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MessageSujet: Toi?! Excuse moi ! [Livre I - Terminé]   Toi?! Excuse moi ! [Livre I - Terminé] EmptySam 11 Mai - 11:47





Toi !? Excuse moi!
Louise & Lucas
«Qui a raté ses adieux ne peut attendre grand-chose de ses retrouvailles.»




Se souvenir. Pourquoi se souvenir est-il une chose si simple et pourtant si difficile? Certain souvenirs semblent plus dur à enfuir que d’autre. Certain ne veulent pas nous revenir alors que nous le désirons plus que tout et d’autre, que nous voulions garder sous sceller ressortent lorsque nous nous y attendons le moins. Pourquoi les souvenirs sont-ils si durs avec ses possesseurs ? Pourquoi cette mémoire fragmentée ? Je n’en avais pas la moindre idée mais le poids de ces absences et de ces présences me soufflaient le confort de mon coma. Osciller entre le monde réel et celui implacable de ma cervelle endolorie me fatiguait davantage qu’une journée sous les tirs ennemis. Je regrettai presque mon état handicapé provisoire qui ne me permettait pas de tirer dans les ailes de certains militaires.
Mon monde s’était écroulé six jours auparavant. Peu me dirais-vous ? Et je ne perdrais pas mon temps à vous clamer le contraire. Toutefois en six jours beaucoup de choses pouvaient changer en temps de guerre et c’est ce qui était le plus inquiétant pour moi. Je connaissais très bien les manœuvres autorisées et prévues de l’armée en cas de crise ce qui n’arrangeait pas mon état d’anxiété. Annabelle m’avait expliqué que j’étais apparu 17 jours après le début des assauts. Le temps défilait trop vite. Mon frère n’était toujours pas apparu et cela faisait, en ce jour, 23 jours. 23 jours d’errance assurée et de décès potentiel. 23 jours de survie. Avait-il seulement trouvé un lieu où se réfugier ? Avait-il seulement encore des hommes avec lui ? Je le connais assez bien pour savoir qu’il n’aurait jamais abandonné si un seul espoir perdurait. Il a cette force en lui.


L’espoir me tenaille et même temps que mes souvenirs me frappent à chaque pas que je fais dans les rues. Mon mollet me lance mais je l’occulte comme je l’ai toujours fait. Je pense tourner en rond. Je clopine à droite à gauche dès que je le peux. Les gens me regardent de travers. Personne ne semble me reconnaitre et c’est tant mieux. Je préfère rester un anonyme, un étranger surtout aujourd’hui. Je n’ai pas voulu récupérer mes affaires, pas encore, je n’en avais pas besoin. Me confronter aux autorités ne m’enchantaient guère et m’expliquer encore moins. Je tournais en rond. C’est ce que je pensais mais mes pas finirent par retomber dans le silence. Je levai la tête. Le ciel était orangé, une couleur loin d’être naturel, les arbres semblaient vouloir se cacher sous terre et les animaux se faisaient trop silencieux pour ce monde. L’écoulement d’un ruisseau me fit tourner la tête.


Se souvenir. Pourquoi se souvenir est-il une chose si simple et pourtant si difficile ? Je me retrouvai face à un passé que j’avais espéré éviter. Le lieu de mes craintes se présentait devant moi. A la mort de mon père, je n’avais plus souhaité venir dans cette ville et, plus largement, je n’avais plus voulu m’approcher d’un quelconque souvenir de ces moments passés dans cette maison, en famille. A la mort de ma mère, c’était une idée si encrée en moi que je n’avais même pas voulu parler de la succession de cette maison.


Radical ? Peut-être mais nécessaire comme aujourd’hui, je me rendais compte que je n’avais plus le choix. Que mes pas portaient un message important, que je me devais de regarder les choses en face et principalement ces souvenirs de familles réunie autour de la longue table en bois que mon père avait façonné avec mon Grand Oncle. J’avais besoin d’un foyer le temps que les choses se passent. Je réalisai que si demain je devais mourir, je préférai partir avec la porte de mes souvenirs de nouveaux ouverts.


Je souris. Je me rendais compte de l’inutilité de mes actes en même temps que de l’étrangeté du cerveau humain. Les souvenirs que je voulais garder en moi espéraient sortir de la cave et ceux que j’essayai de récupérer depuis 6jours restaient calfeutrer dans le trou abyssal de ma mémoire. Prenant mon courage à deux mains, je passais le petit pont que j’avais construit avec mon frère et fit le tour de la maison pour me retrouver face à l’entrée. Le temps était passé mais la maison semblait encore en bonne état. Des plaques de bois étaient clouées sur les fenêtres, la peinture était écaillée, une vitre était cassée à l’arrière de la maison et la nature semblait avoir repris ses doigts sur les terres de mon Oncle et sur sa maison. Je fis un tour sur moi-même et compris que si nous nous n’y attardions pas, de la route, on voyait à peine la maison cachée derrière les arbres et les hautes herbes. Une vraie forteresse avec sa vue imprenable et son ruisseau sur l’autre côté. Mon sourire s’agrandit.


Les planches fixées sur la porte avaient subi assez de dommage pour qu’on puisse passer en forçant un peu. L’une d’elle tomba sur le sol lorsque je la tirai, je la posai sur le côté et entrai. Je fus surpris par la clarté de la pièce après toutes ces années. Des draps blancs reposés sur les meubles, les araignées avaient fait leur nid dans les angles du haut plafond mais le salon était resté le même comme suspendu dans le temps. Un vertige me prit à l’arrivée de souvenirs partagés dans cet espace. Je remarquai que l’un des fauteuils n’était plus recouvert de son drap mais qu’il n’était pas non plus poussiéreux. La colère me vint, aucune personne en ce monde n’avait le droit de fouler le sol de cette maison temps de crise ou non. Je fis le tour sur moi-même inspectant le reste de la pièce et écoutant les bruits alentours. Rien ne me vint me faisant desserrer ma poigne sur ma béquille. Ce fauteuil était celui de mon Oncle, il ne supportait pas qu’on s’y affale. Évidemment, c’est ce que je faisais dès que j’en avais l’occasion en particulier lorsque je me mis avec… Non. Certains souvenirs n’étaient encore près à ressurgir. Pas encore.


Au bas de l’escalier, une barre de fer que je laissai là avant de grimper sur la mezzanine qui donnait sur les chambres et le salon en contre bas. Cette maison était vraiment magnifique. Plus jeune, avec Thomas, nous nous planquions sur cette partie de la mezzanine pour espionner en contre bas puis nous courions nous cacher dans le grenier si un adulte nous repérez… ce qui arrivait à chaque fois évidement.
J’entrai dans la chambre que je partageais avec mon frère. Les draps recouvraient les meubles mais je devinais chacun d’eux me replongeant 15 ans plus tôt. Bataille d’oreiller, fou rires, bagarres, bataille d’eau, pleures, premier baiser, cette chambre avait tout vécu que ce soit avec mon frère, moi ou avec nous deux. Elle renfermait des secrets aussi grands qu’un enfant pouvait le juger. Je me souvenais de toutes les actions, le verrou de la fenêtre avait sauté lorsque ma tête l’avait rencontré, la rayure du mur à droite avait été faite par mon frère qui voulait dessiner une fresque sur celui-ci, sous le chevet, une petite planche était mal fixé, sous celle-ci une boite au trésor. Elle gardait cachée le souvenir des meilleurs moments d’enfants passés par ici. Même … même « elle » avait mis sa marque dans cette boite. Bien plus qu’une marque d’ailleurs…

Je me baissai pour soulever le chevet lorsque quelque chose d’inattendue arriva…


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MessageSujet: Re: Toi?! Excuse moi ! [Livre I - Terminé]   Toi?! Excuse moi ! [Livre I - Terminé] EmptyDim 12 Mai - 10:08

Echapper, ma vie se résume à ça - si on peut appeler ça une vie. Je veux échapper aux regards inquiets, oppressants de ma mère, à ma multitude de souvenirs, à ma douleur, à ce cauchemar. Le sommeil est la meilleure fuite à ce calvaire mais parfois, il se fait traître et dans ces cas-là, je cherche une autre solution que celle qui m’a ramené ici, à Louisville. Mes idées morbides cheminent à l’instar de mes jambes qui me supportent à peine jusqu’à certains recoins de la ville. Je ne supporte plus les gens, leur façon de parler, de m’observer, de rire à gorge déployée. Déjà auparavant, quand j’étais adolescente et relativement heureuse, je ne pouvais pas supporter cette petite bourgade où tout le monde avait une opinion sur chaque habitant. J’ai toujours préféré me fondre dans la masse, qu’on me laisse tranquille. Mon histoire n’était pas la plus dramatique à l’époque mais tout de même. La pauvre petite fille dont le père ne s’occupait jamais, qui avait claqué la porte en laissant sa mère dans les dettes. Les ragots allaient toujours de bon train ici. Heureusement pour moi, la guerre éclipse tous les autres thèmes en ce moment. Enfin heureusement… Les remarques glissent plus sur moi qu’avant mon… accident. Ma génitrice appelle ça comme ça. Elle préfère penser que le couteau est tombé tout seul sur mes veines plutôt que de croire que je m’en suis servie moi-même. Par égard pour elle plus que pour les autres, j’ai pris soin d’envelopper la cicatrice sur mon poignet d’un vieux bracelet en cuir que je portais plus jeune. Il ne recouvre pas la totalité mais assez pour que ça passe inaperçu. Je crois qu’elle tente d’oublier dans quel état elle m’a retrouvée et je ne peux pas la blâmer de ça. Etre avec elle… C’est une pression permanente. Elle guette la faille dans mes moindres mots, mes moindres gestes. Je dois mentir et jouer un rôle à longueur de temps. Maintenant, elle s’est mise en tête de me trouver un job ici pour que je sorte plus de la maison, que « je me change les idées ». Elle ne réalise pas que ce n’est pas l’extérieur, là où je me situe qui changera l’intérieur. Mon esprit restera toujours aussi noir que du charbon tant que je respirerais. De toute manière, avec ce qui se passe actuellement, on va tous y passer et prochainement à mon avis. Jusque-là, je tiens et je tente de satisfaire les attentes de celle qui m’a élevé.

Aujourd’hui, j’ai vraiment besoin d’oublier. Ca fait plus de sept mois jour pour jour que mon histoire avec Hugo s’est terminée. Joyeux anniversaire de rupture. A l’intérieur de ma poitrine, mes succubes se délectent et je me mords les lèvres frénétiquement pour ne pas éclater en sanglots au milieu de la rue. Mes pas me mènent bien vite vers un abri que j’ai déjà squatté lors d’une errance similaire à celle-ci. C’est drôle finalement parce que cet endroit me rappelle à quel point j’ai pu être insouciante et heureuse à une certaine époque. Ça m’écorche un peu de me perdre dans cette période glorieuse mais étrangement, là au cœur de la vieille bâtisse, je me sens intouchable. C’est un refuge comme un autre, un endroit où personne ne viendra me trouver ou me troubler. Je me sens comme un chaton abandonné cherchant un toit pour l’abriter. Je sais exactement par où passer. Les planches ne sont pas bien solides, plus personne ne vit ici depuis si longtemps. Je suis plutôt fine – voir trop fine, et je réussis à me faufiler sans encombres. Je replace tout derrière mon passage pour qu’on croie toujours l’endroit désert. J’avais cru pendant un moment qu’ils y placeraient des réfugiés mais finalement, ils ont dû croire l’intérieur trop insalubre. Ça m’arrange bien. Je me faufile à l’étage. Ici tout est à mon image, je suis dans le même état que cette maison. La poussière encrasse mes poumons, ma tête, il fait aussi sombre dehors que dedans. Je ne suis le reflet que d’une existence morte comme cette demeure qui autrefois accueillait la vie et son agitation dans son plus simple appareil. Je suis une entité déstructurée, un fantôme et le climat de ce lieu s’accorde avec moi en tout point.

Bien sûr, revenir ici à son prix. Tout a un prix, une douleur particulière lié à un certain souvenir. Je ferme les yeux sur celle qui lance quand je mets les pieds dans les entrailles de cette vieille bicoque. Je m’avance vers l’escalier que je grimpe pour atterrir dans l’une des chambres – au hasard toujours au hasard, je balance les draps et les grains de poussière en bas du lit avant de m‘allonger. Je me demande si il a survécu. Oh il était tellement buté… Avec sa tête dur comme de la pierre, il doit sûrement se la couler douce quelque part. Et ça me fait mal. Lui aussi, il m’a laissé. Tout le monde a droit au bonheur. Pas moi. Deux, trois larmes s’éteignent sur ma joue alors que je sombre dans ma fatigue. Des bruits me réveillent quelques heures plus tard. Je suis toute courbaturée. Je me relève instinctivement, la mine toujours endormie, les traits bouffis pour en analyser la provenance. Je me sens piquée à vif car un inconnu s’est permis de venir s’immiscer dans ma bulle. Jusqu’à ce repère, on vient me déranger, me forcer. Le désespoir se manifeste sous plusieurs formes mais les deux phases les plus récurrentes chez moi sont l’absence d’énergie totale ou la colère folle. La deuxième option s’adapte à cette situation. Je n’ai pas peur. Je n’ai plus peur de rien parce que je n’ai plus rien à perdre. Je ne veux plus exister, donc je ne suis pas effrayée à l’idée que cette enveloppe vide subisse le moindre coup ni touche à sa fin. J’embarque mon sac et silencieusement rejoins la source du bruit. J’évolue lentement, économisant mes forces pour exprimer ma rage à l’encontre d’un visiteur illégitime. Je m’approche de la chambre – sa chambre pour découvrir un homme agenouillé. Je ne vois pas son visage et je m’en fiche de le voir d’ailleurs. J’attaque directement balançant mon sac sur sa tête.

« Vous n’avez rien à faire ici ! »

J’assène un second coup en réalisant qu’il s’apprêtait à voler quelque chose. L’ancienne Lou est plus dépitée que moi et c’est elle qui mène la danse en fichant un troisième coup sur le crâne de l’inconnu. Cette horde de souvenirs a beau m’engloutir, je refuse qu’on y touche.

« Ne touchez pas à ça! »

Je suis alors loin de me douter que celui que je martèle de coups est le propriétaire de ces objets...

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MessageSujet: Re: Toi?! Excuse moi ! [Livre I - Terminé]   Toi?! Excuse moi ! [Livre I - Terminé] EmptyDim 12 Mai - 13:29





Toi !? Excuse moi!
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«Qui a raté ses adieux ne peut attendre grand-chose de ses retrouvailles.»





Se souvenir. Un concept instable dont on ne relève pas forcement entier. Faut-il vraiment se souvenir de tout pour vivre une vie meilleure ? Est-il vraiment indispensable de savoir, de connaitre, chaque instant de sa vie sans moment de flou pour aspirer à une vie posée ? Faut-il faire le point sur soi en connaissance de cause ? Ne serait-ce pas mieux d’oublier ? De tirer un trait sur tout ce qui nous avait fait souffrir et partir sur autre chose ? Ne valait-il mieux pas faire « comme si de rien n’était » et avancer pas après pas ? Certaines choses n’étaient pas forcement bonne à savoir ni à se souvenir. J’avais pris le parti, depuis longtemps, qu’il valait mieux cacher ce qui n’était pas bon pour soi. Jusque-là, cette tactique ne m’avait pas desservie. L’idée était de ne pas se retrouver face à ceux-ci, toujours éviter, garder en soi, ne plus y penser, faire « comme si » et finir par se convaincre que tout ceci n’avait pas existé. N’avait pas eu lieu. J’étais devenu maître en la matière. Eviter ce qui fait mal. La douleur physique ne semble pas me faire peur mais la douleur psychologique, elle, elle m’est encore insoutenable. Qu’importe l’homme fort que nous sommes si notre mental ne nous suit pas, la mort peut arriver vite et le relâchement peut avoir raison de nous.

Ce visage, ces yeux, cette bouche. Certains souvenirs ne doivent pas remonter à la surface et ne le peuvent pas sauf si… sauf si nous nous retrouvons face à eux.

En entrant dans cette maison j’ai laissé ouvert une trappe que j’avais scellée 8 ans auparavant, raillant de ma vie ces souvenirs et certaines personnes de ma mémoire. J’avais gardé certains souvenirs de jeux dans la ville, souvenirs qui ne me blessaient pas mais d’autre avait été mis de côté en particulier ceux qui concernaient ma famille perdue et elle. O jour maudit, pourquoi m’envoyer tout cela ? Je ne sais pas. Faire un pas en avant, dix en arrières n’était pas vraiment mon genre mais aujourd’hui, en cet instant, j’hésitai à partir en courant sans me retourner. Tout plutôt que cette situation. Tout plutôt que ces images. Les premiers souvenirs étaient doux et auraient pu continuer de l’être mais voilà, quelque chose d’inattendu avait fini de m’achever.

Un sac. Un sac rencontra le haut de mon crâne. Sous l’attaque je baissai ma tête, me retournai de ¾ et levai un bras pour me protéger. Entre deux coups, deux cris. L’un me poussait dehors dans l’idée que je n’avais rien à faire ici, ce qui était plausible : qui aurait cru qu’un fils Asling repasserait par ici pendant ces temps incertains ? Personne, nous sommes d’accord. L’autre défendait quelque chose de plus précis. « Cela ». Qu’était-ce ? Je me contractai sur la boite que j’avais entre les mains tout en me courbant sous le 4e coup de sac. Ma boite ? Pourquoi défendre ma boite ? Et puis, si on ne connaissait pas la cachette, il était très difficile de tomber dessus. Une petite voix faisait assaut contre une partie de mon cerveau. Cette voix. Un lointain souvenir se rapprochait de moi alors que je me retournai, boite en mains…

Ce visage, ces yeux, cette bouche. Certains souvenirs ne doivent pas remonter à la surface et ne le peuvent pas sauf si… sauf si nous nous retrouvons face à eux.

Que…

D’autres coups martelèrent mon bras. Je me demandais vaguement si elle continuait d’agresser le fouineur ou si elle continuait uniquement sur moi. J’attrapais le sac, légèrement excédé par ces coups, et le tirai vers moi dans l’idée qu’elle le lâche, ça n’a pas vraiment marché. Elle partie avec celui, directement sur… sur moi. Je la rattrapai et basculai en arrière. Un cri se fit entendre. J’attrapai ses mains.

C’est moi ! C’est Lucas ! Que… que fais-tu là ?

Réalisant l’improbabilité d’une telle rencontre, je n’arrivai pas à m’en remettre. Ma Lou était en face de moi. En fin, Louise, Louise de Louisville était affalée sur moi et venait de me frapper avec son sac, ce qui, en soit, lui ressemblait bien. Un sourire atterrit sur mon visage et ce contre toute attente. Mes souvenirs la concernant restaient bloqués et encore plus les idioties que j’ai pu faire à l’époque mais je savais que ce n’était qu’une question de seconde. Là, tout de suite, l’inquiétude me gagnait alors que je me souvenais de l’enfer qu’était le monde depuis 23 jours. Je mis mes mains sur son visage et la regardai attentivement.

Ça va ? Tu n’as rien ? Comment… Comment tu es arrivée jusqu’ici ? Sûr que ça va ?



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MessageSujet: Re: Toi?! Excuse moi ! [Livre I - Terminé]   Toi?! Excuse moi ! [Livre I - Terminé] EmptyDim 12 Mai - 15:31

Se défouler. Une activité que j’use rarement ces derniers temps, j’ai peu de place pour l’énergie vu le peu de nourriture que j’avale depuis plusieurs mois. Sept pour être exacte. Et puis, on dit aussi que la dépression peut faire ça parce qu’apparemment c’est ce que je suis, déprimée. Les gens adorent coller des étiquettes et nommer toute chose. Ça doit les rassurer. Je n’ai jamais compris en quoi c’était rassurant d’être fiché dans une certaine case. Déjà à bout de souffle par ces trois coups portés, je baisse ma garde et je crois entrapercevoir le visage de cet homme mais je crois que mes souvenirs se sont superposés à cette réalité car ce sont les traits de Lucas qui me fixent. Je suis alors soudainement tirée vers l’avant. Je ne peux pas lutter contre cette force, je n’ai même pas le temps de me rattraper, me voilà déjà allongée contre cet étranger. Je relève automatiquement la tête vers mon agresseur – ironique de le qualifier comme ça alors que j’ai été la première à frapper ? Et alors ? Je me crois sujette à une hallucination grandiose. Je suis peut-être devenue psychotique. En même temps, j’ai arrêté mes anti dépresseurs abruptement il n’y a pas si longtemps. Je n’ai pas suivi les recommandations. Oui, je blâme encore l’aspect médicamenteux de ce phénomène quand il se met à me parler. Est-ce qu’on peut être sujet à des hallucinations auditives aussi ? Comment pourrais-je le savoir ? Je n’ai pas eu de cours assez détaillés là-dessus. Je reste sous le choc de cette chute, de ce visage et de tous ces souvenirs qui me clouent au sol à l’instar de ce type. Il bredouille son prénom et je crois à une sale blague. Le Destin me joue sa pire farce. D’abord Antonin, maintenant Lucas ? Le Monde s’écroule et on me les envoie ici ? C’est quoi ce délire ? Mes nerfs vont lâcher, je le sens. Pour l’instant, je suis pétrifiée, horriblement pétrifiée. J’ai encore plus peur de lui que de mon ancien ami d’enfance. Parce que lui il m’a blessée et qu’il me rappelle autant la joie la plus extrême que le malheur. Il superpose mon ancienne plaie à la nouvelle et je ne pourrais pas endurer deux deuils à la fois, je le sais pertinemment. Ce que je fais là ? Mais c’est à lui qu’il faut poser la question. Jusque-là, je reste figée contre lui, dans des bras qui m’ont déjà serrée. Mais surtout dans des bras qui m’ont rejetée.

Puis il sourit. Et c’est ce rictus qui me sort de mon coma. Dans un premier temps, mon visage se crispe sur une expression à mi-chemin entre la colère et la souffrance. Puis, il place ses deux paumes sur mes joues, comme si… Comme si je lui appartenais toujours. Et il ose me demander comment ça va ? Il s’en soucie ? Mais il est presque une décennie en retard. C’en est trop. Je le repousse de toutes mes forces, écartant ses mains de ma peau violement, lui fichant un coup de coude à la suite pour qu’il me relâche. Je roule sur le côté pour atteindre le plancher et me recroqueville dos à lui, quelque chose comme une minute. Je ravale des larmes – ce que j’en ai marre de pleurer, je dois rassembler ce qu’il me reste de courage. Je le dois. Alors je me tourne toujours couchée vers lui, rien que de le regarder ça me lacère les entrailles. Sans comprendre ce qu’il me reprend, je lui redonne un coup de pieds dans le tibia.

« Espèce… espèce de… »

Je m’assieds alors, reprends mon sac un peu plus loin et lui donne deux autres coups à l’épaule. Il est censé être sur une plage, avec un cocktail, rigolant face à la fin du Monde. C’est tellement plus facile de le haïr en l’imaginant comme ça, détestable et insensible comme l’homme qui n’a même pas eu le cran de me quitter. J’en viens à penser qu’il est là uniquement pour m’ennuyer. Tout est brouillé. Mes émotions, mes pensées, ce que je vais faire là maintenant, ce que je vais lui dire. Je ne sais même plus si je veux partir, le démolir ou bien juste le contempler. Je ne sais plus non plus si celle qui le regarde c’est moi ou l’ancienne Lou. Dans tous les cas, nous sommes tellement mutilées toutes les deux par un amour avorté que ça ne change pas grand-chose.

« De quel droit es-tu revenu ici ? Tu peux me le dire ? »

Je ne sais même plus si je lui fais payer ce qu’il m’a fait ou ce que l’autre m’a fait mais je le frappe une troisième fois avec ma sacoche avant de me remettre debout, vacillante dans un premier temps, je m’agrippe au meuble le plus proche. Il a la boîte, je m’en rends compte. Je n’ai pas envie qu’il l’ouvre. C’est comme la boîte de Pandore, tout ce qui en ressortira sera mauvais. Même l’espoir, c’est une mauvaise herbe qui s’insinue pour vous laisser encore plus endolori. Je sais qu’il y a là-dedans une lettre qu’il n’a pas lu et je me souviens mot pour mot ce que j’ai couché sur le papier. J’ai envie de la déchirer. S’il la sort, je jure de la déchirer. Je n’ai pas envie de me replonger encore dans ce passé. Celui qui est mort, que j’ai définitivement assassiné avec mon désespoir. C’est comme contempler quelque chose d’inaccessible et de magnifique, contempler ce qui nous a appartenu et ne reviendra plus jamais. De la mélancolie et dans mon cas, de l’affliction à l’état brute. C’est comme ça que j’envisage ces « retrouvailles ». Un peu plus de sel à ajouter à ma blessure, un peu plus de feu pour me consumer. Il est revenu uniquement pour me briser. Je le peins en démon pour me forcer à conserver cette hargne. Elle vaut mieux au chagrin, ce qui me reste de fierté en est persuadée.

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MessageSujet: Re: Toi?! Excuse moi ! [Livre I - Terminé]   Toi?! Excuse moi ! [Livre I - Terminé] EmptyDim 12 Mai - 18:35





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Un souvenir peut être aussi puissant de bonheur que de souffrance. C’est une chose que j’ai appris à la mort de mon père. Dès que je posai les yeux sur des objets lui appartenant, je repartais la veille, l’avant-veille, la semaine d’avant, le mois d’avant, l’année d’avant et très loin comme ça. Je remontai à des moments essentiels de ma vie avec cette impression que mon cœur ne pourrait se déchirer davantage. Pourtant, ce phénomène se répéta chaque jour dès lors où je posai les yeux sur un objet lui appartenant, une situation étrangement similaire à une passée, ou encore sur ma mère. Sa détresse m’avait frappé dès le premier instant et ce pendant les mois qui suivirent jusqu’à ce que mon frère eut son accident. Ce fut, pour elle, comme une fin, comme si le sort s’acharnait sur sa famille pourtant bien aimable. Il lui fallut du temps pour sortir de sa dépression comme il fallut du temps pour remotiver mon frère. Lorsque j’appris pour l’accident, je me souviens avoir reçu comme un électrochoc. Je ne voulais plus voir cette souffrance. Ma torpeur que je dissimulais aisément au travail, commença à s’éloigner de moi alors que je collectai toute la force nécessaire pour aider mon frère ainsi que ma mère. Seulement entre la mort et cette prise de conscience beaucoup de chose avait eu le temps de m’échapper sans même que je ne m’en rende compte. Pour commencer, mes relations antérieures. La femme que j’aimais et les amis assez proches de moi pour avoir connu de bon moment avec mon père disparurent progressivement de ma vie. Un trait avait été tiré entre mon passé heureux et mon présent si sombre.

Un instant je me crus retourné 9 ans auparavant. Elle était tombée de vélo, j’étais venu la récupérer, assise sur moi, j’avais pris son visage entre mes mains comme si la regardait dans les yeux me dirait si elle ne s’était pas cassée quelque chose… en réalité c’était pour m’assurer qu’elle ne faisait pas la forte tête et ne me mentait pas. Elle était comme ça. Elle n’aimait pas qu’on sache, même moi, ce qu’elle ressentait que ce soit au niveau de la douleur physique ou morale. Son visage se crispa et cette expression que je connaissais que trop bien, apparue sur son beau visage. Je n’eu pas le temps de réagir qu’elle me repoussa sans oublier de mon planter son coude dans le corps. Je me contractai, appuyai ma main droite sur le coup et l’autre, je la tendis pour la rattrapai pi je me souvins…
Nous n’étions pas en 2003. Le temps était passé mais aussi fraiche que ma liaison l’était dans ma tête, elle n’était pas moins révolue. Je n’en revenais d’avoir cette étrange sensation en moi. Je me rendis compte qu’elle faisait partie de ces personnes que j’ai fait fuir, que j’ai abandonné pendant cette période de crise. Je le savais depuis longtemps pourtant cela ne me frappa qu’en la voyant de nouveau avec cette nouvelle coupe. Elle était toujours aussi belle mais aujourd’hui, me détestait. Je contemplais son dos, la seule vue qu’elle me laissait observer, et je me souvins de nos disputes. En 2003, c’était beau même nos disputes. Elles partaient d’un rien et se finissaient plutôt bien et assez rapidement. On n’était jamais resté trop longtemps en froid, c’était la magie du début peut être. Lorsque cela arrivait, elle finissait par me présenter son dos en attendant mes excuses ou attendant d’avoir un sursaut pour venir me donner un coup. Je ne la quittai pas des yeux durant à peu près une minute ce qui me suffit à me souvenir de ces choses que j’avais enfouie en moi pour des raisons qui me revenaient : la peine. Celle que je ressentais à nouveau en la regardant. Ces souvenirs qui me revenaient implacable à la foi par leur beauté perdue et leur gout amer. Lou avait vécu dans notre famille depuis le premier jour, elle avait été adoptée par les ASLING très rapidement avant même que nous nous mettions ensemble. Elle était liée à autant de bon souvenirs que de souvenirs douloureux avec mon père puis mon oncle et en fin ma mère. Je l’avais fait fuir… elle se retourna mais donna un coup dans le tibia, je grimaçai.

« Espèce… espèce de… »

Elle prit le sac et me le jeta à nouveau au visage. Deux fois. Je la laissai lâcher sa colère sur moi comme j’aurai dû le faire il y a bien des années. Peut-être, je dis bien peut être, les choses auraient été différente aujourd’hui. Je descellai de la peine dans ces yeux que j’avais tant aimé, j’en étais désolé. Je n’ai été qu’un abruti. Je l’avais fait fuir…

« De quel droit es-tu revenu ici ? Tu peux me le dire ? »

Non, je l’avais fait souffrir comme je m’étais promis de ne pas le faire. Et pourtant… vous voyez où ça mène de trop penser ? Toutefois je savais que le vrai fond du problème n’était pas encore sorti. Qu’il me faudrait du temps pour tout comprendre, pour tout accepter, pour revivre pleinement ces moments du passés sans avoir mon cœur déchiré. Qui avait dit que mon deuil avait été fait ? Qui avait dit que je m’en étais remis ? Qui avait dit que je n’avais pas eu peur ? Qui ? Qui avait eu cette pensée stupide ? Moi. Rien que moi. Comme d’habitude. J’ai vécu avec ces souvenirs cachés. Pour le mieux ? Oui. Surement. Du moins j’espère.

Elle me frappe à nouveau. Je continue de la regarder le plus sereinement possible. Je ne veux pas la blesser. Je veux juste qu’elle passe cette colère et que, peut-être, nous puissions parler. Je suis idéaliste ? Optimiste ? Oui. C’est certain mais bon, qu’ai-je à perdre aujourd’hui ? Mise à part elle maintenant, plus rien ne me rapproche de mon passé. Elle se lève. Vacille. Je me lève et tends le bras pour la rattraper. J’arrête mon geste avant de la toucher comme si je risquai d’être électrocuté. J’hésite. Je serre d’une main ma boite. Je sais ce que renferme cette boite et je sais qu’à présent, si je l’ouvrai, nous aurons mal tous les deux. Elle autant que moi bien qu’elle pense surement le contraire.

Retourne toi s’il te plaît… que… que je puisse te voir avec cette nouvelle coupe…

Je me tais conscient que cette demande est parfaitement déplacé après ce que je lui ai fait vivre. Je reprends.

Excuse-moi… je voulais pas… C’est... c’est la guerre qui m’a mené là... j’ai vu… j’ai perdu... fin je l’ai perdu... Je suis désolé…

Je fronçai les sourcils. Il n’y avait qu’elle pour me rendre si brouillon dans ma tête et ça encore plus aujourd’hui qu’avant. Je regarde sa nuque. Mes yeux parcourent son corps. Elle n’avait pas changé mais je décelai quelque chose de différent. Différent comme je l’étais. Personne ne pouvait s’en étonner. Un silence se profila. Aucun de nous deux semblaient se décider à partir comme si quelque chose nous retenait. Moi c’était elle. Cinq minutes auparavant je me forçai à ne plus prononcer son nom et maintenant je ne voulais plus qu’elle s’en aille. Peut-être était-ce dû à cette période trouble où je ne pouvais me raccrocher à plus rien sauf à l’espoir et à l’attente de voir mon frère débarquer ici. Elle devenait ce souvenir lointain, cette personne que j’avais aimé, trop peut-être, et qui m’avait aimé. Elle me rappelait une stabilité à jamais disparue.


Ils sont tous morts…


Je lâchai cette bombe et baissai les yeux en même temps. J’étais désolé. Désolé de lui avoir fait de la peine. Désolé de lui dire ça. Désolé d’être ce que j’étais. Mais, elle les avait aimé autant que moi. Elle ne savait que pour la mort de mon père. Celle de mon oncle était survenue peu de temps après et ma mère, il y a deux ans. Son ignorance était de ma faute. Je l’avais écarté involontaire ou peut être volontairement… je ne sais plus. Je m’assis sur le rebord du lit.


Thomas est… je sais même pas ce qu’il est ! Je ne me souviens plus… putain ! J’ai tout fait pour oublier certaines choses et voilà que ma mémoire me joue des tours… je ne sais pas… je ne sais plus ce qui s’est passé… Il est quelque part… ou il est mort… Je ne sais même pas quoi espérer pour lui avec ce monde à la con !


De rage, j’envoyais balader la boite contre le mur qui s’ouvrit, laissant échapper tous ses secrets. Je n’y pris même pas attention et m’excusai de cette excès de colère.




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MessageSujet: Re: Toi?! Excuse moi ! [Livre I - Terminé]   Toi?! Excuse moi ! [Livre I - Terminé] EmptyLun 13 Mai - 14:02

Il trouve le temps de plaisanter sur ma nouvelle coupe lui ? Si j’ai coupé mes cheveux, c’est pour marquer la cassure entre celle que j’étais et la chose difforme que je suis devenue. Je ne veux pas qu’on fasse erreur. Pour ma mère, c’est le signe d’un nouveau départ. Pour moi, c’est le symbole de mon décès rien de plus. Je ne trouve pas ça joli ou spécialement intéressant. C’est juste comme ça. Le résultat d’une cause. Je ne veux pas qu’il m’admire, je n’ai rien de désirable. J’ai honte de ce que je suis devenue et puis, je ne supporte plus le regard des hommes sur moi. Surtout celui d’un ex qui m’a lui aussi brisé le cœur. Je ne veux plus mourir dans les yeux d’un mec, j’ai assez donné. Et il est hors de question qu’il gagne cet honneur à nouveau. De toute façon, il ne reste plus rien en moi à aimer. Je ne suis plus capable de recevoir, ni de donner. Je l’ai dit, je ne suis qu’une pâle copie physique de ce que j’ai pu être. Si il m’a laissée, ce n’est pas pour rien je suppose. S’ils me laissent tous, c’est qu’il y a une raison et elle vient de moi. Aussi, je ne me retourne pas à ses mots. Il doit se rendre compte à quel point il se plante sur sa manière de m’aborder car il s’excuse. Il est hésitant et il marmonne des phrases incohérentes pour mon esprit encore embrumé par la fatigue, le réveil soudain et surtout par l’émotion. Je comprends deux mots sur quatre. Je ferme les yeux tandis qu’à nouveau son mutisme se percute au mien. Pourquoi je ne pars pas ? Et pour aller où ? Je n’ai plus d’endroit où me cacher, plus d’endroit où me tenir. Ici ou ailleurs ne change pas grand-chose. Puis fuir face à celui qui m’a abandonné… Si quelque chose me retient, c’est mon orgueil. C’est stupide. Je réagis comme l’adolescente que j’ai pu être car il en ranime les traces enfouies. Comme si j’attendais encore ses explications. Ce n’est pas le cas. C’est trop tard. Il le sait, je le sais. Nous sommes deux étrangers enfermés dans un lieu où nos anciens spectres guettent. Tout ça est tellement erroné. Cet endroit, ces retrouvailles. Moi, lui. Je ne comprends pas comment j’en suis arrivée là. C’est un cauchemar. Ca fait sept mois que je suis en permanence dans les plus mauvais rêves qu’on puisse m’inventer. Hugo et son autre copine, ma tentative de fuite ratée, le retour à Louisville, la guerre et maintenant Lucas.

Son charabia est remplacé par une explication qui tient en une seule ligne. J’ai peur de comprendre. J’ai la trouille au ventre alors que d’un seul mouvement, je me retourne pour lui faire face. Lui a baissé les yeux, ce qui me facilite la tâche. Il s’assied juste devant moi sur le lit et je veux le presser de m’expliquer. Je le veux et je ne le veux pas. Je ne veux pas savoir. Ma voix sort d’outre-tombe, ce n’est pas moi qui m’exprime avec cette bouche. Ça ne peut pas être moi. « Ils sont tous… tous ? » J’aimerais pouvoir sortir de là avant qu’il continue mais j’en suis incapable, je suis déjà agrippée à ce début d’histoire bien malgré moi. Il se remet à parler, je crains chaque mot sortant de sa bouche. Chaque mot… Chaque mort. Je ne retiens pas tout. Ma poitrine se serre de plus en plus à l’instar de tout mon corps. J’ai compris, oui, j’ai bien compris, il n’y a plus personne pour lui. Et il est sincère. Je le vois, je l’observe. Tous leurs visages défilent dans mon crâne. C’est tellement plus net encore ici, là où nous avions partagé des fous rires et des discussions animé. Il suffit que je penche un peu le regard vers l’encadrement de la porte pour les voir passer, entrer, sortir. Je les ai aimés comme des membres de ma propre famille et ils sont… partis ? Tous ? Pourquoi ça m’atteint ? Pourquoi ? Mon indifférence de ces sept derniers mois s’effondre, comme le sol sous mes pieds. Je n’ai pas versé une larme quand les bombes ont éclatées, je m’en fiche de savoir que notre, ma fin est proche ou de savoir si mon père a survécu. Je suis égoïste, je ne perçois que ma souffrance sans prendre les autres en compte. Mes pleures ne concernent que moi à chaque fois. Ma culpabilité, ma honte, mes souvenirs. Mais là… Là…

Mes barrières cèdent et étonnamment je parviens encore à tenir debout, je ne sanglote pas. J’ai les prunelles aussi sèches que le cœur. Je reste là, fixe face à cet ex qui est en deuil. Il balance la boîte renfermant ses secrets et un peu de nous. Elle éclate plus loin, ce qu’elle contient se disperse sur le plancher et je détaille l’ensemble y cherchant une vérité, un sens, une raison. Je n’y trouve que de la brume et du bois cassé. Nous sommes tous les deux brisés. Nous sommes tous les deux piégés. Je devrais le consoler. Il doit s’attendre à ce que je le console malgré la rancœur, que je le prenne dans mes bras comme avant. Avant quand il se souciait de moi et que je me souciais de lui. Avant quand j’étais entière et disponible. Avant que je parvenais à ressentir réellement quelque chose. Avant quand je pouvais encore réconforter quelqu’un. Mais je suis vide à présent. Et puis, il est censé être un monstre. Un monstre qui m’a abandonnée. Pourtant quand je le regarde là tout de suite, je revois le garçon qui me tenait la main très fort alors que l’été touchait à sa fin et que la séparation serait bientôt inévitable. C’est bête mais c’est un souvenir fort. Sa paume dans la mienne qui me disait les mots qu’on ne parvenait pas à exprimer. J’ai envie de courir vers lui mais je ne le fais pas.

De là où je suis, je voudrais alors qu’il me donne une justification, comme si c’était lui leur meurtrier. J’ai envie de lui crier dessus, je ne sais même pas pourquoi. Il n’est pas responsable. Mais je n’arrive plus à respirer. Je mets plusieurs minutes avant de réaliser que je suis en train d’hyper ventiler. Je tremble comme une démente, en pleine crise de panique. J’ai glissé à terre, je ne m’en suis même pas aperçue. C’est drôle. Tellement drôle. Il a fallu qu’il me dise avoir tout perdu pour que je coule réellement. Et Thomas… Bon sang Thomas. Mes yeux se vissent sur mes paumes qui se convulsent toujours à l’instar de mes bras. Et moi… Qui ait cherché à mourir. Moi qu’on a retenu. Et eux qui ne méritaient pas ça. C’est tellement injuste. Injuste et cruel. Et je me sens tellement conne. J’ai l’impression d’avoir volé leur place. Je ne sais même pas pourquoi je relie ce qui ne doit pas l’être. Et Lucas. Lucas qui est toujours là. Lucas qui est seul. Tellement seul. Non, je ne devrais pas m’en soucier. Non, je n’ai plus rien à mettre en jeu. Il ne reste que moi et mon compte à rebours. J’ai besoin d’air mais je n’arrive plus à me relever ou à faire obéir ce corps d’une quelconque façon. On appelle ça de la spasmophilie. Une autre de mes nouvelles tares.

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MessageSujet: Re: Toi?! Excuse moi ! [Livre I - Terminé]   Toi?! Excuse moi ! [Livre I - Terminé] EmptyLun 13 Mai - 16:53





Toi !? Excuse moi!
Louise & Lucas
«Qui a raté ses adieux ne peut attendre grand-chose de ses retrouvailles.»





Je ne sais même pas quoi espérer pour lui avec ce monde à la con. Qui oserait dire ça à propos de son frère ? Qui oserait sous-entendre que son propre frère serait mieux mort que vivant ? Qui ? Je me le demande. Quel con irait dire ça ? Ma tête me faisait étonnement mal tout d’un coup. Un ouragan de pensée aussi dévastatrices qu’intrusives m’assaillit me hurlant de cesser des maintenant ce jeu dangereux avec les remords. J’étais déjà passé par là, un long moment, et à vrai dire à chaque étape éprouvante de ma vie. En soi, me relever après cet ouragan de questionnement personnel, était signe de mon bon fonctionnement mental. Après la mort de mon père et ce tourment de quelque mois, j’avais tiré un trait sur tout ce qui pouvait me blesser, moi ou les personnes que j’aimais. Les seules personnes étant resté dans ma vie de manière permanente restèrent ma mère, jusqu’à sa mort, et mon frère jusqu’à…. Je ne sais pas pour cela. L’attente est douloureuse. Elle me brûle à chaque pas, à chaque souffle et à chaque souvenir me liant à mon frère. Cette ville n’aide en rien mais je l’accepte. J’accepte ces rues, j’accepte ces maisons, j’accepte ces murs, j’accepte ces arbres et maintenant j’accepte cette maison. Mais je sais, je sais très bien au fond de moins que beaucoup de choses vont revenir à la surface et finir de me clouer au sol jusqu’à ce que cet ouragan me lâche. Jusqu’à que je redevienne ce Lucas à la capacité d’occultation assez importante. Il me sauve bien. Je l’aime bien au fond et ce n’est pas la vision de Lou, de son dos, qui me fit changer d’avis. Je l’ai aimé comme personne. Je l’ai trahi comme jamais je n’aurai dû le faire. Je l’ai blessé. Je l’ai éliminé de ma vie à cette période de ma vie où je ne comprenais rien. C’était tellement stupide mais c’était obligé. J’ai pu avancer grâce à ça. J’ai toujours pu avancer à partir de là car j’avais déjà abandonné une fois les personnes que j’aimais, celles qui étaient importante en dehors de ma famille. Après l’avoir raillé, railler le reste c‘était facile. La revoir. La revoir par contre, ça c’était plus difficile que je ne l’aurai imaginé. Je lève les yeux. Elle me regarde. Elle ne comprend pas. Moi non plus si tu savais ! Je ne comprends pas. Pourquoi tous ces tourments ? Pourquoi la revoir après toutes ces années et dans ce monde de merd* ? Pourquoi me la mettre sur mon chemin ? Certaines choses ne devaient pas remonter à la surface…

« Tous…tous… ? »

Une envie de lui hurler oui me vint mais je n’en fis rien. C’était ma faute. Elle ne savait pas à cause de moi. J’ai causé cette situation, je devais en assumer les conséquences. Tous ? Non, peut-être pas… Thomas… Etait-il seulement encore en vie ? L’idée qu’il ne le soit plus me laissait dans le même état qu’à l’annonce de celle de mon père. J’ai toujours été très proche de mon père mais davantage de mon frère sauf peut-être, ces dernières années. La mort de notre mère et la réaction complétement différente que nous avons eu à cette occasion puis ma mise à pied avaient fini de nous séparer sur nos désaccords. Toutefois, il restait mon frère et j’étais monté le voir pour cette raison. Nous voulions nous voir, on restait une famille même à deux.

Si mon désir de le revoir était plus grand que tout, je me demandais s’il n’était pas trop égoïste. Ou si cette pensée, de me demander s’il ne serait pas mieux mort, ne serait pas la pensée de la perte de mon âme. Cette pensée dévastatrice qui achève un homme dans ce qu’il a de plus précieux et de plus humain. J’aime mon frère. Je veux le revoir mais s’il est en vie, dans quel état vais-je le retrouver ?

Si je le savais plus brave que les meilleurs hommes valides, je doutais de sa capacité à revenir aussi « thomas » qu’avant. Son accident l’avait déjà beaucoup changé mais sa force, une fois retrouvée, avait été plus belle encore qu’auparavant. Toutefois, son regard, son regard montrait une autre vision du monde et de sa propre vie. Je n’étais pas sûr qu’il puisse oublier des agissements sanglants s’il venait à en faire. Je ne le voulais pas dans un état de presque mort autant que lui ne voudrait pas me voir dans cet état. Au fond, il y a des choses qu’il ne vaut mieux pas vivre et quelque part, je pense que mon amnésie me sauve de beaucoup de tourments.

Le temps s’était à nouveau arrêté alors que j’entendais un bruit dans le couloir. Je tournai la tête et entendit un rire. Ce rire que j’avais tant aimé entendre. Elle courait. Je l’entendais courir dans les escaliers. Elle riait. Elle demandait d’arrêter. Elle proférait des menaces. Une autre voix fit son apparition « Mais tu vas la lâcher un peu ? » et une nouvelle lui répondit « Je te rappelle que c’est comme ça que tu flirtais avec moi… ». Elle riait toujours et s’étala de tout son long sur le lit. De l’autre côté de la pièce, un garçon rouspéta et envoya un cahier sur sa tête « les tourtereaux, dehors avant que je vienne me mêler à ça ! ». Je me vis l’entourer de mes bras, la soulever et la jeter sur le côté. Je ne faisais pas attention aux menaces, j’aurai peut être dur : il se jeta sur moi et sur elle. Une bataille commença. C’était mon frère. C’était ma mère et mon père dans l’escalier et c’était Louise avant qu’elle ne soit ma louise et avant qu’elle ne le soit plus. Un instant je restai bloqué sur cette dernière image, près du lit. Il ne manquait que mon Oncle à ce beau tableau. La réplique de ma mère nous avait fait beaucoup rire à l’époque « nous ? Flirter ? JAMAIS, on est AMIS ». Nous insistions bien sur ce détail jusqu’à ce que nous nous embrassions le même été. Qui l’aurait-cru à l’époque ? tout le monde, sauf nous. Mais qui aurait cru à cette fin si ? Louise et moi dans cette maison abandonnée depuis bien longtemps à parler des morts d’une famille pourtant unie.

Je chassai cette image de ma tête et regardai cette personne que j’avais aimée mais qui était maintenant presque une inconnue. Je crois bien que cette guerre nous fait revivre des choses qu’elle ne devrait pas. Je crois que cette guerre nous montre du doigt tout ce qu’on avait pu aimer et ce qu’on aime pour nous l’arracher ensuite. Je crois que cette guerre finira par nous achever. Je crois qu’elle nous fait espérer, juste un peu, que tout redeviendra « comme avant ». Je crois qu’elle nous oblige à nous rattacher à ce qu’on connaissait de mieux. Elle, cette femme aux cheveux courts, au regard perdu, au visage tendu et si triste, elle, elle était mon mieux. Elle était mon mieux depuis bien longtemps mais elle l’était surtout depuis que mes yeux l’avaient de nouveau rencontré. 10 minutes auparavant. Je la vois et je cherche ce mieux. Je la vois et je la sens tomber. Je la vois et je la rattrape avant que sa tête ne rencontre le sol. La peur m’envahit soudainement. Pas elle. Surtout pas elle. Pas maintenant que j’ai retrouvé un mieux. Une encre. Une encre qui doit me sauver. Une encre que j’avais oublié. D’un coup je repense à cette pensée « c’est ma faute, tout est ma faute, les gens crèvent autour de moi.. ». Je me retrouvai face à elle, qui m’avait toujours fait tressaillir. « Lucas ! Bouge-toi ! », et je l’entendis de si près que j’eu l’impression qu’il était à côté de moi. Ce trouble n’avait duré qu’une demi-seconde alors que son corps sursautait et qu’elle appelait l’air. Son corps lutta. Il cherchait l’air. Une crise de panique ou de spasmophilie. La rassurer. La rassurer et la faire respirer. Je posai sa tête sur mes jambes, je tendis le bras vers la commode et ouvrit l’un des tiroirs. Rien n’avait bougé dans cette pièce. Absolument rien alors pourquoi les affaires se seraient-elles déplacé toutes seules ? Ma main rencontra un tee-shirt que je pris immédiatement. Mon frère m’avait appris ça lorsqu’il avait commencé sa prépa. Je fis un nœud à la moitié du tee-shirt et plaça devant sa bouche l’extrémité basse de sorte à ce qu’elle respire dedans. De l’autre main, j’ouvris la poche de mon pantalon tout crasseux et en sortis l’harmonica de mon père. Récupérant mon autre main, je soufflai la première chanson qui me venait… « greensleeves ». Mon père nous la jouait souvent quand il se prenait pour charles Ingals au coin du feu. Nous en avons tous ris à un moment ou à un autre mais au fond, nous aimions tous ces petits moments de chanson à tel point que nous savons tous les deux jouer de l’harmonica. J’espérai juste que cela l’apaiserait plus que de la ramener à d’autres souvenirs avec ma famille. La chanson s’acheva. J’arrêtai donc, posai mes mains sur les bouts de jambes libres et la regardai de toute ma hauteur.

Je ne voulais pas te … te faire paniquer. J’imagine que depuis le début de cette histoire, tu ne sois pas… en pleine forme… si je m’en souvenais je serai surement dans le même état…

Je m’arrêtai conscient qu’elle ne devait rien comprendre à ce que je lui racontai mais tout aussi conscient qu’elle s’en fichait surement.

Benoit et ma mère ne sont pas morts récemment... c’est pas la guerre la cause… mon frère lui.. je ne sais pas s’il a survécu mais tu le connais fin… il a pas changé même avec son accident…

Je m’arrêtai à nouveau et me mordit la langue, ça non plus, elle ne le savait pas. Je baissai la tête.

Je vais me taire ça vaudrait mieux… Je veux pas que tu me fasses une nouvelle crise alors que je viens juste de te retrouver..

Un sourire naquit sur mon visage. Un trait d’humour, manquait plus que ça ! Si je voulais une mort rapide c’était surement la meilleure chose à faire…

Tes.. tes parents ça va ? et toi, surtout, toi tu n’as pas eu à te battre ?

Louise restait Lou. Dans ma tête en tout cas. J’avais conscience qu’elle ne l’était plus vraiment, qu’elle avait vécu sa vie comme moi la mienne mais je l’espérai toujours aussi forte et têtue. Toujours aussi extravertie et drôle. Toujours aussi chiante. Toujours aussi Louise. La guerre pouvait achever quelqu’un et je ne lui voulais pas ça. Je ne voulais ça à personne mais surtout pas à elle. Je me rendis compte qu’elle aussi avait vécu cette tourmente, qu’elle n’était pas arrivée comme ça dans cette maison comme un cheveu sur la soupe. Elle avait peut être vécue quelque chose ou peut être fait quelque chose, perdue quelqu’un. Je ne le voulais pas. Je la regardais. Inquiet. Inquiet comme j’aurai dû l’être bien avant tout ça. Bien avant d’avoir une bonne excuse. Bien avant de l’oublier. Bien avant d’avoir joué au con. Bien avant. C’est fou, quand on a tout perdu, à quel point on regrette les choses passées qui ne sont plus du tout à portée de main. Je grimaçai et regardait ma cheville.

Merde…

Les points venaient de lâcher...





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MessageSujet: Re: Toi?! Excuse moi ! [Livre I - Terminé]   Toi?! Excuse moi ! [Livre I - Terminé] EmptyMer 15 Mai - 19:07

Ça se resserre. Ma poitrine, ma gorge, mon vide. Je coule. Je me noie, je n’ai plus d’air. Je ne veux pas garder ma tête hors de l’eau. Et en même temps, si l’agonie ne me décerne pas la mort, je fais quoi ? Il est toujours là. Celui qui m’a abonné. Il me réceptionne, il remue beaucoup ensuite. Non, laisse-moi dériver dans cet océan. Je veux remuer les lèvres, je n’arrive pas. Mon corps est paralysé sous des convulsions désordonnées. Je n’ai pas peur de continuer à m’enfoncer dans cette mer invisible. J’ai plus peur de ce qui m’attend là-haut quand je referais vraiment surface. Il me repêche, il est entrain de plonger pour me sortir de là. Cet abruti. Cet abruti qui m’a laissé en plan. Il me tend une main secourable, je ne veux pas l’accepter, je veux le rejeter. Mais mon corps trahit mon esprit en respirant de façon chaotique dans le textile qu’il me tend. Non. Qu’on me fiche la paix, qu’on me laisse sombrer, je vis dans ses eaux troubles depuis tellement longtemps maintenant. Je veux leur appartenir plutôt que d’observer cet affreux reflet à la surface de celle que je suis et ne suis plus. Le chant des sirènes raisonne dans la pièce. Les traîtresses coulent les navires, coulent mes espoirs mais elles me font remonter. Tout se détache alors qu’il me fait émerger doucement de mes abimes, le passé et le présent. J’arrive tout juste à faire cligner mes paupières et je referme ce décor pour m’ouvrir sur un autre. Je voyage entre deux rives.

De l’autre côté de cette berge, il y a celle que j’étais. Elle est souriante, belle, jeune et si épanouie. Elle est allongée près d’un homme, ils rigolent aux éclats, se bousculent un peu. La vie était simple à cette époque. Nous n’avions rien à penser alors, pas de pression, pas de responsabilités. On suivait les battements de nos cœurs – ils s’étaient tous deux calibrés pour palpiter à la même fréquence. On formait un tout. Les rayons du Soleil caramélisent notre épiderme et sa bouche sur la mienne a le goût des bonbons trop sucrés – ceux que je préfère. L’été, ça a toujours été lui. Il revenait avec la meilleure saison de l’année et nous l’apprécions ensembles chaque année. Pour moi, il représente la lumière, la chaleur, les couleurs saturées, le ciel bleu, les vacances. Quand je nous revois comme ça, étendus et enroulés dans notre euphorie, je me rappelle à quel point chacun de ses gestes me projetaient dans les airs. Je volais. J’évitais le plancher et sa dureté avec lui. Mieux encore, les étendues salines, je ne les connaissais pas. Nous étions hauts dans les nuages. Mais le vol s’était mal terminé. Si nous avions atterri en douceur malgré tout comparé au violent crash que m’avait fait subir Hugo. J’en ai gardé des séquelles cependant. Sortir de cette histoire m’en a coûté. Mais l’espace d’un instant, de cet instant, au bord de cette rivière, attirée par l’harmonica, je redécouvre la saveur de nos étés. La lumière est aveuglante, elle est brillante, elle est orange et elle m’absorbe. Je me sens bien là. Ici. Contre lui. Je sais que j’ai ma tête posée sur ses jambes, ça me plait. J’ai 17 ans. Maman va sûrement râler que je rentre si tard après le dîner et je lui promettrais alors de faire la vaisselle pour me faire pardonner. Oui, j’ai 17 ans et on s’aime. Tout va bien. Je suis en sécurité avec lui. On ira peut-être cueillir des fruits tout à l'heure. Oui, tout va bien. Il n’y a rien à craindre.

La mélodie s’arrête et je respire plus ou moins normalement. Quand j’ouvre les yeux à nouveau, l’environnement est gris. Envolées les teintes ocres et vermeils. Tout pue la poussière et le désespoir. Et je ne comprends pas. Je ne comprends rien. Il me parle. De quoi parle-t-il ? Je me redresse à côté de lui, je tremble un peu, j’ai du mal de tenir, alors je colle mon épaule à la sienne. Lui aussi, il n’a pas un bon teint. J’ai envie de le taquiner là-dessus mais je ne trouve pas la forme, ni la voix. Je n’ai pas force, je suis épuisée. Que m’arrive-t-il ? Lucas reprend la parole et dans un spasme, je m’agrippe à son bras sinon je vais glisser. Tirée de mon rêve et de ma mauvaise superposition passé/présent, je me souviens l’époque, les circonstances. Les morts. Benoît, sa mère, morts. Et Thomas... Accident ? J’ai dû mal à assimiler tout ça. Principalement parce qu’il y a encore trois minutes, je me croyais revenue en arrière. Et puis, ma crise m’a laissé tellement vide de tout que je n’ai pas tellement de concentration à offrir. Il semble vouloir m’épargner les détails sanglants et moi je ne suis pas en état de les comprendre. Je ne dis rien. Comme la noyée que je suis, je reste là fixe, le regard hagard, la peau livide. « Me retrouver ». C’est triste. Ce n’est la Lou qu’il a connu qu’il a retrouvé, c’est une épave qui se laisse porter sans équipage à bord. C’est un faux soulagement mais il n’en a pas encore conscience. Je suis passive et ça me convient, j’accuse tout ce qu’il vient de se passer. Mais il m’oblige à passer de l’état nature morte à portrait vivant en quelques instants. Je n’aime pas le son de sa voix sur ces mots-là. Il se prend pour celui qu’il a pu être et je ne veux pas qu’il conserve ce rôle devant moi. Pas après ce qu’il m’a fait traversé. Je ne suis plus son amie, je n’ai pas à répondre. Mon état, ça ne le concerne pas. A la rigueur, mes parents… Il n’avait pas connu mon père. Ma mère par contre, si. Quant à ma possible bataille, il n’a pas idée qu’elle a été menée bien avant le bombardement et que je l’ai perdue. Mon cadavre le détaille.

« Ma mère va bien… Mon père, je n’en sais rien. »

Déjà plusieurs mois avant cette catastrophe, j’ignorais complétement ce qu’il se passait dans sa vie. A ce moment-là, j’étais inquiète, chagrinée. Maintenant… Je ne sais pas. Si je suis bouleversée par le décès de sa famille à lui, je me dis en même temps que les gens qui en ont fini rapidement sans connaître la guerre, la faim, le froid, ont eu le plus de chance. J’aurais dû en faire partie. Non, j’aurais dû être partie plus tôt, quand je l’avais décidé. Je réalise que je suis toujours accolée à lui, que mes bras entourent le sien. L’ancienne Lou que j’ai étreint un peu avant m’a bien laissé dans un état pitoyable. Je me suis rabaissée à ça. Je préfère être à terre ou ramper plutôt que le toucher. Je me décroche brutalement et met un peu de distance entre lui et moi. Je suis déjà un peu essoufflée par cette manœuvre. Ma respiration reste un peu saccadée et je le regarde avec un peu plus de fureur. Il jure, je suis la ligne de ses yeux pour tomber sur le bas de son pantalon imbibé d’un peu de liquide rouge. Je frissonne et me fait violence pour ne pas repartir en crise. Je me force à respirer profondément tandis que mes prunelles restent figées sur l’hémoglobine qui teinte le bas de sa jambe. La bile grimpe mon œsophage, je suis écœurée. Je ne supporte plus du tout la vue du sang depuis… Je remonte instinctivement la manche de mon pull sur mon poignet.

« Tu… saignes ? »

C’est une évidence que j’ai du mal à envisager parce qu’après tout cet historique morbide, je n’ai pas les moyens cognitifs mais surtout émotionnels d’anticiper un autre drame. Je suis en colère. Il faut que je m’occupe de lui en plus ? De ce lâche méprisable ? Ma vision de lui passe par divers gammes de champ lexical allant de l’orphelin au plus complet des crétins. J’oscille dangereusement entre les deux. Je ne sais pas où me positionner parfois et là particulièrement. Il m’a aidé un peu plus tôt même si je ne lui ai rien demandé et que j’aurais préféré qu’il me laisse pourrir là. Mais … comment pourrais-je prendre soin de lui alors que m’occuper de mon propre corps est une tâche déjà insurmontable ?

« Mais qu’est-ce que tu as encore fait ? »

Oui, je lui en veux. Je n’ose pas m’approcher plus près de cette possible plaie. Je n’ose pas m’y risquer. J’ai peur de vomir ou de tourner de l’œil. Avant rien ne me dégoutait, je l’avais déjà rabiboché après une chute. Mais désormais… c’est différent. Je prends le t-shirt qu’il a utilisé un peu plus tôt et lui jette au visage.

« Compresse ta jambe avec ça... Toi-même. »

Je ne sais même pas ce qu’il a. Je ne sais pas si je veux le savoir. Mais je ne compte pas être gentille avec lui. Pas question. J'ai ajouté le toi-même dans ce but précis, qu'il ne pense pas que je veuille prendre soin de lui.

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MessageSujet: Re: Toi?! Excuse moi ! [Livre I - Terminé]   Toi?! Excuse moi ! [Livre I - Terminé] EmptyVen 17 Mai - 16:23





Toi !? Excuse moi!
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«Qui a raté ses adieux ne peut attendre grand-chose de ses retrouvailles.»



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Louise restait Lou. Pour moi en tout cas. Je n’avais pas encore pris conscience de la vérité, de l’absurdité de cette pensée, de l’erreur que je commettais en espérant. Depuis le début j’aurai dû comprendre. Comprendre que nous n’étions pas dans le passé et que ce passé, que j’avais aimé puis oublié, était raillé. Je n’avais pas encore compris qu’en ayant choisi de le railler à l’époque, je l’avais supprimé de nos pensées à nous deux. J’avais effacé les données, effacé le lien qui nous unissait et tout ce qu’il s’y rattachait. La porte s’était rouverte pour laisser ressurgir autant de souvenirs destructeurs pour moi qu’ils fussent heureux. Une nuée de souffrances venait de revenir de la cave dans laquelle je l’avais enfermé. Mes nuits ne seraient, après ce jour, plus uniquement faite de tirs et de sangs, non, elles seront parsemées de la tristesse et de mon dégout personnel. La ranqueur vis-à-vis de moi-même et des choses passées qui auraient pu être présentes, qui auraient pu être raconté. Le regret. Le regret était un sentiment tout aussi dévastateur que la jalousie et la honte. Le regret nous renvoyait sans cesse à un passé révolu à la recherche DU moment. Du moment qui avait tout fait basculer et lorsque nous le trouvons, nous n’avons de cesse de revivre la scène sous tous les angles et avec toutes les possibilités dans l’espoir absurde de parvenir à changer ce moment et que celui-ci nous change. Nous et notre présent. Nous et notre regret. Que celui-ci disparaisse aussi vite qu’il était apparu.
Je ne connaissais pas le regret. Pas celui-là. J’avais toujours vécu, à partir de la mort de mon père, sans celui-ci en l’évitant. Oublier, tirer un trait, faire table rase du passé étaient autant de méthodes pour ne pas regretter et avancer. Le regret est un frein. Regarder derrière soi et se demander « et si » pouvait arrêter une personne pendant des jours, des nuits, des mois, des années. Je n’avais jamais voulu ça pour moi. Le vivre une fois m’avait suffi. Je devais avancer. Pour ma mère. Pour mon frère. Pour eux mais aussi, au fond, pour moi. Si l’accident de mon frère et la détresse de ma mère avait été le déclencheur de mon réveil face à mes tourments, mon mécanisme de défense ne se construisit uniquement pour me rendre plus fort. Je ne voulais plus continuer ma vie dans la tristesse et au lieu de véritablement faire mon deuil j’avais… oublié. J’étais passé à autre chose. Radical mais efficace.

Venait ensuite la culpabilité. Cette culpabilité que je m’étais interdit de ressentir à nouveau. Tous ces sentiments qui m’avaient affaibli alors que ma famille avait besoin de moi. Tous ces sentiments qui avaient vaincu ma bonne humeur légendaire et mon humeur plus que douteux. Ils m’avaient abattus alors je les avais achevé. Cela avait demandé des contreparties que je ne compris pas tout de suite et que je compris trop tard. Le mal avait été fait et je n’avais pas eu le courage de me rattraper. De la rattraper. Le regret et la culpabilité étaient revenus et je les avais encore fuis. Eux et elle. Eux et mes amis mais surtout eux et elle.

Elle n’avait pas été la seule à subir les contreparties, non, des amis proches, trop proches, avaient été jeté aux ordures comme des personnes inintéressantes. Ce n’était pourtant pas le cas. Ils étaient présents à l’enterrement et c’est la vision de leur tristesse qui m’avait achevé. Je ne pouvais plus voir cela en face. Je ne pouvais plus. J’avais alors tout arrêté. Je n’avais pas prévu, à l’époque, de retrouver Lou un jour. Je comptais ne plus mettre les pieds à Louisville et à Lyon afin d’éviter le moindre risque mais le destin ou appelez ça comme vous voudrez, en a voulu autrement. Il arrive que nous n’ayons pas le choix. Il arrive que nous soyons obligés de nous confronter à nos erreurs. Il arrive qu’on les accepte ou qu’on se voile la face. Et en ce jour de retrouvaille, je n’avais pas encore fait ce choix. Je comprenais juste que certaines choses prendraient possession de mon être. Je me souvenais de certaines choses dites dans un brouillard encore trop épais pour tout comprendre. Par contre je me souvenais de ce merveilleux temps louisvillois lorsque la pluie ne tombait pas. Et ces images me lançaient dans un amalgame du passé et du présent alors que mes yeux étaient rivés sur elle allongée près de moi, la tête sur mes jambes.

Louise restait Lou. Allongée sur moi, je le croyais. J’avais cette vision en moi qui se surpassait à son regard triste. Une image de regard malicieux et plein de vie. Le regard qui m’avait fait passé d’un sentiment amical à indéniablement amoureux. Je frissonnai. Ce sentiment. Je l’avais oublié. Je voulais le sentir à nouveau tout en craignant sa redécouverte. Je le savais, au fond de moi, emprunt à un trop lointain passé. Il faisait partie de ces choses que je n’aurai jamais plus et en la regardant, le regret me prit.
Elle se redressa avec difficulté, je posai une main sur son avant-bras pour la soutenir. Ce contact me lança des picotements dans la main, je la retirai. Je fronçai les sourcils. Les premiers signes du retour de la raison. Nous n’étions plus « nous » nous étions Louise puis Lucas. Elle s’appuya contre moi. Je souris sans m’en rendre compte. J’aimais ce contact tout comme je le craignais. Il n’était pas normal. Il ne l’était plus. Je commençais à le comprendre. Elle resta un moment comme ça, le regard dans le vide. Je l’observai et plus je le faisais plus je sentais la différence. Elle s’agrippa à mon bras et je touchais cette main qui me serrait. Un instant. Une demi-seconde. Juste un peu. Juste assez. Juste trop. Je n’étais plus ce Lucas. Elle n’était plus cette Lou. Elle ne semblait plus l’être. Comme pour souligner la justesse de mes pensées, Louise se décrocha de moi et s’éloigna comme si j’étais le dernier des pestiférés. Je ne sais décrire ma réaction et mon sentiment à ce moment-là. J’oscillai entre la compréhension de l’acte, la honte et la tristesse de ce dégout que je semblai lui inspirer. Je la regardai de ce regard triste que je cachai bien souvent. Je l’étais sur l’instant et je le fus après à chaque fois que je posai les yeux sur elle.

Louise ne daigna pas me répondre à son propos. Je l’acceptai mais ne su comment prendre cette absence de réponse. Je m’inquiétai. Je m’inquiétai pour Louise même si je ne devais plus en avoir le droit pour elle. La porte était ouverte. Je me souvenais. Elle était celle que j’avais aimée. Elle était une partie de ma vie. Je ne pouvais pas faire « comme si ». Je ne pouvais plus. La porte s’était rouverte.

« Tu… saignes ? »

Je restai fixé sur ma jambe. Je sentais la plaie et je sentais coulé mon sang le long de celle-ci. Je devinais au son de sa voix sa crainte. J’étais étonnée de me souvenir de ça. De ces petites choses qui faisaient que je pouvais dire que je « la connaissais par cœur ». Elle me demande ce que j’ai encore fait. Je souris au « encore ». Cela semblait si nature qu’elle me le demande. Je n’avais pas changé. A l’époque j’étais également un danger pour moi-même mais elle avait presque toujours été là pour m’aider, amie ou petite amie. Aujourd’hui, je fis face à une toute autre réaction.

Le tissu sur ma joue sembla resté fixé. Le temps s’arrêta à nouveau. Je m’entendis rire alors qu’elle paniquait. J’abaissai le tissu de mon visage pour l’enfiler. Je la regardai rougir alors qu’elle me clamait d’aller plus vite. Moi, je pouffais dans ma barbe naissante. Quelqu’un arrivait dans le couloir. Sa mère. Elle venait de rentrer. Elle vint nous saluer alors nous faisions « comme ci » nous lisions ensemble. J’avais du mal à contenir le rire qui bouffait mes entrailles et elle avait du mal à garder une teinture corporelle normale. Sa mère repartit, un air soupçonneux au visage. Elle avait raison. Je m’étais blessé en faisant du vélo ce jour-là et Lou m’avait intimé de la suivre chez elle pour me désinfecter. Je n’avais pas voulu mais, on obéît à un ordre de Louise. Et ce fut l’une des meilleures décision que j’eu prise dans ma vie. J’avais ôté mon tee-shirt, nous avions rigolé à je ne sais quel sujet mais je finis par rencontrer ses lèvres. Nous avions juré être que de simple amis. Nous avions juré ne jamais finir ensemble. Nous venions de bousculer nos croyances. Nos lèvres s’étaient rencontrées. Ses lèvres avaient ce léger gout sucré et rosé qui me rappelait le levé de soleil sur les plages de sable de Louisville. Sa mère avait surgit alors que nous nous emportions comme deux êtres amoureux depuis longtemps et qui ne s’étaient vu depuis longtemps. Elle nous avait interompu dans la découverte d’un amour naissant. Nous étions confus mais nous avions hâte de recommencer. J’avais hâte de retoucher ses lèvres.

Si le tissu avait été de bons augures cet été là, ce n’était pas le cas de ce jour. Ce tissu surlignait ce que je sentais déjà. Une étape bien finie d’une vie passée. Je ne l’avais pas vécu. Je n’avais fait que l’occulter. Je n’avais pas senti ce déchirement au cœur qui me prenait alors que le tissu glissait de mes yeux. Je pris conscient que nous étions en 2013. L’amalgame était fini. Elle me détestait. Elle ne m’aimait pas. Elle ne m’aimait plus. Elle ne voulait plus m’aimer ni même m’apprécier ou m’accepter. Je n’étais qu’un monstre ressurgissant d’un passé bien trop douloureux. Je le comprenais. Je le comprenais en fin pour sentir mon cœur se craqueler comme il aurait du le faire 8 ans plus tôt. Je me souviens avoir souffert de ne plus l’entendre, de ne plus la toucher, de ne plus la sentir, de ne plus la savoir m’aimer comme je l’aimais. J’avais souffert puis j’avais oublié.

Je la regardai dans les yeux. Le temps s’arrêta de nouveau. Un court instant. Je baissai les yeux sur ma plaie. Elle saignait toujours. Je remontai mon pantalon. Mes points avaient pété comme je l’avais deviné. Je grimaçais. J’enlevai le nœud du tee-shirt et je l’enroulai autour de mon mollet. Je m’arrêtai avant de faire serrer le nœud sur ma plaie. J’étais crispé avant même d’agir. Je respirai. Je tirai. Je ne pus m’empêcher un grognement. Tête basse, j’attendis un instant avant de relever la tête. Je savais que je devrais mettre de l’alcool sur cette plaie et je savais où en trouver dans cette maison mais je n’en fis rien. Un tout autre problème prenait place dans ma tête : que lui dire ? Elle n’était pas Lou. Pas là. Pas dans ses yeux. Pas dans son visage. Elle n’était plus la même. Elle était plus terne. Moins radieuse. Je m’en rendais compte maintenant. Sans m’en rendre compte, je la fixai et essayai de la retrouver ou de trouver quelque chose à dire.

Je…

Je m’arrêtai. Mon naturel chaleureux et bon vivant me fuyait lorsque j’en avais le plus besoin. Je savais que rien venant de moi pourrait être accepté. J’avais cette conviction alors que je ne me souvenais pas encore de tout ce que j’avais pu lui faire subir. Je l’avais aimé et je l’avais fait souffrir alors que je l’aimais encore. Ca je m’en souvenais. Ca j’en étais convaincu. Je baissai les yeux conscient que tout était de ma faute plus que je ne l’aurai voulu. En cet instant j’aurai aimé ne pas l’avoir revu. Pourquoi tant de complication ? Elle n’aurait pas du être là. Je n’étais pas bon pour elle. Elle le savait. J’en étais convaincu. Mes yeux s’arrêtèrent sur son poignet. Je regardais ce bracelet un peu large comme s’il voulait me parler. Et c’est là. C’est là que je le vis. Ce trait. Ce trait qui dépassait du bracelet.

Je levai la tête sur elle avec des yeux ronds si inquiets, si tristes, si angoissés, si énervés que je me crus retourné 8 ans en arrière. Qu’avait-elle fait ? Comment avait-elle pu faire ? Pourquoi elle ? Que s’était-il passé ? Je me redressai d’un bon, oubliant mon mollet qui faillit me lâcher. Je me rattrapai à la commode tout en fixant ce poignet. Je reculai d’un pas puis de deux. Je ne m’en rendis pas compte. Ce poignet était un symbole de désespoir, de déchirement, de peine et d’abandon. Pourquoi avait-elle abandonné ? Je comprenais maintenant cette étrange impression en la regardant de ne pas retrouver ma Lou ou du moins la Lou de mon enfance, vivante. Elle n’avait plus voulu l’être. Mais quand ? Pourquoi ? Je m’inquiétais mais une angoisse me prit comme plus tôt dans la semaine, à l’hôpital. Elle devait me prendre pour un dément mais le démon était ce bras. Je l’entendais presque rire. Tu croyais ne plus être confronté à ça ? Et bien non me petit. Celle que tu avais aimé se retrouvait dans le même cas. Depuis quand ? Je pris peur. A cause de moi ? Depuis ma connerie ? Non. Mon cœur manqua un battement alors que je reculai encore. Les traits du visage de ma mère se superposèrent à ceux de Louise. Je revis ce visage décimé par la peine. Je reculai. Je basculai, me prenant les jambes dans l’angle du lit. Je chutai et me retrouvai sur le dos, le souffle coupé.

Pas toi…

Je marmonnai. Je savais que c’était Louise. Je devais pourtant arriver à m’en convaincre.
Louise…. Louise Victor…. Louise Victor, première amour. Oui, c’est ça.

Ma mère disparue de ma vue. Je soupirai et restai allongé un moment comme cela. Je fermai les yeux, fronçai les sourcils alors que je stoppai l’afflux d’image de ma mère dans cette période de sa vie. Louise. Que t’était-il arrivé ? Ma belle et forte Louise ? Qui ou quoi à eu raison de toi ? Je voulais le savoir mais en même temps je lui en voulais. Je lui en voulais de me confronter à ces actes et aux souvenirs qui me liaient à eux. Ce n’était pourtant pas de sa faute. Loin de là. Je gardai les yeux fermés pour calmer la rage qui progressait en moi. J’ouvris les yeux doucement et contemplais ce plafond que je connaissais par cœur. M’allonger ainsi, sur mon lit toutefois, était une habitude pour moi. C’était un moyen de mettre en place mes idées. J’appréciais le calme reposant de ma chambre lorsque mon frère n’était pas là pour gâcher le calme ambiant.

Je sais que tu me déteste. Je le vois dans ton regard et … je ne peux rien faire pour le changer. Ni aujourd’hui, ni demain. Tu as besoin de me détester comme j’avais besoin d’oublier… d’oublier tout ça. Je pensais pas te revoir un jour et… me retrouvai face à ... à nous. Mais putai* ! Pas ça ! S’il te plait ! Déteste moi encore plus jusqu’à m’en crever la moindre parcelle de mon corps mais s’il te plait ne refais plus JAMAIS, JAMAIS ça ! Utilise-moi comme … comme je ne sais pas moi… ton sac de frappes … défoule toi autant que tu veux sur moi et pour les causes du monde entier mais pas sur toi…

Je m’étais redressé emporté par ma véhémence. Je la regarde. Je déteste le sentiment que j’éprouve en la regardant. Je ne sais quoi penser. Elle me fait peur.

Pas toi… tu peux pas faire comme elle. Je te laisserai pas faire même si je n’en ai aucun droit.






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MessageSujet: Re: Toi?! Excuse moi ! [Livre I - Terminé]   Toi?! Excuse moi ! [Livre I - Terminé] EmptyDim 19 Mai - 18:34

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Le vermeil roule sur sa jambe, dans mes yeux. Ça me donne vraiment la nausée et je suis forcée de détourner le regard. Il doit aller à l’hôpital, ça semble sérieux. Je le maudis. Je le maudis tellement fort que ça fait vibrer à nouveau mes membres à peine reposés. Il me semble tiré tout droit de mes cauchemars cet homme teinté par nos amertumes et son sang. Je n’ose même plus frôler sa carcasse du bout des paupières. Tout ce rouge me brûle la rétine, me cingle le poignet. Je reviens en arrière, je repars en avant, mentalement je me perds dans ma chronologie. Il souffre, je l’entends à sa respiration, à ses grognements. Chaque son qu’il émet est une entaille sur ma peau. Et moi je suis incapable de lui prêter main forte. Incapable de dépasser les fleuves qui me séparent de celle que j’étais, de ce que nous étions tous les deux. Il tente de parler, il débute sur la première personne du singulier mais n’achève rien. Je visse mes prunelles dans les siennes et m’interroge sur ce qui n’a pas lieu d’être. Si Lucas ne m’avait jamais abandonnée, si nous avions continués à être ensembles… Où serions-nous maintenant ? Dans quel état ? Quels chemins s’offraient à nous quand tout était encore possible ? Ça me fait vraiment mal d’y penser. Je croyais avoir fait mon deuil de cet amour avorté en silence. Il est là devant moi pourtant et malgré tout, il m’atteint. Où est mon indifférence ? Où est ma carapace ? Il ne reste que ces barrières que la rancœur et un cœur blessé parviennent à mobiliser, mes derniers remparts. Il me détaille, je sens l’insistance avec laquelle il m’observe. Les points qu’il fixe picotent. A une époque, quand il posait ses yeux sur moi, ça me plaisait. Maintenant… C’est un peu de sel sur toutes mes blessures internes, rien de plus.

Je le sais. Je le sens. Le moment exact où il comprend ce que je tente de dissimuler derrière un accessoire stupide. Je replie mon bras en sursaut derrière mon dos mais le mal est fait. Quand je relève lentement mes prunelles vers lui, je panique mais parvint à respirer de façon plus ou moins cohérente. Non… Pitié… Je ne veux pas d’un nouveau poids à porter, d’une autre liane pour m’abimer les chevilles et d’un autre sermon sur l’existence. Surtout pas de lui. Il n’a pas le droit de me dire quoi faire ou non. Il n’a plus aucuns droits, il en a été dépouillé en me laissant en arrière, comme une vieille chaussette qu’on ne veut plus voir, trop usée peut-être. Le jugement ne tardera pas à me cogner, il assimile doucement ce que ça implique et moi, si il ne maintenait pas ainsi la pression visuelle sur ma silhouette, j’aurais déjà pu m’enfuir. Il se relève, manque de s’écrouler. Je fais un pas vers l’avant puis deux en arrière quand je le vois tenir debout. Je me mords la lèvre tellement fort qu’une plaie commence à se dessiner. J’ai peur. Je suis tétanisée par sa réaction. C’est irrationnel, ça me prend aux tripes et ça me cloue au sol. Je réalise que sa déception à mon propos ne doit pas m’abattre, parce que lui, il n’était pas là. Il n’était plus là pour moi depuis si longtemps. Sa façon de me percevoir ne devait pas m’importer mais c’est terrible. Terrible comment l’ancienne Lou m’étrangle depuis que je suis ici. Et avec lui en prime. Elle me montre du doigt, elle veut que je sois honteuse. Moi, je ne sais plus quoi lui répondre à celle que j’étais. Je suis peut-être désolée, peut-être pas. On aurait me laisser mourir. Pour ne pas avoir à faire subir ça à ceux qui m’approchaient d’un peu trop près et qui réalisaient ce que je portais en moi. Une bombe. Je ne suis qu’une bombe au détonateur détraqué, on m’a juste reprogrammé, mise à l’arrêt. C’est provisoire. Mais je reste dangereuse. Il titube, il recule. Je suis un monstre, il en a conscience. Lui, il a compris qu’il doit me craindre. Il s’effondre dans le lit, je n’ai pas bougé malgré la difficulté avec laquelle il a réussi à se mouvoir.

« Pas toi ». Il m’enfonce un clou directement dans la poitrine, je l’accuse en m’entourant de mes bras pour contenir le début d’hémorragie qu’il provoque. L’espace d’un instant, je crois qu’il s’assoupit. Ou qu’il s’est évanoui vu l’état de sa jambe. J’ai le temps de récupérer un peu d’oxygène et de refermer de façon rudimentaire la fissure qu’il a causé. Je m’approche pour vérifier qu’il n’est pas inconscient. Je fais quelques pas vers lui et m’arrête quand il reprend la parole. Il élargit la brèche à peine recouverte, il en crée une centaine d’autres à la suite. Non. Ferme-la. Je bouche mes oreilles de mes mains et me met soudainement en boule au milieu de la pièce. Je faisais très souvent ça enfant quand l’orage nous surprenait. Je me calais sous un meuble dans cette position et je chantais une comptine pour être sûre de masquer le bruit du tonnerre. J’essuie une tempête et cette fois-ci, je suis au centre de l’ouragan. J’ai envie d’hurler jusqu’à m’en briser les poumons mais je suis muette. Aphone devant sa tirade, j’ai tout entendu malgré mon vieux système. Il n’y a aucun bruit ici, juste les respirations de la maison. Les mots de Lucas font échos. Ils repartent et reviennent, attaquant toutes mes défenses. Comme elle ? Qui ça ? Sa dernière petite amie ? Je ne veux pas savoir ce qui risque de me morceler encore plus les restants de ma chair. Je reste comme ça recroquevillée au sol durant une bonne minute puis je décide de m’asseoir complétement à terre. Mes genoux sont contre moi, dernière fortification à ma disposition. Je redresse la nuque et fixe mon regard sur le matelas devant moi, je ne peux plus le voir de là où je suis. Mes intonations sont effritées, ma hargne est étendue à mes pieds. J’ai la voix d’une gamine de 5 ans qui a été effrayée par la foudre. Je confonds tout. Son discours, ma tentative de suicide et ce que je veux vraiment lui dire. Depuis 8 ans, j’ai ça qui pèse sur mon cœur. Ça ne m’a pas quitté. J’ai juste accepté de transporter ce fardeau en plus. Ce procès qu’il fait mien devient rapidement le sien. Pour protéger mes failles, pour préserver mon passé, mes démons. C’est ma seule défense.

« Tu m’as abandonnée. Tu m’as laissée juste comme ça. Tu n’as pas osé me dire que c’était fini. Tu sais combien de mois je t’ai attendu en croyant que tu reviendrais. J’ai mis encore plus de mois à te haïr. Je t’ai trouvé tellement d’excuses, tellement de raisons pour lesquels tu t’étais éloigner. Je m’en suis voulu pendant une éternité avant de me rendre qu’au final, tu n’as même pas eu le cran de me larguer dignement. »

J’essuie ma nouvelle vague de larmes d’un revers de la manche. Ma sincérité me heurte soudainement et je ne comprends pas ce qu’il se passe. Les mots sortent tout seul.

« Ce qui s’est passé après ton départ ne te concerne plus. Ne me prends pas en pitié et ne te met pas en tête que tu pourras sauver quoique ce soit. C’est trop tard, vraiment trop tard. Je ne suis plus celle que tu as connue et je ne pourrais plus jamais le redevenir. Et tu le sais comme je sais que tu n’es plus l’homme que tu as été. »

Les réminiscences de nos jours heureux me figent. C’est marrant au lieu de m’anéantir, il me donne la force de finir ce que j’ai à lui dire.

« Ne te mêle plus jamais de mes histoires. Tu as décidé toi tout seul de te retirer de ma vie. Maintenant, ça sera comme ça entre nous. Ce qui peut m’arriver ne te concernera plus jamais. »

Je reprends de la hauteur. Je suis restée calme, l’émotion dans ma voix s’est estompée à mesure que je parlais. Je suis froide, imperturbable au dehors alors que je l’observe allongé sur ce lit. L’hémoglobine tâche le couvre lit, j’en ai un haut le cœur.

« Je vais voir ce que je peux trouver pour ta blessure. »

La créature détachée que je suis devenue parvint à lui venir en aide. Elle est au-dessus des querelles, au-dessus de la souffrance. Mon orgueil le toise alors que je tourne les talons pour descendre à la cuisine. Tout semble tenir la route alors que j’atteins la dernière marche. Je vais instinctivement dans les armoires les plus proches, décidée à toutes les ouvrir. J’en avais déjà explorée quelques-unes je savais que c’est ici que j’aurais le plus de chance. Je ne sais pas ce qu’il me prend entre la deuxième et la troisième mes yeux s’arrêtent sur un détail. Un détail futile. Sur ce plan de travail, je me revois assise, envoyant allégrement l’eau du robinet dans la direction de Thomas avant que Lucas ne m’attrape et… Ses baisers contenaient tant de vie qu’y repenser froisse l’âme du cadavre ambulant que je suis. Je m’effondre. Faire la forte devant lui m’en a coûté. Je me mets à sangloter horriblement en prenant soin d’appuyer ma bouche sur ma manche pour ne pas faire de bruit. De toute manière vu l’état dans lequel il est, il ne pourrait pas bouger. J’ai l’impression que nous venons de rompre pour la seconde fois. Cette entrevue à tout réouvert, tout le travail d’Hugo s’est envolé. Hugo aussi d’ailleurs. Mes deux échecs, ces deux histoires d’amour me laissent plus dévastées que je ne le suis déjà. Qu’est-ce qui cloche chez moi ? Je ne suis pas assez bien pour les retenir ? Pas assez bien pour être aimée ? Mais assez conne pour être trahie et trompée. Je pleure tellement que j’en ai mal aux yeux, aux côtes, à la poitrine. Je respire un grand coup déterminée à cesser ma grande scène de larmes. Je verrais ça en rentrant. Je pourrais m’écrouler à ce moment-là, seule. Je vacille, me remet sur mes jambes en me demandant combien de fois je dois ainsi me relever après une énième chute.

Je trouve de l’alcool au bout d’un certain temps, des vieux tissus qui pourraient servir de compresse ainsi que du collant pour faire tenir le tout. Je ne suis pas infirmière, il devra aller de toute façon à l’hôpital. Avant de revenir dans la chambre, dans mon gouffre. Je passe par la salle de bains pour masquer les dégâts causés par mes pleurs. Mes joues bouffies se dégonflent à peine quand je passe de l’eau glacée sur elles et je laisse tomber le jeu des apparences. Je vais dans la pièce où il est toujours et je pose sur la table de chevet l’ensemble sans lui accorder un regard. Et maintenant ? Maintenant, je ne sais pas.

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MessageSujet: Re: Toi?! Excuse moi ! [Livre I - Terminé]   Toi?! Excuse moi ! [Livre I - Terminé] EmptyMar 21 Mai - 22:12





Toi !? Excuse moi!
Louise & Lucas
«Qui a raté ses adieux ne peut attendre grand-chose de ses retrouvailles.»



A lire:
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Je déteste le sentiment que j’éprouve en la regardant. Je ne sais quoi penser. Elle me fait peur. Je la vois près du lit. Elle est debout. Elle me regarde. Je lui fais tout aussi peur. Je le sens. Comme je sens le fantôme de ce passé que j’aurai dû écraser sous le poids de mes remords. Ce passage de ma vie, de la vie de ma famille, de sa vie, ne devait en aucun cas ressurgir dans mon présent. Cela était révolu. Pourtant, j’en étais à ce point fatidique. Celui dont on ne ressort pas forcement indemne. Celui qui fait ressurgir les démons d’un souvenir lointain tel une empreinte du passé gravée sur notre chair. La mienne est aujourd’hui à sang, brulée jusqu’aux entrailles de mon être, me rappelant les ratés de mes 18 et 19 ans. La première fois, c’était un jeudi. Je rentrais de ma prépa un peu plus tôt. Je ne me sentais pas de faire semblant alors j’ai pris le train et je suis rentré chez moi. Je me demande encore si c’était le coup du hasard où une quelconque machination du destin qui m’avait poussé à rentrer plus tôt cette semaine-là. Quoique ce soit, je remercie. Je remercie le ciel. Je remercie la terre. Je remercie la vie mais aussi la mort qui a bien voulu attendre 8 ans avant de me la prendre. Je l’ai retrouvé étendu près du lit, les yeux fermés et la main sur une photo. J’avais courus dans l’étroit couloir. J’avais hurlé. Je l’avais secoué puis j’avais pleuré. Je n’étais pas près à la voir partir. Cette femme qui m’avait tant aimé et tant appris. Cette femme qui m’avait fait hurlé de rire, hurlé de rage, hurlé de peine mais surtout hurlé d’amour. Cette femme, ma mère. C’était la première fois. Ce n’était malheureusement pas la dernière.

La peur me taillait en pièces sur ce lit comme elle l’avait fait pendant près de deux ans. La crainte prenait le cœur et l’âme. La crainte d’un coup de téléphone. Un simple coup de téléphone qui pouvait faire basculer une vie et une famille déjà brisée. Toute une vie pouvait se résumer en un acte, un son, un évènement. La mort de mon père m’avait été apprise de la même manière. Le directeur était venu me chercher en classe, je n’avais pourtant rien fait ce jour-là, il m’avait pris par l’épaule et m’avait amené dans son bureau. Là, il me tendit le téléphone. Un homme me demanda le numéro de ma mère pour lui parler de mon père. Il était mort. J’avais lâché le téléphone. Le directeur s’était rapproché de moi sans trop savoir quoi faire alors il me donna ma journée. Un simple coup de téléphone. L’annonce de l’accident de mon frère fut le même à peu de chose près. A ce moment-là, j’avais eu mon diplôme non sans mal après la mort récente de mon père, et je profitai de mes vacances pour… pour rien faire justement. On m’appela, accident de la route, coma, état grave. Mon frère avait survécu mais ne sentait plus ses jambes. C’était le début de la fin.

Pendant près de trois ans, j’ai craint mon téléphone et ce qu’il pouvait m’annoncer. Ma maison était devenue le repère du désespoir et de la détresse effaçant progressivement les souvenirs heureux de notre famille de ma mémoire. Les murs transpiraient la peine et le dégout de ce monde occultant tous les moments joyeux passés sous leurs protections. Mon frère surveillé ma mère lorsque je n’étais pas là, cela l’occupait et lui permettait d’oublier son propre désespoir. A sa deuxième tentative, je n’étais pas là, j’étais en manœuvre tactique sur le terrain. Mon frère l’avait retrouvé avec son infirmière inconsciente sur le canapé avec cette boîte vide sur la table basse et ce verre d’alcool par terre. J’aurai tout donné pour la trouver à sa place. Cette situation 7 mois après la mort de mon père, semblait vouloir perdurer à l’infini. J’étais cloué par mes regrets, par ma peine, par mon deuil, par mon incompréhension, et mon propre désespoir. Pourtant je ne m’autorisais plus à vivre ces sentiments si violent pas devant eux, pas au travail, pas dans la rue, pas devant des inconnus et au final, petit à petit, plus jamais.

Surveiller ma mère. Motiver mon frère. Leur donner goût à la vie. Autant de mission insurmontable dans cet appartement du désespoir où chaque mur, chaque objet nous soufflait la nuit, lorsqu’on s’y attendait le moins, le bonheur partagé. Cela manquait de nous achever chacun dans nos chambres. Nous nous étions retranchés dans nos carapaces en faisant « comme si » afin de ne pas faire plus de peine aux autres. Lorsque je n’étais pas présent à la maison, je ne faisais que penser à eux oubliant mes études et les espérant de mon père et de ma mère. Oubliant les objectifs que je m’étais fixé. Oubliant les désirs que j’avais gravé en moi et raillant progressivement les projets que je m’étais forgé pour nous deux. L’idée absurde et pourtant si réaliste pour mon cerveau embrumé, que j’étais l’unique responsable de ces malheurs me prenait la gorge et le cœur. Elle me maintenait au sol alors que je luttais pour respirer cet air que j’espérai encore pure pour ma mère, pour mon frère et aussi pour moi. Je me souviens de ces soirées passées les yeux ouverts à regarder le plafond de ma chambre d’étudiant, le téléphone sur le ventre, à essayer de trouver une solution à ce qui était impossible de résoudre : la mort. L’équation se façonna doucement. J’étais le responsable. J’étais un porte poisse. Toute ma famille en avait souffert sauf moi. Sauf moi. Toute. J’en conclus alors que les personnes que j’aimais finiraient par avoir un accident, une maladie, une dépression ou je ne sais quoi. Je me rendis même pas compte à ce moment-là, que je venais de tirer un trait sur mes amis et Lou. Tout simplement par ce raisonnement stupide ; Tout simplement parce que j’avais eu peur. Peur de revivre à nouveau cette souffrance. Ces souffrances. Au fond, c’était par pure lâcheté. Elle représentait ce que j’avais de plus précieux avec ma famille, l’idée de la voir dans un lit d’hôpital ou dans un cercueil me répugnait à tel point que je l’ai repoussé. Si fort et si longtemps que malgré tous ses efforts, elle ne put me rattraper. Elle qui avait toujours été là pour moi. Elle qui avait toujours montré sa force et sa conviction pour me sortir de là. Elle. Elle que j’avais aimé. Je l’avais lâchement mi de côté pour ne pas souffrir davantage. Quel homme je faisais ? Quelle image de mon père je renvoyais ? Je n’étais pas digne de celui-ci mais ça je ne m’en rendis compte que sur ce lit au moment où elle lâcha cette bombe qu’elle gardait en elle depuis bien trop longtemps. Cette bombe que je l’avais forcé à porter pendant toutes ces années. Je ne m’étais pas rendue compte que pour me protéger je l’avais obligé à souffrir alors qu’elle ne le méritait pas. Je l’avais obligé à me détester pour m’oublier. Je l’avais repoussé, ignoré, et oublié comme une vulgaire connaissance agaçante et jetable. Je lui avais subir humiliation et incompréhension comme le dernier des enfoirés. Mon cœur se brisait à mesure que je me souvenais de mes propres, de ce téléphone qui sonnait et que je ne regardais plus. Notre relation avait duré 9 mois après la mort de mon père. Elle avait tout fait. Je l’avais aimé encore plus pour cela mais je m’étais éloigné un temps puis je l’avais volontairement mise à l’écart. Je ne souhaitais pas qu’elle soit mêlée à cette peine familiale ni à ses difficultés. Je ne voulais pas quelle voit ce que ma famille était devenue. Je voulais, au fond, qu’elle garde ce même regard sur les Asling. Je ne voulais pas quelle perde ce regard innocent envers ma famille. Je ne voulais pas quelle voit ce que j’ai vu. Elle représentait à elle seul le souvenir de ma famille unie. Elle était à elle seule un trésor. Un trésor que j’avais voulu protéger et dont j’avais voulu me protéger. Mais en ce jour, je la voyais aussi triste que ma mère à cette époque. La culpabilité.

Je la vis s’en aller et l’entendis descendre puis fouiller dans les placards qu’elle avait tant ouvert par le passé. Je l’imagine 10 ans plus tôt. Je l’aime. Elle m’aime. J’ai tout gâché. Je repense à ses paroles, autant de larme pour briser mon corps déjà anéanti par ces souvenirs qu’elle fait resurgir comme une fleure. Elle ne semblait pas se rendre compte de l’importance qu’elle avait dans ma vie ni de ce qu’elle représentait pour moi. Mais comment lui en vouloir alors que je n’ai même pas eu la décence de lui faire face avant qu’il ne soit trop tard. Avant la mort, l’accident et l’abandon, je n’avais pas connu la peur qui achevait. Pendant je l’avais vécu et après je l’avais occulté. Louise représentait une peur ultime. La revoir m’aurait fait abandonner toute résolution tout en me brisant à nouveau. Je connaissais mes sentiments pour elle et la voir n’aurait fait qu’enfoncer à nouveau ce couteau aiguisé dans mon cœur, mon âme et mes souvenirs que je tentais à l’époque de sceller. L’oublier fut la colle qui scella le tout hermétiquement. L’oublier fut aussi une grave erreur je le comprenais en écoutant à nouveau ses propos. Ils me brisent par leur véracité. Je n’ai été qu’un monstre. J’avais tout caché et occulté toute la douleur que je savais lui infliger. Un enfoiré. Comment me faire pardonner ? Il n’y avait aucun moyen. Je le savais.

Elle remontait les marches et revint dans la chambre après quelque secondes passées dans la salle de bain. Je tournai les yeux vers elle. Ses yeux étaient gonflés. Elle avait pleuré. Je baissai les yeux. J’en étais la cause. Encore. Je me maudissais pi je revis ce poignet. Ce démon. Je revis ma mère dans la salle de bain. Je vis rouge. Je me redressai au moment où elle posa les affaires sur le chevet. Je lui attrapai le poignet et la regardai dans les yeux.

Pour ça...

Je baissai les yeux et passai délicatement un doigt sur sa plaie avant de la lâcher conscient que cela devait la gêner. Je m’assis sur le haut du lit et ne fit pas attention à l’alcool sur le côté. Elle avait raison. Je n’avais aucun droit sur elle à présent. Comme je ne l’avais pas plus avant. Elle avait toujours été un électron libre pourtant férocement attachée à moi comme je l’étais d’elle. Lou montrait toujours son désaccord et ne s’était jamais laissée faire pourtant malgré son caractère, elle était toujours là pour les autres comme pour ce nouveau, Antonin. Toutefois, elle était une partie de moi quoi qu’elle en dise et ce même si elle ne l’accepte pas. Même si je ne l’avais accepté. Elle me reprochait tout ça. Elle ne comprenait pas. Elle m’avait pourtant attendu… Je la détestai d’avoir toujours été si belle, si pure, si juste, si… si Louise. Mais celui que je détestai le plus c’était moi. Moi et toujours moi. Je l’avais brisé à cette époque et je la brisai en revenant ici. Je devais partir. Elle ne voulait que ça mais je n’en fis rien.

Je t’ai abandonné pour ça ! Tu comprends !? Pour t’éviter ça ! Ce poignet à la con, ce sang, cette peine, cette déchirure, ce dégout ! Je ne voulais pas que tu disparaisses. JE ne voulais pas que tu perdes la personne que j’aimais. Il est mort ! Un coup de téléphone et hop plus de père ! Un coup de téléphone et un frère dans le coma sans jambes ! puis une porte et bim, une femme presque morte ! Tu voulais quoi !? que je t'envois une carte ? Une photo peut être ?

Je m’emportais. Je ne voulais pas lui dire tout ça et pourtant, les mots sortaient de ma bouche sans aucun signe de contrôle de ma part.

Tu étais la plus belle chose tu saisis ? Pourquoi aurais-je risquer de ternir la seule chose qui me faisait aimer ma putain de vie ? Je préférai te savoir loin de tout ça avec le souvenir de ma famille unie quitte à devenir l’objet de ton plus profond dégout ! Je voulais éviter que ça t’arrive à toi aussi…. Ce regard.. ce geste.. cette souffrance… non je ne voulais pas que ça t’arrive à toi.. surtout pas..

Je m’arrêtai et regardai sur le côté. La boite, je la désignai un instant.

Je voulais qu’en toi reste ces souvenirs-là. Puis… puis oui j’ai été un lâche, je t’ai fui comme on fuyait la peste. Je pensai te protéger puis au final…. Je me suis protégé moi de tous ces putains de souvenirs colorés… j’ai tout mis sous scellé. Les bons comme les mauvais car chaque bon me rappelait un mauvais. Car chaque bon me ramenait à une période révolue et intouchable. J’ai oublié cette maison, j’ai fui l’appartement familiale dès qu’ils sont allés mieux… je t’ai... enfermé à double tour…

Je me détestai. Je la détestai. Pourtant, j’avais ce sentiment si étrange qui bouillonnait en moi. J’étais perdu. Les portes s’étaient rouvertes et rien de bon n’en sortait. Je me radoucis


Je ne voulais pas ça… Lou crois-moi, je n’ai jamais voulu ça. Pas pour toi. Je pensais que tu serai mieux sans moi, je le pense encore, je suis un danger… je n’ai jamais été bon pour toi. J’étais le terrible des vacances le petit démon des Asling. C’était mon frère qu’il aurait fallu choisir à l’époque… il a toujours eu raison… Il m’avait dit que je faisais la plus grosse erreur de ma vie … Je t’imaginai marié après avoir brûlé tout ce qui se rapprochait de près ou de loin à moi. Je ne voulais pas ça, je voulais mieux… pour toi et je voulais … je sais pas…


Je soupirai

Putai*… je devais les aider… c’est tout puis je me suis aidé rapidement, j’ai voulu aller vite… trop vite. Tu es une partie de moi, de ma vie et je ne te laisserai pas faire comme elle… alors continue de me déteste si ça te fait vivre… je m’en fous mais tu ne mourras pas par tes mains. Je ne sais pas ce qui t’a poussé à faire ça mais ça ne se reproduira pas. Je fais ce que j’aurai du faire il y a des années… je vais te pourrir la vie comme je le faisais à l’époque.







Spoiler:

Fiche par (c) Miss Amazing
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MessageSujet: Re: Toi?! Excuse moi ! [Livre I - Terminé]   Toi?! Excuse moi ! [Livre I - Terminé] EmptySam 1 Juin - 21:50

Chaque souffle est une prière silencieuse, celle qu’il reste muet, qu’il ait compris mes mots et qu’il s’y arrête, comme une frontière. Ma frontière, celle qui me délimite moi et les autres, moi et les étrangers. C’est précisément ce qu’il est devenu pour moi en s’octroyant le droit de sortir de ma vie, il s’est tiré à l’anglaise sans accorder une dernière fois le son de nos voix dans une ultime dispute, un ultime round. Chaque battement que mon pauvre cœur émet est un écho de mon acharnement. Je ne le regarde pas, je ne l’effleure pas même du bout des cils mais je perçois ses propres impulsions, la façon dont se mouve sa cage thoracique aux grés de sa respiration. Il remue, je m’arrête de respirer craignant déjà la suite de la tempête. Je suis figée dans mon mouvement quand il me touche. Lucas a toujours aimé dépasser les limites qu’on lui impose, ça ne me surprend même pas. J’ai l’impression qu’il me brise les os du poignet en y apposant ses doigts – c’est démesuré. Parce que c’est lui, parce que c’est là ? Je ne sais pas. Personne en dehors des médecins, surtout pas ma mère, n’a osé franchir cet interdit et caresser la ligne où mes démons s’étaient vautrés. Je relève brutalement la nuque pour percuter ses yeux mais il m’ôte son regard aussi sec. Il a dû sentir que ce contact défendu ne doit pas durer, il me relâche. J’ai du mal de ne pas me masser là où il a pris mon bras en otage. Je me sens fracturée et pas là où il m’a frôlé mais à l’intérieur. Encore et encore, mon squelette est traité comme une branche broyée par les vents violents. Qu’il se taise. Je replie mon membre abimée contre moi, je cherche à protéger mes ténèbres, j’y puise ma rancœur, mon désarroi le temps qu’il débatte sur mon petit discours. Il justifie son comportement avec ça, c’est vraiment… Vraiment… Lâche. Je ferme les paupières, je ne supporte plus l’image de son visage. Il empile les scénarios, les catastrophes à peine diluées dans ma mémoire. Je pourrais mourir à la fin de sa phrase qui raisonne comme une provocation, une évidence. Là, il est entrain de creuser le vide au-dessous des talons de l’ancienne Lou. Elle se referme à son tour et me laisse alors carte blanche, elle n’a plus la force d’endurer une tirade aussi stupide. Tout ce qu’il avance sur ce que nous étions, ce que nous n’étions plus me donne envie de me jeter au sol et de renverser tous les meubles possibles dans mon sillage. Faire un grand fracas pour mimer ce qu’il déchaine en moi.

Son opinion concernant mon acte, je m’en contre fiche. Du moins, c’est ce que les succubes me murmurent. Il ne sait rien. Il parle beaucoup, il ne dit pas grand-chose au final. Il m’offre un néant de raisons que je trouve nauséabonde. Rien d’original, rien de pertinent, rien qui n’a pas déjà été évoqué entre moi, mes amis, mes proches. Plus il en rajoute, plus je sens l’adrénaline pulser dans mes veines, elle roule dans ma gorge que je suis forcée de racler pour ne pas lui hurler dessus. Je brûle les larmes dans mes prunelles en me mordant la lèvre férocement. Mes gestes sont saccadés et à la fois assurés. Je m’empare de l’alcool, je dévisse le flacon et me place au-dessus de la plaie de mon interlocuteur. Sans ménagement, je renverse le contenu sur la chair à vif. J’ai conscience de mener une basse vengeance, de me tromper peut-être même de cible. C’est de la pure méchanceté et ça ne me ressemble pas. Je fais durer ce supplice quelques secondes seulement – mon humanité rattrape mon cauchemar au détour d’une jubilation fugace. Non, la vieille version de Lou rattrape la nouvelle plutôt. Je suis aussi livide que lui tandis qu’elle s’exprime par bouche.

« Tu es un millénaire en retard. Tu m’as laissé faire les déductions dans mon coin. Si j’avais été aussi importante que tu le suggères, tu aurais pris le temps de partager ça avec moi. C’est trop facile de fuir et de me planter là. T’as pas eu le cran d’affronter la réalité. T’as pas eu le cran de m’en parler. Tu sais pertinemment qu’en un coup de fil j’aurais débarqué peu importe ce qu’il se passait et peu importe la gravité. Pour toi, j’aurais couru un millier de kilomètres en une nuit. Tu n’aurais même pas eu besoin de me le dire, j’aurais été là, j’aurais compris. Et tu le savais. J’étais prête à tout pour toi. Tu m’as poussée dans mes limites. Je t’interdis de revenir comme ça me bousiller à nouveau ma vie et à te justifier en utilisant la culpabilité. »

Je ne sais pas d’où je tire à nouveau cette rage, toute cette énergie qui en découle. J’arrache mon bracelet de mon poignet pour dévoiler entièrement l’entaille qui s’y dessine.

« Ce n’est pas un tabou et je n’en ai pas honte. Tu ne vas pas marchander avec moi quoique ce soit, tu ne peux pas jouer sur ce terrain. Et tu ne seras jamais… Écoute-moi bien… Jamais mon ange gardien. Tu n’as plus de rôle à jouer auprès de moi, si ce n’est celui d’un ex encombrant. »

J’emploie les bons termes, ceux dont la signification coûte en ecchymoses fictives. Je prends les compresses y verse de l’alcool puis plonge sur sa blessure. Je tamponne peu amène le sang qui se masse autour de l’ouverture. Toujours dans cette phase héroïque où je ne suis plus moi-même, j’ajoute.

« Je suis désolée pour ta famille. Mais je ne suis pas désolée pour ce que je suis devenue et encore moins pour ce que nous sommes devenu. C’est trop tard. »

Mes intonations dures, inflexibles me terrifient moi-même. Je frissonne à l’intérieur tandis que je continue de nettoyer toute… toute cette hémoglobine. Toute cette hargne se dissipe aussi vite qu’elle est apparue à l’instar de la première édition de ma froideur. Je me sens flancher. Je ne supporte pas la vue de tout ce rouge, mes paumes commencent à en être imbiber. Je n’ai même pas à l’aider. J’ai plusieurs hauts le cœur que je masque. Mes mains tremblantes attrapent celles du blessé dans un spasme et les presse d’appuyer elle-même sur l’hémorragie. Je tombe presque du lit à la suite et décide de tituber tant bien que mal jusqu’à la vitre. Je m’acharne sur le verrou rouillé à me faire mal aux phalanges et je m’effondre finalement au sol complétement désespérée, refoulant comme je peux une nouvelle crise de larmes. J’ai la nausée et je suis vraiment au bout de tout. Mon sac gise un peu plus loin, je le ramasse en allongeant le bras, je vois le monticule de petites choses qu’il a envoyé voler un peu plus tôt. Je peux percevoir l’enveloppe contenant ma lettre. La saveur âpre de la bile hante mon palais. J’ai toujours agi comme ça, j’ai toujours continué à courir après les bras qui m’échappaient. Même après avoir sur qu’il me trompait, j’ai voulu qu’Hugo me revienne. Je me sens tellement minable.

« Pourquoi… Pourquoi avez-vous tous décidés de me faire passer pour la dernière des connes. »

J’étouffe, je vais finir par réellement rendre le peu d’ingrédients que j’ai pu avaler. Tout s’efface et rien ne se recompose dans mon esprit cette fois-ci. Je mets tout ce qu’il me reste de force dans mon ultime geste et balance mon sac contre cette fichue vitre éternellement close. Elle ne se casse pas comme je le veux mais elle se fissure. C’est ça finalement, moi, je suis comme ça. J’ai voulu élargir mes brèches pour définitivement me détruire mais non, non. Je suis dans le même état en vie en percevant, en attendant la fin. Ma sacoche retombe durement sur le plancher et moi, je m’arrache de cette pièce pour foncer droit vers le couloir. Mes mains sont toujours rougies par un crime que je n’ai pas commis cette fois, j’en ai sur mes vêtements et la vue de ce sang me donne la suite de mon itinéraire. J’ai l’impression d’en être recouverte. Et par extension, j’ai l’impression d’être imprégnée de lui, de ces souvenirs, de nos souvenirs. C’est tellement brutal tout ce qu’il vient de réveiller. C’est trop brutal pour moi, moi qui n’ai plus rien pour supporter mon propre poids. Je suis happée. Happée par la tornade, la tempête m’a déjà rattrapée. Avant que je ne réalise, j’ai la tête penchée sous un jet d’eau. Je me frotte les bras, les parties de mon pull qui sont souillées et puis mon crâne qui menace d’éclater. Quand je me redresse face au miroir de la salle de bain, on ne peut pas nier que je suis une victime d’une catastrophe naturelle. J’ai pris de plein fouet l’orage. Mes cheveux sont en bataille, les plus longues mèches atteignent mon front et dessinent des rivières sur mon visage, dans ma nuque. Au milieu de ma confusion, j’ai limite les dégâts. La violence des courants, ce que Lucas a provoqué, aurait pu m’emmener bien plus loin que là, au-dessus de cet évier. Je suis à l’envers mais je sais ce que je vais faire. Oui, je vais y retourner. Je vais lui dire d’aller voir un médecin et je vais partir. J’irais chercher de l’aide à la clinique, quelqu’un viendrait le récupérer et moi je rentrerais. Je me laisserais mourir à ma façon et j’étranglerais des sanglots encore tièdes à l’ombre. Et lui, il disparaitrait pour de bon de mon existence.
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MessageSujet: Re: Toi?! Excuse moi ! [Livre I - Terminé]   Toi?! Excuse moi ! [Livre I - Terminé] EmptyDim 2 Juin - 18:00





Toi !? Excuse moi!
Louise & Lucas
«Qui a raté ses adieux ne peut attendre grand-chose de ses retrouvailles.»



A lire:
Spoiler:


Je la détestai d’avoir toujours été si belle, si pure, si juste, si… si Louise. Mais celui que je détestai le plus c’était moi. Je n’aurai pas dû revenir ici mais qui aurait cru que je la retrouverai ? Personne, même pas moi. J’avais tellement tâché à l’effacer de mon existence que cette possibilité ne semblait même pas m’avoir effleuré l’esprit pendant mon combat pour venir jusqu’ici. En fin… je ne pouvais même pas l’affirmer. Je n’avais aucuns souvenirs. Très peu. Juste assez pour connaitre la raison de ma venue et je savais, au fond de moi, que même avec la crainte de la recroiser, je serai tout de même venu. Mon frère. Mon frère était devenu ma nouvelle espérance. Louisville était notre point de ralliement. Ça, je m’en souvenais et malgré le désir profond que j’avais à ce moment-là, de ne plus la faire souffrir en quittant cette ville, je ne pouvais le lui accorder. Je ne pouvais lui accorder la seule chose qu’elle désirait le plus au monde si ce n’est mourir. Mon frère était à présent mon unique famille. Mon unique raison, à moi, de ne pas prendre les armes et de foncer dans le premier tas d’ennemi que je pourrais croiser sur les autres. Je n’étais pas encore près au suicide. Pour cela, il aurait fallu la confirmation de la mort de Thomas. Je ne l’avais pas même si je le craignais. L’espoir vivait encore en moi et c’était bien la seule flamme positive que je pouvais ressentir à cet instant. Les autres me dévastaient autant qu’elles me pétrifiaient. Pourquoi lui ai-je dis tout ça ? Elle ne devrait pas savoir. Elle n’aurait jamais dû savoir, je me l’étais juré. Elle ne devait pas perdre ce regard que j’avais tant aimé. Elle ne devait pas. Mais voilà, son regard avait perdu de cette intensité dont j’étais tombé amoureux et ne semblait plus être animé que par la tempête qui se déchainait en elle, en nous. Elle ne vivait que parce qu’elle n’avait pas d’autre choix pour le moment. Elle ne vivait que parce qu’on lui avait empêché de ne plus vivre. Quelqu’un d’autre lui avait sauvé la vie et je l’en remerciais de loin alors que je voyais parfaitement qu’elle était loin d’arriver à la fin de ses tourments. Je ne pensais pas un jour la voir dans cet état, elle qui avait toujours été si forte. Je regardai la boite sur le sol et me souvint de son arrivée dans ma chambre. C’était une idée de ma mère qui avait fait de même enfant. Elle avait consigné tous ses plus beaux souvenirs dans cette boîte et l’avait considéré comme une boite aux trésors, le plus précieux de ses biens. Cette boîte, c’était mon frère qui l’avait récupéré à sa mort. Je n’avais pas tenu à y découvrir ses secrets et ses souvenirs. Je construisis ma boîte avec mon père à l’âge de 8 ans comme mon frère au même âge. J’avais essayé de représenter un aigle sur le dessus du bois mais… ça n’avait pas franchement marché. Louise s’était longtemps moquée de cette espèce de rat qu’il y avait dessus. J’eu presque envie de sourire à ce souvenir mais son arrière-gout amer m’en empêcha. Dans ce coffre, un paquet de souvenirs dont Louise faisait souvent parti. Pendant 8 ans, elle a partagé mes souvenirs d’été et se confondait à chaque objet, à chaque mot, à chaque pensée liés à cette boite magique. Magique parce qu’elle venait de libérer le passé que j’avais enfui en moi. Louise avait été la clef. Pourquoi cela ne m’étonna même pas ?

Je lâchai un cri puis un grognement alors que mes réflexes me revinrent bien trop rapide pour les contrôler. Je me redressai et attrapai ses bras si vite et si fermement qu’il me fallut plus d’une seconde pour me rendre compte que ce n’était que Louise. Louise qui déversait par le contenu de cette bouteille, toute sa haine envers moi, mes propos et tout ce que je lui inspirai. J’étais le mal incarné. Elle était ma souffrance passée. Je n’avais jamais pris le temps de panser mes plaies et voilà où cela me menait : une douleur fulgurante par son implacabilité. Ma chair se consumait. C’est l’impression que j’en avais. L’alcool me révulsa en même temps qu’il attaquait ma peau. Je lâchai ma emprise, conscient qu’elle était plus un danger pour elle-même que moi. Mes reflexes militaires ne semblaient pas s’être perdus pendant mes années d’errances. Je me doutai que ces deux semaines passées à essayer de me sauver les miches, en était pour quelque chose. J’espérai ne pas lui avoir fait peur alors même qu’elle me versait encore l’alcool dessus. Cela ne dura pas bien longtemps pourtant. Juste quelque seconde. Elle avait besoin de lâcher cette haine et je venais de lui jurer qu’elle pourrait se venger sur moi. Je la laissai donc faire me crispant plus que de raison sur le lit. Elle s’arrêta, enfin. En fin… la suite fut encore plus douloureuse pour moi que cette attaque à l’alcool. Je l’écoutai et la regardai me lancer tout cela au visage avec rage et haine. Elle disait vraie. Elle ne mentait pas, je le savais. Je le savais en ce jour et je le savais à l’époque. Je la connaissais si bien, trop bien. Je savais qu’elle serait venue me retrouver pour m’aider abandonnant probablement tout pour m’aider mais je n’avais pu le lui demander. Par égoïsme ? Par peur ? Par stupidité ? Je ne sais pas. Peut-être un savoureux et débile mélange des trois. Comment aurais-je pu lui imposer ça ? Elle aurait préféré sans doute ça à ce que je lui ai vraiment imposé. Dans la situation inverse, je ne sais comment j’aurai réagi. Peut-être aurais-je débarqué pour voir avec quel enfoiré, elle aurait été en train de me tromper ? Parce que, soyons honnête, c’est la première chose à laquelle j’aurai pensé ça aurait ça. Et je peux vous assurer que je n’aurai pas été tendre avec elle ni avec l’autre. Toutefois, j’aurai découvert la mort de ses proches et… et je ne sais pas. Comment pourrais-je savoir ? C’est moi et uniquement moi qui ait vécu ça et non elle. Il n’y a que moi qui ait pris cette décision pour elle, pour nous. Je n’ai pensé qu’à moi. Me protéger de tous ces souvenirs et d’elle, de son regard. Comment pouvons-nous arriver à penser que le plus beau visage de la terre serait celui qui nous ferait le plus de peine ? Comment en étais-je arrivé là ? Je me souviens parfaitement de ce téléphone qui sonne. Je le regarde. Je vois « chérie » s’affichait et je vois mon regard qui se détourne. Je vois les coups de téléphone. Je vois les messages que je ne lis pas, ou peu. Je sens mon cœur se briser puis se solidifier. Je vois son visage disparaitre dans l’obscurité et je me vois avancer alors qu’elle est restée derrière. Puis je la revois ici alors qu’elle défendait cette boite magique. Ma boite qui était devenue la sienne avec le temps puis qui n’a plus appartenu à personne, abandonnée comme toutes ces choses de notre passé, du mien. Je ne voulais pas bousiller sa vie. Je n’avais jamais voulu cela. Je pensais qu’elle passerait à autre chose en me détestant. N’était-elle pas passée à autre chose justement ? Non ? Me détester c’était une chose acquise mais avec une telle rage que je me demandai soudain s’il n’y avait pas autre chose à son état. Cette cicatrice était-elle à cause de moi ? Uniquement ? Non. Je ne pouvais me l’imaginer. Aurais-je fait alors l’opposé que ce que j’aurai dû pour la protéger ? Avais-je créé sa souffrance au point qu’elle en arrive là ? Là où j’avais pensé la protéger de mon influence dévastatrice, je l’avais repoussé dans ses dernières limites comme elle le disait si bien. C’était de ma faute, après tout. Où serions-nous si je ne l’avais pas effacé ?

La culpabilité. Elle emploie ce terme comme si je l’attaquais avec. Non, c’était loin d’être le cas. Je ne pouvais la rendre coupable de mes malheurs ni de mes choix. Elle n’avait jamais été la cause de tout cela. C’était moi. Ça avait toujours été moi. Thomas n’aurait jamais réagi comme ça avec elle. Elle aurait dû le choisir lui à l’époque mais elle me prit moi, le plus jeune et le plus fougueux des deux. Le plus cinglé et révoltant mais aussi le plus maladroit. Son geste se justifiait par sa vie et je ne la connaissais pas. Je m’en étais éjecté tout seul et elle avait bien raison sur ce point. Je n’avais plus aucun droit de m’autoproclamer ange gardien de sa vie pourtant, maintenant que notre boite était ouverte, je ne pouvais m’empêcher de me dire que c’était ma faute et que je devais me racheter d’une manière ou d’une autre. Partir était impossible pour moi alors que pouvais-je faire d’autre ? Oublier ? Je sentais que cela me serait à présent impossible. Mes erreurs me revenaient bien trop fortes pour que je les refasse. Mon corps se morcelait en un monticule de petits morceaux disparates alors que je tournai le regard vers elle. La honte, la crainte, la culpabilité, autant de sentiment que je m’étais juré de ne plus ressentir. Elle presse des compresses sur ma plaie. Je grimace mais la douleur est beaucoup moins forte. Le poids de mes choix suffisait à compenser les piccotements de la plaie ouverte. Ses paroles furent froides, toutes mais cette phrase à propos de ma famille me glaça le sang. Ca ne lui ressemblait pas. Qu’était-elle devenue ? Elle avait raison. Elle n’était plus la Louise que j’avais abandonnée et nous n’étions plus les enfants de l’époque. Je n’étais plus le même depuis longtemps, plus vraiment. Mon reflexe de tout à l’heure le prouvait bien. Certaines choses vécues nous empêchent de revenir comme la personne que nous étions avant le départ. Les combats et cette guerre n’avaient en rien arrangé ma crainte. Un soldat reste toujours sur le qui-vive. Un soldat ne revient jamais indemne et quoiqu’on l’en dise, un gendarme du GIGN en était un comme un autre. Ma dernière compagne en avait fait les frais alors que ma main s’était retrouvée sur son coup après une mission en Afrique. Elle avait fui. Elle avait eu raison. Sans comprendre, mes mains finirent sur ma plaie. Le contact de ses paumes sur le dos de mes mains me fit frissonner comme un électrisant souvenir de nos anciens moments. Je la regardai tituber et manquer de tomber. Je me redressai et tentai de la toucher, de l’attraper. Elle évita. Elle avança tant bien que mal vers la fenêtre. Je la regardai en m’approchant du bord du lit faisant retomber ma jambe le long du bois. Elle essaya alors d’ouvrir la fenêtre. Elle força. Je la regardai s’acharner sur ce loquet comme si sa vie en dépendait. Le sang n’avait plus le même effet sur elle que par le passé. Ma mère aussi avait eu du mal avec cette vision après sa troisième tentative à l’arme blanche. Tout. Tout en la regardant me rappelait un acte, une réaction, une parole, un regard de ma mère à cette époque. Il m’était difficile de faire la part des choses et de ne pas l’associer à ma mère. Il m’était difficile de me souvenir que je ne devais pas la protéger. Je n’avais pas réussi à le faire pour ma mère alors peut-être… peut-être pourrais-je le faire avec Louise ? Peut-être serait-ce aussi le moyen de me racheter ? Moi et mes torts ? Moi et mes erreurs.

Elle s’écrasa sur le sol, me montrant son dos, j’eu la même vision que quelque minutes plus tôt. Je refoulai ce souvenir et me concentrai sur ses propos. Tous ? La dernière des connes ? Je ne compris pas tout de suite. Je n’avais jamais voulu la prendre pour une conne. Je la respectai tellement à l’époque qu’il m’en aurait été impossible mais je savais qu’elle avait raison. C’est exactement ce que j’avais fait en l’abandonnant. Je ne l’avais pas aidé mais détruite. Nous étions des gagnants à deux. Nous étions plus forts, toujours et du jour au lendemain, je l’ai laissé seul. Tellement persuadé de la juste cause de ma réaction, je n’ai pas pensé une seconde que je venais de la briser. Elle et tout ce qu’elle représentait pour moi. Tout ce qu’elle représentait pour elle. Tout ce que j’avais aimé et voulu protéger. Je l’avais fait attendre et espérer quelque chose que je m’étais efforcé d’oublier. Mais ça, elle, elle ne l’avait jamais su. Elle avait continué sa vie avec ce doute et cette incompréhension. De rage, elle envoya son sac sur la vitre restée close. Je vis la vitre se fissurer et j’eu l’impression que mon âme ressentait la même fente. Je ne savais que lui dire alors je la laissai s’en aller d’en couloir. J’entendis couler l’eau. Je restai un moment planté là à regarder cette fissure dans la fenêtre. Je ne pouvais plus me rattraper et aucune de mes paroles ne sauraient réconforter son être ni le mien. Nous étions ce jour-là deux âmes perdues dans les non-dits et les souffrances antérieurs et présentes. 10 ans n’avaient pas suffi. 10 ans n’avaient pas suffi à nous pardonner ou nous oublier. Nos cœurs étaient à vif à jamais. J’avais tout caché et ce jour-là, tout était ressorti me lasserant de toutes ces vérités. Elle avait tenté de passer à autre chose mais gardait cette haine viscérale contre moi. Je l’acceptai. Je ne pouvais faire que ça. Nous étions liés l’un à l’autre depuis le début. Depuis cette chute à vélo. Depuis ce premier baiser et tous les autres. Depuis que nous nous étions unis l’un à l’autre. Et même après mon choix, nous avions continué à être lié. On ne peut complètement oublier une personne qui comptait si puissamment pour nous.

Je regardai ma jambe, et constatait que quatre poings pétés pouvaient suffire à imbiber tout un pantalon de sang. Je plaçai des compresses dessus et serrai le plus possible les rives de ma plaie à l’aide de sparadraps puis entourai ma jambe du t-shirt déjà transformé en poche de sang, le mien. Un regard vers la fenêtre et j’allai vers elle. Je posai le doigt sur la fissure et regardai à l’extérieur. Nous avions une belle vue de cette chambre sur les alentours de la ville. De la fumée se distinguait au loin, je fronçai les sourcils, quelle ville avait été attaqué cette fois ci ? Jusqu’à quand nous serions en sécurité ici ? Combien de temps avant que le peu de chance que nous avons disparaisse ? Etait-ce de si mauvaise augure que de la revoir ? Je ne savais pas. Au fond de moi je sentais une certaine joie de la voir même si elle n’était plus tout à fait celle que je connaissais. Je sentais ce désir de la retrouver réellement. Mais je sentais aussi cette peine de lire toute cette haine dans son regard. Le temps n’était plus le nôtre et nous n’étions plus si maîtres de notre destin que je ne le pensais. Profiter. Penser à autre chose. Vivre. Ou plutôt survivre. La vie finira comme ça. Je donnai un coup sur le bas du verrou et l’ouvrit. Je souris. Elle l’avait oublié. Ma tête l’avait quelque peu endommagé il y a plus de 15 ans de ça depuis il fallait lui donner un coup dans le sens contraire et l’ouvrit en même temps pour espérer avoir de l’air dans la pièce. Des choses étaient restées pendant que d’autres avaient fuis nos mémoires. Je partis la rejoindre. Elle était dans la salle de bain. Son visage semblait avoir vécu une catastrophe. Je fronçais les sourcils alors qu’elle restait fixée sur son visage.

Il fallait taper en dessous…

Je m’arrêtai. Je ne savais plus quoi lui dire. Je regardai ce visage dans le miroir que j’avais tant aimé alors que nous étions ados et là, je n’arrivai pas à ouvrir la bouche pour lui faire comprendre que je m’en voulais. Je m’en voulais de mon abandon. Je m’en voulais de mes propos. Je m’en voulais de lui avoir pas dis pour le reste de ma famille et en même temps de le lui avoir dit ce jour-là. Je ne savais plus comment être ni qui être avec elle ou pour elle. Je n’étais que l’ex-encombrant qui l’avait fait souffrir comme le lâche que j’étais. Elle avait raison je n’étais que ça. C’était peut-être pour ça que je n’eus plus que de rare vrai relation avec la gente féminine. Je n’avais pas correctement fini une histoire, mon histoire, notre histoire. Je regardai autour de moi, le couloir, la porte qui menait à la chambre de mes parents l’été, la salle de bain, cette douche qui m’avait souvent apporté réconfort. Je me souvenais d’un jour de pluie. Nous étions arrivés boueux dans la maison, il n’y avait personne. On avait 17 ans. Je l’avais jeté sous l’eau habillé parce qu’elle ralait d’être recouverte de boue par ma faute. Elle m’avait frappé puis elle avait ri à s’en décrocher la mâchoire. Je souris. Son regard s’était aussi porté sur la douche, suivant probablement le mien. Je m’approchai alors de la douche, ouvris le robinet et entrai dans la douche. Je laissai couler l’eau le long de mon visage, de mes vêtements enlevant tout le sang que je transportai. Je fermai les yeux et positionnai ma tête de sorte à entendre uniquement l’eau comme si j’étais au milieu d’une tempête. J’aimais cette sensation. Je tournai la tête et la vis là à côté de moi. Je tendis le bras et la tira avec force sous l’eau. Le sang de son sweat s’écoula doucement. Je n’attendis pas sa réaction.

Toi aussi... toi aussi tu te souviens… Ne crois pas que je voulais te faire du mal. Regarde-moi dans les yeux, comme avant, et écoute-moi bien. Je n’ai jamais voulu tout ça. J’ai été le plus lâche de la terre mais jamais, JAMAIS, je n’ai voulu te faire passer pour la dernière des connes et encore moins te faire du mal… je ne sais pas moi-même pourquoi je me suis rendu si têtu à refuser de t’appeler.

Je soufflai puis repris.

Nous nous sommes toujours tout dits avant la mort de mon père, alors continuons, tu veux bien ? Il est clair que je ne veux pas te voir mourir et l’idée que tu te fasses la même chose que ma mère m’insupporte tout simplement parce que c’est toi. Tu es mon souvenir. Oui tu as changé. Oui j’ai changé et bien sûr que nous ne sommes plus les amants que nous étions. Je suis un enfoiré. Tu es suicidaire. Appelons un chat, un chat... Et la seule chose qui nous unis sont nos souvenirs. Nous en sommes hantés et ça n’ira pas en s’arrangeant. La ville et cette maison en sont imprégnées. Je suis désolé, je ne peux pas quitter cette ville. Si Thomas est encore en vie, il fera tout pour venir ici. Je le sais. C’est l’une des seules choses dont je me souvienne de mon périple pour arriver jusqu’ici. Je dois rester. Je ne veux pas te faire de mal mais je ne veux pas voir ma mère en toi.

Je levai la tête vers le pommeau de douche.

Tu as voulu mourir pour… je ne sais pas. Une autre personne qui t’a prise pour une conne ? Je ne sais pas. Je ne mérite pas de savoir. Tu as plongé la lame dans ta peau et t’es vidée, ou presque, de ton sang. Est-ce que cela t’a apporté du bien être ? Si c’est le cas tu n’as qu’à attendre l’arrivée d’ennemi et te laisser mourir sans te battre. Ce sera une sorte de suicide ça aussi… tu vas arrêter de te battre et garder les yeux vides puis tu vas mourir percée par des balles. Tu disparaitras de ce monde à tout jamais. J’ai vu ma mère faire la même chose pendant près de 6 ans. La futur assistance sociale pleine de vie, d’humour, de force et de détermination semble ne plus être là mais je pense qu’une forme d’elle, pas tout à fait comme dans mon enfance mais presque, reste cachée. Sinon, pourquoi serais-tu venue ici, dans la maison de Benoit ? Pourquoi serais-tu venu plusieurs fois ici ?

Je la regardai en sachant pertinemment qu’elle ne m’écoutera pas et ne prêtera pas attention à mes propos. Ma mère faisait pareil. Elle n’écoutait pas. Elle n’intégrait pas. Elle n’acceptait pas. Jusqu’au jour où quelque chose la fit réagir. Quelque chose de bien. Quelque chose de beau. En fait, quelque chose de magique. Je ne savais pas quoi mais je l’avais tant espéré ce moment où elle redeviendrait elle-même, une femme ravissante. Certes ces années passées dans l’obscurité lui avaient laissés nombres de séquelles mais, elle était redevenue un être vivant. Je sortais de la douche, laissant l’eau couler. J’étais trempé. Ma jambe me lançait mais ce n’était pas le plus important. Je me dirigeai vers la chambre de mes parents. Une vague de souvenirs me fouettèrent le visage et je dus me retenir à l’encadrement de la porte. Une seconde passa avant que je puisse regarder la pièce sans avoir envie de hurler. Je cherchai dans les meubles et trouvai des habits à nos tailles, ceux que mes parents avaient laissés. Nos vétements d'été ça nous évitait de venir avec trop de valise. Je les secouai et les emportai dans la salle de bain avec une serviette de plage.

Je te pose des vêtements propres fin… secs plutôt et une serviette sur l'évier. Louise, tu es ici chez toi. Si tu veux venir tu viens et si tu ne viens pas parce que je risque d’être là, je quitterai la maison dès que tu passeras la porte.

J’enlevai mon t-shirt trempé et épongeai l’eau qui ruisselait sur mon torse et mon visage avec (utile ?). Le temps d'enfiler le sweat de mon père, je laissai apparaitre mes ecchymoses et plaies récentes de ma traverser du désert personnel. Je fis rapidement un état de tout ceci oubliant la présence de Louise et bloquai sur ma plaie par balle sur le flan gauche, un ravissant souvenir d'une mission ayant tourné mal. J’enfilai le sweat que j’avais pris dans la commode.

Je ne sais pas si tu te souviens mais le sac de frappe de mon père doit encore se trouvait dans l’atelier… si la rage te reprend, tu pourras toujours aller frapper dessus au lieu de me jeter de l’alcool sur une plaie ouverte…

Un léger sourire naquit sur mon visage alors que je redressai la tête vers le miroir. La ressemblance avec mon père me frappa. Ce sweat sur moi. J’eus l'impression de le revoir plus de 10 ans arrière. J'avais toujours cru que c'était mon frère qui lui ressemblait le plus mais là, en cet instant j'eus l'impression qu'il était présent. Alors que non. Je restai figé un instant puis tournai les talons vers la chambre de mes parents laissant à Louise la possibilité de se changer et à moi de réfléchir et de me changer le pantalon.








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MessageSujet: Re: Toi?! Excuse moi ! [Livre I - Terminé]   Toi?! Excuse moi ! [Livre I - Terminé] EmptyJeu 6 Juin - 21:15

Sa voix vient avant son visage. Je crois halluciner mais son reflet hante le miroir, juste derrière le mien. Mon regard pourchasse ses traits, les traque, les tue en silence. Je ne comprends pas ce qu’il fait là, debout avec sa cheville ensanglantée. Court-il encore après une chimère ? J’efface ces yeux que mon cœur ne peut plus supporter et je compte chaque seconde de silence, les chérissant comme des perles éphémères qui se briseraient à la minute où ses intonations reviendraient me malmener. En attendant je contemple leurs éclats et me laisse absorber par leur jeu de lumière. Mon imaginaire me permet pour l’instant de ne pas susciter des réactions trop violentes face à sa présence. Un froissement, il remue, il s’égare. Mes prunelles suivent la ligne de ses cheminements et grimpe jusqu’à la pomme de douche. La boue, sa folie, mes rires. Nous étions jeunes, plein de vie, plein d’entrain. Nous étions surtout amoureux. Je fixe les débris que notre amour a laissés derrière lui et j’ai du mal à contenir de nouvelles larmes. Heureusement, il file sous le jet d’eau, il ne voit pas à quel point ce décès m’affecte. Le bruit me fait sursauter et sans que je ne cherche à comprendre pourquoi je l’observe laver les souillures que l’hémoglobine a tracée à défaut de laver nos erreurs. Je reste là les bras ballotant admirant le passé en niant le présent. Sa main me trouve très soudainement et avant que je n’aie le temps de réagir correctement, il me propulse sous l’inondation. Non, je n’ai plus 17 ans et ceci n’est pas un jeu. Notre vie n’est plus une grande partie d’amusement, elle tire davantage son inspiration de la farce de plus mauvais goût possible. Je cherche à le frapper, je n’atteins pas ma cible. Je me débats, je le maudis. Il superpose à nouveau physiquement nos souvenirs, les confronte à ce que nous sommes devenus. C’est tellement tordu et tellement douloureux, j’ai du mal de respirer. Il me torture et puis, il met des mots sur la douleur, il la nomme, apprivoise tout ce que je ne peux pas atteindre. Il parle pendant une éternité, je le laisse volontairement me couler. Je pars à la dérive, j’arrête de chercher à le blesser. Je l’entends et je fais la sourde en même temps. J’ai la tête dans l’océan, une oreille immergée, une oreille tournée vers le ciel. Sa mère. Je me souviens de son odeur. Je ne la complète pas avec ce qu’il m’explique, je refuse d’accepter ce qu’il me présente. Je n’ai pas les capacités émotionnelles pour le garder en moi, pour garder les sons qui m’annoncent un suicide autre que le mien. Je comprends par contre que je ne suis pour lui qu’un schéma, une mauvaise superposition. Je ne suis qu’un jouet entre ses mains.

Il veut croire. Il veut croire en moi. Il ne doit pas, personne ne le doit. Pitié. Je ne veux pas faire d’efforts, je ne veux pas changer. Je veux qu’on me laisse pourrir et qu’on ne parle plus de moi. Je veux qu’il m’oublie, lui et les autres. Je veux disparaître, oui. La façon dont ça se produira n’importe pas. Je veux juste en finir. C’est tout. Et ce que je désire par-dessus tous ces souhaits, c’est qu’il cesse de me faire vivre dans ses yeux. Je ne compte pas être ressuscitée, je l’empêcherais. Sa tirade et la dureté de la conversation me laisse plus vide que jamais, plus épuisée que jamais. Il part, je continue à m’enfoncer plus profondément encore dans la mer pendant cet intervalle de temps. Je me mets en pause. Je regarde droit devant moi, je ne fixe rien, je ne parle plus. Il revient. Il s’exprime, je ne comprends rien. Il se déshabille, je n’ose même pas m’aventurer dans sa direction. Je suis sonnée par tout ce qu’il vient de me dire. Je tends la main vers l’avant pour l’arrêter mais mes doigts ne saisissent que du vide car il n’est déjà plus dans la pièce. J’ai perdu. Et je veux que ça s’arrête, je veux juste que ça s’arrête. Le néant investit ma poitrine, il m’aspire de l’intérieur. Ça n’est pas une souffrance physique, c’est pire que ça. Ce mal être me fait trembler. Je suis effrayée par ces sensations, complétement effrayée. Je ne crains pas la mort mais davantage la vie. J’ai peur de vivre. Je ne veux plus rien ressentir. Et surtout pas ça.

Les succubes grattent ma cage thoracique et je suis tellement paniquée par ça que je me mets à courir, toujours trempée dans le couloir. Je ne peux pas les semer, ils vivent en moi. Je ne peux pas les éloigner, ils me mangent de l’intérieur. C’est une nouvelle crise de désespoir, elle est vive. Je suis terrorisée comme jamais. Ma terreur me fait marcher, bloque ma raison, mes raisons. Je le cherche, je le trouve. Dans la chambre de ses parents. Quand je le vois, je m’arrête. Sa jambe. Que fait-il donc ? Je n’arrive plus à y penser deux secondes plus tard. Je frémis, des convulsions animent mes membres. L’eau que je répands ondule autour de mes pieds. Ce que je fais là devant lui dans cet état ? Je ne veux même plus le savoir. Je l’appelle. Je répète son prénom au moins quatre fois. Des murmures écorchés par ma crainte. Il ne doit pas jouer le sauveur. Je ne dois pas lui donner la réplique, ni le script. C’est pour ça que je recule malgré que je viens de le réclamer. Et finalement, après avoir essuyé la tempête, tous les barrages cèdent sous le poids de la crue. J’effectue les quelques mètres qui me sépare de lui dans un ultime effort, dans un dernier souffle. Je m’agrippe à ses bras, je plante mon regard dans le sien. J’ai tellement, tellement froid à l’extérieur, à l’intérieur surtout.

« J’ai envie que ça s’arrête. Fais en sorte que ça s’arrête. »

Il doit partir. Il doit rester. Je ne sais pas. Je le relâche, tourne les talons et titube jusqu’au couloir où je m’effondre pour de bon en sanglots. Je me laisse tomber au sol. Je ne parviens plus à articuler trois mots correctement. Je me recroqueville, me roule en boule et je pleure, je pleure sans cesse. J’ai envie qu’il s’approche et j’ai envie qu’il s’éloigne. Je suis paumée entre une descente aux enfers et l’équilibre instable que je parviens à maintenir d’ordinaire. Je me suis perdue et là où je suis on ne peut pas me trouver. Je ne suis pas cachée. Je suis juste abandonnée.
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MessageSujet: Re: Toi?! Excuse moi ! [Livre I - Terminé]   Toi?! Excuse moi ! [Livre I - Terminé] EmptyVen 7 Juin - 18:22





Toi !? Excuse moi!
Louise & Lucas
«Qui a raté ses adieux ne peut attendre grand-chose de ses retrouvailles.»







Mon père, mon frère. Moi. Tout se superposer encore une fois devant mes yeux. Je regardai mon reflet dans le miroir et fut étonné d’y voir l’ombre de mon père. Une copie. Une pâle copie. Je ne me voyais pas comme eux, pas comme mon père. Je gardai de lui une si belle image qu’il m’était difficile d’associer autre que ses traits à mon visage. A moi-même. Je le voyais comme un dieu déjà enfant et ce ne fut pas avec l’adolescence et mes crises d’indépendances que cela avait changé. Je ne regrettai de cette période que nos disputes. Mon père était loin devant moi et ce n’était pas mes efforts sur le terrain et avec ma famille qui m’auraient rapproché de lui. Pas d’après moi. J’avais toujours considéré mon frère comme au-dessus, plus proche de lui, bien meilleur homme que moi mais je savais que ce n’était pas le cas. Aujourd’hui, je me demandai ce qu’il aurait pensé de tout ça. De mon abandon et de ma fuite. Si j’avais fait au mieux pour ma famille, je ne l’avais pas forcement fait pour Louise. Je l’avais fait pour moi, et encore était-ce seulement vrai ou était-ce que l’idée rassurante que je me faisais de cette vie que j’avais choisi ?

Dans la chambre de mes parents, j’enlevai mon pantalon et regardai une nouvelle fois mon mollet. La blessure n’était pas si grave que cela en fin de compte. Le sang rendait trop souvent les blessures plus affreuses qu’elles ne l’étaient. Je souris en me disant que mon frère me l’aurait recousu avec le fil à couture de ma mère, à la barbare. J’avais déjà subi des interventions sur le terrain et j’en avais jamais gardé de bon souvenirs, normal me direz-vous. C’est là que je l’entendis. J’entendis ses pas fouler le sol, sa respiration agitée et elle se retrouva face à moi près de la porte. Elle était trempée. Ses yeux étaient apeurés. Je m’approchai et manquai de tomber parce que je n’avais qu’une jambe du pantalon sec. Ses membres s’exprimèrent étrangement. L’inquiétude me bouffait et je secouai la jambe pour enlever mon entrave. Elle m’appela plusieurs fois comme d’un autre monde. Je ne comprenais pas. Elle était si différente de la jeune femme qui, 5 minutes plus tôt m’asperger d’alcool, me frapper avec un sac ou ses pieds, me griffer sous la douche. Elle s’éloignait de cette femme qui ma haïssait pour une autre que je ne reconnaissais pas plus. Sa haine s’était muée en désespoir et je ratai un battement lorsque sa voix résonna. Elle recula. Je m’avançai et l’appelai également en levant doucement mes mains vers elle. J’avais peur. J’avais peur pour elle, que cette crise de terreur ne la blesse. Qu’elle ne se blesse sans le vouloir. Je voulais la protéger. Je ne voulais la perdre. Pas une seconde fois. Je ne voulais plus la voir dans l’ombre au fond de ma mémoire, je ne voulais plus entendre son rire comme d’un rêve lointain ni sa voix sortant des enfers. Non. Je voulais la voir aussi clairement qu’à nos 19 ans. Je voulais entendre sa mélodie et revivre ce que j’avais perdu en l’abandonnant. Elle se jeta sur moi, agrippant mes bras avec une force que je lui reconnaissais bien. Elle plongea ses yeux dans les miens et eut ces quelques paroles prononcées dans un souffle d’espérance. Je me perdis dans ses yeux. Son éclat était bien différent qu’autrefois mais je la savais présente, quelque part. Ses yeux me le montraient, ses bras me le faisaient sentir et le tout me frappait pour me faire réagir.

Je n’eus pas le temps de décocher un mot qu’elle s’éloigna en titubant. Je tentai de l’attraper mais elle fut plus rapide que moi et disparu dans le couloir où elle se laissa tomber. Je la suivis, passai dans la salle de bain pour récupérer la serviette et m’approchai de son corps en sanglot. Cette vision me fractionna davantage le cœur et l’âme alors que je comprenais que je ne pouvais rien faire pour l’aider. Je n’avais pas de super pouvoir ou de baguette magique à utiliser contre ses tourments. Je ne pouvais lui enlever ses tourments et ses craintes. Je ne pouvais effacer ce que je lui avais fait et ce que d’autre lui ont fait pour qu’elle en arrive là. Je ne pouvais pas. Je ne pourrai jamais et j’eu soudainement l’impression de ne servir à rien. De n’être qu’un homme face à la misère d’une vie. Je me sentis aussi abattue qu’à la mort de mon père, à la dépression de ma mère et à l’accident de mon frère. Abattu. La mort aurait très bien pu me prendre pour me rendre la vie facile mais elle n’arriva pas et je me suis relevé comme je le pouvais en semant destruction et peine autour de moi. Je n’avais été qu’un démon égoïste par le passé et aujourd’hui, c’est elle, elle que j’avais détruit, qui me demandait de l’aide. Ma peur enfuit au fin fond de ma mémoire ressurgie aussi forte et habile que la première fois. Je doutais de moi. Je ne voulais pas la blesser. Je ne voulais pas la briser. Je ne voulais la perdre. Je ne voulais pas me perdre. J’entendis ses larmes, je vis ses tremblements. Je me savais dans le présent et je définissais les contours de mon passé avec une encre rouge. Je me baissai, pris appuie sur mes genoux en évitant soigneusement de toucher mon mollet avec le sol en bois. Doucement je me penchais vers elle. Je passai une main sur son bras droit et l’autre dans son dos. Je l’attrapai doucement et la tirai vers moi alors que je passai mes jambes sous elle. Sa peine la rendait lourde. Sa terreur tendait tellement son être que j’eu l’impression de soulever un camionneur. Je passai sur son corps la serviette sèche que je venais de récupérer et l’enveloppait dedans le mieux que je pus. Puis je l’entourai doucement de mes bras bien qu’avec fermeté pour qu’elle s’arrête de gesticuler. Je collai mon visage sur sa tête et commençai à me balancer. Ma main alla caresser ses cheveux puis mon pouce sa joue et je me perdis dans mes pensées. Je n’en revenais pas de me retrouver ici en sa présence. La voir me brisait comme me rendait heureux. J’avais ce sentiment qui bouillonnait en moi. Si fort et puissant qu’il semblait vouloir tout terrasser sur son passage. Je murmurai

Je suis là… Lou…chut… calme toi... je suis là… sens moi… Je suis là.

Je répétai plusieurs fois cela comme une berceuse. Ma jambe me lançait mais ce n’était pas le plus important. Pas maintenant. Pas en cet instant. Pas avec elle. Pas avec son regard plein de haine et son visage si fermé cinq minutes plus tôt puis si apeuré. Pas avec cette chose qui s’agite en moi. Le remord. Le regret. La honte et la culpabilité. Toutes ces choses s’agitent et me hurlent dessus. Elles me hurlent mes erreurs et me projettent ailleurs, 8 ans plus tôt. Elles me renvoient à un tournant de ma vie. A un croisement où j’avais eu le choix. Le choix d’aimer et le choix d’oublier. Le choix de vivre, d’essayer et le choix de tout briser, de lutter contre quelque chose d’impensable. Alors que je sentais son agitation près de moi, je me plaisais à rêver à une autre fin ou plutôt une autre continuité. Je me vois choisir l’autre chemin celui qui me semblait le plus insurmontable des deux. Je me vois l’appeler et m’excuser. Je la vois arriver et découvrir le malheur de notre famille. Je la vois chuter dans une douleur presque aussi profonde que la mienne puis je la vois lutter pour m’aider s’oubliant elle-même. Je la vois comme je l’ai toujours vu : forte et présente. Je l’aimais comme ça. Je l’aimais en pleure. Je l’aimais en joie. Je l’aimais en colère. Je l’aimais. Je l’avais aimé ainsi et j’aurai du continuer, peut-être. Je ne savais plus. Je sentais ses cheveux, sa respiration, son souffle, sa vie entre mes mains. J’aimais cette sensation et j’aimais cette idée, d’être présent. Présent pour elle. Quand nous étions ensemble, je le lui avais juré. Je serai avec elle, présent. Je l’avais cru. Je l’avais voulu. Mes mots n’avaient jamais été mensonges. Pas lors de leur prononciation. Non. J’y avais cru. Je l’avais voulu. Je l’aimais puis j’avais changé. Je m’étais obscurci. J’avais eu peur. Peur que l’ombre ne l’atteigne elle aussi. Peur qu’elle ne me brise en se brisant à son tour. Je la voulais heureuse et pleine de vie. Je ne l’avais pas voulu ainsi. L’autre chemin aurait-il été meilleur ? Elle m’aurait aidé de tout son âme. On aurait été heureux, de nouveau, après coup. Puis après ? Aurait-elle accepté mes missions ? Aurait-elle accepter de vivre auprès d’un gendarme puis d’un membre actif du GIGN ? Aurait-elle accepté la pression ? La crainte ? La peur ? Elle voulait être assistante sociale, elle était faite pour ça. Elle aimait les gens plus qu’elle ne s’aimait. Elle serait restée à mes côtés quoiqu’il arrive et peut être même à défaut de son bien-être. Je n’aurai pu voir ça. Ni l’accepter.

Je suis là… je suis là…

Je répétai ça doucement puis dans ma tête comme pour m’en convaincre. Oui, j’étais là. Elle était bien dans mes bras. Elle respirait contre moi, assise sur moi, collé contre mon torse. J’hésitai, face à ses tremblements, à nous ôter nos vêtements. Le contact direct réchauffait. Pourtant je n’en fis rien, je doutais de moi comme de ses réactions. Elle pouvait autant l’accepter que le refuser et auquel cas sa réaction pouvait être terrible. J’embrassai alors doucement son crâne de plusieurs petits baisers. C’était peut-être de ma faute. Surement. Je venais de faire ressurgir en elle tout ce que je lui avais fait subir de négatif mais aussi tous nos moments. Elle ne semblait pas se rendre compte à quel point ce chamboulement m’atteignait aussi. Là, contre elle, je voulais ce que je ne pourrai avoir. Plus maintenant. Embrasser son front, le genre de chose que j’avais fait si souvent, le genre de chose qui me faisait basculer et comprendre tout ce que j’avais perdu. Tout le poids des remords me percuta de nouveau comme une nuée de missile et j’eus du mal à garder mon calme.

Je suis désolé Lou… je suis tellement désolé…

Sans comprendre une larme s’échappa de mon œil. Juste une. Juste une. Il ne suffisait que d’une pour contenir tout le poids du monde.

Je m’excuse de tout ça… je.. je n’aurai jamais cru que cela t’arrive… je suis tellement désolée… Lou…je ... mon amour…

J’embrassai à nouveau son front en prononçant ces derniers mots puis m’arrêtai. Mon cœur rata un battement alors que je sentais en moi cette chose reposante. Elle m’adoucit rapidement comme l’eau d’un ruisseau se déversant doucement entre mes neurones, entre mon cœur et ma douleur. Prononcer ces deux mots pour elle me fit du bien mais je me crispai aussi tôt. Je n’en avais plus le droit. Je ne pouvais plus ressentir ça pour elle. Je l’avais abandonné. Nous n’étions plus en 2004.

Je… pardon… Lou, je t'ai trouvé... je t'ai retrouvé... je ne t’abandonnerai pas une seconde fois…







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MessageSujet: Re: Toi?! Excuse moi ! [Livre I - Terminé]   Toi?! Excuse moi ! [Livre I - Terminé] EmptyJeu 13 Juin - 13:46

Ses pas percutent ma peine, la piétine. Il vient, il s’éloigne. Je tremble, je souffre. Tout semble de trop, l’air qui effleure ma peau, l’air qui s’engouffre dans ma poitrine, les bruits de sa présence, les bruits de mon être. Je rêve de vide, d’absence, de silence. Mais mon utopie décline quand il revient vers moi. Il se penche, je le respire malgré moi. Je ne peux pas le recracher, pas pour l’instant. Ses gestes, ses mains, je ne sais dire qui de nous deux s’abîment dans ces manœuvres. Sûrement les deux. Il m’amène jusqu’à lui, il est comme le courant d’une rivière, tu peux tenter de le contrer, tu finiras toujours emporté. Je le laisse me conduire là où ça lui chante et je me retrouve bien vite perdue au creux de ses bras dans cette cascade de larmes que j’épanche à regret. Ma tête se place mécaniquement dans son cou et c’est contre lui désormais, que je continue à sangloter. J’ai l’impression qu’on m’écartèle la poitrine pour y ôter toute mon essence – ou ce qu’il en reste, j’écrase l’endroit où le mal être me dépouille de mes bras frémissants. Et lui, il me frictionne, il cherche à extraire le gel qui m’enserre. C’est symbolique et ça ne l’est pas. La serviette s’approprie les gouttelettes qui inondent l’extérieur, surtout l’intérieur et moi, je coule malgré tout. Son visage se rapproche, je ne vois plus que lui. Il est mon ciel le temps d’un battement de cils ou deux. Orageux ? Nuageux ? Je ne peux pas imaginer la météo car sur mon cœur, la neige recouvre tous mes sentiments. La terre gronde, il me berce. Je ne remue pas, je le laisse m’absorber et je ferme les paupières. J’étouffe mes cris dans son torse. J’ai tellement peur de ça, de lui, de moi, du Monde. J’ai cinq ans, je viens de me réveiller d’un cauchemar et pourtant, les monstres se planquent toujours sous mon lit. Je veux qu’il aille voir, qu’il les chasse. Il ? Celui qui me tient ? Il n’est qu’un fantôme, qu’un amour perdu. Pourquoi mes bras viennent donc l’agripper ? Je le serre comme si ma vie en dépendait. Mais elle en dépend là pour l’instant. Je veux que ça s’arrête, je veux qu’on m’arrête. Il parle, il parle, il parle. Je sombre, je sombre, je sombre. Nous roulons dans nos pensées, dans nos déchirures. Je décolle avec lui, dans les endroits sincères de notre histoire. Il caresse nos souvenirs et nos abandons en deux mots, deux raisons de réagir, deux raisons de mourir. Mon amour. Je ne peux plus être celle qu’il nomme. Si je le suis encore, je préfère encore me consumer et  devenir poussière sous ses yeux. Il n’aurait jamais dû me surprendre dans ce corps sans âme. Ce garçon au regard trop franc, ce garçon qui m’a volé beaucoup trop de première fois. Cet homme qui m’est revenu ne pourrait pas l’égaler. Car c’est le même qui m’a quitté.

Lucas m’embrasse le front, une brûlure reste aux endroits où il est passé. Elle réchauffe, elle pique aussi. Oublions l’année, oublions tout. J’ose inhaler son odeur qui m’est pourtant devenue étrangère. Il n’est plus le même. J’hoquette encore mais mes pleurs se sont tu subitement. Je remonte mes mains de son dos jusqu’à son visage dont je m’empare et je l’observe vraiment pour la première fois depuis que nous sommes là, ici et ailleurs. J’ai l’impression qu’il est toujours là cet étrange garçon qui me mettait sans dessus, dessous avec ses farces invraisemblables. Il est là et il s’adresse à la jeune fille que j’ai pu être. Ils se parlent tous deux à notre insu. Ils se disent des mots qui ne se prononcent pas avec la gorge mais juste avec les yeux. Alors j’efface la ligne qui s’est tracée sur sa joue, celle que j’ai causée de mon pouce. L’accalmie me permet juste ce geste exempt de rage, exempt d’égoïsme.  

« Non, Lucas, non. Ne sois pas désolé. C’est comme ça, c’est tout. Tu ne peux pas, tu n’aurais pas pu me sauver. Il y a des choses qui échappent à notre contrôle. Ce que nous avons vécu l’a été. C’est comme ça, tu dois l’accepter. »


Il est désarmé. Je suis alarmée. Je me penche vers lui lentement. Mes lèvres viennent effleurer sa joue, à quelques millimètres de sa bouche. Je reste en contact quelques secondes, goûtant à son épiderme. C’est un Adieu. L’ancienne Lou s’attarde, elle le noue ses traits à sa mémoire puis le salue depuis sa tombe avant de s’effacer. La nouvelle créature le fixe alors.

« Tu ne m’as pas retrouvée. Je n’existe plus sous la forme que tu as connue. Tu ne dois pas… Tu ne dois plus m’approcher. C’est un combat déjà perdu. C’est fini depuis longtemps. »

Nous, moi, la vie. De nouvelles larmes, je le relâche. Je me résigne à sa chaleur corporelle encore quelques minutes puis je m’écarte même de son emprise en glissant sur le côté pour tomber sur mes fesses sur sa droite. Mes yeux embrumés tombent sur lui par la force des choses. Mes paumes tremblotantes s’approchent de son mollet ensanglanté, je saisis la serviette avec laquelle il m’a enveloppé et je la pose dessus. Je ne supporte toujours pas la vue de ce sang.

« Ta… Ta… jambe… Il faut… » J’écrase un sanglot. « Que tu … ailles voir un médecin. »

Je supprime les empreintes de mon chagrin sur mes pommettes en passant mes mains plusieurs fois. Mais de nouvelles arrivent toujours, tout le temps, sans arrêt. Je détourne le regard vers le couloir, vers la sortie.

« Je… vais … y aller… trouver quelqu’un… Te l’amener… Ne … bouge… »


Je n’arrive pas à couper les vannes, à me ressaisir. Je suis en lambeaux et lui, il a besoin de soins médicaux. Je veux me relever mais je suis toujours trop agitée pour ça, alors je finis par rester clouée au sol. Je vais y  arriver, il suffit de respirer. Il suffit d’inspirer. Il suffit d’expirer. Mais chaque prise d’air me le ramène en moi. Je suis effrayée par la place qu’il s’octroie. J’aurais dû fuir bien avant ça.
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MessageSujet: Re: Toi?! Excuse moi ! [Livre I - Terminé]   Toi?! Excuse moi ! [Livre I - Terminé] EmptyDim 16 Juin - 17:47





Toi !? Excuse moi!
Louise & Lucas
«Qui a raté ses adieux ne peut attendre grand-chose de ses retrouvailles.»






Nous n’étions plus en 2004 et cela faisait près de 8 ans, que j’avais perdu ce droit sur elle. Je l’avais perdu en oubliant. En tirant un trait gras et noir sur ce que nous avions créé depuis l’enfance. J’avais non seulement abandonné ma petite amie mais également notre passé commun. Notre amitié. Notre amour. Nos crises. Nos peurs. Nos rires. Nos bêtises. Nos coups de sang. Nos regards. Nos souvenirs. Il n’était même plus question de notre couple perdu depuis longtemps. Il n’était même plus question de notre amitié. Il n’était question que d’elle pi de moi. Nous étions plus que deux personnes liées à des souvenirs communs. Liés à des douleurs et des rires. Nous associons l’autre à nos meilleurs moments comme à nos pires. Elle plus que moi, avait des raisons de me détester. De me frapper avec son sac. De me frapper le mollet avec violence. De me tourner le dos. De me hurler dessus. De pleurer. De vider de l’alcool sur une plaie ouverte. Oui, elle avait des raisons mais toute notre histoire était passée depuis longtemps. Je n’aurai jamais cru qu’elle puisse en souffrir autant. En réalité, je n’avais presque plus songé à elle. Je recevais un électrochoc à chaque escapade neuronale. Un électrochoc qui me rappelait à l’ordre. Celui que j’avais choisi seul sans juger bon d’en parler avec elle. Qu’est-ce que j’avais pu être con ! Et ce n’était qu’en ce jour que j’en prenais pleinement conscience. Le bruit de l’eau coulant sur les parois de la douche rendait cet instant encore plus déroutant. Le calme était là animé par nos respirations communes. Par mes caresses et la force qu’elle employait à me garder près d’elle. Par l’eau et les larmes. Par cette douleur que nous partagions sans forcément le vouloir ou s’en rendre compte. Je me mis à penser que nous aurions dû avoir cette conversation 8 ans plus tôt. Puis je compris aussi vite pourquoi. Pourquoi je n’avais pas daigné lui en parler. Pourquoi l’avais-je mi dans cette situation.

Si nous avions eu une dispute pareille. Si je l’avais revu. Si je l’avais eu dans mes bras comme ce jour. Si je l’avais embrassé. Je n’aurai jamais pu. Je n’aurai jamais pu lui tourner le dos. Tout était plus simple lorsque nous ne faisions pas face aux choses. Tout. Ne ditons pas que rompre par message est toujours plus simple qu’en face ? Nous appelons lâches les personnes qui utilisent ce procédé. Quel est alors l’adjectif me définissant ? Enfoiré ? Connard ? Blaireau ? Peut-être un mélange grossier de tout cela. Peut-être ai-je même créé un mythe : le phénomène Lucas : petit con en uniforme. Quoiqu’aujourd’hui, je n’en porte plus. Je porte le poids de mes remords alors que les valves de mes souvenirs me reviennent en mémoire. Tous ces oublis volontaires. Toutes ces non-réponses. Autant de choses que je n’aurai jamais dû imaginer faire. Pas à elle. Pas à mes amis. Elle n’avait pas été la seule à subir ce changement, ce désir malsain de faire table rase du passé. Non. Des amis proches avaient subis la même chose mais elle, pour elle, cela avait été plus dur. C’est à elle que je voulais m’excuser. C’est pour elle que je me sentais minable. C’est pour elle que mes sentiments passés revenaient me hanter. Dans mes bras, elle semblait si fragile. Je ne me sentais pas plus robuste, loin de là. J’écoutais mes remords comme autant de monstres venant de mes profondeurs me susurrer toutes mes erreurs.

Ses larmes s’arrêtèrent. Je sentis ses mains remonter le long de mon dos alors que tout son corps bougeait pour plonger ses yeux dans les miens. Ses mains encerclèrent mon visage et j’oubliai de respirer. Nous restâmes un instant qui me parut une éternité comme cela. Ce regard. J’avais tant aimé le contempler. Plonger dans ses yeux et m’y perdre. Elle avait toujours su tirer le meilleur. Elle avait toujours su démêler le vrai du faux si bien que lui mentir n’avait jamais mené à rien de bon. Elle avait toujours su me faire comprendre mes erreurs en un simple regard. Elle avait toujours su me dire au combien elle m’aimait rien qu’en posant ce même regard sur moi. Je plongeai sans réfléchir dans ce regard que j’avais tant aimé et je voulus plus. Bien plus comme un gosse. Comme un gosse amoureux. Je cherchai en elle cette petite lueur qui me disait « vas-y ». Cette même lueur qui m’avait poussé à l’embrasser la première fois. Nos souvenirs se parlèrent et semblèrent lutter ensemble pour un avenir différent. Ils s’attachaient, se jugeaient, se cherchaient. Ils voulaient être à nouveau ce qu’ils avaient été oubliant leur possesseur et leurs désirs. Puis tout se brisa. Je ne lus pas cette étincelle. C’était autre chose. Son pouce essuya ma larme et ses mots me laissèrent sur le carreau. On aurait pu me tirer 30 balles dessus, me charcuter au cutter que je n’aurai pas été si blessé. Le gosse de nos souvenirs s’effaça aussi rapidement qu’il était apparu me laissant avec ce gout amer d’un raté. Le gout du sang qui n’avait pourtant pas coulé à l’époque ni en ce jour. Elle parla avec franchise puis approcha ses lèvres des miennes. Le temps se suspendit alors qu’en moi, un garçon criait victoire, un jeune homme hurlait son amour et un homme sa peur. Ses lèvres touchèrent ma joue, effleurant mes lèvres qui pleurèrent de désespoir. Je ne bougeais plus ni ne respirais. « Tu ne dois plus m’approcher ». « Tu ne dois plus m’approcher ». « Tu ne m’as pas retrouvée ». « Tu ne dois plus m’approcher ». « c’est un combat déjà perdu ». « Tu ne dois plus m’approcher ». « Tu ne dois plus ». « Tu ne dois plus m’approcher ». Ces paroles résonnèrent dans mon crâne comme autant de bombe au beau milieu de cette fichue guerre. Elle s’éloigna de moi mais je fis plus attention à ce qu’elle faisait. Nos regards se croisèrent mais je n’étais déjà plus là. Elle bredouilla des mots à propos de ma jambe et d’un médecin. Je ne faisais plus attention. Je n’étais plus là. Elle ne voulait plus de moi. Elle ne voulait plus du gosse, ni du jeune homme et encore moins de l’homme. Tous ces êtres se replièrent sur eux même en proie à des sentiments aussi douloureux que contradictoire. Elle ne me voulait plus. Elle m’abandonnait. Ses paroles n’étaient pas ceux d’une femme perdue mais bien de Louise. Une Louise juste et éclairée. Une Lou. Ma Lou. En partie. Ses paroles n’étaient que raisons. Je compris alors que je ressentais ce que je m’étais interdis de ressentir 8 ans plus tôt. Ce que je n’avais surtout pas voulu ressentir. L’abandon. La perte. J’eu l’impression d’être ce jeune homme amoureux qui se prenait une claque qu’il n’aurait jamais voulu prendre. Une de celle qui peut laisser un homme à terre. J’eu l’impression de recevoir cette balle qui m’avait été destiné depuis longtemps. Celle que j’aurai du recevoir à un moment à un autre mais que j’ai refusé de sentir passer. Je l’avais alors tiré en premier, la blessant elle. Elle qui, aujourd’hui, me rappelait que le temps était passé. Que je ne devais plus être là. Que je ne devais pas être là. Je compris alors ce qu’elle avait enduré. Le jeune homme mourrait à petit feu pendant que l’homme ne savait faire le tri dans ses sentiments. Il ne savait quoi penser et dire ou même faire. La retenir. La rattraper. Lui dire ce que j’aurai du lui dire avant. L’appeler. L’obliger. Etre là. Ne pas partir. Je la regardai alors qu’elle s’apprêtait à partir. Je l’avais blessé.
Je l’avais blessé. Elle ne faisait que se protéger. Se protéger de moi et de tout le dégout que je lui inspirai mais aussi de tout ce que je lui inspirai de bon. Elle se protégeait d’elle-même et de nos souvenirs. Elle se protégeait de ce qui l’avait détruit en parti. Elle ne voulait que se protéger. Pourquoi lui imposerai-je, une nouvelle fois, ma volonté ? Je ne pouvais pas. Je ne pouvais plus. Plus comme ça, pas comme ça. Lou n’était plus Lou mais l’était quand même un peu. Je le savais. Elle le savait. Entendre son rire. Le jeune homme le voulait. L’enfant le clamait. L’homme en rêvait. Alors je prononçai ce que nos souvenirs savaient déjà.

Ce n’est qu’une question de temps

Ce n’est qu’une question de temps avant que nous retrouvions ce que nous avions enfant. Ce n’était qu’une question de temps avant d’apprendre à se connaitre. Ce n’était qu’une question de temps avant de se comprendre. Ce n’était qu’une question de temps avant que nos cœurs puissent se voir sans se briser. Ce n’était qu’une question de temps avant que la jeune femme et le jeune homme puissent rire ensemble. Ce n’était qu’une question de temps avant qu’ils ne s’acceptent. Ce n’était qu’une question de temps avant qu’ils soient amis.







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