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MessageSujet: « L'été est fini mais l'automne est si beau ! » [Livre I - Terminé]   « L'été est fini mais l'automne est si beau ! » [Livre I - Terminé] EmptyMer 8 Mai - 16:36

« L'été est fini mais [...] »

L’air embaumait l’automne qui s’installait pour de bon et qui prenait déjà quelque peu ses marques. Des touches orangées, jaunes et quelques fois rouges commençaient à percer, comme ajoutées par un peintre invisible qui en aurait eu assez de ne trouver que du vert dans ce jardin. La prédominance  verte disparaissait petit à petit et ne serait bientôt plus. C’était ce moment où le photographe pouvait jouer avec ces magnifiques couleurs que lui offrait la nature et profiter de la luminosité si particulière d’une saison qui semblait durer moins longtemps que les autres. Comme un instant éphémère dans la course du temps qu’il fallait capter le plus rapidement possible avant qu’il ne soit perdu à jamais… ou tout du moins jusqu’au prochain automne.

Annabelle avait emporté son appareil photo avec elle, après avoir quitté la maison des Fontaine en fin de matinée. La veille, elle l’avait enfin ressorti de sa sacoche protectrice et avait pressé le déclencheur, presque rouillé après trois semaines d’inutilisation. Après sa rencontre inattendue et amusante avec Martin Huygues, elle avait continué de prendre quelques clichés, comme pour reprendre le contrôle d’elle-même en faisant usage de son appareil. Le jour s’était levé, incertain, plein de doutes et de peurs, mais, pour la première fois depuis son arrivée à Louisville, la jeune femme avait presque bien dormi et elle se sentait en forme pour affronter cette nouvelle journée. C’était comme si retrouver son appareil photo lui avait redonné force et courage, qu’elle avait perdus lors des événements qui avaient précédé son arrivée dans cette ville.

Après avoir photographié la plage et les alentours de l’habitation dans laquelle elle logeait, la Toulousaine s’était dit qu’elle n’allait pas s’arrêter là. Maintenant qu’elle avait commencé, elle avait cette envie en elle d’immortaliser d’autres parties de la ville, de la faire sienne au travers d’une carte mémoire, à défaut de l’avoir faite sienne par sa propre personne. Elle n’avait pas trop su par où commencer… C’était plus par désœuvrement qu’autre chose qu’elle se retrouva sur la Grand-Place de la ville, avec dans son dos l’hôtel de ville qui s’élevait, protecteur de la place ou protégé lui-même par la place, difficile d’en connaître la réalité… Ses yeux avaient fait le tour de la Place du Général Charles de Gaulle, parcourant les belles maisons à colombage, avant de se fixer sur l’église. Derrière elle s’élevaient quelques arbres aux couleurs chatoyantes. C’est cela qui la décida à laisser ses pas la mener auprès de ces vieilles pierres dont la couleur légèrement ternie tranchait avec celles des feuilles des arbres qui tentaient vainement de s’élever plus haut que le bâtiment religieux.

Elle s’avança un peu plus loin, longeant l’église et déboucha dans un petit jardin qui amena un sourire sur son visage. C’était un très bel endroit. Un chêne occupait une grande partie de l’espace, et à côté se disputaient des bouleaux et des hêtres, créant une harmonie et surtout un lieu apaisant, en accord total avec le silence qui pouvait se trouver au même instant dans l’église. Une haie courrait sur une partie du long du bâtiment, et elle la mit dos à elle avant de porter l’appareil à hauteur de ses yeux. Un petit clic se fit entendre et puis un autre. Il n’y avait presque aucun autre son, pas de bruits de véhicules – plus personne n’en utilisait, pas de bruits d’oiseaux – la plupart devait déjà avoir migré ou bien s’était tout simplement enfuie lors des explosions et n’étaient pas revenus – et personne d’autre ne se trouvait dans le jardin en même temps qu’elle. Le bâtiment imposant dans son dos la protégeait de tout bruit extérieur indésirable. Et c’était parfait.

Annabelle fit quelques photos dans cet angle et puis changea, et reprit d’autres clichés, l’église en fond. Les petits clics sonnaient comme une renaissance à ses oreilles.

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MessageSujet: Re: « L'été est fini mais l'automne est si beau ! » [Livre I - Terminé]   « L'été est fini mais l'automne est si beau ! » [Livre I - Terminé] EmptyVen 10 Mai - 21:37

    J’aime pas le froid. J’aime pas quand il fait froid, et vu l’impact des explosions nucléaires sur l’atmosphère, toutes les particules envoyées dans les airs, il était certain que le froid, j’allais en baver et en rebaver pendant des mois. Les chameaux du Maghreb allaient se les peler grave, et les petits koalas australiens devaient déjà être en train de suçoter du bout de la langue les feuilles d’eucalyptus givrées, autant que mon cerveau. Je frissonnais rien qu’en pensant à l’hiver glacial qui nous attendait et qui nous faisait déjà miroiter ses soldes de brises brûlantes et de températures glaciales. Je l’imaginais bien, se pointant avec son manteau, de vent, de froidure et de pluie, drapé de Hum… Alexandre, tu n’aurais pas un peu l’impression de plagier quelqu’un là, genre… Charles d’Orléans ? De quoi, moi ? Mais pas le moins du monde ! Ton sourire innocemment rieur te vend plus que tout ce que tu peux essayer de faire…. Arf, dommage, je pensais avoir été plus discret… Bref. Je l'imaginais, se pointant avec son manteau pour annoncer des soldes "Moins 50% voire 80% sur toutes les températures ! Celsius, Fahrenheit... Elles sont fraiches mes températures, elles sont fraîches". Voilà. Debout sur un banc dans un petit parc derrière l’Eglise, je laissai mes pensées hivernales pour d’autres un peu plus poétiques. Je profitais d’un instant de répit dans mon emploi du temps pour… ne rien faire. Oh, ne vous y méprenez pas ! Quand je disais « ne rien faire », ça voulait dire « ne rien faire de particulièrement constructif, encore moins que d’habitude ». Par exemple, à cet instant, je réécoutais mentalement une musique de film, si prenante, si… émouvante, que je mimais le chef d’orchestre. Avec les pianissimos pour les premiers violons, l’intervention de la contrebasse qui faisait vibrer soudainement les cœurs… BAM ! D’un coup de bras, tenant dans ma main gauche une baguette imaginaire, je cinglais l’air pour faire signe aux cuivres d’intervenir, alors que les cordes traçaient leur petit bout de chemin, toujours en arrière plan, mais maintenant une pression sur l’auditeur. BAM, nouvelle intervention, mais des cordes qui s’enflammaient, s’enflammaient… J’arrêtai tout mouvement… la flûte. La flûte traversière, là, à cet instant, faisait son arrivée, tout en douceur, tout en velouté… piano. Puis un peu plus fort. Crescendo… Les violons la suivaient à nouveau… quelques notes au piano… Un soupir. Un arrêt. Le cœur s’arrête de battre… Les violons qui reviennent… et…

    Des bruits de pas me firent sursauter, et rompirent la magie de l’instant. Casquette enfoncée à la place de mon casque, gilet pare-balle totalement ouvert, barda posé à mes pieds, j’étais loin, très loin d’être en mode « militaire professionnel ». L’avais-je jamais été ? Depuis ma discussion avec Valentine, je me posais beaucoup de question sur ce que je devais faire. Je sautai en bas du banc, pour m’y asseoir un peu plus conventionnellement, et je tentai d’apercevoir l’importun qui avait osé me déranger dans mon récital. Etrangement… je n’arrivais pas à être en colère. Non, ce n’était pas ça. La sérénité de l’endroit, la musique… J’ignorais jusque là que ça pouvait avoir un quelconque effet sur mon caractère explosif. Bon, je ne savais pas combien de temps ça allait durer, mais là… bon sang, là… je me sentais… OMG, mais… je me sentais serein ? C’était quoi ce délire ? Hum… c’est inquiétant. Tu devrais peut être consulter ? Non, je rigole, Alex, dans tous les cas, c’est certain que tu dois consulter… J’étais une boule de nerf, un clown, un dépressif, mais certainement pas quelqu’un de serein, ce n’était pas normal. Pas. Normal. Du. Tout. Il fallait que je bouge. Un peu, beaucoup. Que je quitte cet état qui allait me pousser à larviser en regardant une plante pousser. Non mais oh. C’était quoi ça, Alex ? Je me donnai une claque pour la peine. Un petit clic. Un petit clac. Quelqu’un d’autre se donnait des claques dans le parc ? Serait-ce la réunion des masos, dans le petit jardin de derrière la petite n’église ?

    Je me mis un peu plus sérieusement à la recherche de la personne qui était, qui ne devait pas être, loin de moi, tout en reprenant le barda qu’on était censé avoir sur nous, et remettant en place le gilet pare-balle. C’était lourd comme machin, un truc de dingue. Un autre clic me fit hausser les sourcils, et je captai finalement un peu tard que c’était un bruit d’appareil photo. Je localisai sans difficulté, à partir de cet instant d’où provenait le bruit, et vers où les photos étaient prises. Un sourire joueur s’étira sur mes lèvres, tandis que je marchais, accroupis, faisant signe à Baxter de faire de même de son côté, dans la bonne direction. En essayant de marcher sur les feuilles mortes sans les faire craquer, alors que mon chien les esquivait habilement avec une souplesse et une vivacité d’esprit que j’essayais de reproduire, j’arrivai derrière un bosquet, à un ou deux mètres de la personne qui prenait les photos. Je me concentrai un instant sur ce que je savais des appareils photos. Puis je comptai, un sourire malicieux et coquin aux lèvres. Un petit clic, un petit clac. Un petit clic…

    « BOUUUUUUUH ! »

    J’avais jailli du bosquet avec Baxter à mes côtés pour apparaître sur la photo assez soudainement, certainement dans les airs puisque j’avais sauté, avec un grand éclat de rire. Dans un souffle, alors que je riais encore, je détaillai la personne qui s’avérait être une femme, plus âgée que moi, mais ça en devenait une habitude, qui semblait un peu surprise de me voir. Non, sincèrement, elle est surprise ? Mon pauvre frère, mais que tu es c#n… Je sais, Manu, je sais, c’est tout un savoir faire… Et elle est encore en vie tu penses ? Euh… bonne question… En fait, il n’y avait qu’une seule façon de le savoir. Je calmai mon rire, et avec un sourire charmeur, sans que je ne l’aie voulu, je m’exclamai :

    « Bonjour ! Vous prenez des photos ? »
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MessageSujet: Re: « L'été est fini mais l'automne est si beau ! » [Livre I - Terminé]   « L'été est fini mais l'automne est si beau ! » [Livre I - Terminé] EmptyDim 19 Mai - 22:10

« L'été est fini mais [...] »

Les petits clics continuaient de se faire entendre dans le calme du petit jardin. L’église la coupait de toute atteinte extérieure et elle aurait presque pu se sentir chez elle, à Toulouse. Toulouse. Son havre de paix. Son port d’attache. Sa maison. Elle baissa un instant l’appareil, des images tournoyant devant ses yeux. Les ruelles de sa ville, les rires qu’on pouvait y entendre, le soleil qui tapait sur les murs roses en été, ses ponts et ses bâtiments historiques. Comme tout cela lui manquait. Elle aurait tout donné pour y être à cet instant. Pouvoir franchir la porte de la maison de ses parents, et les embrasser. Revoir Jérémy, même si ce n’était que pour l’apercevoir au coin d’une rue, apercevoir sa silhouette se dessiner dans un rayon de soleil et pouvoir sourire de sa présence, même éphémère. Elle aurait eu besoin de ça, mais elle savait qu’elle ne les reverrait plus jamais. Relevant le bras, elle replaça l’appareil devant son visage, alignant son œil pour pouvoir faire la mise au point.

Annabelle s’était crue seule, dans ce havre de paix inattendu au cœur de la ville, si bien qu’elle avait laissé tomber toutes ses barrières défensives. L’instant précédent, elle avait été certaine d’être seule dans le petit parc. Mais visiblement elle ne l’était plus, ou bien ne l’avait jamais été, bien qu’ici la différence était peu importante. Elle était en train d’appuyer sur le déclencheur de l’appareil photo quand un fou déboula de nulle part suivi de près par un animal qu’elle n’identifia que par la suite. Tout ceci se passa en un quart de seconde à peine. Sous l’effet de la surprise, elle fit un bond en arrière en lâchant un petit cri, faussant complètement la mise au point de la photo qu’elle avait eu l’intention de prendre quelques instants auparavant. Le cliché allait probablement être flou.

Elle fut tentée de le traiter de fou et de lui dire brutalement que surgir comme ça près des gens ne se faisait pas, mais il partit dans un éclat de rire et il lui fit même un sourire charmeur qui la fit sourire elle-même. Elle ne pouvait pas lui crier dessus alors qu’il venait juste de lui faire une bonne blague. C’était si rare en ces temps, qu’elle-même, victime de la blague, trouvait la situation assez cocasse. C’est pourquoi elle lâcha un petit rire, écho de celui de l’homme qui l’avait lancé en premier, et ne se départit pas de son sourire, même si son cœur avait encore le petit rythme saccadé de la surprise…

« Vous m’avez fait peur ! » Non, vraiment ? Dis donc comme c’est surprenant ! « Je pensais que j’étais seule dans le parc, apparemment je n’avais pas bien regardé ! »

Elle constata qu’elle avait bien reculé de trois pas sous la surprise. Elle fit un pas en avant, pour s’approcher de l’homme qui portait un habit de militaire. Cela la fit repenser à sa rencontre avec le lieutenant Raulne, qui l’avait amenée à se refocaliser sur elle-même et sur ses capacités. Elle se sentait plus forte qu’à son arrivée à Louisville et cela lui donnait plus de confiance en elle.

« Je prends des photos, oui. »

Elle rit à nouveau, à cause de la situation, de cette conversation qui venait à peine de commencer mais qui était déjà étrange… Pour tenter de mettre un peu de normalité dans tout ça, elle lui tendit la main et se présenta.

« Annabelle Dubois, photographe de son état. Enchantée. Et comment s'appelle le petit plaisantin auquel j'ai affaire ? »

Elle eut envie de s'approcher du chien pour le caresser mais, ne sachant pas s'il était amical ou pas, elle préféra éviter, et attendre peut-être que son maître lui autorise de l'approcher. Elle le désigna néanmoins d'un geste de la main et demanda :

« Et quel est son nom à lui ? »

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MessageSujet: Re: « L'été est fini mais l'automne est si beau ! » [Livre I - Terminé]   « L'été est fini mais l'automne est si beau ! » [Livre I - Terminé] EmptyLun 20 Mai - 22:18

    Généralement, on ne pouvait pas dire que je n’étais pas sociable. En fait, j’étais pas du tout, en apparence, introverti et timide, puisque j’avais toujours quelque chose de hautement intellectuel à dire, ou de totalement stupide. Je pense qu’on peut dire que tu as souvent plus de conneries à dire qu’autre chose… sans trop vouloir m’avancer. Même si dans ma tête c’était la guerre nucléaire, avec un champ de bataille où la raison cédait souvent le pas devant la passion et la connerie, et la connerie, si tu veux Manu, en apparence, les gens pensaient que j’étais totalement naturel. Parce que tu vas me faire croire que les conneries que tu me sors, c’est pas naturel ?. Non, mais ce que je voulais dire, ou plutôt penser, c’était que on ne pouvait pas suspecter le b#rdel qui sévissait dans ma tête, lorsqu’on me voyait débiter des idioties à longueur de journée, avec parfois des phrases sensées au milieu. En fait, on pouvait suspecter que je cogitais un peu trop vite, lorsque je passais du coq à l’âne sans préavis et que mes propos suivaient une logique si particulière qu’elle était capable de soutenir que l’Altandide se trouvait en réalité en haut de l’Himalaya. Bref. Tout ça pour dire… c’est franchement n’importe quoi dans ta tête, Alex, tu termines pas une phrase, tu sautes d’un sujet à un autre, et en plus tu t’emmêles les pinceaux…. En même temps, si je n’étais pas interrompu tout le temps par les remarques sarcastiques de mon frère… En tout cas, la jeune femme, remise de sa surprise, venait de répondre à mon bonjour.

      Vous m’avez fait peur ! Je pensais que j’étais seule dans le parc, apparemment je n’avais pas bien regardé !


    Elle fit quelques pas dans ma direction, s’attirant un sourire accentué de ma part. Elle n’avait pas peur de moi, visiblement, et ne m’en voulait pas pour mon entrée fracassante. Tant mieux. J’aperçus du coin de l’œil Baxter qui jouait avec un bout de bois et je le surveillai du regard, en reposant mon regard sur la photographe qui me dit, en tendant une main amicale.

      Je prends des photos, oui. Annabelle Dubois, photographe de son état. Enchantée. Et comment s'appelle le petit plaisantin auquel j'ai affaire ?


    Petit plaisantin ? Un éclat de rire sortit à nouveau de mes lèvres, alors qu’elle me demandait comment s’appelait Baxter, ce chiot sur patte, qui s’occupait de charcuter une misérable branche qui subissait le contre coup de notre retour en enfance. Encore faudrait il que vous l’ayez quittée, pour y retourner…. Encore moitié riant, je lui répondis, en serrant avec vigueur sa main, m’apercevant un peu tard que je ne serrais pas la main d’un yéti mais d’une créature un peu plus… fragile :

    « C’est cool, les photos ! Je m’appelle Alex, Alexandre Reh, militaire de mon état., je lui fis un clin d’œil, me doutant qu’elle s’en doutait de son côté, vu tout le barda que j’étais sensé avoir sur moi. Et maître chien accessoirement. Ce qui est assez ironique, parce que mon nom, mon nom de famille hein ! Pas mon prénom, ça veut dire chevreuil en allemand. 'Fin genre le chevreuil qui dresse des chiens, perso j'trouve ça marrant. Bref, je désignai mon chien d'un mouvement de tête, son nom, c’est Baxter. Mais il n’aime pas être caressé, sauf si vous ne tenez pas à votre main ! »

    Bon d’accord, ce n’était pas l’entière vérité. Parce que Baxter adorait les caresses, et parce que c’était moi qui n’aimais pas trop que l’on s’approche un peu trop de mon ami canin. Ce n’était pas de ma faute, j’étais juste extrêmement possessif. Baxter, c’était mon meilleur ami, dans un sens, puisque c’était le seul être que je ne pouvais pas décevoir, qui n’attendait rien d’autre de moi qu’un peu de joie de vivre, d’attention et de nourriture. Et puis… tant que ce n’était pas nécessaire, je ne voulais pas partager le berger allemand qu’on m’avait confié tout jeune. En entendant son nom, d’ailleurs, l’animal avait dressé les oreilles et s’était figé, me regardant comme s’il attendait un quelconque ordre de ma part. Amusé, je m’accroupis pour attraper une branche, encore une, qui traînait par terre et je la lançais loin, le regardant courir après, en lui criant :

    « Allez, va chercher Baxt’, et joue tranquille ! »

    Je reportai mon attention sur Annabelle, que j’avais oublié momentanément, m’intéressant à son appareil photo.

    « Alooors, y’a des coins sympas à prendre en photo ? Vous v’nez d’où ? Vous êtes d’ici ? J’vous ai vraiment fait peur ? Qu’est ce que vous veniez faire dans le coin, je vous dérange ? »

    Poser des questions, ça, je savais faire. Pourtant je me doutais bien que je n’aurais pas répondu avec la même fluidité et rapidité si les rôles avaient été inversés. Bon, dans un sens, on pouvait déjà enlever le « vous v’nez d’où, vous êtes d’ici » dans mon cas, étant donné que mon accent provençal vendait ma région natale sans que je n’y puisse rien faire. Baxter revint en courant, m’apportant avec fierté le bâton que je lui avais envoyé. J’éclatai à nouveau de rire, la troisième fois en quelques minutes, qui disait que je n’étais pas bon vivant ?, lorsqu’il dérapa. Je lui assénai une tape affectueuse sur le haut de la tête, avant d’envoyer le bâton une nouvelle fois, le plus loin possible.

    « Désolé, j’suis du genre curieux… »

    Nooon, sans blague, j’crois qu’elle n’avait pas deviné, tu aurais du lui demander la couleur de ses chaussettes, ça aurait été plus explicite ! J’étais du genre curieux, donc, et pas du tout désolé en fait, je disais juste ça pour être plus… hum… poli ? Non. Dans les convenances ? Non plus… en fait, je disais plus désolé par réflexe qu’autre chose, parce que voilà, j’estimais que j’avais le droit de poser les questions qui me venaient à l’esprit.
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MessageSujet: Re: « L'été est fini mais l'automne est si beau ! » [Livre I - Terminé]   « L'été est fini mais l'automne est si beau ! » [Livre I - Terminé] EmptySam 8 Juin - 18:02

« L'été est fini mais [...] »

La main serrée – et même compressée, il fallait le dire – par l’étau de la poigne de l’homme qui avait surgi l’instant précédent sans crier gare, Annabelle ne put retenir une petite remarque accompagnée d’un petit grommellement dû à la douleur que cela avait provoqué :

« Euh, j’y tiens à ma main… »

Quand il la lâcha enfin, elle poussa un soupir inaudible et affirma à nouveau sa prise sur son appareil photo. Elle espérait qu’il n’allait pas l’ennuyer parce qu’elle prenait des clichés de la ville. Elle n’était toujours pas très à l’aise avec l’idée de prendre des photos de la guerre, ça avait un côté… malsain, elle trouvait, mais cette pensée était contrebalancée dans sa tête par l’envie de garder des traces pour le futur. Quel qu’il soit. Après tout, il était difficile de savoir où l’on serait dans une semaine, dans un mois, dans un an… Mais on devait se focaliser sur le présent, sur ce qu’on connaissait et qui nous semblait concret et tangible. C’était la seule façon de rester en vie.

Heureusement, Alexandre – elle tenta de graver son nom dans son esprit pour s’en souvenir la prochaine fois qu’ils se verraient – ne lui fit aucune remarque désagréable sur son activité, allant même jusqu’à dire que c’était cool. Ok, tant mieux. Elle n’aurait pas de problème avec lui à ce propos donc. Elle haussa un sourcil amusé quand il lui décrit sa condition de militaire. Tiens donc, elle ne l’aurait jamais deviné ! Rapidement cependant, en l’écoutant parlant, elle fronça les sourcils, se demandant de quoi il pouvait bien parler. Le chevreuil qui dresse les chiens ? Mais qu’est-ce qu’il racontait donc ? Elle jeta à nouveau un coup d’œil au chien après ses dernières paroles et elle fit la moue en se disant que non, finalement, il pouvait bien aller se faire caresser près de quelqu’un d’autre, elle n’était plus tentée, merci. Elle regarda l’homme lancer une branche à son animal, et celui-ci courir pour la rattraper en un temps record.

L’instant d’après, sans qu’elle comprenne ce qui lui prenait, il l’assaillit de questions, sans réel lien concret entre elles. Sa première réaction fut de rire, encore.

« Est-ce que vous posez toujours autant de questions aux étrangers ? »

Non pas que cela la dérangeait de lui répondre, mais cette rencontre ressemblait un peu trop à celle qu’elle avait eue avec Raulne quelques jours auparavant. Un militaire qui lui demandait d’où elle venait, ce qu’elle faisait… Et l’autre fois, ça n’avait pas très bien fini avec le lieutenant. Elle avait été quasiment poussée par lui à raconter sa vie et elle n’avait pas spécialement envie de retenter l’expérience. Surtout avec un autre militaire. Du coup, elle lui répondit sans entrer dans le détail :

« Y’a des coins sympas à photographier, oui. Déjà celui-ci. » Elle fit un signe pour désigner le jardin dans lequel ils se trouvaient. « Je n’ai pas encore fait le tour de toute la ville mais j’en découvre tous les jours un peu plus. Et donc vous aurez compris que je ne viens pas d’ici. Je présume que vous ne l’êtes pas non plus… »

Elle avait bien repéré son accent provençal, même si, de nos jours, ça ne voulait plus rien dire. Les gens bougeaient constamment, et il pouvait très bien avoir vécu dans le Sud pendant son enfance et puis être venu vivre à Louisville plus tard. Après tout, elle voyageait beaucoup aussi, avant. Mais, généralement, les militaires qu’on croisait ici n’étaient pas des Louisvillois, donc il était fort probable qu’il ne le soit pas non plus.

Annabelle le regarda jouer avec son chien, regrettant soudain de ne pas avoir d’animal de compagnie. Cela lui aurait sûrement été d’un grand soutien pendant ses jours de déprime. Peut-être qu’elle devrait aller aux alentours de la ville, il devait y avoir des dizaines d’animaux perdus, réfugiés eux aussi à Louisville, sans famille pour les accueillir. Les nourrir serait un peu plus difficile, étant donné que déjà les humains se nourrissaient peu, chacun ayant une ration réduite par jour… Mais elle pourrait néanmoins leur donner de l’affection, et elle en recevrait peut-être en retour, et c’était non-négligeable. D’autant plus que de l’affection de la part d’humains, cela lui était encore difficile actuellement, le souvenir de son agression étant encore trop frais dans sa mémoire.

« Vous devez être heureux de l’avoir près de vous. »

Elle parlait bien sûr de Baxter, et la remarque était sortie sans qu’elle l’ait prémédité, mais la question était totalement innocente, donc elle n’en fut pas gênée.

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MessageSujet: Re: « L'été est fini mais l'automne est si beau ! » [Livre I - Terminé]   « L'été est fini mais l'automne est si beau ! » [Livre I - Terminé] EmptyJeu 13 Juin - 10:09


    « Est-ce que vous posez toujours autant de questions aux étrangers ? Y’a des coins sympas à photographier, oui. Déjà celui-ci. Je n’ai pas encore fait le tour de toute la ville mais j’en découvre tous les jours un peu plus. Et donc vous aurez compris que je ne viens pas d’ici. Je présume que vous ne l’êtes pas non plus… »

    Elle avait ri devant ma cascade de questions, ce qui m’avait fait rire de concert, une nouvelle fois. A ce rythme là, j’allais avoir des crampes au diaphragme, mais bon, ce n’était pas tous les jours que j’avais l’occasion d’exploser de rire non plus. Enfin… tu te les crées, les occasions, aussi, parce que lorsque le monde explose, généralement on pense à autre chose qu’à rire. Merci Manu, je prends ça un compliment. Donc elle avait ri, avant de me répondre d’un ton de reproche qui ne changea rien à mon attitude. Il y avait un gouffre entre percevoir une accusation et se sentir concerné, assurément. Mon insolence regardait le ton accusateur d’Annabelle de l’autre côté du gouffre et lui faisait coucou de la main avec un grand sourire, sans bouger d’un pouce. Elle avait noté, par ailleurs, que je ne venais pas d’ici. Non, sans blague… Alex… y’a pas marqué « Je viens de Velaux, en Provence et je suis un enfoiré » sur ton front, tu sais ? Même si elle va s’en apercevoir assez rapidement, j’espère pour elle, fait que tu comprennes que c’est pas forcément évident pour tout le monde du premier coup…. Parce qu’elle n’avait pas assez d’indice, là ? Non ? Franchement ? Je regardais Baxt’ courir pour rattraper le bâton, ça lui faisait du bien de jouer, lorsqu’elle fit une remarque qui me surprit assez.

    « Vous devez être heureux de l’avoir près de vous. »

    « Heureux ? Comment ça ? »

    Je ne m’étais pas vraiment posé la question jusque là. J’avais de la chance, oui, j’en étais heureux, oui, aussi. Mais… peut être… Disons que je ne m’imaginais pas sans Baxter, surtout lorsque j’étais en uniforme. Oh, je n’étais pas stupide, je pouvais être assez coriace, même sans Baxter, puisque j’avais eu une formation militaire assez poussée avant de faire ma formation de maître chien, que j’avais poussée aussi loin que possible (en théorie, j’étais autorisé à dresser les chiens des unités cynotechniques de l’armée), mais bon… un maître chien sans chien, ça servait un peu à rien. Et un Alexandre sans Baxter, ça servait officiellement à rien non plus. Oh, tu sais, on peut toujours le recycler en emm#rdeur…. … Je me grattai le cuir chevelu, avec cet air perplexe que l’on donnait aux personnages de bandes dessinées plongés dans des réflexions qui dépassaient leurs capacités intellectuelles.

    « Bah en fait, euuh… j’imagine qu’on peut dire ça. Oui, ‘fin oui j’suis heureux qu’il soit là, mais… s’il n’était pas là je servirais à rien. »

    Je pointai son appareil photo du doigt, avec un sourire moqueur aux lèvres.

    « Tout comme vous ne serviriez à rien sans votre joujou j’imagine. Baxt’ est mon outil de travail, dans un sens, alors mieux vaut qu’il soit avec moi. Un outil de travail qui a besoin de manger, d’affection et d’autorité… »

    Dans mes propos, il était difficile de savoir que je considérais Baxter comme mon meilleur ami par moment. Parler de lui, là, me faisait penser à mes deux autres chiens. Tusto et Diego. Mes deux autres chiens qui me manquaient horriblement lorsque je pensais à eux. Généralement, on était sensé laisser les chiens au chenil de la base à laquelle on était affiliée, puisqu’il ne fallait pas oublier que c’est des animaux dressés pour attaquer, immobiliser etc. Et puis, ils étaient propriété de l’Etat. Mais je m’étais souvent arrangé pour en avoir toujours un chez moi, histoire qu’ils s’habituent à avoir plusieurs maisons, et surtout qu’ils restent régulièrement en contact avec mon odeur et mon autorité. J’avisais Baxter qui revenait en courant, le bout de bois entre les crocs. Je m’accroupis pour attraper le bout de bois, et je passais des doigts habiles sur sa mâchoire pour lui faire desserrer sa prise. Je lui avais appris à ne pas mordre trop profondément dans certains cas. Et même s’il avait une excellente mémoire, il fallait toujours entretenir ce qu’on leur apprenait. Même si je le présentais comme un outil, outil que j’avais comparé à de nombreuses reprises à la radio de Ben’, et maintenant à l’appareil photo de la réfugiée, Baxter était bien plus que ça. Il était curieux d’apprendre,  de découvrir, et il voulait, dans un sens, que je sois fier de lui. Je me relevais pour envoyer le bâton, et tout en le regardant repartir à toute vitesse, je m’essuyai les mains sur mon pantalon.

    « Sinon, ouais, j’suis pas d’ici. J’viens de Provence, mais sinon, j’étais affilié à la base aérienne de Dijon. J’suis maître chien dans l’armée de l’air. Ca vous dérange les questions ? On doit pourtant vous en poser pas mal, vu qu’en fait, c’est le seul feuilleton de télé réalité qu’on a sous la main maintenant. Va falloir vous y habituer ! »

    Je fis un nouveau signe de tête en direction de l’appareil photo.

    « Sinon, si j’ai bien compris, vous glandouillez et vous servez à rien, même  si vous avez votre Baxter de poche sur vous ? Vous êtes arrivée quand dans le coin ? Vous êtes passée à la mairie ?»

    Mon ton n’était pas agressif, mais vu comme la ville était en état de siège actuellement, et vu comme Valentine avait été recrutée pour planter des patates et autres carottes, je pensais assez naturellement que tous les réfugiés avaient été accaparés par la Mairie pour être autre chose que des réfugiés, justement, et des bouches à nourrir qui pensaient pouvoir se contenter d’ouvrir la bouger et faire les yeux doux pour qu’on leur refile de quoi becqueter. Franchement, sachant que Valentine bosser, là, à la Pépinière, ça me gonflait pas mal que des glandus s’amusent à prendre des photos. Déjà parce que voilà, on n’était pas en vacances dixit celui qui était justement en train de glander… et parce que voilà. Elle aurait très bien pu remplacer Valentine, et du coup j’aurai pu me promener avec Valentine et c’eut été fort chouette. D’ailleurs, en parlant de Valentine, de nouvelles questions me virent à l’esprit, et je les posais avant qu’elle n’ait eu le temps de répondre.

    « D’ailleurs, vous connaissez des gens ? »
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MessageSujet: Re: « L'été est fini mais l'automne est si beau ! » [Livre I - Terminé]   « L'été est fini mais l'automne est si beau ! » [Livre I - Terminé] EmptyVen 21 Juin - 9:59

« L'été est fini mais [...] »

Annabelle acquiesça lentement quand il compara son chien à son appareil photo. Oui, on pouvait voir les choses comme ça… Sans son appareil photo, elle n’était pas grand-chose. Toute sa vie, elle n’avait fait que ça, prendre des photos. Alors sans ça, elle ne savait pas trop ce qu’elle deviendrait. Elle ne savait même pas si elle serait capable de faire autre chose que ça. Elle n’y avait jamais songé, pensant que jamais la situation n’évoluerait à ce point que tout le monde devait se remettre en question brutalement. Elle tenta de s’imaginer exercer  un autre métier mais elle ne put s’imaginer quoi que ce soit. Cela paraissait tellement improbable. Elle était ce qu’elle faisait et en l’occurrence, elle vivait son métier de photographe tellement passionnément qu’imaginer ne plus l’exercer était pénible.

« Mais même sans lui vous restez quand même un militaire. Alors que moi, sans appareil photo, je suis juste une civile sans métier. »

Elle comprenait la comparaison faite par Alexandre, mais leurs situations n’étaient tout de même pas aussi identiques. Sans Baxter, il lui restait un métier, une vocation, un groupe auquel il appartenait, celui des militaires. Mais elle, sans son « joujou » comme il l’appelait, elle n’était plus rien. Elle se retrouvait seule, sans métier, presque sans raison d’exister. Elle avait fait de la photographie sa vie, alors sans ça, elle était perdue.  Elle haussa les épaules.

« Les questions ne me dérangent pas, tant qu’elles ne sont pas trop personnelles. Je n’aime pas étaler ma vie aux étrangers. »

Comme ça c’était dit. Elle ne se retrouverait plus dans la même situation que face à Raulne l’autre fois. Hors de question. Une fois à avouer sa vie à un militaire était suffisant. Elle ne comptait pas renouveler l’expérience, merci bien. Elle fut tentée d’ajouter quelque chose mais à ce moment-là le militaire reprit la parole. Elle haussa les sourcils de surprise et sentit un mélange de colère et de gêne envahir son esprit. Ok, prends-toi ça dans la tronche Anna. Il n’est peut-être pas aussi sympathique que tu ne le pensais finalement. Son ton se fit plus froid quand elle lui répondit, toute trace de son rire précédent ayant disparu, comme balayé par un vent glacial.

« Je n’ai pas encore trouvé de travail dans la ville, non. Si c’est ce que vous voulez savoir. »

Elle n’était pas encore totalement énervée, mais elle n’allait pas tarder à l’être s’il continuait avec ce ton qu’elle jugeait mesquin. Pour qui se prenait-il ?

« Au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, certains habitants ne nous accueillent pas de la meilleure façon qui soit. Alors trouver un travail n’est pas facile pour tout le monde. Mais si vous avez des pistes, n’hésitez surtout pas à m’en faire part. »

Qu’il pense qu’elle ne voulait pas s’intégrer dans la ville et trouver un travail l’énervait grandement. Elle avait presque l’impression de parler à un citoyen plutôt qu’à un militaire. Est-ce que les militaires n’étaient pas censés être neutres ? Ou du moins tenter de l’être ? Sans favoriser ou critiquer l’un ou l’autre ? Comme si elle n’avait déjà pas assez de soucis dans cette ville… L’instant d’avant, elle avait pensé être tombée sur quelqu’un de sympathique, mais sa dernière remarque avait quelque peu refroidi l’atmosphère. Elle eut envie de l’agresser un peu en lui demandant pourquoi lui non plus n’était pas en train de travailler en ce moment-même mais elle se retint. Elle n’était pas comme ça normalement. Et elle n’allait pas se laisser manipuler par ce militaire qui se croyait visiblement mieux que tout le monde. Qu’il fasse ce qu’il veule de sa vie, et qu’il la laisse tranquille par la même occasion, et tout irait pour le mieux.

« Pas grand-monde non. »

Annabelle n’avait plus envie d’être loquace pour le coup. Qu’il aille embêter quelqu’un d’autre si c’était pour l’accabler de questions qui la faisaient se sentir mal. Elle était tranquillement en train de récupérer un peu de sa bonne humeur avant qu’il arrive et elle n’avait pas envie qu’il gâche tout. Ok, c’était déjà fait. Elle allait repenser à ça toute la journée c’était sûr. Et qu’est-ce qu’il croyait ? Qu’elle allait lui dire exactement qui elle connaissait dans cette ville ? Elle n’avait pas envie de dire qu’elle connaissait le maire, depuis quelques années d’ailleurs, qu’elle habitait chez les Fontaine, qu’elle avait croisé son lieutenant quelques jours plus tôt… Ce n’étaient pas ses oignons.

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MessageSujet: Re: « L'été est fini mais l'automne est si beau ! » [Livre I - Terminé]   « L'été est fini mais l'automne est si beau ! » [Livre I - Terminé] EmptyMar 25 Juin - 20:41

    « Les questions ne me dérangent pas, tant qu’elles ne sont pas trop personnelles. Je n’aime pas étaler ma vie aux étrangers. »

    Visiblement, elle était susceptible, la petiote, qui te dépassait quand même en taille, non ?, parce que son ton était soudain devenu plus froid, ce qui accentua mon sourire naissant. C’était marrant, c’était comme si plus la personne en face de moi était en colère, plus moi j’étais de bonne humeur. C’était pratique, remarquez… Enfin, malheureusement ça ne marchait pas à tous les coups. Si je n’étais pas tout à fait détendu avant, la colère de l’autre pouvait avoir un effet totalement contraire et trouver en moins un certain écho, et accessoirement une réponse physique pas très agréable. Mais bon bref. On pouvait dire qu’Annabelle avait de la chance. C’est avoir de la chance que d’avoir affaire à un Alexandre qui a envie de t’emmerder ?. Oh, c’était au choix. Je me disais que c’était plus sympa de devoir me supporter vingt minutes en mode chieur, que de se prendre assez rapidement mon poing dans la figure ou des critiques acides que je n’aurai pas su retenir, mais après tout, Manu, ça dépendait des personnes. Chacun ces petites folies. Dans tous les cas, mon attitude à cet instant face à la réfugié que je me préparais à embêter sérieusement, une preuve, une nouvelle fois, que je pouvais m’arranger pour être sérieux. Et je peux savoir ce qu’elle t’a fait pour subir ton courroux dévastateur ?. Oh, oh, oh, fallait pas trop pousser non plus. Ce n’était pas mon courroux qu’elle allait subir, juste mon envie de jouer et d’embêter mon monde, rien de plus ni de moins. En fait, elle ne m’avait rien fait. Mon attitude avait changé, juste parce que j’étais jaloux qu’elle puisse se promener tranquille comme une glandue alors que Valentine bossait ; J’étais jaloux, et ça m’énervait. Mais même si ça m’énervait, mes sentiments étaient trop confus (après tout, depuis quand me souciais-je de quelqu’un d’autre que moi ?) pour que je devienne violent physiquement. Malheureusement pour elle, je savais aussi l’être verbalement, et elle me tendit une perche lorsqu’elle répondit à ma question concernant son absence de job.

    « Je n’ai pas encore trouvé de travail dans la ville, non. Si c’est ce que vous voulez savoir. Au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, certains habitants ne nous accueillent pas de la meilleure façon qui soit. Alors trouver un travail n’est pas facile pour tout le monde. Mais si vous avez des pistes, n’hésitez surtout pas à m’en faire part. »

    « En même temps, si vous cherchez pas, vous trouvez pas. »

    Je rajoutai en pensée un feignasse acide que je lui réservais pour plus tard. Je savais bien mentir, forcément, et je n’avais aucun scrupule à manipuler les gens, mais généralement je n’ne avais ni l’envie, ni la patience, et je ne cherchais même pas à mâcher mes mots. J’étais direct, franc, et agressif dans mes propos comme je savais bien, un peu trop bien même l’être avec mes poings. Dans tous les cas, je n’en avais pas fini avec elle, et je me décalai vers un arbre pour m’y appuyer, nonchalant. Ma voix était goguenarde quand je repris, et mon ton amusé pouvait prêter à confusion s’il n’y avait pas eu mes yeux pour dévoiler l’acidité de mes propos :

    « Ils vous accueillent pas gentiment ? Oh mon dieu, mais c’est terrible, et dire que vous vous contentez juste de les spoiler et de profiter de leur générosité. La vie n’a pas changé parce que vous vous êtes échouée comme une larve ici, faut bosser pour vivre et ça m’étonne pas qu’ils ne soient pas sympas avec vous, Princesse… »

    Elle n’avait rien fait pour mériter ça, je le savais. Une voix me le répétait dans ma tête, inlassablement. Mais ça m’énervait. Parce que voilà. Ce n’était pas rationnel, de toute manière, la rationalité, ce n’était pas suffisamment amusant à mes yeux pour que j’y accorde une once d’attention, et puis voilà. Ca m’énervait, voilà. On comprend tout de suite mieux… cette argumentation est sidérante de clarté, Alex, tu le sais ?. Oh, toi, c’est pas le moment de la ramener. Ma voix échappa une fraction à mon contrôle et devint réellement agressive dans son acidité. Je ne lui laissai pas le temps de lâcher un mot, la coupant si elle essayait de m’interrompre :

    « En même temps, si vous attendez qu’il pleuve des grenouilles pour trouver un job, c’est sûr que vous pouvez attendre. Des pistes ? Oh, j’en ai plein, après ça m’étonnerait que vous ayez les compétences…, je la jaugeai, gratuitement, du regard, avec un air méprisant et un petit rire, intellectuelles pour la plupart. Dans tous les cas, j’imagine qu’on a toujours besoin de boniches, ou mains d’œuvre pas très futées, y’a qu’à aller voir à la Mairie. »

    Baxter revint à mes pieds, son bâton dans les crocs. Mon sourire méprisant se décongela en une fraction de seconde pour devenir sincère, et joueur alors que je relançai le bâton. Lorsque je reportai mes yeux châtains sur la réfugié, je lâchai, encore une fois, mon sourire redevenant hautain :

    « Ca ne m’étonne pas, au final, que vous ne connaissiez personne. Vous n’êtes pas intéressante. »

    La sensibilité, tu sais ce que ça veut dire, comme mot ?. Absolument pas, mais j’imagine que c’est de la même famille que gentillesse et toutes ces bêtises qu’on tente d’inculquer aux gamins pour leur pourrir le cerveau ? Alexandre, tu n’es qu’un gros c#nnard.. Merci, c’est un joli compliment. Mais… pourquoi ? Je n’en avais aucune idée. Là, pour le coup, elle ne m’avait rien fait. Si. Non. Je ne savais vraiment pas. On pouvait dire que ce que je disais était totalement gratuit. J’avais besoin de me conforter dans mon idée que j’étais un gamin odieux, peut être, histoire de ne pas perdre pied. C’était peut être une manière de me rassurer, moi, que d’être méchant avec les gens. C’était peut être un moyen, le seul que j’avais trouvé, d’être sûr d’exister en tant qu’être propre, et pas en tant que marionnette entre les mains des autres ? Je ne savais pas du tout. Je n’avais aucune raison, aucune excuse valable pour être comme ça. J’étais énervé parce qu’elle ne participait pas à « l’effort de guerre » au contraire de Valentine ? C’était bien maigre comme raison. Et le pire, c’était que c’était la seule plausible que j’avais. Et d’ailleurs, pourquoi je m’énervais ? Ce n’était pas comme si j’étais Valentine ou que Valentine comptait pour moi, non ? Mauvaise foi quand tu nous tiens…. Bon d’accord. Il fallait reconnaître que… je tenais à Valentine. Mais bon. Si Annabelle me demandait pourquoi j’étais comme ça, la seule réponse valable que j’allais pouvoir lui donner était quelque chose dans le genre « juste pour le fun ». Très concluant.
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MessageSujet: Re: « L'été est fini mais l'automne est si beau ! » [Livre I - Terminé]   « L'été est fini mais l'automne est si beau ! » [Livre I - Terminé] EmptyMar 25 Juin - 21:31

« L'été est fini mais [...] »

La situation était visiblement en train de prendre une pente douce qui menait vers des horizons peu enviables. Alors que leur début de rencontre s’était fait dans une relative bonne ambiance, avec de nombreux rires, les paramètres étaient en train de changer radicalement, et de manière si brutale qu’Annabelle ne sut un instant comment réagir correctement. Ok, ce militaire était juste en train de l’agresser alors qu’il ne la connaissait même pas ! Et il était hors de question qu’elle se laisse faire comme face à Raulne l’autre fois !

« Non mais de quoi j’me mêle ? Vous ne me connaissez même pas alors gardez vos préjugés pour vous ! Votre mère vous a jamais appris à ne pas juger les gens sans les connaître ? »

Non mais pour qui il se prenait cet imbécile de maître-chien ? Il était là à faire le beau avec son chien, à lui lancer le bâton et à jouer avec lui, comme si de rien n’était, tout en la critiquant verbalement, comme s’il était dans son droit et que c’était tout à fait normal. S’appuyant sur un arbre, encore une fois comme s’il ne venait absolument pas de l’agresser, de manière nonchalante, il continua de la regarder avec franchise, semblant ne pas regretter ses paroles un instant. Son ton amusé fit monter sa colère d’un cran.

« Allez vous faire foutre ! Vous ne savez rien de ma vie, alors arrêtez de faire comme si vous aviez le droit de me juger ! C’est facile pour vous, vous êtes un militaire, et cette situation de guerre est juste parfaite pour vous ! Ça vous donne du travail, une légitimité, et, visiblement, tous les droits ! »

Tous les droits, en effet. Il se permettait de dicter aux gens ce qu’ils devaient faire, les accablant de culpabilité et remontant leurs remords à la surface. Annabelle aurait mis sa main à couper qu’il agissait comme ça avec tout le monde, et qu’elle ne faisait du coup pas exception. C’était quoi ce soldat revêche ? Ils n’étaient pas censés être disciplinés à l’armée ? Ou bien elle était tombée sur une sacrée exception, ou bien son image des militaires étaient totalement fausse, mais elle peinait à le croire. Visiblement, cet Alexandre avait un sérieux problème. Elle croyait presque avoir réussi à l’interrompre dans son discours quand il reprit d’un ton mordant qu’elle détesta immédiatement et qui accéléra les battements de son cœur. Il ne lui laissa pas placer un mot pendant qu’il parlait, et cela la fit respirer lourdement, sous l’effet de la colère. Quand il termina enfin, elle explosa :

« Espèce d’enfoiré ! Vous vous croyez tellement supérieur. Vous oubliez que c’est votre arme qui vous donne un sentiment de pouvoir, et que sans elle, vous ne seriez qu’un pauvre mec aussi perdu que moi, que nous tous ! Vous croyez peut-être qu’en faisant le fier et en disant aux autres ce qu’ils doivent faire vous agissez correctement, mais vous vous foutez le doigt dans l’œil ! Vous n’êtes rien de plus que moi dans la situation dans laquelle on se trouve. Oh vous croyez que je suis stupide, que je n’ai pas de cervelle, puisque je ne suis que « photographe », mais vous savez quoi ? Je crois que celui qui n’est pas assez intelligent pour comprendre notre situation actuelle, entre nous deux, ce n’est pas moi ! Alors allez emmerder quelqu’un d’autre et gardez vos soi-disant conseils pour un autre. Je ne vous ai rien demandé et je ne tolèrerai plus un seul instant vos sarcasmes ! »

Sa saleté de chien revint encore une fois vers eux et Annabelle le regarda avec mépris. Elle n’avait plus aucune sympathie ni pour l’homme ni pour l’animal. Il venait après tout de les descendre tous les deux en flèche dans la sympathie qu’elle avait pu avoir pour eux. Elle remarqua qu’en s’énervant, elle s’était avancée vers lui déjà précédemment. C’est alors qu’il lâcha une dernière remarque, qui la fit atteindre son paroxysme de colère envers lui.  Elle fit de nouveau deux pas en avant, s’arrêta à quelques centimètres de lui et lui décocha une gifle violente sur la joue droite. Sa main droite était crispée sur l’appareil photo et elle avait donc dû utiliser la gauche, qui, bien qu’un peu moins adroite, avait bien réussi à atteindre sa cible, touchant l’os de la mâchoire au passage. La gifle siffla dans l’air et se termina par un claquement soudain qui résonna à ses oreilles. Sa voix se fit froide comme la pierre quand elle parla. Elle ne dit que quatre petits mots mais elle eut l’impression de les dire avec tellement d’intensité qu’elle tremblait légèrement juste après les avoir dit. De colère et de frustration.

« Allez-vous-en. Maintenant. »

Elle n’avait pas réfléchi au fait qu’il s’agissait d’un militaire. Et qu’il était donc potentiellement armé. Il ne pouvait pas lui faire de mal de toute façon, n’est-ce pas ? Il était censé protéger les habitants de Louisville, pas les menacer. Un instant, elle eut peur car ils se trouvaient seuls dans ce jardin. Mais la colère était tellement vive en elle qu’elle balaya la peur d’un revers de la manche et souffla dessus pour l’éloigner rapidement, ne laissant plus aucune trace de son bref passage. Elle ne se souvenait plus du dernier moment où elle avait été aussi énervée, mais cela devait remonter à très longtemps. Annabelle n’avait jamais été une personne qui se mettait en colère facilement. Bien, ici, il l’avait cherchée.

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MessageSujet: Re: « L'été est fini mais l'automne est si beau ! » [Livre I - Terminé]   « L'été est fini mais l'automne est si beau ! » [Livre I - Terminé] EmptyMer 26 Juin - 17:44

    « Espèce d’enfoiré ! Vous vous croyez tellement supérieur. Vous oubliez que c’est votre arme qui vous donne un sentiment de pouvoir, et que sans elle, vous ne seriez qu’un pauvre mec aussi perdu que moi, que nous tous ! Vous croyez peut-être qu’en faisant le fier et en disant aux autres ce qu’ils doivent faire vous agissez correctement, mais vous vous foutez le doigt dans l’œil ! Vous n’êtes rien de plus que moi dans la situation dans laquelle on se trouve. Oh vous croyez que je suis stupide, que je n’ai pas de cervelle, puisque je ne suis que « photographe », mais vous savez quoi ? Je crois que celui qui n’est pas assez intelligent pour comprendre notre situation actuelle, entre nous deux, ce n’est pas moi ! »

    Visiblement, elle n’avait pas vraiment apprécié ma petite remarque humoristique. Parce que pour toi, c’était humoristique, ça ?. Non, mais bon, enfin… si, parce que je me marrais bien, moi. Ca m’amusait de la voir s’énerver. De voir que mes coups avaient fait mal. Ca m’amusait, beaucoup, tout en accentuant le dégoût de moi-même. Tu te dégoûtes ? Sans blague…. Oui, je me dégoûtais, parce que j’avais conscience que ce que je faisais, ce n’était pas bien, et qu’il valait mieux que je me la boucle. Mais je n’en avais pas du tout envie. Elle parlait d’intelligence ? Elle ignorait la vérité, et elle ne la suspectait même pas. Tant mieux, c’était le but. Tu veux dire que c’était le but de la manœuvre ?. Non, mon déni et mon rejet de mon intelligence étaient à présent si bien ancrés en moi que ça devenait naturel de refuser de réfléchir, ou d’ignorer les conclusions que mon cerveau faisait par lui-même. C’était rassurant d’agir à l’aveugle, sans savoir vers où mes actions allaient me mener ni ce qu’il me fallait faire. Enfin… Je baillai d’ennui alors qu’elle achevait sa diatribe.

    « Alors allez emmerder quelqu’un d’autre et gardez vos soi-disant conseils pour un autre. Je ne vous ai rien demandé et je ne tolèrerai plus un seul instant vos sarcasmes ! »

    « Désolé, vous êtes la seule à emmerder que j’ai sous la main. Et vous savez, ce n’est pas gentil de rappeler à Baxt’ qu’il n’est pas aussi intelligent qu’un humain, même si vous seriez étonnée de voir tout ce qu’il peut apprendre »

    Mon sourire goguenard ne quittait pas mes lèvres, s’amplifiant à chaque mot de la jeune femme. En parlant de Baxter, le voilà qui revenait, encore une fois. Et qui dressait les oreilles, attentif à ce qu’il se passait. Lui aussi avait senti un changement dans l’air, mais mon attitude tranquille ne le stressait pas plus que cela. C’était un bon toutou. A ma dernière remarque, sur le fait qu’elle ne connaissait personne, je m’aperçus cependant qu’elle s’était pas mal avancée vers moi. C’était pour ça que Baxter était inquiet. En fait, il avait vite compris que j’avais poussé à bout la jeune femme. Et je me pris une gifle, d’ailleurs. Là, tout de suite. Etais-je surpris ? Non. Pas le moins du monde. Je l’avais sentie venir, et je savais que j’aurai pu l’arrêter, si je l’avais voulu. Mais ça n’aurait pas été drôle, parce que voilà, ce n’était pas très gentil d’empêcher quelqu’un de s’exprimer et d’exprimer ce qu’il avait sur le cœur, ce qu’elle avait sur le cœur, en l’occurrence. Dans ces cas là, je pouvais réagir de deux manières : m’énerver, ou m’en amuser. Je n’étais pas réellement en colère contre elle, c’était plus une somme de frustration, et un léger agacement que je ne comprenais pas. Ca, j’en étais certain. Non, la raison pour laquelle je me comportais comme ça avec elle était bien moins noble. Noble ? Sais-tu au moins le sens de ce mot ? Moins noble dans le sens où j’avais besoin de m’amuser, et que j’avais pris ma légère colère et ma frustration comme tremplin pour m’amuser aux dépends d’Annabelle. Bref, j’avais donc deux manières de réagir, et le temps que je choisisse pour laquelle opter (même si le choix était déjà fait), elle me demandait de me barrer.

    « Allez-vous-en. Maintenant. »

    Ma réponse fut la simplicité même, vite avalée cependant par mon éclat de rire, franc et totalement sincère :

    « Nan »

    Oui. Elle venait de me gifler, et visiblement je l’avais blessée, et je me contentais de rire. Etais-je fou ? La question se posait en effet. En fait, je me la posais très souvent parce que je la pensais juste. Parfois, la réponse me faisait peur, parce que je ne voulais pas être fou. Je voulais qu’on puisse m’aider à être un peu plus… sociable, j’osais même dire normal. Souvent, sinon, je me jouais de la réponse pour continuer ma vie, puisque de toute manière, que je fusse fou ou totalement sain d’esprit, Je me permets d’en douter, on ne pouvait rien y faire, et il fallait que je vive avec dans tous les cas. Enfin, il m’arrivait aussi de présenter ma folie latente, pas tout à fait latente, si mon avis t’intéresse et il ne m’intéresse pas, comme un étendard dont je faisais ma fierté. Quelqu’un qui était fou était un gamin que l’on devait laisser tranquille. Je ne voulais pas grandir, je ne voulais pas que l’on me demande quoique ce soit, je voulais continuer à être Alex l’insupportable, Alex la terreur, Alex le cas désespéré et que cet état de fait ne change pas. Et là, aujourd’hui, je riais parce qu’une jeune femme, certainement bien plus mature que moi, venait de me gifler puisque j’avais été odieux avec elle. Je trouvais quelque chose de comique à la situation, et je devais bien être le seul, d’ailleurs. Je repartis dans un éclat de rire, essuyant quelques larmes imaginaires (ou pas) au coin de mes yeux, avant de reprendre :

    « Regardez vous… c’est d’un triste. Tout fout le camp, et vous, vous n’êtes pas contente lorsqu’on vous dit les quatre vérités dans les yeux. C’est… pitoyable… »

    Je continuai à rire. Arrête. Arrête cette mascarade tout de suite, Alexandre. Arrête ça tout de suite.. Sinon quoi ? Tu vas aller voir Maman ? Je te rappelle que tu es une simple projection interne de la seule personne au monde qui se soit jamais prise pour ma conscience. Tu me fais honte. Pourquoi est ce que tu agresses toutes les personnes que tu croises ?. Aucune idée. Et j’ai pas envie de le savoir ni même de me poser la question. Tu mens. Tu te la poses sans cesse.. Et alors ? Et alors ? C’est triste, et tu me fais honte.. M’en fiche.

    « Vous pouvez me gifler autant que vous voulez, ça changera rien au fait que vous êtes une grosse feignasse qui se plaint parce qu’elle s’est cassée un ongle et que ce gros méchant pas beau d’Alexandre n’a pas été tout gentil avec elle… »

    Mon ton était rieur et sarcastique, mais ça n’enlevait rien à la véracité de mes propos selon moi. Oh, j’étais conscient que j’exagérais la chose, qu’il y avait différent moyen de dire une même idée, mais même si j’étais un surdoué, j’étais un surdoué scientifique et pas littéraire, et c’était un fait qui m’excusait totalement à mon goût. Et comme seul mon avis était important, l’affaire était classée. Ou pas, Alex, ou pas… un jour, faudra que tu grandisses, que tu le veuilles, ou non..

    « Et ce n’étaient pas des conseils. Juste quelques critiques constructives. »

    Si jamais elle pensait que je n’avais rien écouté de ce qu’elle m’avait bavé, fallait qu’elle revoit ses convictions. Et que toi tu ailles voir un psy et que tu apprennes le dictionnaire par cœur. Car tes « critiques constructives » ne correspondent pas au vrai sens des termes… C’est vrai ? Quel malheur…

    Spoiler:

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MessageSujet: Re: « L'été est fini mais l'automne est si beau ! » [Livre I - Terminé]   « L'été est fini mais l'automne est si beau ! » [Livre I - Terminé] EmptyJeu 4 Juil - 14:33

« L'été est fini mais [...] »

Annabelle n’était pas prête de se calmer, surtout qu’il continuait de l’agresser, s’amusant visiblement de la situation. Il n’était pas normal, ce n’était pas possible. En plus il répliquait à ce qu’elle disait en la prenant encore plus pour une idiote et cela faisait monter sa colère. Qui était-il pour la juger ? Il ne connaissait rien de sa vie, alors de quel droit faisait-il cela ?

« Mais qu’est-ce que je m’en fous de votre chien ?! C’est de vous que je parle, espèce de demeuré ! Vous savez ce que c’est le respect ? Ça m’étonnerait fort ! On dirait que vos parents ne vous ont pas appris grand-chose. »

Elle laissa une seconde s’écouler presque trop lentement en regardant le chien qui s’était à nouveau rapproché. Elle avait presque plus peur de l’animal que de l’homme. Après tout, même si ce type semblait fou, il n’était pas censé lui faire de mal, c’était à l’encontre de ses valeurs. Elle fronça le nez. Enfin, des valeurs, elle ne savait pas s’il en avait beaucoup. Déjà le respect, c’était sûr que non. Ou alors, il devait avoir une définition particulière du respect, ça c’était certain. Elle se mit à réfléchir à ce qu’il pouvait bien défendre comme valeurs au quotidien. L’égoïsme. À 100%. L’autosatisfaction. Sans aucun doute. Dans le fond, il n’était pas si difficile à comprendre. Il fallait juste prendre l’option la plus égocentrique possible, qui ne défende que ses propres intérêts, sans prendre en compte autrui, et c’était ce qu’Alexandre choisirait à coup sûr. Mais il n’était pas censé lui faire de mal. Elle se le répétait, car malgré sa colère légitime contre lui, elle avait besoin de se rassurer qu’il ne la brutaliserait pas. Et puis, elle avait toujours en tête les événements qui lui étaient arrivés avant de parvenir à Louisville. Elle n’était pas sûre de survivre mentalement à une autre attaque venant d’un homme. Mentalement et physiquement.

Quand il refusa de partir et de la laisser tranquille, elle serra les mâchoires pour réfréner sa colère. D’autant qu’il ne trouvait rien d’autre à faire que de rigoler. Elle se retint de le gifler une deuxième fois, cela semblait ne même pas l’atteindre. Et puis le chien s’était rapproché, et elle avait peur de la réaction que cela pouvait provoquer chez lui si elle retouchait à son maître. Elle s’avouait sa peur pour l’animal, qui devait être dressé à obéir aux moindres ordres de son maître, et à tuer très certainement. Elle n’avait pas très envie de tester cela en étant le cobaye. Alors elle garda les poings bien serrés, le regardant rigoler tout son souhait.

« Je ne vous ai strictement rien demandé. Contrairement à vous, je sais exactement ce qui ne va pas dans mon existence actuelle et je tente d’y remédier. Vous par contre, vous feriez mieux de vous remettre un peu en question, vous en avez grandement besoin. Bien sûr, ce n’est qu’un conseil. »

Il continuait de rire et elle sentit l’exaspération gagner du terrain sur la colère. Il n’était définitivement pas normal.

« Tiens donc, une feignasse et un enfoiré, mais quel beau duo. »

Elle avait adopté un ton sec et avait décidé de jouer du sarcasme, puisqu’apparemment la violence physique ne déclenchait rien chez lui.

« Critiques constructives ? Vraiment ? Je crois que vous avez un vrai problème avec les mots. Mais ça ne devrait pas m’étonner. Après tout, être maître-chien dans l’armée, ça ne demande pas un QI élevé. Ou… comment vous avez dit déjà ? » Elle fit mine de réfléchir, le regard en l’air, la main posée sur son menton. « Ah oui… des compétences intellectuelles. Heureusement que votre chien a assez d’intelligence pour vous deux, sinon vous seriez perdu. Tiens, je me demande qui est réellement le maître entre lui et vous. Parce qu’après tout, vous aboyez beaucoup plus que lui. Vous êtes… comment c’était déjà ? Ah oui, la boniche des deux. Mais ne vous inquiétez pas, entre boniches et personnes peu futées, on se comprend. »

Elle accompagna ses paroles d’un petit sourire entendu. Jetant un regard derrière elle, elle aperçut son sac d’appareil photo et se dirigea vers lui pour le reprendre. Elle y glissa son appareil, le referma soigneusement, sans regarder un seul instant le militaire qui était à quelques pas seulement. Elle le mit sur son épaule et prit la direction de l’église pour retourner vers la Grand-Place. Elle n’avait plus prononcé un seul mot à Alexandre et n’avait plus eu envie de lui faire face à nouveau. Mais elle fut obligée de se retourner quand il l’apostropha.

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MessageSujet: Re: « L'été est fini mais l'automne est si beau ! » [Livre I - Terminé]   « L'été est fini mais l'automne est si beau ! » [Livre I - Terminé] EmptyVen 5 Juil - 13:11


    « Critiques constructive ? Vraiment ? Je crois que vous avez un vrai problème avec les mots. Mais ça ne devrait pas m’étonner. Après tout, être maître-chien dans l’armée, ça ne demande pas un QI élevé. Ou… comment vous avez dit déjà ? Ah oui… des compétences intellectuelles. Heureusement que votre chien a assez d’intelligence pour vous deux, sinon vous seriez perdu. Tiens, je me demande qui est réellement le maître entre lui et vous. Parce qu’après tout, vous aboyez beaucoup plus que lui. Vous êtes… comment c’était déjà ? Ah oui, la boniche des deux. Mais ne vous inquiétez pas, entre boniches et personnes peu futées, on se comprend. »

    « Ces enfoirées de boniche, soyez précis ! Ou connard, ça marche aussi ! »

    C’était amusant de voir l’effet Alexandrien sur les autres. Visiblement, je l’avais tellement énervée qu’elle atteignait, enfin, le stade humour. Enfin, parce que voilà, c’était plus amusant pour moi que l’on réponde à mes remarques qu’on les ignore, voire qu’on en prenne ombrage au point de devenir encore plus stupide que de base. Non que je sois en train de la traiter intérieurement d’idiote, vraiment ?, mais voilà, avoir un peu de répondant, c’était mieux que de se prendre des coups, dans l’immédiat du moins. Je répondis à son petit sourire, par un sourire insolent qui voulait concourir pour être le plus provoquant au possible. C’était marrant d’ailleurs, qu’elle fasse allusion au QI. Si seulement elle savait… et bien vu ton comportement, même un expert avec les tests et les résultats de QI sous les yeux aurait du mal à admettre que tu es intelligent, Alex. Je m’enfermais dans une spirale d’auto-dénigrement, mais je m’en fichais. Savais-je toujours raisonner comme devait raisonner un mec avec le QI de Mozart ? Excellente question… excellente parce qu’elle brillait de stupidité. Ce QI, c’était moi, comme ma bêtise naturelle. Je n’avais pas le droit de l’ignorer, et pourtant je le faisais, avec brio. Mais, malheureusement, je ne pouvais rien y changer. Je ne savais pas s’il était possible que je régresse intellectuellement, si c’est pas possible, je suis certain que tu as accompli cet exploit…, mais aux dernières nouvelles, j’étais toujours aussi désespérément intelligent. Et le pire, c’était que je n’étais pas allé à mon maximum, dans le sens où je n’avais pas été concentré lorsque mon professeur de maths d’Autun, avec qui j’étais resté en contact pendant ma formation de maître chien, m’avait fait faire en temps chronométré différents exercices de logiques, d’observation, et de déduction pure. En baillant aux corneilles, et en n’y accordant que cinquante pourcent de mon intérêt, j’avais fait le même score que lui… Bref. Donc oui, on ne demandait pas aux maîtres-chiens d’être des génies, mais malheureusement pour elle, j’en étais un, et je me marrais bien.

    Elle s’était mise à ranger son appareil photo dans un sac adapté, et je croisai les bras, toujours cet air goguenard au visage, même si, pour le coup, ça m’agaçait qu’elle soit un peu trop Alexandrienne pour le coup. Elle n’avait pas le droit de me tourner le dos, non mais ! Elle n’en avait pas le droit, parce que je n’avais pas fini de… de quoi ? de… les seuls termes qui me venaient à l’esprit sonnaient assez étrangement, pour le coup… tu n’avais pas fini de quoi, Alex ?… Je n’avais pas fini de jouer avec elle, voilà. Parce que là, je passais mes nerfs sur elle en l’emm#rdant gratuitement pour mon plus grand plaisir, et c’était un jeu de la pousser à bout, et de l’énerver toujours davantage. Et tu as vingt-quatre ans… Vingt-quatre ans, presque toutes mes dents, et pas grand-chose dans le crâne, et ouais… Bref, je me marrais encore, mais là, je commençais à rire jaune. Parce qu’elle s’éloignait. Nan mais oh, c’était quoi ça ? Elle fuyait le combat ? Nan mais ça ne se faisait pas ! C’était horriblement malpoli de partir, comme ça, sans dire au revoir. Voilà que je fronçais les sourcils, maintenant. Oh, elle n’était quand même pas vexée à ce point… si ? Tant mieux, c’était le but. Mais elle n’avait tout simplement pas le droit de partir, parce que ça ne se faisait pas, que c’était interdit par le règlement de la Fédération, et qu’elle allait se prendre un carton jaune si elle faisait deux pas de plus et un carton rouge si elle en faisait cinq. Voilà, c’était dit. pensé plutôt. Ouais, voilà. D’ailleurs, en parlant de parler, je crachai, rieur dans la voix, assassin dans les yeux, boudeur dans mes traits de visage :

    « Alors tu fuis ? Mais c’est pathétique ! Tu vas fuir toute ta vie ? »

    Finalement, je lâchai le vouvoiement. Parce que pour le coup, c’était plus vraiment le gamin qui parlait. C’était moi. Bon d’accord, le gamin, c’était majoritairement moi aussi, malheureusement pour les autres, heureusement pour moi, mais là… sans que je ne le veuille, ma voix avait changé d’intonation. Je l’avais voulue acide, rieuse, moqueuse, méprisante, elle s’était faite déçue. Je me détachai de l’arbre, pour faire un pas en avant, mains dans les poches. Mes yeux châtains, relativement communs à mon grand dam, reflétaient un sérieux que je ne me connaissais pas vraiment. Parfois, je me demandais comment je pouvais être aussi… versatile dans mes comportements, et parfois, aussi, je me demandais si c’était lié à la particularité de mes raisonnements.

    « Tu te heurtes à un enfoiré et un problème, les deux se recoupant d’ailleurs, et tu te carapates ? Tu comptes faire ça toute ta vie ? Sérieux ? Pour le coup, j’préfère être un salaud qu’un lâche. Parce qu’au moins, j’affronte le problème en face ! »

    Menteur ! Menteur ! Comment ça, menteur ? Justement, ton problème, c’est que tu n’affrontes rien en face, que tu te caches derrière des faux semblants de gamin, en refusant de grandir, en refusant les responsabilités que tu pourrais endosser. Ton problème, Alex, c’est que tu te mens depuis que tu as compris que tu étais différent des autres. Tu te caches, tu te leurres, tu t’enfonces et tu reproches à Annabelle ce que tu fais depuis vingt ans maintenant. Tu es un menteur, et tu te permets d’enfoncer les autres alors que tu ne peux pas te regarder en face dans un miroir.. Peut être… mais ça ne m’empêchait pas de dire à l’autre ce que je pensais. Et mon problème était le mien, son problème, le sien, et si j’avais envie de lui donner des claques, je ne voyais pas ce qui pouvait m’en empêcher. Des claques verbales, bien sûr. Bien sûr… en tout cas, celui qui mérite des claques, c’est toi, pas elle.
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MessageSujet: Re: « L'été est fini mais l'automne est si beau ! » [Livre I - Terminé]   « L'été est fini mais l'automne est si beau ! » [Livre I - Terminé] EmptySam 6 Juil - 12:55

« L'été est fini mais [...] »

Il avait presque l’air d’apprécier la tournure que prenait la conversation. Quant à elle, sa colère précédente s’évanouissait petit à petit, dès qu’elle avait décidé de ne plus se laisser atteindre par ses sarcasmes et ses paroles brutales. En lui répondant de la même manière que lui, elle se forçait ainsi à ne plus le laisser faire ce que bon lui semblait, et elle retrouva une certaine sérénité intérieure. Ce n’était certes pas l’état qu’elle avait eu avant qu’il ne vienne la déranger en pleine séance de photos dans ce lieu de paix, mais elle n’était plus aussi énervée, et c’était déjà ça. Si elle n’avait pas été en colère contre lui, elle aurait presque pu s’émerveiller de la façon dont il s’y prenait pour mettre les gens hors d’eux. Car elle se doutait après tout qu’elle n’était pas la seule qu’Alexandre prenne plaisir à ennuyer. Elle n’avait rien fait qui puisse le rendre agressif, il s’était excité tout seul. Une petite parole, un petit geste désinvolte, un petit rire sarcastique, et ça y était, la colère de son interlocuteur montait en flèche. En même temps, difficile de rester de marbre face à lui et à ses propos.

« Oh mille excuses ! Je n'ai pas été très précise sur le coup, c'est vrai. Si on s’attache aux mots en eux-mêmes alors oui, "enfoiré de boniche" est beaucoup plus adapté, vous avez raison. »

Elle s’éloignait de là, de lui, de son chien, de son antipathie, lorsqu’elle l’entendit l’interpeller. Elle sourit en coin et leva les yeux au ciel avant de se retourner vers lui. Il semblait presque déçu qu’elle s’en aille et cela lui fit presque pitié. Ainsi il ne trouvait son bonheur qu’en emmerdant les autres ? Et bien il allait être bien déçu en effet, puisqu’elle se retirait de ce combat, qu’elle n’avait pas demandé et qui ne ferait qu’altérer négativement son moral. Elle le laissa terminer sa diatribe avant de refaire quelques pas vers lui, pour revenir à seulement deux pas du militaire et de son chien qui n’avait pas quitter ses environs proches.

« Écoute-moi bien petit. » Oui, le petit n’allait sûrement pas arranger la situation mais après tout, il avait l’air terriblement jeune ce militaire, il devait certainement être plus jeune qu’elle. Du coup, elle avait aussi facilement adopté le tutoiement, vu que déjà lui ne s’en était pas privé. « Tu es venu m’agresser alors que je n’avais rien demandé à personne. Tu continues de le faire comme si c’était totalement normal de parler comme ça aux gens. Alors puisque visiblement tu as du mal, je vais t’apprendre un truc : ça ne se fait pas d’agresser des inconnus de la façon dont tu le fais. Regarde-toi un peu et tu devrais remarquer qu’il y a un truc qui cloche chez toi. Si pas deux. J’ai l’impression que tu es un mec plein de problèmes qui refuse de les affronter et qui donc pense que la solution est de brutaliser les autres comme un gosse le ferait dans une cour de récréation contre des enfants plus faibles que lui. »

Il lui faisait vraiment penser à ça. Ce genre de personne qui n’assume pas une partie de lui-même et qui du coup remet tout sur le dos des autres, pensant que ça va l’aider à se sentir mieux, ou peut-être prenant cette alternative pour ne plus penser à ses propres problèmes. Annabelle n’avait jamais aimé ce type de personne. Chacun avait ses propres problèmes à gérer et c’était déjà assez difficile comme ça sans qu’en plus les autres accablent de leurs soucis personnels. Prenant une brève inspiration, elle continua du même ton détaché et sans plus de colère visible :

« Va voir un psy, je sais pas, mais fais quelque chose parce que moi, contrairement à ce que tu penses, je ne fuis pas. Je me retire simplement d’un affrontement dont je n’ai pas voulu. Excite-toi tout seul, mais laisse-moi tranquille. »

Annabelle avait insisté sur les trois derniers mots. Son « laisse-moi tranquille » était sorti sur un ton un peu plus fort que le reste de ses propos et elle en resta là. Elle n’attendit même pas de réponse et se détourna brutalement de lui pour s’éloigner d’un pas plus vif qu’auparavant. Son sac d’appareil photo balançait sur son épaule et elle le recala fermement pour éviter que la sangle ne tombe de là où elle se trouvait.

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MessageSujet: Re: « L'été est fini mais l'automne est si beau ! » [Livre I - Terminé]   « L'été est fini mais l'automne est si beau ! » [Livre I - Terminé] EmptyDim 7 Juil - 9:25

    Elle avait levé les yeux au ciel. Bon sang. Elle avait levé les yeux au ciel. Et ça m’énervait. Ca m’agaçait. Et ça ne me faisait pas du tout rire. Je fronçais les sourcils depuis qu’elle m’avait tourné le dos, mais là, je les fronçais encore plus, comme un gamin à qui on venait de refuser un caprice. Un gamin avec une moue contrariée qui convint parfaitement à la première phrase qu’elle daigna me lâcher.

    « Écoute-moi bien petit. Tu es venu m’agresser alors que je n’avais rien demandé à personne. Tu continues de le faire comme si c’était totalement normal de parler comme ça aux gens. Alors puisque visiblement tu as du mal, je vais t’apprendre un truc : ça ne se fait pas d’agresser des inconnus de la façon dont tu le fais. Regarde-toi un peu et tu devrais remarquer qu’il y a un truc qui cloche chez toi. Si pas deux. J’ai l’impression que tu es un mec plein de problèmes qui refuse de les affronter et qui donc pense que la solution est de brutaliser les autres comme un gosse le ferait dans une cour de récréation contre des enfants plus faibles que lui. »

    « Oh. »

    Bon, ça, c’était fait, j’avais réagi stupidement selon mon propre baromètre de stupidité. Il s’agissait à présent de rebondir, sans trop attendre. Je fronçai, encore une fois, les sourcils. Je les haussai, aussi, interrogatif. A leur faire faire autant de sport, j’allais finir par avoir des crampes et des courbatures. Mais je n’avais pas le cœur à en rire, parce que je n’arrivais pas à m’énerver, et que ce n’était PAS du tout normal. Généralement, j’oscillais entre les extrêmes : soit j’explosais de rire et je faisais crouler l’autre sous les remarques acides, sarcastiques, insultantes et autres, comme je venais de le faire avec elle d’ailleurs, soit je fonçais de l’autre côté du panel des réactions possibles, et je frappais pour évacuer la frustration, comme je savais si bien le faire. Frapper. Le langage des poings n’était pas compliqué, c’était le plus fort, le plus énervé, le plus violent qui s’exprimait le mieux. Ce n’était pas compliqué, parce qu’on ne pouvait pas dire grand-chose. Gérer sa frustration et le surplus d’émotions en frappant, c’était la solution de la facilité, peut être, mais c’était aussi la seule chose que je savais faire, pour le coup. Mais là… je ne savais pas trop. J’avais envie d’être en terrain connu, en laissant passer ses remarques bien au dessus de ma tête, et en rebondissant, acide, j’avais envie de tout encaisser, et de tout relâcher dans un coup de poing assimilable à un coup de massue. Mais tout ce que j’avais réussi à dire, c’était un « Oh » pitoyable. Pourtant, ce n’était pas la première fois qu’on me balançait ça à la gueule. Non, certainement pas, les gens étaient stupides mais pas à affligeants au point de n’avoir jamais effleuré un soupçon de la réalité qui m’habitait. Mais généralement je repoussais les attaques d’un geste de la main, avec un sourire ou un coup de poings. Deux manières très différentes de réagir, mais deux manières que je connaissais sur le bout des doigts. Là, j’étais perdu par moi-même. Je n’étais pas imperméable au point de rebondir par une remarque, je n’étais pas touché et énervé au point de loin balancer mon poing dans la figure sans préavis. J’étais entre deux eaux, et ce n’était pas du tout, mais vraiment pas du tout compréhensible, agréable, et surtout gérable. C’était étrange, j’avais l’impression de vivre une situation inversée. Elle était à présent en colère, bon d’accord elle l’était depuis un certain temps maintenant, et moi… et moi j’encaissais. Je prenais les coups, amorphes, étrangement silencieux, comme si je ne savais vraiment pas comment j’étais sensé réagir. Ses mots tournaient en moi sans s’arrêter, comme si je n’arrivais pas à comprendre leur signification.

    « Va voir un psy, je sais pas, mais fais quelque chose parce que moi, contrairement à ce que tu penses, je ne fuis pas. Je me retire simplement d’un affrontement dont je n’ai pas voulu. Excite-toi tout seul, mais laisse-moi tranquille. »

    J’étais toujours face à elle, bras ballants. Baxter avait fourré sa truffe dans la paume de ma main gauche pour attirer mon attention. J’étais totalement immobile, j’avais l’impression d’être capable, même, d’oublier de respirer. Je ne comprenais pas. Je ne me comprenais pas. Non pas que je me comprenais toujours parfaitement, non, mais… j’avais toujours une vague idée du pourquoi ou tout simplement de ce que j’allais faire, même si j’en ignorais les aboutissants et les causes. Là… je ne savais pas trop. La situation était habituelle, plus qu’habituelle même ! Pousser des gens à bout, comme ça, m’énerver sur eux, m’amuser avec eux, c’était quelque chose que je savais bien faire, et je ne me privais pas de le faire, d’ailleurs. Mon attitude avec Annabelle n’avait rien de nouveau, son attitude à elle, sonnait comme une pièce de théâtre bien huilée que je connaissais par cœur. Je frappais là où il fallait, j’observais la colère, la tristesse, ou autre, grandir chez l’autre, et je savourais mon pouvoir, en me dégoûtant chaque fois un peu plus. Là, ce qui avait changé, ce qui était moins habituel, c’était juste qu’elle avait cessé d’être touchée. Et ça m’avait vexé. Ce n’était quand même pas la première fois que ça arrivait, et même si c’était rare, je n’aurais pas du être perdu comme ça. Et pourtant… J’étais toujours silencieux. J’avais même l’impression que j’avais du mal à respirer. C’était très chelou.

    « Je… j’y suis déjà allé… »

    J’avais l’impression de pédaler dans le vide à la recherche d’un support pour reprendre pied.

    « J’suis un c#nnard, y’a rien de plus à savoir. »

    Ma voix me semblait… étrangère. Comme si ce n’était pas moi qui prononçais ces mots. Comme si quelqu’un les prononçait à ma place, Emmanuel par exemple. Hé ! ne m’inclus pas dans la discussion quand même ! C’est toi qui parles, c’est juste que tu ne te reconnais pas, parce que tu ne sais même pas pourquoi tu réagis comme ça, point !. En fait, j’étais comme… fatigué. J’haussai les épaules, blasé. Ah voilà ! C’était ça mon état ! J’étais blasé, tellement blasé par mon attitude, par la monotonie de cette pièce de théâtre, que j’étais incapable d’aller dans les extrêmes. J’étais tellement blasé par mon attitude que… voilà, j’étais las. Et c’était pour ça que ma voix était atone. C’était pour ça, aussi, que la rage qui me serrait les tripes habituellement, ou la légèreté de mes propos, m’avaient déserté. C’était pour ça que je pouvais donner l’impression de bouder. Mes épaules se décrispèrent, comme tous mes muscles d’ailleurs, tandis que j’étais soulagé de me comprendre à nouveau. La compréhension… c’était quelque chose d’important pour moi, parce que de toute manière, j’avais toujours tout compris rapidement, ou presque. Les cours, je n’y accordais qu’une once de mon attention, et tout rentrait dans ma mémoire pour ne plus en sortir, les concepts n’offrant aucune résistance à mon esprit. Les attitudes des gens ? Ca m’était moins aisé, mais généralement par déduction, j’arrivais à saisir le principal. Mais le plus important, c’était la compréhension que j’avais de moi-même. Et ça… ça… si on me l’ôtait, ou si on la limitait, je le vivais très mal, comme un peu plus tôt.

    « Cassez vous si vous voulez être tranquille, j’étais ici le premier. Vous, vous êtes une pièce rapportée, comme moi, alors c’est pas à moi de me barrer. J’suis très bien ici, moi. Si vous avez besoin de changer d’air, vous avez qu’à vous barrer, je vous ai pas retenue à ce que je sache. »

    Première défense ? L’attaque. J’attaquais, mollement à mon goût, pour reprendre un peu plus pied. Qu’elle se casse si c’était ce qu’elle voulait, je conservais l’idée qu’elle fuyait. Moi aussi je fuyais, moi aussi je mentais, moi aussi, je me leurrais, mais je m’en foutais. Alors qu’elle s’en fiche elle aussi, mais la fuite n’était pas une solution. C’était tout ce que je pouvais lui dire.
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MessageSujet: Re: « L'été est fini mais l'automne est si beau ! » [Livre I - Terminé]   « L'été est fini mais l'automne est si beau ! » [Livre I - Terminé] EmptyMar 23 Juil - 12:17

« L'été est fini mais [...] »

Quand il n’avait pas du tout répondu à son petit discours qui tentait de l’analyser vaguement – après tout, on ne pouvait se vanter de connaître une personne en lui parlant seulement une fois, et en plus en se disputant avec elle – Annabelle avait alors compris qu’elle avait peut-être visé juste. De toute façon, il ne fallait pas être sorcier pour comprendre qu’Alexandre avait un problème. Lequel exactement, c’était difficile à dire, mais il en avait un. Ce n’était pas possible autrement. Qu’il ait une case en moins ou une case en trop, cela lui donnait une attitude et un comportement étranges. Et son petit « oh » la surprit tellement qu’elle avait failli ne pas continuer d’exprimer le fond de sa pensée. Mais elle n’avait pas cessé, et elle s’en félicitait. Elle en avait marre d’être et de paraître faible face aux aléas du quotidien. Et Alexandre était un aléa difficile à interpréter. D’abord très agréable, il avait tourné rapidement vers une source d’énervement ingérable. Alors il lui avait paru préférable de se sortir de là, quitte à le laisser imaginer qu’elle fuyait.

Son petit « oh » qui avait plané dans l’air un instant, comme s’il ne s’était pas attendu à ce qu’elle réplique. Mais pour qui se prenait-il ? Est-ce que tous les gens qu’il agressait de la même manière qu’il avait agressé Annabelle ne se défendaient pas ? Elle avait du mal à imaginer l’idée possible. Les gens n’étaient tout de même pas tous faibles et facilement impressionnables. Elle pensa à Raulne par exemple, qui devait être le chef d’Alexandre. Si ce dernier s’adressait à son supérieur avec le même ton qu’il venait de prendre, il devait mordre la poussière très souvent. Elle n’arrivait pas à imaginer que le lieutenant ne réponde pas de manière virulente à des propos et un ton comme ceux-là. Si elle ne savait pas tout de l’armée, elle se doutait que l’ordre devait être respecté et un soldat qui s’adressait de manière brusque à un supérieur, cela devait bien donner suite à quelques sanctions. Était-ce pour ça qu’il passait ses nerfs sur des pauvres civils comme elle ? Elle n’arriva pas à prendre pitié de lui.

Lorsqu’il répondit d’un ton faible, elle haussa les sourcils et s’arrêta net pour se retourner quelque peu vers lui, attendant qu’il continue. Ce qu’il fit rapidement, avec une voix très étrange, bien différente de celle qu’il avait employée jusque-là. Il haussa les épaules et Annabelle s’en voulut un peu de lui avoir parlé durement. Juste un peu. Parce qu’il avait quand même été un véritable salaud juste avant. Et qu’il méritait ce qu’elle lui avait dit. Mais elle ne lui répondit pas. Ni à son « je suis déjà allé voir un psy » ni à son « je suis un connard ». Qu’y avait-il à dire de toute façon ? À la première phrase, elle n’avait rien à répondre de particulier, et à la deuxième… et bien, c’était vrai. Et visiblement il en avait conscience, ce qui était déjà un bon point. Elle n’allait pas lui dire que oui, il en était un. Ça ne servirait à rien, puisqu’il le savait.

La sangle de son sac toujours fermement accrochée à son épaule, elle l’écouta débiter mollement sa petite attaque, pour la faire partir. Elle allait partir de toute façon, et il le savait. C’était comme s’il avait besoin de cracher son venin une dernière fois. Mais Annabelle n’était plus dupe.

« C’est exactement ce que nous sommes : des pièces rapportées. Alors, au lieu de nous battre, on ferait mieux de se serrer les coudes. »

Cette fois-ci, vraiment, elle se mit à marcher pour s’éloigner de lui et n’attendit plus aucune réponse de sa part. Elle s’était assez battue pour aujourd’hui. Son pas n’était pas pressé quand elle mit de la distance entre lui et elle mais les feuilles volaient néanmoins sur le sol, tourbillonnant comme pour l’amener dans leur danse. Ses pas crissaient sur les feuilles mortes, et ce son lui occupa les oreilles, si bien qu’elle n’entendit même pas s’il lui avait répondu. Peu importait. Lorsqu’elle tourna au coin de l’église, elle sut qu’il ne pouvait plus la voir et elle soupira sans s’en rendre compte. Comment faisait-elle pour toujours tomber sur des individus si spéciaux depuis qu’elle était à Louisville. Est-ce qu’il y avait au moins une personne normale en ces lieux ? Seul le vent lui répondit, sifflant dans ses oreilles et la poussa dans le dos alors qu’elle débouchait sur la grand-place où plusieurs personnes s’affairaient. Elle les contempla un instant, avant de se décider sur sa route. Elle s’engouffra dans une petite ruelle, à l’opposé de l’église, espérant mettre de la distance entre cet énergumène horripilant et elle-même.

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MessageSujet: Re: « L'été est fini mais l'automne est si beau ! » [Livre I - Terminé]   « L'été est fini mais l'automne est si beau ! » [Livre I - Terminé] EmptyDim 18 Aoû - 21:24

J’étais boudeur, j’étais gamin, j’étais … rieur ? Je l’avais attaquée mollement, plus pour la forme qu’autre chose : c’était presque si je n’étais pas convaincu de ce que je disais – presque hein, il ne fallait pas abuser non plus, oui, bien sûr, n’abusons pas. Bref. Dans tous les cas, j’attendais sans impatience, pour une fois, ce qu’elle allait me balancer par-dessus son épaule. Sa réaction ne se fit pas attendre, et je la recueillis avec tout le respect que je lui devais, c'est-à-dire avec un sourire goguenard, insolent, et une attitude tout aussi gamine que provocante.

« C’est exactement ce que nous sommes : des pièces rapportées. Alors, au lieu de nous battre, on ferait mieux de se serrer les coudes. »

Se serrer les coudes ? Ouh la bonne blague, elle avait mangé un carambar ? Tiens, d’habitude tu sors plutôt un « elle a mangé un clown ! » J’avais décidé d’innover très intelligemment, et je me flattais encore de me savoir si drôle et si merveilleusement génial dans mes trouvailles humoristiques qui n’avaient pas leur pareil en France, et même dans le monde, et même dans toute la galaxie – je ne voulais pas trop m’avancer en agrandissant encore ce cercle de génie à l’univers dans son ensemble. Ca va les chevilles, Alex ? Elles vont bien, elles vont bien : c’était ma jambe qui s’était pris un éclat d’obus, pas mes petites, si petites chevilles. Bref. Encore une fois, je m’égarais. Je raillai :

« Au lieu de nous battre ? Roooh, mais on se taquine, c’est tout, on ne se bat pas ! En revanche, vu la petite caresse dont vous m’avez fait grâce un peu plus tôt, c’est moi qui suis un pauvre petit enfant battu par la vieille carcasse rencontrée au détour d’un platane… si c’est pas triste… »

Echec. Elle était déjà trop loin pour me répondre. J’haussai les épaules, décidant aussi simplement que ça de passer à autre chose. J’allais pas me pourrir ma journée à cause d’une photographe sans humour, nan mais oh. Et puis, il y avait tellement plus de chose à faire, comme par exemple aller organiser un tournoi de foot avec les petits désœuvrés pour les œuvrer et pour m’occuper moi aussi. Un coup d’œil à ma montre m’apprit que j’avais vaguement quelque chose d’autre à faire et j’étouffai un soupir de frustration. Voilà. A cause de Dubois j’avais dilapidé tout mon temps libre. Fais ch#ier. C’était nul, c’était pas chouette, c’était pas du tout cool et pire que tout : j’avais pas envie de faire quelque chose d’utile, maintenant. La mort dans l’âme, je me mis en route pour aller relever quelqu’un de planqué dans les trous qu’on avait creusés, histoire d’obéir un peu à ce qu’on m’avait demandé de faire. Je sifflai Baxter qui bondit sur ses pattes pour me rejoindre. J’avais pas envie, mais il fallait que je le fasse. L’idée d’ « oublier » me tentait horriblement : si j’oubliais, nul ne pourrait décemment m’en vouloir non ? C’était humain d’oublier qu’on était sensé faire quelque chose, non ? Tu abuses Alex, tu n’essayes même pas de te convaincre toi-même de ce que tu avances, tu attends juste une illumination divine pour avoir une bonne raison de ne pas faire ce que tu n’as pas envie de faire. Dans le mille… Mais bon, il ne coûte rien d’essayer, au pire, le seul truc qui puisse arriver c’est que ça marche et que je m’en convainque. Et ça, ce serait vraiment cool. Tout comme ce serait chouette que Dubois arrête d’être bête, que Valentine soit là, que je retrouve Tusto, Emmanuel, Diego, Blandine, Enzo, Trucmuche… bref, plus de gens.
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