You'll be owning all the fines [Livre I

Le temps gagnait en valeur alors qu’il s’effilochait dangereusement. Il venait de poser un pied dans son appartement et puis… une, deux, trois... Dix minutes, au moins se déclinèrent. D’un geste rageur, le renégat emmena les compresses jusqu’à la poubelle où il les envoie paître. Il rassembla rapidement les objets qui lui avaient servi un peu plus tôt à se rafistoler un peu et les cala toutes sans grand ménagement dans son armoire. A la suite, il courut jusqu’à sa chambre pour trouver d’autres fringues à se passer. Ses mains tremblaient tellement qu’il ne parvenait pas à séparer les textiles les uns des autres. Il finit par enfiler le premier truc qui lui tomba sous la main. Combien de minutes maintenant ? Peut-être quinze ou vingt. Peut-être moins. Il n’avait pas une seule seconde à perdre. Le mécanicien s’empara d’un autre blouson et laissa l’ancien imbibé de sang roulé en boule sur le canapé. Sa blessure lançait terriblement mais il l’avait désinfecté – c’était déjà très bien qu’il ait pris quelques minutes juste pour ça. Un bandage le préservait d’autres désagréments à ce niveau-là et il essayait d’oublier la douleur se focalisant sur ses inquiétudes. Il devait rejoindre Mathilda, la voir de ses yeux. Vingt-cinq minutes et le voilà enfin devant l’immeuble mais ses jambes ont du mal de le soutenir, il se sent vaseux, faible. Il aurait dû avaler quelque chose pour compenser l’hémoglobine qu’il avait perdu. Mais ça irait, oui, il le sentait, ça allait aller. Par contre, marcher lui semblait un peu risqué. D’autant plus vrai qu’il risquait encore de croiser des gens hallucinés par la fusillade en chemin. Et on sait très bien ce que ça donne des personnes désespérées. La scène qui s’était joué en était la preuve. Tout naturellement, il se tourna vers son garage et l’ouvrit. Sa voiture n’avait pas bougé de là depuis dix jours, lui faire faire un petit tour ne serait sans doute pas néfaste. Pour les réserves de carburant, il s’en inquiéterait plus tard. Il avait stocké quelques bidons. Tout n’était qu’urgence de toute manière pour l’heure. Mickaël s’installa dans l’habitacle et il fut plutôt rassurant de sentir entre ses doigts le contact familier du volant. Ça lui manquait déjà de ne plus la conduire quotidiennement. Mais là n’était pas le propos. Il la mit en route et démarra non sans avoir bien verrouillé son garage derrière lui.

Le bruit du moteur l’apaisa sommairement alors qu’il évoluait lentement dans les rues de Louisville. Son cœur n’arrêtait pas de remonter dans sa gorge dès qu’il songeait à la jolie brune et à son état actuel. Beaucoup de ses pensées s’emmêlaient et il perdait en cohérence un peu plus chaque seconde qui passait. A mi-chemin entre une réalité et un cauchemar, il se gara sur le bas-côté d’une route sordide afin de faire le point. Il n’avait pas pris le temps de se poser pour réfléchir et le connaissant, ça ne lui amènerait rien de bon. Ça n’était pas le moment de jouer l’abruti. Il savait que la renégate avait été admise à l’hôpital et qu’elle était entre de bonnes mains – ou en tout cas, on lui avait assuré de ça. Il ne pourrait pas la voir de sitôt vu qu’elle devait recevoir des soins. Il était stupide de sa part de se ruer là-dessus dès le départ. Il rationnalisa le plus froidement possible compte tenu des circonstances et songea à ce qu’il devait faire, ce qu’il pouvait faire pour elle en attendant. Lyra vint tout naturellement trouver sa place dans son esprit. Il devait l’avertir déjà sur la situation puis la mettre en lieu sûr jusqu’au retour de sa sœur. Elle ne devait pas rester seule. Son amie aurait sûrement voulu la savoir chez quelqu’un de confiance. Pas chez lui en tout cas, vu la relation qu’ils avaient… Puis, il se voyait mal s’occuper d’une ado. Non, non. Il se concentra un peu plus pour trouver une solution puis elle apparut clairement. Isabella. Oui, évidemment. Maintenant qu’il avait un nouveau but qui tenait la route de surcroit, il repartit sur l’asphalte.

Bien sûr, ça ne restait pas évident pour lui de ne pas courir jusqu’à la caissière, s’assurer de son état. Mais il savait qu’il faisait ce qu’il fallait, ce qui était juste de faire pour le moment, pour elle. Quand il atteignit la route menant jusqu’à la demeure des Fontaine, sa nervosité atteignit un pic rarement atteint. Bordel comment était-il censé expliquer à une orpheline de dix-sept ans que le dernier membre de sa famille était en ce moment même à l’hôpital ? Bon, ces jours n’étaient normalement pas menacés. Normalement. Il voulait en finir avec ça au plus vite pour aller la voir, il n’avait pas l’esprit tranquille. Il se gara le plus près possible de l’entrée et s’extirpa de son véhicule en hâte. Alors qu’il frappa trois petits coups distincts sur la porte en bois, il réalisa que ses paumes frémissaient toujours. Ces dernières heures avaient été les plus longues de sa vie et ça n’était pas prêt de s’arrêter. Il attendit plus ou moins patiemment que la cadette Fontaine vienne lui ouvrir. Ce qu’il allait lui dire et dans quel ordre ? Il n’en savait foutrement rien. Mais par n’importe quel moyen, il devait la mettre en sécurité. Le garagiste la savait redoutable et il savait que ça ne serait pas évident de la convaincre. Mais il puisait sa détermination dans son angoisse. Autant dire qu’en cet instant, cette source-là était inépuisable.

Cela faisait quelques jours que j’avais un peu de mal avec la vie actuel à Louisville, je ne sais pas je me sentais comme opprimée dans cet univers, je ne pouvais pas faire ce que je voulais. Bon déjà avant j’avais la bonne surveillance de ma sœur depuis le décès de mes parents mais là c’était encore pire, à chaque fois des comptes étaient à rendre. Je la comprenais d’une certaine manière, je ne pouvais plus faire la vie que j’avais avant. Tout était en train de changer en même temps, nous étions en train de rentrer dans un monde de guerre sans vraiment savoir comment on en était arrivé là. J’avais voulu ne pas y croire pendant un moment, mais bon quand tout est coupé, il y a bien un moment il faut se rendre à l’évidence et apparemment je commençais à peine à percuter pour être honnête. Je me voilais les yeux, d’une certaine manière j’essayais de me rendre aveugle pour éviter d’affronter ce qui allait arriver, et puis ma sœur faisait en sorte que je ne sois pas trop confrontée à ces discussions trop importantes à ces yeux pour qu’une gamine de 16-17 ans puisse prendre part aux discussions qui parlaient de la guerre. Parce que mettons des mots là où il faut, nous étions en train de nous préparer à une guerre, je ne savais pas quel genre de guerre mais une guerre dans tous les cas, une guerre qui n’avait rien de bon. Une guerre n’avait jamais rien de bon vous me direz, mais là, ça sentait mauvais et pas comme Pumba devant Timon, non de voir ces militaires qui débarquaient, ces étrangers les uns après les autres, la peur était là à mon avis.

Aujourd’hui d’ailleurs, ma sœur avait une réunion avec la mairie, j’étais donc restée chez moi sous la surveillance de ma baby-sitter bien évidemment, comme si j’avais encore besoin d’une baby-sitter à mon âge. Elle s’était absentée pendant une heure ou deux m’avait-elle dit, je ne comprenais pas très bien pourquoi mais dans tous les cas je me retrouvais seule dans ma maison. Il était fin de l’après-midi, il me semblait que Mathilda ne devait pas tarder, quoiqu’il faisait déjà nuit quand je levais ma tête de mon livre, livre que j’avais d’ailleurs l’impression de lire pour la quatrième fois de la journée. Certes qu’une impression mais bon, quand même drôle de sensation, soudain j’entendis taper à la porte, ce n’était pas Isabella je me doutais qu’elle serait rentrée immédiatement la connaissant, je descendais donc assez rapidement jetant un coup d’œil dans le judas pour être sure que ce n’était pas quelqu’un que je ne connaissais pas. QU’elle ne fut pas ma surprise quand je vis que c’était Mickaël, je n’étais pas forcément en bon termes mais apparemment ça se lisait sur sa tête comme s’il avait quelque chose à m’annoncer, j’ouvrais la porte un peu méfiante quand même, je voulais juste savoir ce qu’il avait à me dire, il ne serait pas venu jusque chez moi, et je me doutais que ce n’était pas pour Mathilda. « Salut ?! » dis-je d’un ton un peu méfiante « Mathilda n’est pas là au cas où » je m’en doutais certes que ce n’étais pas pour elle mais j’avais quand même besoin de lui rappeler pour engager la conversation vu notre relation pas des plus cordiales.

Les quelques minutes séparant son arrivée sur le porche de la maison et l’arrivée de Lyra furent les plus douloureuses. Ses méninges se tordaient pour trouver les mots, la façon de lui expliquer tandis qu’une autre partie de son esprit se faisait un sang d’encre perpétuel sur l’état actuel dans lequel se trouvait Mathilda. Une migraine commençait à s’étendre dans son crâne, une pression qu’il jugeait davantage psychologique que réelle. Au moins, cette souffrance éphémère l’obligeait à ne pas focaliser son attention sur la plaie qui lançait toujours dans son bras. Il étudia silencieusement le bois de la porte durant la courte attente. Il tenta de profiter de ce laps de temps pour rassembler un peu de son sang-froid et de son calme. Inutile d’alarmer d’emblée la cadette Fontaine. Enfin en même temps avec sa lèvre fendue et le début d’un hématome sur la pommette, comment pouvait-il éviter ce premier constat ? Mickaël respira un grand coup. Il allait gérer cette situation à défaut d’avoir pu intervenir tout à l’heure quand son amie s’était pris cette balle. Oui, il devait se rattraper ce coup-ci. Tendu et nerveux, il observa l’entrée s’ouvrir pour dévoiler la jeune sœur de la renégate. Finalement toute son appréhension retomba quand il la vit. Le fait de pouvoir agir désormais l’apaisait en fait. Bon après, il n’était pas forcément extrêmement à l’aise à l’idée de devoir être celui qui allait lui annoncer la nouvelle, surtout au vu de leur relation foireuse. Le mécanicien ne tenta même pas d’esquisser un sourire, conscient qu’il n’en avait pas la force là. Il aurait pourtant voulu chercher à instaurer un cadre un peu plus optimiste voir amical avant de l’inquiéter. Tant pis. Il se contenta d’hocher la tête pour lui signaler qu’il savait à propos de sa frangine. Evidemment, pourquoi d’autres viendrait-il ? Bordel. Elle n’avait pas idée.

« Salut ! »

Comment embrayer maintenant ? Si il pouvait avoir un foutu éclair de génie, ça l’arrangerait fortement.

« C’est toi que je viens voir. Lyra, est-ce que je peux entrer deux secondes ? »

Vraiment de but en blanc ? Il ne savait pas par où commencer mais il ne voulait pas lui annoncer ça là. Il voulait qu’elle soit assise déjà. Pas qu’il la juge spécialement fragile mais bon. Il savait que lors de nouvelles perturbantes, on pouvait réagir de façon spectaculaire et inattendue. Pour en avoir vécu, il savait de quoi il parlait. Sa voix était incroyablement calme et douce – après cet état de panique et de stress avancé, il en était le premier surpris. Il avait appris à prendre sur lui, ça devait être ça. Tout ce qui comptait maintenant c’était protéger la jeune fille face à lui. Pour Mathie principalement mais pas que. Il n’avait jamais eu d’animosité envers la lycéenne. Il savait très bien pourquoi elle ne l’appréciait pas et il comprenait ça. Bien sûr, c’était injuste compte tenu des réelles circonstances. Mais bon… La conseillère municipale ne lui avait pas vraiment laissé le choix. Il respectait sa décision et en subissait silencieusement les conséquences. Il tenait assez à elle pour ça.

« Il faut que je te parle, c’est à propos de Mathilda. T’expliquer ça ici n’est pas très approprié. »

Il n’oubliait pas l’urgence qui l’avait fait se précipiter là, non. Mais il ne voulait pas non plus tout lui balancer à la figure sans aucunes considérations. Il doutait qu’elle le laisse pénétrer à l’intérieur de la demeure aussi facilement mais il aurait au moins essayé. Il n’aimait pas trop le fait de déblatérer tout ça ainsi et de l’embarquer presque à la suite. Il voulait faire les choses bien dans les règles de l’art même. Le garagiste ne voulait rien avoir à se reprocher sur ce qu’il était en train de lui dire et de faire. Il avait assez de regrets aujourd’hui à devoir gérer comme ça.

Mickaël était sorti avec ma sœur pendant quelques temps et puis ça s’était terminé. Forcément depuis que ça s’était terminé, malgré l’entente que je pouvais avoir avec ma sœur plus ou moins distendue souvent, avait fini par avoir eu raison de ma relation avec Mickaël. Pourquoi ? Parce que dans la caboche d’une gamine de 15-1- ans (aujourd’hui de 17 ans), une rupture signifiait pratiquement se détester juste après, donc forcément… c’était ce schéma que j’avais reproduit sur sa relation avec Mickaël. Même si au début, je m’entendais plutôt bien avec ce jeune homme. Mon visage était dur envers lui, d’ailleurs, l’ensemble de mes sentiments s’exprimaient juste en regardant dans mes yeux. J’avais beaucoup de mal avec lui, de plus en plus. Je pensais réellement qu’il voulait voir ma sœur, en gros, ce que je venais de dire signifier « vas-y elle n’est pas là, vas voir ailleurs, et fiche moi la paix tant qu’à faire » je préférais rester tranquille chez moi, ne pas être dérangé par lui. Mon ton méfiante et compagnie semblait pourtant claire dans l’ensemble de mon esprit, mais apparemment il tenait vraiment à me tenir la grappe pendant au moins un moment vu qu’il me demandait de rentrer chez moi. Comment ça rentrer quelques minutes, non mais non.

« Moi ? Pourquoi moi ? J’ai rien fait. »

Tout de suite la culpabilité, j’étais certaine qu’il se passait quelque chose intérieurement. Au-delà de mes sentiments pour l’homme en face de moi, je m’étais rendue compte qu’il y avait quelque chose qui clochait dans tous les cas avec lui. Ses hématomes, sa lèvre fendue, il avait foutu quoi pour se retrouver dans cet état, et les paroles qui suivirent eurent le don de me rendre blanche d’un coup. Ma sœur ? A propos de Mathilda ? Qu’est-ce qu’il avait bien pu se passer pour que Mickaël vienne alors me chercher directement jusque chez moi. Il voulait rentrer pour me parler de ça. Très certainement ou pas, il ne passerait pas la porte tant qu’il ne me dirait pas ce qui venait de se passer.

« Dis moi ce qui se passe, c’est de ma sœur dont on parle, donc je veux savoir ce qui se passe ici et maintenant. Qu’est ce qui s’est passé avec Mathie ? C’est grave ? »

Intérieurement je m’attendais presque au pire, mais pas forcément ce qui se passait réellement au propos de ma sœur, je ne pouvais pas attendre encore quelques secondes même s’il ne voulait pas lui dire maintenant, elle le forcerait à lui dire ici et maintenant.

L’expression qu’elle faisait courir sur ses traits ne laissait pas beaucoup de place à l’imagination ou au doute. En même temps, ça n’était pas un scoop et ça n’avait très certainement rien d’inédit. Elle ne l’appréciait pas. Tout ça restait grotesque à bien y réfléchir, il aurait suffi que sa sœur lui raconte la vérité, même partielle cela lui aurait été bénéfique. Mais passons. Ca ne servait à rien de revenir en arrière et comme il ne pouvait pas aller de l’avant vu qu’il était tenu au silence… Autant se concentrer sur le présent et les événements. Sa méfiance ne lui facilitait pas la tâche, c’était clair. Ca le rendait un peu plus anxieux de la manière dont elle allait prendre l’histoire. Le renégat ne lâcha pas son regard pour autant, déterminé à camper sur sa position censée être bienveillante, amicale. L’attitude méfiante de Lyra vira carrément à défiante quand il lui demanda si il pouvait passer le seuil de la porte. Bon, il aurait essayé… Elle s’offusqua dans un premier temps et joua le « j’ai rien fait ». Ah l’adolescence, quelle merveilleuse transition. Toujours victime et tout se rapportant toujours à soi bien entendu. Le mécanicien su que la tâche allait être plus ardue encore que prévue. Il était si las et si tendu à la fois. Il voulait en finir avec ça, il ne voulait plus traîner cette conversation en longueur.

De toute façon, la brunette était bien trop maligne pour ça. Elle avait déjà deviné à demi-mot le pire. Après, il avait tenté d’être le plus prévenant possible mais… L’heure n’était plus à l’apaisement mais à la révélation. Toutes couleurs avaient disparu du visage de la Louisvilloise et ça ne le rassurait franchement pas de lui déballer tout ça ici comme ça. Bon sang, elle ne savait pas le laisser rentrer histoire de s’asseoir ? Bon. Tant pis. Mickaël ne se départit pas de son ton doux et de son calme toujours aussi étrange. Il pensait à Rose à ce qu’elle pourrait penser si c’était quelqu’un qui venait lui annoncer son admission à l’hôpital. Ca l’aidait vachement à se focaliser sur ce qu’il faisait et à ne pas s’emporter que ça soit en panique ou en énervement. Si leur relation avait été autre, il se serait permis de la rassurer, une main sur son épaule ou quelque chose comme ça, la présence physique apporte plus de réconfort que n’importe quel mot. Mais ça serait tellement déplacé là. Il essaya de formuler mentalement des phrases et quand il sut plus ou moins quoi dire, il reprit la parole.

« Ca va aller, Lyra, rassure-toi. Sa vie n’est pas menacée. Un homme a perdu la tête à la séance d’infos du maire, il était armé. Mathilda a été touchée à l’épaule. » Le mécanicien jaugea sa réaction, un peu inquiet qu’elle pète les plombs. Et s’empressa d’ajouter. « Elle est entrée à l’hôpital, elle est entre de bonnes mains. »

Il la fixa incapable d’ajouter quoique ce soit dans un premier temps. Mettre des paroles sur une réalité rend cette dernière encore plus concrète, plus horrible aussi. Il ne réalisait pas totalement tout ce qui s’était produit. Tout était allé de travers si vite. Mais il devait continuer à garder la tête froide peu importe ce qu’il ressentait. Il prit quelques secondes puis embraya afin de peut-être enrayer la colère ou tout autre sentiment dangereux pour lui et ses nerfs sur une proposition qu’il jugeait peut-être dans l’immédiat inadéquate.

« Si tu veux, je peux t’amener à l’hôpital la voir maintenant. » Il avait envie d’y aller également, s’assurer que les promesses faites à la jeune fille n’étaient pas vaine. « Ensuite, je me disais que tu pourrais aller chez Isabella le temps qu’elle se remette. »

Il lui donnait beaucoup d’infos et de suggestions d’un seul coup. Mais parler canalisait toute cette énergie gaspillée en angoisses et autres raisonnements du même acabit. Il était resté vigilant à toute émotion traversant son interlocutrice prêt ou presque à faire face à ses déclinaisons de panique. Il risquait de prendre cher, il en avait bien conscience. D’autant plus, qu’il jouait un rôle un peu … spécial dans cette affaire en se portant garant de la suite des événements pour elle. En même temps, n’était-il pas le mieux placé pour le faire ?

J’étais passée de l’indifférence à la peur. Peur oui bien évidemment, j’avais dû passer de joues rosées et d’une mine plus ou moins pétillante, à une peur avide, j’étais blanche, j’étais complètement terrifiée parce qu’il allait m’annoncer, et pour être tout à fait honnête, je n’étais pas prête à ce qu’on m’annonce que ma sœur n’était plus. Non ce n’était pas possible, qu’est ce que je ferai sans elle ? Qu’est ce que je deviendrai ? Pour la deuxième fois dans ma vie j’étais dans de l’incompréhension, sauf que je n’étais plus une fillette. Impatiente et terrifiée par le simple fait que Mickaël puisse m’annoncer le pire, j’avais déjà pris ma tête dans les mains, cherchant à trouver un calmant psychologique. Quelle idée, un calmant psychologique ? J’en faisais un beau de calmant psychologique. J’aurai pu aller m’asseoir dans mon salon mais je préférai savoir tout de suite ce qui se passait dans mon dos ? Certes J42TAIS BON2E et je voulais faire l’ensemble à ma manière comme d’habitude contre l’avis de Mickaël qui aurait nettement préféré rentré à l’intérieur pour m’annoncer ce genre de chose, très certainement, mais soit il me l’annonçait, soit je prenais mon manteau et je courais dans la ville sans même savoir où pouvait être Mathie.
Et quand les mots tombèrent… Armé, touché, épaule, Mathie. Hôpital. Hôpital, poiur moi j’étais encore dans le souvenir de l’accident de voiture qui avait touché ma famille quelques années plutôt et dans lequel j’avais perdu mon père et ma mère dans une même soirée, alors que moi je n’avais que le bras cassé. L’hôpital c’était une mauvaise chose, l’hôpital c’était un endroit où je ne voulais pas y penser, je ne voulais pas y aller. Mais elle allait bien, c’était l’épaule, je me mettais contre le mur, et me laissais glisser pour reprendre un peu mon souffle et mon esprit. Elle était vivante, tout allait bien, il essayait de me rassurer, elle était entre de bonnes mains me disait-il. Oui, j’étais confiante, elle n’était pas dans le coma, elle était juste touchée à l’épaule, ce n’était pas grave, elle allait s’en sortir, ce n’était pas la même chose. La peur que j’avais eue, était en train de se dissiper, en laissant place au soulagement, mon cœur avait fait l’ensemble des montagnes russes présentes en Europe, bref, j’avais l’impression de tomber de haut, mais ça allait mieux. Elle allait bien, c’était d’ailleurs ce que je répétais dans mes mains, après m’être mise contre mon mur laissant ainsi le passage libre à Mickaël pour qu’il puisse rentrer dans la maison des Fontaine.

« Elle va bien, c’est bon elle va bien… »

Je me le répétais pour moi-même pour m’en convaincre finalement, intérieurement qu’un fou ait pu tirer dans la foule comme ça sur ma sœur, ne me rassurait absolument pas. Puis il commençait à me proposer des alternatives même si elles n’étaient qu’au nombre de deux c’était déjà beaucoup pour mon esprit, beaucoup trop de choses pour moi d’un coup. Isabelle ? Mathie ? Hôpital ? Je tentais de tout remettre correctement dans l’ordre ce qui pour être tout à fait honnête n’était pas vraiment facile. J’étais encore en train d’assimiler que ma sœur avait une balle dans l’épaule qu’on était très certainement en train de lui retirer, ou elle devait être en train d’être prise en charge à peine. Enfin non, elle était à l’hôpital, il me proposait d’aller la voir donc ça voulait dire que ça allait. Je ne savais pas quoi penser, j’étais complètement perdue, autant dans mon esprit. Relevant mes yeux vers lui, il était face à moi. Pour une fois mon ton s’était adoucie, j’étais incapable pendant quelques instants de me relever, j’attendais quelques secondes, reprenant mon souffle, mes yeux rougis par les larmes qui s’étaient échappée par la panique de ce qui avait bien pu se passer. Ca allait, ça allait mieux désormais, je me relevais difficilement, cherchant une réponse à ses questions répondant pour une fois avec une voix douce et calme, qu’il avait pu connaitre en cotoyant ma sœur au début.

« Je… Je veux la voir, je peux maintenant ? Ou pas encore ? Elle est sortie ? Et Isabella, je ne peux pas rester ici plutôt ? Je sais m’occuper de moi, elle pourrait passer si vous voulez toi et Mathie, mais je préfère rester chez moi à la maison. »

Chaque seconde l’éloignait un peu plus de Mathilda et d’un bilan complet de sa situation. Il devenait de plus en plus impatient, il devait la voir au plus vite. Etre rassuré devenait une nécessité bien trop égoïste surtout qu’il devait déjà s’occuper de quelqu’un d’autre pour le moment. Une chose à la fois, oui. Un concept qu’il avait généralement du mal à assimiler, préférant agir sous l’impulsion et non sur la réflexion. Il enchaînait les phases de panique et de self control. Observer Lyra glisser contre la paroi du mur ne l’aidait franchement pas à rester très calme. Mais il devait se montrer le plus rassurant possible, être assez fort pour l’aider à encaisser la nouvelle. Après tout, la vie de Mathilda n’était normalement pas en danger. « Normalement »… Il devait faire abstraction. Il devait gérer la jeune fille comme il avait déjà pu gérer Rose à d’autres moments difficiles pour leur famille. Ça ne semblait pas compliqué de transposer les situations. Mickaël fit quelques pas en direction de la cadette Fontaine et s’accroupit près d’elle pour jauger ses réactions. Elle tentait de se réconforter elle-même, de se convaincre qu’il venait de lui dire la vérité. Le renégat n’osait pas franchir certaines limites et l’observait juste depuis sa parcelle de perron. Les larmes qui roulaient sur ses joues le désarmaient complétement. Il voulait tellement faire plus pour l’épauler mais à l’heure actuelle, ses propositions restaient la meilleure façon d’agir pour elle. Elles, plutôt. Il savait qu’elle se parlait à elle-même mais il ne put s’empêcher d’ajouter son grain de sel pour appuyer ce discours.

« Ca va aller, oui. Connaissant ta sœur, elle s’en remettra vite, elle est forte. »

Il tenta d’esquisser un sourire encourageant mais ne parvint pas à relever la commissure de ses lèvres, bien trop inquiet lui-même pour feindre ce jeu de rictus. Mathie n’avait rien d’une créature fragile, il savait au fond de lui que ça allait forcément aller. Quand son interlocutrice se releva, il l’imita. Son attention se portait toujours sur ses traits, il tentait de déchiffrer ce qui s’agitait en elle. Il se doutait bien entendu des pensées qui devaient se bousculer dans son esprit. Sa voix se fit aussi douce que celle du mécanicien. Qui aurait cru qu’elle s’adresserait à lui de cette façon dans une situation pareille ? Pas lui en tout cas. Il s’attendait à la voir réagir de manière virulente et non à être abattue comme ça. Le choc avait un impact imprévisible sur les gens. On verrait une fois l’effet de surprise passé comment elle reprendrait le dessus. En attendant, il réfléchit sur comment la convaincre de séjourner chez Isabella – ce qu’il continuait de juger comme idéal. Il savait ce que son amie aurait voulu et même si il ne comptait pas jouer un rôle qu’il ne possédait pas, il voulait argumenter dans le sens qu’il désirait. Il lui parlait comme à une adulte. Après tout, elle n’était plus une gamine.

« On m’a dit que les médecins s’occupaient d’elle il y a déjà une demi-heure de ça. Le temps d’atteindre l’hôpital, elle sera sûrement revenue dans sa chambre. Tu es de la famille, ils te laisseront la voir… »

Pour lui, c’était autre chose mais il comptait bien faire des pieds et des mains pour l’apercevoir, c’était vital qu’il s’assure de ses propres yeux que tout aille bien. Ses intonations demeurèrent toujours aussi calmes et posées malgré la tempête qui se déployait toujours dans son bras et dans son crâne.

« Je n’en sais pas plus pour le moment. Pour Isabella, ça serait mieux que tu séjournes chez elle, le temps que Mathilda revienne. Elle a ses enfants à garder, ça risque d’être assez difficile pour elle de passer te voir quotidiennement. Je pense que ça ne lui plaira pas non plus de te savoir ici, seule. C’est l’affaire de quelques jours. Ta sœur approuverait, je pense. »

Il ne comptait pas jouer l’autorité non plus. Son trousseau de clés roula dans ses paumes tandis que son anxiété reprenait doucement le dessus.

« Dès que tu es prête, je t’emmène la voir. »

Est-ce que Mathilda approuverait ça aussi ? Franchement, il n’en savait rien et il ne voulait pas savoir. Ça, c’était parce qu’il jugeait que Lyra avait le droit d’aller à son chevet, parce qu’il comprenait l’importance que ça avait pour elle. Si Rose était alitée, blessée, il voudrait aussi être au courant et inversement. Une famille ne devrait jamais être séparée dans des moments pareils. Peu importe que l’une ou l’autre soit inconsciente – l’essentiel c’est d’être réuni.

Je ne cherchais même plus à comprendre, mais juste à m’autorassurer, en me disant des paroles, comme ça va aller, tout va bien, elle est prise en charge, ils sont compétents à l’hôpital de Louisville, c’est top. Ca va bien se passer, même Mickaël semblait moins inquiéter que moi, donc normalement ça devrait le faire non ? Et puis il n’avait pas tort non plus, Mathie était une battante, pire que ça, il fallait toujours dire qu’elle n’avait jamais voulu perdre la main sur mon éducation, preuve en était qu’elle s’était occupée moi depuis la mort de mes parents, donc forcément elle avait du supporter le caractère d’adolescente rebelle dont j’avais fait peur lors de mon adolescence. Forcément quand c’est la grande sœur qui nous élève, on attend la grande liberté mais en fait, quand on a une sœur comme Mathie, bah ça se passe pas exactement comme prévu, mais alors pas du tout, du tout. Mathie était quelqu’un de certes très forte mais ayant eu une adolescence rebelle elle pouvait très bien avoir la main mise sur mon éducation et donc me recadrer dans le droit chemin. Nous avions donc mis les choses au clair, et forcément j’avais été remise dans le droit chemin aussi rapidement qu’un train qui déraille. Autant vous dire qu’il ne fallait pas attendre le 36 de chaque mois. Mais en même temps ayant eu cette sœur comme exemple, j’avais aussi hérité de son caractère borné.

Mickaël me dit des choses rassurantes, plus ou moins, elle était prise en charge correctement. Oui, je continuais à penser, à les faire bousculer dans ma tête, je devenais folle. Intérieurement j’étais en train de me dire comment j’allais faire si un jour, je la perdais réellement, comment je ferais. C’était ma meilleure sœur, ma seule famille, la seule sur qui je pouvais compter. La tête dans les bras je cherchais à comprendre, je ne voulais pas la perdre c’était vraiment la seule personne sur qui je pouvais confier. J’étais confiante en elle, je ne pouvais pas imaginer ma vie sans elle. En tout cas, il y a une chose de sure c’était que comme j’étais la famille, j’aurai un accès privilégié dans l’hôpital pour pouvoir voir ma grande sœur dès mon arrivée, de toute manière si ce n’était pas possible je taperai du poing sur la table pour pouvoir avoir accès à la chambre. Je vous le dis avoir une grande sœur de plus de dix ans son ainée forcément, on prend exemple, alors quand elle sait faire pour que tout aille dans son chemin, forcément je l’ai appris aussi. C’était peut être l’une des premières choses que j’avais appris à faire dans l’idée, pour ne jamais être embêtée. Et autant vous dire que c’était bien pratique ces genres de méthodes.

[b « J’en discuterai avec Mathie de savoir si je dois rester chez Isabella ou non de toute manière. Je vais chercher mes affaires, j’en ai pour quelques minutes. » [/b]

Le laissant sur le pas de la porte, je montais marche quatre par quatre pour être d’autant plus rapide, je choppais un sac sur le bas de mon armoire, je mis peu de choses dedans, toute façon mon portable ne marchait plus et mon iPod commençait à me lacher. Mon portefeuille avec mes papiers, et c’était presque tout. Intérieurement, je pensais heureusement que j’avais des petites sacoches bien pratiques pour emmener peu de choses. Je redescendais deux par deux les marches retrouvant Mickaël toujours sur le pas de la porte.

« Allons-y »

L’attente. Mickaël avait toujours eu énormément de mal avec ce concept et pourtant, parfois, il s’imposait à lui. Il ne pouvait pas brusquer la jeune fille, il ne pouvait pas la relever de force et l’emmener aussi sec jusqu’à sa voiture. Non, Lyra méritait un peu de temps pour accuser le choc de la nouvelle et ses nerfs devraient apprendre à être plus tolérant pour le bien collectif. De toute manière, Mathilda risquait d’être inconsciente alors une minute de plus ou de moins. Et si elle s’était réveillée ? Son estomac se contracta. Elle était capable de sortir de là dans un état pas possible, il devait être près d’elle. Le garagiste se mordit la langue et s’empêcha de presser la cadette des Fontaine. Cette dernière finalement reprit la parole et il avait craint durant quelques instants un refus non avenu de sa part mais à la place, elle se montra plutôt conciliante en allant chercher ses affaires. Ouf. Une bataille de gagnée, pas la guerre mais bon il veillerait à ce qu’elle loge chez Isabella. Le renégat resta respectueusement dans l’entrée n’ayant pas été invité et de toute façon, à quoi ça servirait ? Il était juste venu la chercher. Il fit quelques pas à droite puis à gauche afin d’évacuer nerveusement son trop plein d’énergie. Son bras le lançait toujours et il essayait vraiment de ne pas y penser – c’était dérisoire comparé à ce qu’il s’était passé et se passait encore à l’heure actuelle. La gamine revint enfin après ce qui lui avait semblé être une éternité et à ses mots, il ne lui fallut pas plus de quelques secondes pour marcher en direction de sa voiture. Il se plaça très vite derrière le volant et laissa Lyra prendre place côté passager. Il fixa sa ceinture de sécurité, jeta un œil discret en direction de sa voisine de droite pour vérifier qu’elle en faisait de même puis mis les clés dans le contact avant de démarrer. Il roulait un peu plus prudemment désormais vu qu’il avait sous sa protection la sœur de sa meilleure amie. Le silence, il n’avait jamais réussi à le gérer. Aussi, même dans un moment où il aurait dû savoir la fermer, il ne pouvait pas s’empêcher de parler. « T’as des papiers d’identité avec toi ? Je ne sais pas s’ils vont t’en demander. » Il réfléchissait à voix haute maintenant alors qu’il était censé être rassurant. Il ajouta d’une voix plus confiante. « Enfin t’en fais pas, t’es en droit de voir ta sœur et tout le monde sait bien qui vous êtes ici. Et de toute manière, il est pas encore né celui qui m’empêchera d’amener quelqu’un au chevet de sa sœur. » Tenter de débrider l’atmosphère pesante était définitivement une manœuvre précoce.

Heureusement pour eux, ils arrivèrent bien vite à la clinique et il se gara le plus près possible avant de sortir en hâte de l’habitacle. « Tu peux laisser tes affaires ici… Quoique non, prends les avec toi, je me méfie comme de la peste des gens en ce moment. Ils perdent la tête. » Il accompagna la jeune fille jusqu’à l’entrée de l’hôpital et respira un grand coup avant de pénétrer à l’intérieur. Il ne supportait vraiment pas les hôpitaux, l’odeur, les bruits et la tension palpable. Il était toujours extrêmement sur les nerfs quand il franchissait ces portes et pour cause, devoir suivre le déclin de son père entre ses murs ne rendait pas les lieux très amicaux. Il veilla à bien garder la jeune Fontaine proche de lui au vu de l’agitation. Des blessés graves ou légers avaient été admis ici et ça en devenait la folie. Le mécanicien s’assura de placer tout en guidant à travers le dédale des couloirs Lyra et ils arrivèrent à trouver le bon service et la réception prise d’assaut. « Bon, je vais pas attendre qu’ils se décident. » Le Louisvillois chopa à la volée un médecin qui passait juste derrière lui et l’harcela de questions jusqu’à ce qu’il daigne appeler un collègue débordé. Ce dernier planta deux personnes pour venir les renseigner. L’air plutôt déterminé voir limite menaçant de Mickaël avait dû être déterminant. Mathilda était dans une chambre à l’étage mais il n’y avait que la famille soi-disant qui y avait accès. Profitant de la confusion générale, il emmena la jeune fille jusqu’au bon numéro et la laissa entrer première avant de la talonner de près. Il finirait par lui laisser de l’espace mais il voulait au moins voir une fois la caissière de ses yeux. L’émotion serra la gorge du trentenaire quand il la trouva allongée sur un lit, simplement endormie. Il s'accola au mur du fond et reprit son souffle. Tout allait bien. Oui, tout allait bien.

[HJ: Désolée pour l'attente encore une fois ! La prochaine fois hésite pas à me mpotter surtout Lyly <3 ]

Ce n'était peut être pas si dur à comprendre au final. J'avais besoin d'un peu de temps pour pouvoir digérer la nouvelle et pour être tout à fait honnête, c'était normal non ? On m'annonçait de but en blanc (et malgré quelques pincettes prises) que ma soeur, la seule famille qui me restait était inconsciente, à l'hôpital parce quelqu'un lui avait tiré dessus. La dernière fois qu'une personne de ma famille a fini à l'hôpital c'était ma mère et elle n'en est jamais ressorti. C'était juste après notre accident de voiture et forcément tous ces souvenirs me revenaient, je faisais ce que je pouvais pour chasser les mauvais esprits de ma tête tout de suite. Ce n'était pas le moment que de penser au pire. Ma soeur n'était pas ma mère. Ma soeur, Mathie c'était pire qu'une battante, c'était une fille qui te montrait toujours comment on devait se battre et affronter les problèmes droit devant. Je ne pouvais pas laisser là et me laisser abattre. Dans tous les cas, c'était comme ça que ça se passait. C'était toujours comme ça que ça devait se passer, et puis ma soeur n'apprécierait pas de me voir me laisser m'abattre comme ça contre un mur de notre maison, sans réfléchir. J'étais une Fontaine, moi aussi je devais être forte. Je montais rapidement dans ma chambre, prenant mes quelques affaires, mon porte feuille, mon sac à main, les clés de la maison. Et quoi prendre d'autres ? De suite la question vint se poser. Avant mon sac aurait été rempli de choses inutiles réellement. Mais maintenant, la vie était devenue tellement différentes après tout. Je descendais les escaliers, et je montais dans la voiture, laissant un silence de mort entre Mickaël et moi... Pour être honnête je ne savais pas trop comment me comporter avec lui. Je ne pensais pas qu'il avait mauvais fond, mais en même temps je ne me disais pas que c'était possible qu'il soit si bien que ça, sinon ma soeur serait encore avec. Et entendre le son de sa voix me fit pratiquement sursauter. Oui, j'ai ... mon passeport et ma carte d'identité. Au cas où, on ne sait jamais dans tous les cas. Ne t'inquiète pas pour ça, il n'est pas né non plus celui qui m'empêchera de voir ma soeur J'étais une bornée, une véritable têtue dans l'ensemble. Je ne savais pas trop encore comment ça pouvait se passer, mais dans tous les cas, à la clinique ils avaient plutôt intérêt à être conciliant avant de voir la cadette des Fontaines s'énervait. Et je pense qu'ils connaissaient tous assez bien notre famille pour savoir quel caractère de m#rde nous pouvions avoir...
L'arrivée à la clinique se fit relativement rapidement, je gardais mon sac contre moi, je voyais les urgences tout autour de moi aussi. Je comprenais que je vivais encore dans un sacré cocon dans l'ensemble bien protégé par ma soeur. Mais à quel prix ? Mickaël hata les gens à nous laisser passer un peu plus rapidement et nous arrivions à la chambre de Mathilda. Quand je la vis allongé je ne pus me retenir à me précipiter vers elle Tu as intérêt à te réveiller, t'as pas le droit de me laisser toute seule, pas maintenant ! Mathie s'il te plait.

Le garagiste observait avec impuissance Lyra se déchirer au chevet de sa sœur. Il était tellement en colère contre lui-même de ne rien avoir su faire alors qu’il se trouvait sur les lieux de la fusillade. Il avait assisté à la scène sans pouvoir intervenir et il n’y avait rien de plus rageant que ça. Il s’en voulait tout en sachant que ça n’était pas de sa faute. C’était cet agriculteur le coupable, Martin et Raulne étaient également compris dans le lot cependant pour ne pas avoir su maîtriser la situation alors que c’étaient leurs rôles. Le Maire venait de perdre encore plus de crédits auprès du renégat – oui, c’était encore possible. Son estime pour ce personnage frôlait désormais les pâquerettes. Il finit par s’éloigner de la chambre, conscient d’assister à une scène trop intime. La cadette Fontaine méritait un peu de temps seul avec sa sœur. Mickaël en profita pour harponner – sans agresser, un médecin et lui demanda plus en détails le pourquoi du comment sur l’état de sa meilleure amie. Apparemment, elle n’avait rien de sérieux, ils avaient stoppé l’hémorragie, délogé la balle et ils l’avaient placé sous calmant le temps qu’elle récupère. Ces nouvelles avaient partiellement rassurés le renégat et il était revenu plus sereinement hanter la chambre d’hôpital. Il s’approcha prudemment et de la blessée de l’autre côté qu’occupait la jeune fille et serra la main de son amie endormie brièvement avant de se retourner vers la Louisvilloise. « J’ai croisé un médecin. Ne t’en fais pas. Tout est sous contrôle. Ils la gardent par sécurité mais il n’y a pas eu de gros dégâts. Il faut juste que sa plaie cicatrise. Elle est sous calmant pour récupérer. » Il chercha à lui fournir un sourire encourageant pour appuyer ses paroles et ajouta d’une voix rassurante. « Ça va aller, c’est l’affaire de quelques jours. Elle est tirée d’affaire. Tout va bien, Lyra. » Le mécanicien resta près de deux femmes jusqu’à ce qu’on les chasse de là pour cause de visite terminée. Il jeta un dernier regard inquiet sur le corps étendu de la conseillère municipale avant de sortir en se jurant de revenir le lendemain. Et tous les jours qui suivront si elle y restait.

Le trentenaire reprit place derrière son volant le cœur définitivement lourd mais moins angoissé. Finalement, elle avait évité de trop grosses retombées, ça aurait pu être tellement pire. Aucun organe n’était touché et c’était tout ce qu’il comptait finalement. Elle avait perdu beaucoup de sang mais ça, c’était réparable. Les soins lui avaient été prodigués à temps. Le conducteur se tourna vers sa passagère. « Écoute Lyra, je t’emmène chez Isabella. Tu ne devrais pas affronter ça seule et ça sera plus pratique pour tout le monde. » En fait, il avait décidé de ne plus vraiment lui laisser le choix. Il ne comptait pas laisser une ado seule dans une grande maison alors que sa sœur venait d’être admise à l’hôpital. Qui arriverait à faire ça ? Il dormirait mieux en la sachant en lieu sûr avec des personnes apte à s’occuper d’elle et à la rassurer. De plus, il savait pertinemment que Mathilda approuverait cette décision. Il avait l’impression de caler son attitude sur celle austère de ses parents et ça le dérangeait quelque part, surtout qu’il n’avait aucun lien parenté avec la jeune fille qui lui permette de justifier totalement son autorité mais tant pis. Il ne démordit pas de sa décision maintenant qu’il avait retrouvé assez de force et partit donc dans la bonne direction. Il prit soin d’amener Lyra sur le seuil de la porte d’Isabella et poussa le vice jusqu’à sonner chez elle afin qu’elle réceptionne bien la cadette Fontaine. Il expliqua dans les grandes lignes à sa collègue renégate où et dans quel état se trouvait leur chef. Il lui confia donc la petiote et ajouta à cette dernière. « Si tu as besoin de quoique ce soit, n’hésite pas à venir me voir. Tu sais où je travaille. » Il salua une dernière fois Isabella et partit ensuite pour retrouver Rose afin de la rassurer. Il avait dû lui faire une très mauvaise impression en débarquant avec une manche ensanglanté et en paniquant pour la vie de sa meilleure amie. Il n’avait définitivement aucun sang-froid et dire ça relevait de l’euphémisme.

HJ: on peut boucler le sujet comme ça vu qu'il est ouvert depuis un moment <3