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Nous sommes actuellement, en jeu, pendant la DEUXIEME QUINZAINE de FEVRIER 2013.
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Martin Huygues

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Martin Huygues
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MessageSujet: Je ne veux pas vous faire peur [Livre I - Terminé]   Je ne veux pas vous faire peur [Livre I - Terminé] EmptyVen 7 Déc - 19:12

Dans mon programme de survie, il y a une partie appelée "Les quatre impératifs". Non, pas les quatre fantastiques ! Enfin, vous êtes stupides ou vous le faites exprès ? Nos impératifs sont les suivants : nous devons continuer à nous nourrir, à nous loger correctement, à nous chauffer pour passer l’hiver et à nous défendre contre les ennemis de la France. Je ne peux pas m'occuper de la défense comme je le voudrais car les militaires - menés par le lieutenant Philippe Raulne - sont difficiles à gérer. De toute façon, cela ne fait pas partie de mes « attributions ». J’ai assez de problèmes comme cela : ce devrait être Damien Bellanger et les autres gendarmes, mais la plupart ont fui. Quand les soldats sont arrivés, je les ai bien accueillis, même si en mon for intérieur, je déplorais leur présence. J’ai du mal avec l’armée, les soldats bornés qui n’obéissent qu’à leur chef voire à une stratégie totalement incompréhensible pour nous autres civils.

Aujourd’hui, je me rends dans la campagne environnante, pour faire l’état des lieux des fermes encore debout, des fermes en état de fonctionner, des fermiers prêts à m’aider ou ceux déjà partis sur les routes, vers un avenir très incertain… Aujourd’hui, je mets en place l’impératif N°1 : quelles sont nos réserves ? Où sont-elles ? Y-a-t-il assez de main d’œuvre, de matières premières, d’électricité pour faire tourner leurs machines ? Les silos sont-ils protégés, à l’abri du froid, de la moisissure, des souris ? Il nous faut aussi les protéger des pillards, des voleurs, des gens rendus fous par la panique. Et encore plus préoccupant, pourrons-nous les manger avec les vapeurs toxiques des bombes nucléaires ? Je ne m’y connais pas trop dans ce domaine, mais j’ai des yeux : la nature se meurt.

Et je le constate encore plus alors que j’arrive en vélo aux abords d’une ferme. J’ai super chaud alors que nous sommes au début de l’automne. J’ai dû pédaler pendant trente bonnes minutes ; la voiture c’est moins fatiguant mais je ne veux pas gaspiller du précieux carburant. La première chose qui me frappe, c’est le silence. Les oiseaux se sont tus. Sont-ils morts ? Ou n’ont-ils plus envie de célébrer à leur manière la beauté de la nature ? Car il n’y a plus rien à célébrer après avoir vu les hommes, ces mammifères complètement fous, s’entre-tuer.

Soit la famine nous pend au nez, soit nous mourrons en ayant consommé de la nourriture. Je ne dois pas laisser des pensées aussi pessimistes me traverser la tête, parce que sinon je n’ai plus qu’à rendre mon tablier à Mathilda et à m’asseoir dans un coin pour attendre que la crise passe. Attendre que la mort ne m’emporte. Je dépose mon vélo contre la barrière de la ferme. C’est la première sur mon chemin. J’ai mis un jean, un manteau assez chaud. J’ai évité la casquette sinon on va m’accuser de démagogie. J’ai les oreilles rouges de froid ; le vent a sifflé dans mes écoutilles plus sûrement qu’une radio qui ne capte rien.

Dans une ferme, il n’y a pas de sonnette. Cela ne sert à rien d’aller à la porte de la maisonnette, parce que tout le monde travaille à cette heure du début d’après-midi. D’ailleurs, je vois une silhouette qui s’active auprès d’un champ au loin. Je m’avance d’un pas énergique jusqu’elle et m’écrie, alors que je ne suis plus qu’à un mètre :

« Eh ! Bonjour ! »

Rien ne pouvait me préparer à ce qui se passa ensuite.
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MessageSujet: Re: Je ne veux pas vous faire peur [Livre I - Terminé]   Je ne veux pas vous faire peur [Livre I - Terminé] EmptyJeu 13 Déc - 18:33


« Elena. »

D'une main tremblante, je relevai un peu plus l'écharpe autour de mon cou. Il faisait de plus en plus froid alors que l'aube se levait un peu plus tard chaque jour. La ferme était si loin qu'il me semblait devoir me lever même avant les bêtes pour arriver à l'heure. C'en était parfois fatiguant. Mais ce n'était pas tellement un problème, ce n'était pas comme si je faisais quelque chose d'autre de mes journées.
Ena bondit sur la barrière en secouant la clochette à son cou. Nous étions déjà arrivées à la ferme, et bizarrement, il me semblait avoir une mauvaise impression pour le reste de cette journée. Je ne me basai pas sur un quelconque « instinct féminin ». Non. C'était quelque chose de bien plus concret. Rien que ce matin, j'étais tombée trois fois dans ma propre maison. C'est particulièrement humiliant.

Nourrir et soigner chaque animaux me prit la journée entière, comme d'habitude, mais ils furent plusieurs à vouloir me mordre ou me donner un coup. Je pouvais comprendre que les bêtes soient à cran, et qu'elles préféreraient fuir ce pays en pleine désolation. Mais voilà, je ne pouvais pas totalement leur pardonner de se défouler sur mon corps. A moins que ce ne soit un signe qui essaie de me dire de rentrer chez moi.
La pause de midi me parut la plus éreintante depuis mon retour à Louisville. Un des chevaux avait décidé de passer la barrière du pré pour venir manger dans la maigre réserve de foin. Il ne m'a pas fallu longtemps pour l'attraper, mais étant ma seule pause, j'aime la passer dans le calme.
Et ce n'était pas le cas.

La porte claqua à quelques centimètres de mon visage. Le patron m'avait appelée alors que j'allais enfin reprendre le travail. Je ne savais pas ce qu'il voulait me dire, et je regrettais d'un coup ne pas l'avoir ignoré. Il aurait suffit que je m'excuse le lendemain et le tour était joué. Mais voilà, je me suis déplacée jusqu'à la porte et j'ai écouté ce qu'il avait à me dire. Je n'ai même pas eu le temps de protester qu'il fermait la porte sans un mot de plus. Ce qu'il venait de m'annoncer ne me plaisait pas vraiment. Je ne sais pas s'il se rend compte qu'à la base, je suis ici pour m'occuper des animaux. Des animaux VIVANTS.
Donc, il me fallut dix minutes pour trouver un sac poubelle et glisser l'animal mort dans ce dernier. Le patron voulait que je débarrasse le bord de son champ de la carcasse, et je me demandai intérieurement pourquoi il ne le faisait tout simplement pas lui-même. C'est com-...
Mes mains se crispèrent sur le sac poubelle. Les fermes me semblaient bien trop visitées ces derniers temps. Quand ce n'était pas des réfugiés, c'était des militaires. Et maintenant, même le maire osait venir me déranger dans mon travail.

Le maire ?!
Je me levai d'un coup et me retournai. Que faisait-il ici ? N'avait-il pas autre chose à faire, en tant que maire ? La situation était pourtant grave, non ? Je ne comprenais vraiment pas, et je regrettais réellement que le patron ne soit pas ici à ma place, pour accueillir le maire comme il se doit. Personnellement, je n'en étais pas capable. Déjà mes mains commençaient à trembler sur le sac poubelle. J'étais incapable d'articuler un seul mot, ni de faire un seul geste. J'étais complètement perdue, je ne savais pas ce que je devais faire.
Je voulais juste fuir.

~ Vous n'avez rien à faire ici ! Partez !

Je plaquai mes deux mains sur ma bouche, moi-même choquée de mon geste. Sans réfléchir, j'avais jeté dans sa direction le sac poubelle. Ce n'était vraiment ni sympa, ni classe, d'une inélégance parfaitement insolente. Je ne savais pas si ça l'avait touché, mais le simple fait d'avoir espéré que ça arrive me rendait honteuse. Mes mains retombèrent le long de mon corps tandis que je m'inclinai rapidement pour appuyer le murmure qui n'allait peut-être pas atteindre ses oreilles.

~ Excusez-moi...


[N'hésite pas à me le dire si ça ne te plait pas, XDD.]
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MessageSujet: Re: Je ne veux pas vous faire peur [Livre I - Terminé]   Je ne veux pas vous faire peur [Livre I - Terminé] EmptyJeu 27 Déc - 20:00

Je m'avançais vers la personne penchée sur un sac poubelle. Elle ne m'avait pas vue, peut être pas entendue alors je décidais de la saluer assez fort pour qu'elle ne sursaute pas. Peine perdue. Elle se releva brusquement, sans que je puisse déterminer ce qu'elle faisait avec un sac poubelle dans les mains. Cette femme me rappelait quelqu'un ; se pouvait-il que je l'ai déjà rencontrée ? Pour l'instant, je n'arrivais pas à mettre un nom sur son visage. Son attitude hagarde m'étonna, me fit peur : je ne pensais pas que je l'effrayerais autant. Etais-je vraiment devenu le croquemitaine, ce lâche qui coopérait avec les militaires sans rien faire pour sauver Louisville ? Ses longs cheveux bruns masquaient quasiment son expression ; je restais muet, décontenancé, quand soudain elle me cria de ficher le camp tout en jetant vers moi le sac poubelle. Elle n'avait pas du bien visé car le sac tomba à mes pieds.

Je la regardais, hésitant encore sur la conduite à tenir. Si elle paraissait perdue, moi je n'en menais pas large. Décidant de déguerpir puisqu'elle me le demandait si gentiment, je tournais les talons sans l'avoir entendue s'excuser. Le vent porta au loin ses paroles et je marchais énergiquement vers la ferme pour m'entretenir avec le patron. Après tout, je n'étais pas venu ici au départ pour faire la causette avec les travailleurs. J'avais voulu me montrer sympathique, faire un peu de démagogie ? *Non... enfin peut être bien*, mais comme elle ne voulait pas de moi ici, je n'allais pas imposer ma présence !

Le patron m'ouvrit assez rapidement et j'entrai à l'intérieur pour débattre avec lui des différentes denrées en stock, de la santé de ses poules etc. Il m'apprit ainsi que plusieurs bêtes étaient mortes sans raison apparente, "elles sont malades mes poules, c'est les bombes qu'ont fait ça". Je hochai la tête sans me mouiller.

"J'ai déjà demandé à la p'tite d'emmener les poules mortes loin d'ici, comprenez, faut pas que mes clients s'en rendent compte ; ils pourraient prendre peur et plus m'acheter mes poules." reprit le fermier.
"La p'tite ?" demandai-je curieux, repensant au comportement bizarre de la fille aux cheveux noirs.
"Ouais, Elena Beaumort, qu'elle s'appelle. Ah, j'ai voulu bien faire, faire mon bon samaritain tout ça, mais je vous avoue qu'une aveugle c'est pas facile tous les jours. Bon allez, m'sieur le maire, je vous retiens pas plus longtemps, j'ai plein de choses à faire, hein ?"

Je hochai la tête, l'esprit éclairé par un souvenir, et pris congé. Une fois dehors, je regardai pensivement la jeune femme. Elena... Maintenant je me rappelai d'elle. Notre première rencontre aussi s'était mal passée. Elle venait de perdre quelqu'un de proche et j'avais voulu la réconforter en la touchant, moi qui était tactile à défaut d'être évanescent. Elle m'avait repoussé, dégoûtée, apeurée. Encore aujourd'hui, cette attitude me blessait dans mon amour propre. Prenant sur moi, je décidais de revenir vers elle.

"Elena Beaumort. C'est bien vous ? Je suis le maire en effet, vous m'avez reconnu bien plus vite que moi."
J'avais parlé d'une voix calme, laconique. Qu'elle sache que j'étais revenu.
Le sac se trouvait toujours sur la terre, une poule morte à l'intérieur. Je le ramassai et lui tendit, me rappelant trop tard qu'elle ne le voyait pas.
"Vous avez oublié votre sac. Tenez, je vous le tends."

"Je suis désolé de vous avoir effrayée, ce n'était pas mon intention."


Je restai les bras ballants, espérant obtenir de sa part un retour positif, avant de poursuivre plus avant ma tentative de dialogue. Notre deuxième rencontre se solderait-elle aussi par un échec ?
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MessageSujet: Re: Je ne veux pas vous faire peur [Livre I - Terminé]   Je ne veux pas vous faire peur [Livre I - Terminé] EmptyMar 8 Jan - 21:59


« Elena. »

Pour le coup, je restais plus ou moins choquée. Je ne savais pas si je me sentais blessée ou joyeuse alors qu'il partait. Je savais que j'avais fait quelque chose de mal, mais tout de même... Finalement, je me sentais énervée. S'il ne voulait pas parler, il n'avait qu'à pas venir depuis le début, non ? Non, ce n'est pas ainsi que je dois penser, s'il part c'est de ma faute, et ce n'est pas plus mal. Mais que va-t-il penser de moi, maintenant ? Je voulais m'excuser, et je ne faisais que m'enfoncer de plus en plus.

De nouveau seule, je ne savais plus quoi faire. Rester sans rien faire ne faisait que me laisser le temps de ressasser les derniers événements. A bien y penser, j'aurais dû me fier à mon instinct depuis le début, et rester chez moi toute la journée. Ce n'était pas une si mauvaise idée finalement, et je la regrettai bien plus que je ne voudrais l'avouer.
Pour ne plus y penser, je m'occupais comme je pus en cherchant tant bien que mal le sac plastique. A quatre pattes dans les cailloux, mes mains remuaient la poussière qui venait chatouiller mes narines. Mon esprit totalement concentré à ne pas éternuer, capta dans un instant d'égarement le grincement de la porte d'entrée. Mon corps entier fut pris d'un soubresaut effrayant causé par ma négligence. Je me redressai rapidement, tapotant mes genoux pour essayer de ne pas paraître sale. L'humain est ainsi fait qu'il craint la honte et le ridicule. Je ne pouvais pas risquer de me faire voir par le maire à quatre pattes à chercher un sac poubelle.

Je redressai le dos et essayai de dissimuler le malaise qu'avait installé son retour. J'étais passée à deux doigts de connaître la honte la plus grande de ma vie, il était normal que je me sentes mal, non ? De plus, le caractère d'une personne est ainsi fait qu'il n'accepte pas de se montrer dans une position de faiblesse. Et c'était une position de faiblesse. Je ne pouvais pas montrer à quelqu'un que je ne connais pas, que j'étais incapable de retrouver le sac que j'avais moi-même lancé. Que penserait-il ? Il dirait sûrement que je l'ai bien cherché, et il partirait en riant. Je n'aurais plus qu'à essayer de gérer ma colère comme je le pourrais.
Ce n'est vraiment pas quelque chose qui devrait arriver.

Voilà. J'étais prête à tout recommencer, je voulais repartir de zéro et corriger mes erreurs précédentes. Il me fallait effacer ce que j'ai fait, il était le maire, je ne devais pas le laisser penser que j'étais ce genre de personne. Il fallait que ça change.
Le sourire que je voulus esquisser se déforma en un rictus qui aurait voulu exprimer à la fois la honte et la colère. Je m'empressai de le dissimuler en passant une main sur mon visage. Il venait ouvertement de dire qu'il ne m'avait clairement pas reconnue, et alors que quelques instants avant, j'aurai préféré que ça se passe ainsi, je m'en sentais maintenant vraiment blessée. Et je compris alors quel était le problème : je ne faisais que me contredire sans cesse. Je voulais agir bien, et pourtant, chacune de ses paroles me donnait envie de fuir un peu plus loin.
Toujours plus loin...

Voilà, c'était le bon moment pour me rattraper. Il me tendait le sac poubelle que j'avais... quoi ?! Il était sérieux à l'instant ? J'ai oublié mon sac ? Je l'ai cherché dix minutes ce sac, à quatre pattes dans la cour pendant que monsieur prenait un peu de bon temps avec le patron. Certes, c'est moi qui l'ai lancé, mais s'il n'était pas venu me voir, je ne l'aurai pas fait, et alors il serait dans la poubelle depuis longtemps ! Stop. Ce n'est pas bon là. Ce n'est pas si compliqué de juste dire merci et prendre le sac, non ? Pourquoi il faut toujours que j'essaie de déformer chacune de ses paroles, pour les retourner contre lui ?
Stop.
Je pris une grande inspiration, fermant les yeux même si ça ne servait à rien. Je repris le contrôle de mes émotions, et tendis la main en avant. Mon cœur eut un raté sous le ridicule de la situation alors que je le loupais de peu. Ma main dériva pour effleurer celle du maire. Tandis que mes poils se hérissaient sur mon bras, j'attrapai le sac poubelle. Je dus faire un énorme effort pour ne pas le lui arracher et passer encore pour une folle.

~ Merci. C'est moi qui suis désolée, depuis le début je suis celle qui s'est mal comportée. Excusez-moi.

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MessageSujet: Re: Je ne veux pas vous faire peur [Livre I - Terminé]   Je ne veux pas vous faire peur [Livre I - Terminé] EmptyJeu 31 Jan - 20:39

A présent, je me sentais désolé de lui avoir fait peur, une deuxième fois. On aurait dit que j'étais incapable de bien me comporter en sa présence. Et à bien y réfléchir, elle aussi semblait mal à l'aise près de moi. Quand j'étais arrivé au début vers elle, sans me rappeler qui elle était, sans me rappeler son handicap, sa réaction envers moi avait été un total rejet. J'en étais désolé, plus encore, je me sentais mal qu'elle agisse aussi violemment envers moi. J'essayais d'être avenant, de prendre soin de moi pour "bien passer" auprès des habitants, des nouveaux arrivants, des militaires, pour avoir l'air d'un bon maire. Oui, aujourd'hui, les apparences font toujours la moitié du travail pour convaincre ou impressionner. Avec Elena, j'étais impuissant. Il n'y avait qu'avec les mots que je pouvais la rassurer.

Mon entretien avec son patron n'avait duré que quelques minutes. Quand il me congédia, je n'avais plus qu'une idée en tête : retourner voir Elena et parvenir à la faire changer d'avis à mon égard. Même s'il me restait quelque pudeur à venir la déranger ainsi dans son travail, à perturber son équilibre mental fragile - la mort de son mari y était pour beaucoup dans ses réactions exagérées - je la repoussai : je ne devais pas reculer. Venir parler à Elena représentait comme une bataille que je devais gagner.

Quand j'arrivais, je prenais soin à bien faire du bruit pour qu'elle m'entende. Elle se tenait très droite ; je la sentais sur le qui-vive. Le sac poubelle se trouvait toujours à terre. Pourquoi ne l'avait-elle pas ramassé ? Était-elle restée debout tout ce temps, effrayée, prête à s'enfuir au loin au son de mes pas ? Elle me faisait penser à une biche apeurée. Je n'avais pas de fusil dans les mains ; elle le ressentit peut-être. En tout cas, elle resta bien face à moi jusqu'à ce que je prenne la parole, pour lui dire que je l'avais reconnue finalement, mais avec un train de retard. Maladroitement je ramassai le sac et lui tendis, pour qu'elle le prenne. Cette histoire de poules mortes me faisait froid dans le dos : comment Elena prenait-elle ce travail ? Le patron devait lui avoir fait jurer de ne rien dire à personne. Mais c'était "carrément flippant" comme disait Benjamin.

Quand nos mains s'effleurèrent, j'essayais de ne pas m'offusquer du mouvement de répulsion qu'Elena esquissa. Enfin elle prit la parole, et s'excusa dans un flot de paroles précipitées :

~ Merci. C'est moi qui suis désolée, depuis le début je suis celle qui s'est mal comportée. Excusez-moi.
"Non c'est moi qui doit m'excuser !" m'exclamai-je aussi. Une envie de briser cette atmosphère lourde, cette gangue me traversa.
"Je suis vraiment désolé de vous avoir touchée sans votre consentement, Mme Beaumort." Utiliser son nom de famille nous permettrait peut-être de réinstaurer une distance raisonnable, pour qu'elle se sente moins prise au piège. Elena saurait de quoi je parlais, il n'y avait aucun doute là-dessus.
"C'était déplacé, je n'aurais pas dû. J'espère que vous pourrez me pardonner."

Le coeur soudain plus léger, mon regard se porta sur le sac qu'elle tenait toujours à la main. Une autre question fusa :
"Cette situation, la guerre, les affrontements, maintenant la mort inexpliquée des poules, comment la vivez-vous ? Vous n'êtes pas obligée de me répondre," ajoutai-je vivement. J'avais peur de l'effrayer encore. Or, ce n'était pas du tout mon intention !
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MessageSujet: Re: Je ne veux pas vous faire peur [Livre I - Terminé]   Je ne veux pas vous faire peur [Livre I - Terminé] EmptyMar 5 Fév - 18:22


« Elena. »
Ma première réaction fut certainement : « gné ? ». Intérieurement bien entendu, je ne pouvais pas me permettre un son aussi peu élégant devant un maire. Néanmoins, ça correspondait bien à la situation, et c’était bien le mot qui avait froncé mes sourcils. Ce qu’il venait de dire me semblait totalement à côté de la plaque. Et il avait répondu si rapidement…
Etait-il fou ?
Non, idiot plutôt. Qui pourrait accepter que le maire s’excuse pour ça ? Même si ce n’était pas le maire, ce n’était pas une raison qui mérite des excuses. Il n’a rien fait de mal, j’ai été celle qui doit être blâmée. Je regrette mon geste, certes. Mais si je pouvais recommencer notre rencontre, je crois que je ne pourrais pas l’éviter, je referai la même chose. Je n’aime pas les contacts, encore moins quand je pète un plomb, c’est comme ça, je n’y peux rien.

~ Ce n’est pas parce que vous êtes maire que vous devez vous sentir obligé de vous excuser. Vous n’avez rien fait de mal. N’importe qui aurait fait la même chose que vous. Ravalez un peu votre fierté et laissez-moi donc m’excuser.

Etais-je en train de lui donner une leçon ? J’étais vraiment irrécupérable. D’où je me permettais de parler ainsi à un inconnu, d’une, et au maire pour bien aggraver la chose. Je méritais vraiment des baffes, et j’étais prête à les recevoir. Ca me remettrait peut-être les idées en place. Je vais passer pour la méchante fille jamais contente qui, en plus de s’énerver pour rien, se permet de faire des reproches. Irrécupérable, je vous dis.
Mes mains se crispèrent sur le sac. C’était sûr que je ne me sentais pas bien par rapport à ça. Mais que pouvais-je faire d’autre que de ramasser les corps, et me réveiller tous les matins dans une maison pillée de fond en comble. Mais voilà, mon cœur devait être plus lourd que le sien, parce que je n’étais pas prête à me confier à cet homme, encore moins dans cette situation.

~ Vous vous êtes reconverti journaliste ? Je la vis comme tout le monde ! Ce n’est pas une mort inexpliquée, les poules prennent des crises cardiaques pour un rien. Ce n’est pas la première fois, et sûrement pas la dernière !

Les poules ont ce genre de tendances. Un peu comme les poissons qui meurent après un coup de stress. Les poules sont capables de prendre une crise cardiaque en voyant un renard, simplement en le regardant. Si ce n’est pas idiot ça. La première fois qu’elles ont aperçu Ena, la petite chatte silencieuse qui m'accompagne, elles se sont toutes regroupées dans un coin et ont failli mourir d’étouffement. Le patron devrait savoir que ça arrive souvent. Ou peut-être a-t-il raison, peut-être que celle-là n’est pas morte normalement. Mais voilà, nous ne pouvions rien y faire, il ne fallait pas s’inquiéter pour ça.
Consciente que mon comportement ne pouvait pas plaire au maire, je réfléchis cinq secondes à ce que je pouvais faire pour me rattraper. Je ne savais pas comment je devais agir. Ce caractère était le mien, et même si je n’en suis pas fière, c’était bel et bien le mien. Pourtant, je m’étonne moi-même de ce que j’ose lui dire. Moi qui suis habituellement silencieuse, il faut que je me montre « méchante » devant le maire.
Je ne saurais pas l’expliquer.

~ Désolée, mais… euhm… je dois jeter ça, alors… si vous voulez rester, il doit y avoir un banc à côté de la grange. Je peux vous apporter de l’eau… ?

Il faut prendre soin de son petit maire, n’est-ce pas ? Montrer que la petite Beaumort n’est pas que méchante dans la vie ? J’étais peut-être idiote de croire qu’il allait accepter après lui avoir parlé ainsi. Mais il fallait bien essayer, qui ne tente rien n’a rien, non ?



[Dis-moi si y'a la moindre chose qui ne te plait pas XD.]
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MessageSujet: Re: Je ne veux pas vous faire peur [Livre I - Terminé]   Je ne veux pas vous faire peur [Livre I - Terminé] EmptyJeu 14 Fév - 21:26

Vous vous êtes reconverti journaliste ? Je la vis comme tout le monde ! Ce n’est pas une mort inexpliquée, les poules prennent des crises cardiaques pour un rien. Ce n’est pas la première fois, et sûrement pas la dernière !

Ma démarche n'était pas facile à assumer. Quand nous nous étions rencontrés pour la première fois, j'avais d'abord pris sur moi pour rester calme, ne pas montrer que cette histoire me touchait, car alors j'allais continuellement être blessé par ces vies bouleversées par la guerre ! Tout le monde venait me voir pour me raconter sa triste histoire, la bombe dévastant la maison et tuant les enfants, le mari parti chercher de l'aide et jamais revenu, les familles séparées, comme celle de Benjamin, laissant des jeunes orphelins et des parents déracinés. Mais sa détresse m'avait touché profondément et sans me l'expliquer, j'allais voulu la réconforter, oui, je l'avoue. Je ne m'attendais pas à ce que mon geste la fasse fuir. Avec du recul, je comprenais peu à peu, mais encore mal. Ce n'était pas parce que son mari était mort qu'aucun homme ne pouvait plus la toucher ? avais-je pensé. Je le pensais toujours, mais si ça se trouve, je ne voyais pas les choses du "bon" point de vue. Comment savoir ? Je n'étais pas dans sa tête, une tête décidément bien compliquée, compte tenu de notre situation tendue aujourd'hui !

Aujourd'hui, je voulais nous donner une deuxième chance, et devant son attitude mal à l'aise, j'avais voulu m'excuser. Mal m'en avait pris ! Sa réaction cette fois-ci me fit monter la moutarde au nez : je ne pouvais pas supporter ces paroles dédaigneuses devant ma réponse - humaine. Elle, elle avait bien le droit de répliquer ce qu'elle voulait, mais pas moi : et de quel droit ?

"Qu'est ce que vous voulez à la fin ? En quoi le fait d'être maire m'enlève le droit de m'excuser ? Désolé de vous décevoir mais je suis un être humain, comme tout le monde je fais des erreurs, et je les reconnais et j'ai le droit de m'excuser !"

Et voilà. C'était sorti. On ne pouvait pas revenir dessus. Je ne comprenais pas son mode de fonctionnement et cela me déplaisait souverainement. Parce qu'en général j'arrivais à cerner les gens mais là impossible. Comme avec Mathilda, entre nous ça allait être une suite de quiproquos. Est ce que mon visage ne lui revenait pas ? *Allons tu es idiot ; elle est aveugle, ce n'est pas une question d'apparence.*
Alors que cette pensée me traversait, une nouvelle idée fit de même : comment avait-elle perdu la vue ? Et si c'était à cause de la guerre ? Cela expliquerait son rejet des autres, sa "méchanceté" ; elle aurait perdu confiance envers autrui et voudrait se protéger en attaquant d'abord avant de pouvoir être blessée moralement. Et bien sûr, être assaillie de questions non plus n'allait pas lui plaire. Mais il était trop tard. Bizarrement, sa réponse me rassura : si elle croyait que les poules mourraient normalement, alors que je n'avais plus qu'à l'embaucher pour convaincre la population que tout allait bien ! Son argument me tira un sourire, bien malgré moi. J'ignorais totalement le mode de fonctionnement des poules. *Tout comme j'ignore celui d'Elena. Et bien il va falloir l'apprendre vite, ou cette conversation ne va mener sur rien.*

Sa tentative pour ramener le calme entre nous me surprit. J'aurais pensé qu'elle allait me congédier comme au début, mais non. Et oui, bizarrement, j'avais envie de rester. Sa diatribe enflammée ne m'avait pas découragé. J'étais face à une femme imprévisible, une citoyenne désemparée et cette fois-ci, le réconfort ne servirait à rien. Il ne fallait pas que je la prenne pour quelqu'un de vulnérable.

"Je vais m'asseoir en effet. Et je veux bien de l'eau, merci." dis-je d'un ton égal.
Si ma réponse l'étonna, elle n'en laissa rien paraître. Je la suivais alors que nous retournions vers la grange. Je m'assis tandis qu'elle disparut au loin. Assis sagement sur mon banc, je réfléchissais. Que pouvions-nous nous dire ? Je n'osais plus parler. J'attendais qu'elle vienne à moi.

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MessageSujet: Re: Je ne veux pas vous faire peur [Livre I - Terminé]   Je ne veux pas vous faire peur [Livre I - Terminé] EmptySam 23 Fév - 17:42


« Elena. »
Je m’avouais coupable. Je l’étais, c’était certain. Mais voilà, je n’arrivais pas à me comporter comme je le devais. Comme je le voulais. Mon cerveau faisait un blocage entre mes pensées et mes actes. Rien ne se passait comme je le prévoyais mentalement. Involontairement, je trouvais toujours quelque chose de mal à lui dire. Ca aurait pu se comprendre, si c’était simplement sa tête qui ne me revenait pas. Mais je ne connaissais ni la forme de son visage, ni la couleur de ses yeux.
Peut-être était-ce sa voix qui me tapait sur le système ?
Mes mains se serrèrent sur ma poitrine, faisant crier le sac poubelle. Je comprenais qu’il s’énerve. C’était tout à fait naturel. A sa place, je me serais mise en colère aussi. Et voilà, il me remettait à ma place comme il le fallait. Mais nous n’étions pas partis sur la même ligne. Pour moi, il n’avait fait aucun mal. J’étais celle qui n’acceptait pas les contacts, et il ne pouvait pas le savoir. Pour lui, il n’aurait pas dû oser me toucher. C’est là que nous ne nous comprenions pas.
Me faire disputer de cette manière m’avait remis les idées en place, en quelques sortes. C’est pour cette raison que, la tête baissée, je ne dis que d’une petite voix :

~ Mais vous n’avez rien fait…
Il ne servait à rien de discuter plus longtemps sur ce sujet. C’était du passé, et il me fallait remédier à notre petit problème relationnel, si on peut dire ça comme ça. J’étais l’idiote qui avait crié, fui et disputé un maire certainement débordé, et souvent confronté aux plaintes de nombreux citoyens. Personnellement, jamais je n’aurais pensé venir à la mairie pour pleurer la mort de mon mari comme j’ai déjà entendu certains le faire. Il m’avait juste paru obligatoire de signaler la fin de sa vie, pour rayer son nom des registres, même si finalement, en ces temps de guerre, les morts ne s’écrivent plus sur des bouts de papier. Mais ça, mon esprit quelque peu perturbé n’avait pas pu le prévoir.
Je restais quelques instants immobile. J’avais proposé ça par principe, jamais je n’aurai pensé qu’il aimerait rester à la ferme après tout ce que j’ai osé lui dire. Voulait-il à ce point éclaircir la situation, ou avait-il d’autres intentions ? Je ne comprenais pas vraiment, mais maintenant que c’était proposé et accepté, je me devais de lui montrer le chemin.
C’est donc avec un très léger sourire que je lui indiquai vaguement où était le banc, une fois arrivés près de la grange. Je le laissai trouver plus efficacement que moi, et entrai rapidement dans le bâtiment. Une fois seule, je laissai un soupir m’échapper, avant de prendre une grande inspiration, et d’apprécier l’odeur des chevaux tout près de moi. C’est le son de la clochette au cou d’Ena, la petite chatte qui s’était endormie dans la paille à midi, qui me ramena à la réalité. Il me fallait me dépêcher ou il finirait par penser que j’ai fui une nouvelle fois.
Ce n’était d’ailleurs pas une si mauvaise idée…

Il me fallut quelques minutes pour retrouver où j’avais posé la petite bouteille d’eau. Même si Ena avait pris place sur mes épaules, elle ne semblait pas vouloir m’aider à chercher, et je ne me souvenais pas bien où j’avais pu la poser. Néanmoins, je finis par la retrouver et me diriger vers la porte de la grange, pour rejoindre le maire qui attendait encore. C’est à ce moment que je m’étonnais moi-même alors que je cessai tout mouvement devant la porte. Je ne savais pas ce que je devais dire, ce que je devais faire. J’avais simplement peur, et j’étais incapable de faire un pas de plus. Il me fallait trouver une solution.
Rapidement.
Ne trouvant rien qui puisse m’aider, j’ouvris tout de même la porte et fis un premier pas dehors. Le froid de l’air comparé à la chaleur de la grange me sembla comme une claque sur mes deux joues. C’est ce moment que choisit Ena pour sauter au sol et courir vers le maire en faisant sonner bruyamment la clochette à son cou. Les yeux écarquillés par la surprise, je me mis à sa poursuite, ne sachant pas ce qu’elle était capable de faire. Je cru comprendre que la petite chatte avait sauté sur les genoux du maire pour se coucher presque automatiquement. Elle devait savoir que je n’étais pas vraiment d’accord, mais je savais aussi que l’arracher de sa place ne causerait que du mal à Huygues. Ena avait tendance à planter ses griffes quand elle n’était pas du même avis que moi. Je ne voulais pas que ça arrive.
Vraiment pas.

~ Ena ! Excusez-moi, je ne sais pas ce qui lui prend… Elle est moins farouche que moi, c’est sûr… N’hésitez pas à la virer si elle vous gêne !
Idiote.
Ce mot résonna à l’intérieur de mon crâne. Il me semblait enfoncer un peu plus le couteau dans la plaie, bien accentuer le fait que je n’avais fait que des erreurs depuis le début. « Moins farouche que moi ». Mais qu’est-ce qui m’a poussée à dire ça ? C’est complètement débile. Je ne fais qu’enchaîner les erreurs, hein ?
Décidant de ne plus y penser – de toute façon, c’était fait – je posai ma main sur le banc avant de m’y assoir, à distance respectable du maire. Il n’y avait rien à faire d’autre de toute façon. Essayer de me rattraper ne ferait que m’enfoncer davantage dans l’idiotie. Mais c’est alors qu’une idée me vint. Et si Huygues était allergique au chat, en avait peur, ou ne les supportait tout simplement pas ?! J’étais dans la merde très sérieusement…
Que faire ?
Mais, je pense qu’il est assez grand pour se démerder tout seul, s’il a un problème avec les félins, non ? Au pire, il n’aura qu’à dire que c’est de ma faute, je n’irai pas jusqu’à le contredire. Techniquement, je suis en tort, je n’avais qu’à pas amener Ena sur mon lieu de travail.
Mais bon.
Mes doigts serrèrent un peu plus fort la bouteille dans mes mains, le son me rappelant qu’elle était là, et que j’étais censée la donner au maire. Oublier une chose pareille me semblait presque impossible. Et pourtant, c’était bien arrivé. A croire que j’oubliais vraiment tout. Mais je me demande si un jour je serais capable d’oublier ma propre bêtise ?...

~ Ah ! Tenez, voici la bouteille, comme promis. Légère pause, tandis que mon esprit cherchait une suite moins débile que ce que j'avais pu dire jusqu'à maintenant. Ce ne doit pas être facile pour vous. Avoir trop de choses à gérer peut être très fatiguant.
Gné ? C'est tout ce que j'avais trouvé ?
...
Pitoyable.
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MessageSujet: Re: Je ne veux pas vous faire peur [Livre I - Terminé]   Je ne veux pas vous faire peur [Livre I - Terminé] EmptyLun 25 Fév - 21:29

Est-ce que mon entêtement à vouloir mettre les choses à plat entre nous allait conduire au désastre ? Impossible à dire. J'étais assis sur mon banc, j'attendais le retour de la mystérieuse Elena, au caractère vif et aux réponses emportées, mais si sincères ! En voilà une qui n'avait pas peur de moi ! Qui ne craignait de dire ce qu'elle pensait de moi. Sauf que ça ne me donnait pas beaucoup de joie, de savoir que je peux être irritant, agaçant ou tout simplement maladroit.

Il paraît que "je n'ai rien fait". C'est vrai. *Je cours toute la journée et une partie de la soirée pour remettre ce monde d'aplomb, pour que l'enfant capricieux qui a shooté dans son puzzle le range convenablement dans la boîte, mais au final, quoi que je fasse, où que je courre, je m'épuise. Je ne fais rien. Rien de bien.* Je ne me lamentais pas sur mon sort ; il était cent fois plus enviable que celui de la majorité des français. Je prenais conscience que j'avais une trop haute opinion de moi-même, qu'il fallait que je descende un peu sur terre, et me rappelle que je n'étais pas un super-héros. Que je n'arriverais pas à mettre tout le monde d'accord. Les militaires sont bien pires qu'Elena ; elle, j'ai l'impression que mes mots l'ont touchée, quand je lui ai répondu sèchement ; ils claquaient dans le vent et elle est partie me chercher de l'eau. L'ai-je fait fuir ? Suis-je en train d'attendre vainement une étincelle qui s'éteindra ?

Les Louisvillois quant à eux ... Ils n'ont pas envie de bouger, ils n'ont pas envie de se battre. Ce sont des français qui se reposent sur leurs acquis, qui les coincent entre leurs fesses tremblotantes et qui attendent que ça passe. Certains ont plus de flamme que d'autres : manque de chance, ce sont eux qui me détestent. Les réfugiés n'osent pas ; ils ont peur d'être encore rejetés, ils veulent s'intégrer mais ils n'y arriveront pas.

Elle est vraiment partie ? J'ai envie de me lever, mais la porte de la grange se met à grincer, elle arrive ! Je me rassois vite, je fais comme si je n'avais pas bougé, mais suis-je bête, elle ne voit pas, elle ne saura donc pas que je me suis levé, tant mieux! Je ferme les yeux, autant nous mettre à égalité, faut pas qu'elle le sache mais je lui dirais pas !

Une présence chaude me saute sur les genoux et de surprise, j'ouvre les yeux. J'ai failli à ma promesse. Un chat est allongé sur moi et n'a pas l'air de vouloir en bouger.

~ Ena ! Excusez-moi, je ne sais pas ce qui lui prend… Elle est moins farouche que moi, c’est sûr… N’hésitez pas à la virer si elle vous gêne !
Je regarde la chatte, la jauge. Est-elle du genre à griffer si on souhaite la caresser ? Si elle est moins farouche qu'Elena, alors je vais pouvoir la toucher.... Je passe ma main sur ses poils soyeux et la flatte là où les chats aiment bien en général, derrière les oreilles, sous le ventre, à rebrousse poil ... Ah non, pas à rebrousse poil. Après un moment, je relève la tête vers Elena. Elle s'est assise près de moi, la bouteille à la main : elle n'a pas l'air de vouloir me la donner. C'est bien vrai, la chatte est moins farouche qu'Elena. Mais la femme en face de moi a sûrement de bonnes raisons pour se montrer si méfiante. Je ne dois pas lui en vouloir, mais tenter de comprendre.

"Votre chatte ne me dérange pas ; Ena c'est ça ? Vous avez de la chance qu'elle soit encore là : le chien de mes parents s'est enfui quand les bombes sont tombées ; on ne sait pas ce qui lui a pris. Il a eu peur sûrement, mais maintenant que tout s'est calmé, il ne revient pas. Je peux vous assurer qu'ils sont tristes." achevais-je d'une voix sombre. Mes parents habitent encore à Louisville, mais sans Tibo, il leur manque un très bon ami et fidèle gardien.

Enfin, elle me tend la bouteille et je fais attention pour ne pas toucher ses doigts. Ils s'effleurent tout de même. Je prends une gorgée, en fait tomber une goutte sur Ena. La chatte miaule et quitte mon giron. Farouche finalement.

Mais dès qu'elle mentionna mon travail, le charme se rompit. Je n'avais plus envie de partager ou de parler. Une lassitude m'emplit ; je répondis laconiquement :
"Oui ça l'est. Je suis épuisé rien que d'en parler."
Je levais un regard soudain éteint vers Elena. Elle ne pouvait pas voir ce que mes yeux disaient, mais elle sentait sûrement ma fatigue mentale.
"Si je vous dérange, il faut le dire. Cela m'a fait du bien de me poser un moment, en compagnie d'un chat et d'un verre d'eau, mais si vous voulez que je parte parce que je vous insupporte, il faut me le dire." déclarais-je d'un coup. J'avais envie de sincérité, pas d'hypocrisie. Je m'en fichais de son attention si derrière elle me détestait. Mais j'avais envie aussi qu'elle me contredise, car je ne voulais pas quitter ce banc.
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MessageSujet: Re: Je ne veux pas vous faire peur [Livre I - Terminé]   Je ne veux pas vous faire peur [Livre I - Terminé] EmptyMer 6 Mar - 23:17


« Elena. »
Je ramenai mon écharpe sur mon menton, profitant de sa chaleur tout en réfléchissant à ce qu’il s’était passé. Ma folie m’avait amenée à parler au maire d’une façon bien trop franche. Ce n’était pas tous les jours que j’osai parler à quelqu’un de la sorte. Encore moins à une personne qui m’est presque inconnue. Mais voilà, j’en venais à me demander pourquoi j’avais fait ça. Etait-ce vraiment parce que je ne pouvais pas supporter sa voix, sans m’en rendre compte ?
Non. Ca ne pouvait pas être aussi idiot.
Est-ce que ça veut dire que je n’ai pas peur de lui, tout simplement ? Ou n’est-ce pas plutôt justement parce que j’ai bien plus peur que je ne voudrais l’avouer ? La peur nous tiraille tous plus ou moins maintenant. Celle des bombes, de la guerre et de la mort. On ne peut plus croire en personne, des gens se font tuer dans les rues pour da la nourriture. Nous n’avons jamais été aussi seuls que maintenant, à devoir douter de tout le monde et garder pour soi ce qu’on aurait pu offrir, avant.
Et la solitude est ce qui me fait le plus peur.

~ Je ne peux pas imaginer l’étendue de leur tristesse. Si Ena m’avait abandonnée, je ne sais moi-même pas ce que je serais devenue.
Sûrement assise dans un coin de rue, le corps de mon mari entre les bras, à ne plus savoir où je suis, qui je suis et pourquoi je suis alors que lui n’est plus. Mais Ena est venue me récupérer, ce jour-là. Et grâce à elle, j’ai pu retourner à Louisville. Quel bien y a-t-il à ça ? Quelle différence peut-il bien y avoir entre ici et là-bas ? Finalement, mon retour n’a fait que rallonger mon espérance de vie de quelques jours.
Ses doigts effleurèrent les miens, mais je ne réagis pas. J’étais à la fois ici et ailleurs, sans trop savoir exactement où. Je n’arrivais pas à me concentrer pleinement sur ce qu’il se passait ici-bas. Ce n’est que lorsque la petite chatte, d’habitude si silencieuse, réussit à couiner légèrement, que je repris pleinement conscience de mon environnement. J’accueillis Ena sur mes genoux, légèrement choquée qu’elle se soit donné autant de mal pour produire un son, alors même que ses cordes vocales n’en étaient pas capables.
Mais voilà, j’avais encore fait une erreur. Il me semblait être incapable d’agir correctement avec le maire, et je n’en étais pas fière du tout. Mes stupides phrases l’ennuyaient. Je lui avais rappelé son dur travail, alors même qu’il pouvait enfin ne plus y penser un moment. J’étais comme une idiote qui le ferait exprès, alors que je savais d’avance que son travail devait être fatiguant. Mon propre père avait tendance à en faire trop en gérant une simple ferme. Alors devoir gérer tout une ville ! Je n’imaginais même pas la dose de travail, et la fatigue qu’il devait ressentir.
J’étais tout de même incapable de m’excuser, ayant trop peur d’aggraver les choses. Je ne fis que baisser la tête et fixer mon regard sur l’endroit où était censé être située Ena. C’est alors que le maire prit de nouveau la parole, et ce qu’il dit ne m’étonna pas vraiment. Il fallait s’y attendre. Ma première pensée à son approche fut tout de même de le mettre dehors. Et il n’avait encore rien dit. A sa place, je ne serais même pas assis sur le banc à côté de celle qui m’a parlé comme à un chien. Il est bien plus courageux et patient que la plupart des gens que j’ai pu rencontrer.
Alors je ne pouvais pas lui mentir.

~ Ne pensez-vous pas, monsieur le Maire, que si vous me dérangiez, je vous l’aurai déjà dit ? Votre présence ne m’insupporte pas, et si ça venait à être le cas je vous le dirai. Je ne pensais plutôt pas que vous resteriez aussi longtemps à la ferme, après tout ce que j’ai osé vous dire. Et tout ça à cause de mon égoïsme… Je comprendrai que vous ne m’aimiez pas, alors n’hésitez pas à me remettre à ma place. La guerre a dû me faire perdre la boule. Léger soupir. La vue, l’esprit, il ne va plus me rester grand-chose à force…
Je me détestai moi-même pour les idioties que je débitais à chaque fois que j’ouvrais la bouche. A croire que les bombes avaient grillé mon cerveau pour de bon. Pendant que j’y étais, je n’avais qu’à lui raconter ma vie, non ? C’était idiot de me laisser gérer une situation pareille. On courait droit au massacre. Franchement, qui dirait ça ? A part moi, personne. Je dois vraiment avoir un chtar dans la guiboche, en plus d’expressions pourries, bien entendu. C’est incroyable quand même.
Comme quoi, la guerre doit vraiment rendre fou.
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MessageSujet: Re: Je ne veux pas vous faire peur [Livre I - Terminé]   Je ne veux pas vous faire peur [Livre I - Terminé] EmptyDim 31 Mar - 19:17

Je considérais Elena avec gravité. Elle comprenait bien sûr la peine de mes parents quand Tibo leur chien avait fui. Bien qu'ils l'avaient recueilli seulement après mon départ pour Caen pour mes études, j'avais assez fait de voyages Caen- Louisville pour lier connaissance avec lui. En y repensant, je me rendis compte qu'ils me désignaient souvent pour aller le promener. A chaque fois que j'étais là, ma mère se débrouillait pour que je sorte avec Tibo. Peut-être voulait-elle que je me rapproche de lui. Toujours est-il que nous partions dans la campagne. Mais comme je n'étais pas sportif - et je ne le suis toujours pas - je rentrais rapidement. Mais quand même, ce n'était pas pareil qu'entre Elena et sa chatte Ena. Un lien très fort devait les unir et ces paroles me touchèrent. Je ne répondis rien, gardant mes pensées pour moi-même. La "paix" qui semblait revenir entre nous était belle, et j'avais peur qu'elle ne dure pas. J'optais donc pour un silence apaisant.

Je profitais avec joie du soleil, et de cette pause incongrue sur un banc dans une ferme. Cela me faisait tellement de bien, un peu de calme ! Je fus cependant troublé dans mon "repos" par Elena. Irrité, je répondis d'abord que penser à mon boulot m'épuisait, puis me rappelant qu'elle n'appréciait pas ma présence, je préferais lui déclarer franchement qu'elle pouvait me dire de m'en aller quand elle le désirait. Après tout, je savais que je la dérangeais ; je ne voulais vraiment pas m'imposer. Je ne savais pas si notre contact, via Ena, l'avait apaisée sur mon compte. Dans le doute, je choisissai la franchise.

Elena opta aussi pour la sincérité. Cette déclaration troublante amenait de nombreuses interrogations : tant ses paroles que son comportement m'interpellaient. Au final, elle avait l'air de m'avoir pardonné. Enfin, non, elle m'avait bien expliqué au départ qu'elle s'en voulait à elle seule de sa réaction à la mairie et que je n'avais pas le droit de m'excuser. Je comprenais enfin ce qu'elle avait voulu dire et son mode de pensée. Je n'avais pas le droit de m'excuser car je n'étais pas en tort, tout simplement. Elle rejettait la faute à elle seule uniquement, et je ferais mieux de ne pas essayer de la déculpabiliser.

"Je crois que votre sincérité me fait beaucoup de bien, Mademoiselle Beaumort." avouais-je, tout en détachant bien chaque mot, pour que la portée de ma phrase l'atteigne.

"Elena ! Pourquoi t'embêtes Monsieur le Maire ! Y a du boulot à faire !"
Une voix nous interrompit ; celle du patron, du fermier.
*Elle ne m'embête pas* pensais-je. Mais je ne voulais pas interférer dans le métier d'Elena Beaumort. S'il était temps pour elle de reprendre le travail, il valait mieux que je rentre chez moi.

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MessageSujet: Re: Je ne veux pas vous faire peur [Livre I - Terminé]   Je ne veux pas vous faire peur [Livre I - Terminé] EmptyDim 7 Avr - 15:57


« Elena. »
Il me semblait que le malentendu entre nous n’était pas totalement résolu. Mais je ne voulais pas revenir dessus maintenant. Une certaine paix nous avait retrouvés. Peut-être serait-elle de courte durée. Quoiqu’il en soit, elle est assez longue pour que nous nous sentions un gout certain pour la franchise. Tous deux nous avions décidés de nous parler sans nous mentir. Etait-ce bien ou mal, je ne saurais le dire. La vérité a son côté sombre qui n’est pas à négliger. Certaines animosités sont éveillées par la quête de vérité. Et quand on cherche trop à savoir le pourquoi du comment, on peut finir par refermer à jamais un cœur qui commençait à s’ouvrir.
Tout ceci est bien trop compliqué.
Le vide se fit dans mon esprit et mes doigts se crispèrent sur l’écharpe que j’avais commencé à écarter un peu de mon cou. Je ne savais plus quoi penser, je n’arrivais même plus à penser. Une seule phrase résonnait sans cesse dans mon crâne : il ne pensait pas à mal. Je me répétai ça, encore et encore, essayant de me convaincre moi-même qu’il ne l’avait pas fait exprès, qu’il fallait juste ignorer. Mais déjà les larmes perlaient aux coins de mes yeux alors que la vérité s’abattait sur mon corps. Et tout ça pour un mot, un seul : mademoiselle.
L’Homme est idiot.

La voix du patron me ramena à moi violemment. Je sursautai puis passai ma main sur mon visage, profitant du geste pour essayer le semblant de larmes à mes yeux. Il fallait me reprendre en mains et cesser de se braquer au moindre petit mot. Plus facile à dire qu’à faire. Je restai quelques secondes sur le bord du banc, hésitant entre partir et rester. Les lèvres pincées, je fis tourner les alliances autour de mon doigt tout en essayant de réfléchir à la meilleure solution. Le boss pourrait me virer pour ça, et le maire, que pourrait-il faire à part m’en vouloir ? Il est bien dommage de retomber à ce genre de sentiments, après tous les efforts que nous avons faits pour réparer les dégâts que mon égoïsme et mon insociabilité avaient causés. Mais je ne pouvais pas risquer de perdre le seul job que j’étais capable de mener à bien.
Mon avenir dépendait du choix que je ferais, n’est-ce pas ?

Je poussai Ena pour qu’elle s’en aille de mes cuisses et me permette de me lever. Une fois debout, je tapotai mon pantalon pour en enlever le peu de poussière que le félin avait déposé sur le tissu. Qui ça pouvait bien gêner que je sois sale ? Je ne savais pas vraiment. Et ce n’était pas important. Ca me permettait juste de gagner du temps, pour pouvoir réfléchir à comment lui dire que j’avais fait un choix. Et que ce choix ne se portait pas sur sa personne, mais sur la mienne. Il faut savoir être égoïste en temps de guerre.
Déjà Ena partait se réfugier dans la grange en secouant la clochette à son cou. Penser à une bonne phrase pour partir ne fit que me rappeler ce mot qu’il avait prononcé pour me désigner. N’avait-il pas dit que ma sincérité lui faisait du bien ? Je ne pouvais pas comprendre une telle chose, mais alors autant être sincère et dire ce qui me pèse sur le cœur. Je savais bien que ce n’était pas une bonne chose mais je ne pouvais pas m’en empêcher. Je l’ai déjà dit, et je le redis, la décadence de mon esprit est irrécupérable, il est trop tard pour lui.
Donc trop tard pour moi.

~ Craignez, monsieur le maire, que ma sincérité ne vous demande de bien vouloir m’appeler ‘Madame’. Je suis peut-être veuve mais pas divorcée pour autant. Je vais retourner travailler, prenez soin de vous et retournez en ville, vous aussi vous devez avoir du travail à faire. Sur ce, excusez-moi.
C’était jouer avec le feu, mais c’était ainsi depuis le début, il devait bien l’avoir compris. Ne dit-on pas que les femmes sont chi*ntes ? Eh bien, je confirme. Mais les femmes le sont parce qu’elles ont le souci du détail.
Tout simplement.
Je tournais donc les talons, faisant un signe au patron – ou du moins là où il était censé être s’il n’avait pas bougé depuis tout à l’heure – pour lui dire que je reprenais le travail. Je ne voulais pas qu’il vienne me disputer pour ça juste avant de partir. Maintenant, il fallait reprendre ce pourquoi j’avais signé un contrat. Je ne pouvais plus me permettre de me reposer dans un coin et ne rien faire.


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MessageSujet: Re: Je ne veux pas vous faire peur [Livre I - Terminé]   Je ne veux pas vous faire peur [Livre I - Terminé] EmptyMer 17 Avr - 19:51

Je m’étais exprimé aussi sincèrement que possible. Je voulais abattre le mur de la méfiance. Je sentais que nous avancions doucement mais sûrement vers un chemin plus large et ouvert. L’appel du patron nous fit sursauter : elle essuya son visage du revers de la main. Elle devait avoir une poussière sur la joue. Elle se leva en repoussant Ena et en époussetant son pantalon. Je fis de même. C’était le moment pour nous de nous séparer. J’étais content d’avoir réussi à remettre les choses à plat entre nous.

Mais il y avait encore des réserves inconscientes de sa part. Parce que quand même, elle y allait un peu fort cette fois-ci ! Elle s’offusquait que je l’appelle « Mademoiselle » ! Bien sûr que je connaissais mon code civil et que quand une femme perd son mari, elle ne redevient pas « jeune fille », elle reste une « madame » et qu’il faut donc s’adresser à elle en l’appelant « Madame ». Sauf que… *Et bien quoi ? Il doit bien y avoir une raison à cette « erreur » que je trouve minime, mais qui la gêne apparemment ! * Pour moi, c’était dérisoire, mais elle avait l’air de prendre cette faute si sérieusement ! Alors que s’était-il passé ? Pourquoi avais-je oublié mon code civil ? Etait-ce un reste de galanterie masculine que mon père m’avait inculqué ? Celle d’appeler toutes les femmes « mademoiselle » ? J’entendis dans ma tête mon père m’expliquer : « Et particulièrement celles qu’on trouve jolies, agréables, intelligentes… voire celles que tu veux draguer. »

Etions-nous dans une situation équivalente ? Il était clair que je voulais la flatter. Je voulais lui montrer qu’avec elle, je me sentais à l’aise, si à l’aise que j’en avais oublié les procédures administratives, oublier que j’étais maire et elle citoyenne. Mais mon intention n’était pas de la « draguer », ou de la séduire. Mais de la rassurer, peut-être. Inconsciemment. Je me mettais à douter de mes intentions à son égard. Etait-ce seulement de la politesse ? Etais-je allé trop loin ? Comment savoir maintenant qu’elle était retournée à son travail ? Je n’avais plus qu’à faire de même puisqu’elle ne me l’avait si « poliment » et « sincèrement » suggéré. A force de parler de franchise, je l’avais encouragée à s’exprimer sans détours envers moi. J’étais pris à mon propre jeu. Pourtant, c’est moi qui en avais édicté les règles. Alors pourquoi cela me faisait-il si mal ?

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