre I - Terminé] EmptyVen 14 Fév - 21:31

    Les choses s'annonçaient claires. Au final si j'étais venu jusqu''ici c'était simplement pour m'occuper à l'origine et aussi et surtout pour pouvoir faire quelque chose de constructif. Cela faisait forcément beaucoup de suppositions, mais la tournure prise par les évènements avait fait en sorte de me concentrer sur l'essentiel. L'adrénaline. Encore et toujours l'adrénaline. Quoi que l'on fasse on en revenait toujours au même point c'était quelque chose d'assez récurrent dans mon existence. Dès que je m'ennuie, dès que je m'essouffle, je perds le contrôle et je fais quelque chose de stupide. Là, il n'avait fallu que deux choses pour me faire arriver là où je me trouvais. L'ennui, et la faim. Et alors quand je m'étais rendu compte que les choses étaient en train de dégénérer, bingo. Bonjour l'embrouille, bienvenue au paradis. Je m'étais jeté tête baissée sans réfléchir. Pour protéger les gens, oui. Pour ramener le calme, bien sûr. Il n'en restait pas moins que j'avais sauté sur le premier prétexte qui venait à moi pour pouvoir envoyer mon poing dans la figure d'un type et pour sentir quelques muscles se luxer et des os se tordre et rompre. Je ne disais pas ici que j'étais un pur adepte de la violence. Non. Pas à ce point là, tout de même. D'autres choses pouvaient me calmer, me contenter. Pas forcément énormément mais quand même. Bref. Maintenant, ça allait mieux. L'adrénaline refluait et la douleur des coups reçus s'installait au détriment du frisson du danger qui refluait à son tour. C'était un cercle sans fin... Et pas désagréable. On se sentait bien, fatigué mais serein, quand le combat se terminait. La jeune femme me considérait sans savoir sans doute ce que j'aurais pu faire d'autre que militaire. Cet uniforme me collait à la peau bien plus que je ne l'aurais jamais imaginé. Quoiqu'il en soit, ni l'un ni l'autre ne pouvons nier que j'aurais fait un piètre civil avec un caractère aussi emporté. La fille ne s'attend pas à ce que je lui révèle ensuite.


    | Ah. Plus humain que vous ne le pensiez la première fois que vous m'avez vu. Zut. |


    Je plaisantais, mais ce n'était pas totalement un faux semblant. Je préférais justement ne pas avoir l'air humain, je préférais inspirer la peur, le respect, la distance. Cela dispersait l'attention des gens sur des choses sans importance, les éloignant de la vérité absolue. Mon sourire se dissipe rapidement, n'en laissant plus qu'une ombre sur mon visage.


    | Y'a pas de mal. Promis, les confessions sont bientôt finies. |


    Valentine tente de me rassurer. Elle me dit que je ne suis pas inutile et que la journée, contre toute attente, a été plutôt féconde. Au moins pour moi.


    | Non, je ne vous aide pas, présentement. Et vous vous trompez dans la nuance. Nous devons toujours espérer vivre plus tard. Sinon tout ce que nous faisons en attendant n'a aucun sens. |


    Militaire égale ordre. Calcul de base dans la tête de tous les gens. Pour moi, ils étaient aveugles, bien trop complaisants à l'égard de la vérité. Maintenir l'ordre en réalité, c'était tout un travail de professionnel, de policiers ou de gendarmes. Les militaires ne maintenaient l'ordre que dans les dictatures ou les pays à problèmes, où l'état n'était pas assez fort et légitime pour survivre seul. En fait, le travail de militaire à la base, c'est plutôt l'inverse de tout ce qu'elle dit.


    | Vous nous prenez pour des flics, mais c'est pas ce qu'on est. Un flic a une matraque. J'ai un fusil d'assaut. Un flic a un uniforme pour incarner l'autorité, le mien me cache pour mieux vous tuer. Un flic a la justice à cœur, moi je suis juste là pour démolir l'adversaire. Ce n'est pas mon métier. Nous ne sommes ni équipés ni entraînés pour ça. Mon premier réflexe, mon réflexe naturel tout à l'heure aurait été de tirer sur tous ceux qui levaient la main sur d'autres gens, agresseurs ou victimes. C'est pour ça que nous ne pouvons pas rester trop longtemps ici. |

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MessageSujet: Re: I see fire, hollowing souls. [Livre I - Terminé]   I see fire, hollowing souls. [Livre I - Terminé] EmptyMar 18 Fév - 22:33

Je sentais ma joue me brûler. Le coup avait du refroidir, et la douleur n'était pas insurmontable, mais j'allais définitivement devoir piocher dans la pharmacie d'Etienne pour faire passer un mal de tête lattant. Je portais inconsciemment ma main à ma joue. J'espérais sincèrement que ça n'allait pas de voir, j'en doutais bien entendu mais ce n'est pas mal d'espérer n'est ce pas ? Surtout que je ne savais pas comment allait pouvoir réagir Alexandre si jamais un bleu se formait sur ma pompette. Je soupirais.

Raulne continuait donc d'aider broncher, il avait proposé après donc en effet je ne voyais pas comment il pouvait de plaindre. Il réagissait à ma phrase sur le fait qu'il était plus humain que ce je pensais. Ça semblait pas le vexer, du moins c'était de cette manière que je l'avais compris. Peut être même que c'était l'impression qu'il souhaitait donner. Le côté inhumain, militaire machine, impose forcément quelque chose. Que ce soit le respect ou la peur. J’imagine que les deux peuvent être tout à fait possible aussi. Il me disait qu’il n’y avait pas de mal et que les confessions étaient bientôt terminées. Je trouvais ça assez drôle de sa part de me dire ce genre de choses. Il reprit, me contredisais, en m’expliquant qu’il ne m’aidait pas. Et que je me trompais dans la nuance. Je haussais un sourcil, je ne me trompais pas de nuance, je ne comprenais pas du tout ce qu’il volait dire, c’était complètement différent. Je suppose que poser la question allait m’embarquer dans pas mal d’explication, ce dont, je n’étais pas forcément dure d’être capable à entendre, ou être attentive jusqu’au bout. Il disait qu’il fallait espérer pouvoir vivre plus tard, sinon ce qu’on faisait maintenant ne rimait à rien. C’était assez vrai. C’était même carrément la vérité. Si personne n’espérait vivre, à quoi bon essayé de survivre. Je souriais légèrement, ce simple geste me fit grimacer, j’allais avoir un bleu, ou quelque chose, et Etienne allait encore me fait un sermon, s’emportant en expliquant que ça ne servait à rien que je me tue à la tâche si c’était pour récolter ça en retour. Il avait pas tort sur le principe, mais si tout le monde pensait de la même manière, alors il n’y aurait plus personne à la pépinière, et la pénurie alimentaire serait bien plus énorme que de raison. Il est vrai qu’il est dur de travailler dans les conditions actuelles, il fait froid, les récoltes ne sont pas forcément nombreuses, un risque d’attaque est toujours présent, et les Louisvillois sont de profonds ingrats.

Il continuait, en m’expliquant, par a, puis pas b, qu’on les voyait comme des policiers. Ce n’était pas mon cas, j’avais toujours très bien compris la nuance entre la police et l’armée. Mais il se trompait en disant qu’il n’était là que pour démolir l’adversaire, c’était un cliché du corps militaire, ou alors c’était simplement, lui, en tant qu’individu, très individuel, qui était la pour démolir l’ennemi. J’avais lu, lors d’un cours d’histoire, que l’armée avait pour but de conquérir, protéger, détruire, ou défendre. Ce qui n’était pas seulement détruire. Je haussais les épaules. Et sa phrase de fin me dit frissonner. « C’est pour ça, que nous ne pouvons pas rester ici très longtemps ». J’eus du mal à déglutir. Qu’est ce que ça voulait dire ? Mon coeur se serra pendant une fraction de seconde.


C’est ce que vous voulez ? Tuer des gens ? demandais-je en soulevant une caisse. Ne prenez pas mal ma question, j'essaye de comprendre.

Ce n’était pas une question condescendante. Ce n’était pas insolent, c’était même assez … étrange comme ton. Je cherchais seulement à comprendre. Parce que c’était un cercle vicieux, tuer des gens, pour tuer gens, parce qu’il faut tuer des gens. On lançait des bombes pour tuer des gens. On faisait son devoir en tuant des gens. Ca faisait beaucoup de tuer, et peu de saveur à mon avis. La vie humaine n’avait donc aucune valeur ? Nous n’étions que des nombres, des statistiques au final. Nombre de survivants, nombre de morts, nombre de réfugiés. Elle est belle la France. Il est beau le monde.

Que vous le vouliez ou non, vous êtes la seule forme d’autorité ici. Les gens se tourneront forcément vers vous, c’est l’uniforme, qu’est ce vous voulez…

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MessageSujet: Re: I see fire, hollowing souls. [Livre I - Terminé]   I see fire, hollowing souls. [Livre I - Terminé] EmptyMer 26 Fév - 20:44

    J'en avais assez de ce rôle que je ne voulais pas, de ces buts que l'on me prêtait sans me demander mon avis. Certes. Je savais très bien que l'humain réagit pour beaucoup de choses selon le fonctionnement de la société à laquelle il appartient à un instant T. Et notre société à nous, extrêmement individualiste et déresponsabilisante, était dangereuse sous bien des aspects. Qu'il vous arrive n'importe quoi, et tout le monde dira que ce n'est pas de sa faute. Forme d'individualisme tellement poussée et tellement hypocrite, que tout ce qui peut arriver l'est forcément de la faute des autres, et que c'est à ces autres de réparer le tord que nous avions subi. Je pariais tout ce que j'avais que dans ce patelin, l'immense majorité de la population était persuadée avant le conflit que notre armée ne servait plus que les intérêts de riches industriels qui, engagés dans une course mondiale au profit, avaient besoin de troupes armées pour assurer la sécurité de leur petit business, de leurs sources de revenus. Sans doute avaient ils raison. N'empêche que cette armée protégeait ces gens au prix de sa vie. Oh, attention, je ne disais pas que nous étions tous blancs comme neige, non, pas du tout. J'avais peut être eu un violeur sous mes ordres en la personne du caporal Azarov du 1er Régiment Etranger, et je savais pertinemment que plusieurs de mes soldats, tous des vétérans aguerris d'une douzaine d'années de conflits de par le monde, cachaient de véritables natures de sociopathes. J'en étais un moi même, si je devais m'auto psychanalyser. Ce qui, vous en conviendrez, ne serait pas une foutue sinécure. Bref. Tout le monde attendait tout de nous, alors qu'ils crachaient volontiers sur notre nature même de militaire. Ne cherchez pas plus paradoxal ça n'existe tout simplement pas.


    Quoiqu'il en soit, je n'avais aucune idée de ce que pouvait bien penser la jeune femme. Suffisamment désillusionnée, elle aurait fait le plaisir de toute une armée. Contrairement à d'autres, elle ne semblait pas attendre le moindre miracle. Sa ville avait sauté, ses amis étaient probablement morts et elle vivait entourée d'inconnus vindicatifs. J'imagine que dans ces cas là on n'attend pas forcément beaucoup de choses de la vie. La fille semblait pourtant peu rassurée à l'idée que l'on parte finalement d'ici. Etait ce la sécurité que je lui avais apportée aujourd'hui qu'elle désirait, ou plutôt... Ce benêt fou dangereux de Reh ? Je n'en savais rien. Je m'en fichais, au fond. On m'a toujours appris que dans un conflit de longue haleine le principal objectif d'un officier est de limiter les pertes. C'est ce que je ferais. Rester ici nous tuera tous inutilement. Je devais nous déplacer à un endroit ou notre vie sinon notre mort, nous permettraient de tenir un peu plus longtemps et surtout d'être utiles à quelque chose.



    | Oui. C'est à ça que je sers. |


    C'était une question piège ? Tuer m'était coutumier. J'étais comme tous ces retraités de l'armée, qui, encore dans la force de l'âge passée la quarantaine s'engageaient au bout de six mois de retraite militaire dans une boîte de sécurité privée pour aller casser du rebelle dans un quelconque trou paumé d'une poudrière mondiale. J'en connaissais un comme ça, un ancien capitaine. Accro et sa famille s'étant tirée à son retour, il avait rempilé. La dernière fois que je l'avais vu, il m'exposait son tableau de chasse en Centrafrique comme un camé détaille ses meilleurs shoots. Je ne me voyais pas vivre autrement, je n'avais aucun talent pour la paix. Je déplace quelques caisses, rassemble des aliments de même nature dans les mêmes pour éviter de se trimballer des cageots à moitié vides.


    | C'est ça qui vous a botté chez Reh ? L'uniforme ? |


    J'essayais de détendre et dévier la conversation, même si ma voix se mua très vite en quelque chose de corrosif.
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MessageSujet: Re: I see fire, hollowing souls. [Livre I - Terminé]   I see fire, hollowing souls. [Livre I - Terminé] EmptyVen 28 Fév - 13:06

Quelque part je sais que je crois que je n’aurais plus jamais la vie que j’ai eu. Un constant qui me semblait amère, injuste et triste. C’était terrible d’abandonner l’idée d’avoir été entourée toute sa vie, d’avoir vécu des passions, d’en vivre, d’en profiter, tout ça en réalité, pour moi c’était terminé. Une époque révolu, le passé. Je ne voyais au final pas quel genre de futur j’avais. Avant, il était trop tracé, ramé d’embuches, certes, mais presque certains. Il suffisait de la folie des Hommes pour tout balayer à coup de bombes nucléaires. Je soupirais. Pourtant, je continuais, cherchais à vivre dans l’espoir de quelque chose. Pas grand chose certainement. La question était, qu’était-ce ? Aucune idée. Du moins pour le moment j’imagine. Je sentais ma joue se crisper, définitivement un bleu, un beau, même je pense. Raulne devait en avoir vu d’autre, et se plaindre devant lui me semblait un peu déplacé. Je respirais tranquillement, et reprenais le fil de mes actions. Prenait une caisse pour l’enfilé sur l’autre. J’étais vivante c’est tout ce qui m’importait pour le moment.

Oui, c’est à ça que je sers. C’est ce qu’il me répond. J’avoue que bizarrement sa réponse avec un ton presque officiel ne m’étonnait pas vraiment. Je m’attendais pas non plus à une réponse aussi neutre. Je haussais les épaules, bien complexe le personnage de Raulne. Je me demandais véritablement si le type n’était pas ce qu’il apparaissait être. Il continuait de s’occuper des caisses, sans rien dire pendant un moment. Et d’un coup, sortit de franchement, et très franchement nulle part. Me demandant si c’était ce qui m’avait botté chez Alexandre, suivit d’un corrosif : l’Uniforme ? Et bien très franchement, si je ne me l’attendais à celle là. Au moins c’était clair et net, et puis franc, n’oublions pas franc. Le ton partait bien, et puis je pense qu’à la simple évocation de « Reh » fallait que ça sonne assez corrosif, presque dur, du moins je l’interprétait comme ça. Sur le coup, bizarrement, je l’avais regardé en me penchant prenant une caisse pour me relever et me tourner vers lui. Fallait quoi je rigole ? C’était pour dévier le sujet sur moi, et moins sur lui ? Que voulait il entendre ? Que j’étais une petite poule de Paris, qui cherchait du réconfort auprès d’un militaire. Si j’avais su, la première fois que j’avais rencontré Alexandre qu’il était un militaire, Je pense que les choses auraient été différentes. Moi qui pensait avoir réussit à échapper à une conversation sur Alexandre c’était loupé. Je soupirais, le regardant, me demandant véritablement ce qu’il attendait comme réponse. Dans une autre vie, je me serais peut être montrée aussi corrosive.

Au moins, vous êtes francs. commençais-je sans vraiment répondre à la question.

Je pouvais bien éluder la question, mais bizarrement, je doutais que cela me rende service. Mais je n’avais aussi aucune envie de parler de cela avec Raulne. Je ne le connaissais pas, et cette question me semblait aussi incroyablement familière. Je continuais ma besogne, je suppose qu’il attendait une réponse. Et je n’en ai pas de bonne à lui donner. Je pouvais passer pour la réfugiée un peu facile, qui cherchait du « réconfort » auprès d’un militaire… contre je ne sais quel service ou privilège. Je me rendais compte que c’était certainement ce qu’allais penser les gens non ? Voilà une chose à laquelle je n’avais pas pensé. C’est ce qu’il pensait ? Je haussais les épaules, j’étais bien trop fatiguée pour penser à tout cela. Mais cette idée s’était bien entendu plantée dans ma tête.

L’uniforme ? Non pas vraiment, non. répondis-je simplement.

Je soupirais, posait une nouvelle caisse sur une autre. Je regardais ensuite la liste des choses qu’il fallait stocker, aujourd’hui, pour la distribution qui devait avoir lieu dans la semaine. Tout ce qu’il fallait espérer c’est que la distribution se passe dans le calme. Ce qui selon moi n’arriverait pas, surtout si l’on en croit l’évènement du jour. Si Raulne, ne voulait pas faire la police, il allait devoir trouver un autre job que militaire dans cette ville. Je haussais les épaules.

Vous êtes toujours aussi peu aimable, ou parfois vous faîtes des efforts ?

la tâche d’empiler les caisses pour le stockage était plus qu’ingrate. Toutes les tâches à la pépinière était plus ou moins ingrate. Mais le stockage, c’était certainement ce que j’aimais le moins.

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MessageSujet: Re: I see fire, hollowing souls. [Livre I - Terminé]   I see fire, hollowing souls. [Livre I - Terminé] EmptyMar 4 Mar - 13:30

[H ne t'en fais pas c'était très bien, c'est vrai que je t'ai pas des masses ouvert le jeu]


C'était quelque chose de compliqué pour quelqu'un comme moi d'essayer de faire du social, de se lier aux gens même d'une manière relativement ténue. Je n'avais tout simplement pas cet instinct d'aller vers les autres, et on le voyait très bien cela ne me réussissait pas des masses. Ce n'était pas tant que je n'étais pas capable d'y arriver que cela me demandait des efforts véritablement conséquents. Je n'étais pas ravi en sus, de me rendre compte à quel point je pouvais peiner pour me rendre estimable aux yeux d'une personne qui m'était étrangère. Je n'avais décidément aucun talent pour cela. Autrement, ce n'était pas forcément de la mauvaise volonté de ma part, c'était juste que la mauvaise appréciation que j'avais de mes propres efforts nuisait à mon désir d'aller plus loin et de le faire correctement. Ce qui ne m'empêche pourtant pas de continuer cette conversation tant bien que mal. Je n'étais pas sûr pour autant de revêtir un visage particulièrement humain aux yeux de la jeune femme. Peut être devrais je plutôt y aller doucement au jeu des confidences ou je sentais que cela allait me retomber dessus. Pas sûr que ça me fasse plaisir que d'autres personnes usent contre moi de ce que je venais de dire sur le rôle des militaires, sur ce que je souhaitais faire avec mon groupe et du besoin viscéral de me rendre utile que je pouvais ressentir. J'osais espérer que la petite parisienne avec qui je discutais saurait se montrer suffisamment discrète pour éviter que ce genre de bruit ne se propage. Je croisais déjà les doigts, ne voulant pas pour autant la brusquer pour éviter une déconvenue.


La fille hausse les épaules, et je pense que je l'ai mise mal à l'aise avec toutes mes histoires de soldat, de devoir et de mort. Elle ne doit pas y être familiarisée, c'est le risque lorsqu'on est militaire en opération et que l'on côtoie des civils qui n'ont jamais rien connu d'autre que le confort de vie très occidental qui gouvernait nos vies. Cette relative sécurité de tous les instants que l'on était en droit d'attendre de la part de la société nous protégeait de beaucoup de choses, y compris de la brutalité qui pouvait être coutumière dans certaines parties du monde. Par contre, sa gêne fut bien vite remplacée par la perplexité voir par une certaine fureur contenue. Elle me regarde et soupire ; elle n'a visiblement aucune intention de discourir plus longtemps sur ce sujet que j'ai d'ailleurs remis sur le tapis de manière très brutale. Elle me dit que je suis franc, au moins. Je ne sais pas du tout comment je dois le prendre.[/i]


| Euh, merci. | fut tout ce que je trouvais à répondre.


je continue à rassembler les tubercules encore un peu terreux, et elle me répond que ce n'était pas vraiment l'uniforme qui l'avait attirée chez Reh. Je n'étais pas surpris, mais dans ces cas là j'étais dubitatif de la réponse qu'elle pourrait me faire ; je ne voyais vraiment aucun intérêt à entretenir une relation avec un cancrelat pareil. Je ne poussais pas plus loin, jusqu'à ce qu'elle me demande si je suis toujours aimable. C'est à mon tour de soupirer et de poser ce que je portais.


| Ecoutez, je suis désolé si je vous ai brusquée, sincèrement. Je fais ce que je peux pour que les choses aillent le mieux possible, ici, et ce n'est pas facile. Je suis désolé que mes « efforts » ne vous conviennent pas, je n'en ai pas d'autres à fournir et je le regrette. |


je contemple ce qu'il reste à trier et soupire à nouveau.


| Je vous enverrais deux hommes pour porter tout ceci en ville pour les prochaines distributions. Si vous avez de nouveau des problèmes avec les locaux, vous n'hésitez pas à venir nous voir. Je suis désolé aussi, de ne pas être arrivé plus tôt. Je vous laisse tranquille ; mes hommes prendront le relais après. |


Je lui adresse un ersatz de salut en posant mon index et mon majeur sur le coin de mon front, avant de prendre congé.
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