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MessageSujet: L'heure du réveil a sonné [Livre 1 - Terminé]   L'heure du réveil a sonné [Livre 1 - Terminé] EmptySam 9 Mar - 23:05





L'heure du réveil a sonné
Annabelle & Lucas
« Se réveiller, c’est se mettre à la recherche du monde. »



Spoiler:

Une douleur aiguë l'assaille sans qu'il ne réussisse à localiser sa provenance. Il se contracta et tenta de bouger sans y parvenir sans lâcher un grognement de douleur. Sa jambe. Sa jambe lui hurlait de ne plus faire un geste. Il s'exécuta et ouvrit un oeil qu'il referma aussi tôt. Le voila dans un autre monde. Un monde où tout semble vie, trop pour lui. Il s'y tenta à nouveau, serra ses mains sur ses tempes dans l'espoir vain qu'appuyer sur celles-ci en laissant ses yeux ouverts pourraient lui faire passer cette douleur lancinante. Evidemment, ce n'eut que très peu d'effet, seul le temps pouvait guérir et accoutumer. Il lui fallut plusieurs minutes pour se faire à l'environnement autour de lui. Son cerveau, non-irrigué depuis ce qui semblait une éternité, ne voulait que difficilement faire son travail. Lucas regarda ses jambes. Regarda ses mains, son torse puis observa la pièce dans laquelle il se trouvait sans comprendre. Si l'image globale lui rappelait l'un des lieux qu'il avait fréquenté un nombre incalculable de fois, l'hopital, il n'arrivait pas à remettre la cause de sa venue. Il ne reconnaissait pas non plus l'hôpital de sa ville. Celui ci semblait moins spacieux que celui de Nantes et fortement désert. Il avait le souvenir des hopitaux bruyant et bondés où les infirmières et aides soignantes s'afferaient à leurs tâches sans se soucier des besoins de sommeil de Lucas. Son mollet gauche lui lança un nouveau pique de douleur qui le fit grogner.

Put*** ! C'est quoi ce bor***?

Lucas avait l'impression d'avoir raté quelque chose. Quelque chose d'important. Mais quoi? Il ne savait pas. Un bruit sourd lui parvint. Il sursauta et se frappa la tempe de sa main droite. Une image embrouillait lui vint. Il voyait une partie d'une maison voler en éclats alors qu'il se projetait sur le côté. La scène disparut aussi vite qu'elle lui était venue. Pourquoi avait-il la désagréable impression d'avoir vécu une partie d'une histoire qui le dépassait complètement. Plus encore aujourd'hui qu'hier.

Malgré les avertissements et cris de contestation de sa jambe, Lucas se redressa dans son lit de sorte à être assis et adossé à celui ci. Il resta un moment comme ça, le regard dans le vague à essayer de comprendre ce qu'il ne pourrait comprendre tout de suite et tout seul.

La porte s'ouvrit.


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MessageSujet: Re: L'heure du réveil a sonné [Livre 1 - Terminé]   L'heure du réveil a sonné [Livre 1 - Terminé] EmptyLun 11 Mar - 22:54

L'heure du réveil a sonné.

L’hôpital avait cette désagréable odeur qu’Annabelle avait toujours détestée. Des relents aseptisés, qui s’insinuaient dans ses narines dilatées par le dégoût qui l’envahissait à chaque fois qu’elle franchissait les portes d’un centre hospitalier. Elle essaya de ne pas y penser et inspirait par moments par la bouche mais cela lui donnait encore plus la nausée. Bon sang qu’elle détestait les hôpitaux. Elle était incapable de dire pourquoi elle les exécrait mais, aussi loin qu’elle se souvenait, elle ne les avait jamais aimés. En cette période de guerre, les blessés étaient encore plus nombreux et avaient tous rejoints le lieu pour se faire soigner d’urgence. La jeune femme avait l’impression que la phase difficile était passée mais elle ne pouvait réellement en être certaine. Elle avait soigneusement évité les longs couloirs et avait pris le chemin le plus court pour rejoindre la chambre qui l’intéressait.

Elle était arrivée seulement une demi-heure plus tôt. Directement, elle s’était rendue au chevet du patient qui était étendu là depuis deux jours déjà. Annabelle avait tenu à passer régulièrement lui rendre visite, même s’il était resté inconscient pendant toutes ses visites. Elle ne connaissait même pas son nom et elle se sentait pourtant responsable de lui. Après tout, c’était elle qui l’avait trouvé aux abords de Louisville quelques quarante-huit heures plus tôt, et c’était également elle qui l’avait amené directement à l’hôpital. Il lui avait semblé tellement mal… Elle espérait qu’il allait bientôt ouvrir les yeux pour qu’elle puisse ne fut-ce que lui parler quelques minutes. Bizarrement, attendre son réveil avait occupé ses journées bien vides et futiles. Il avait presque trouvé un sens à cette existence morne qui était la sienne depuis quelques semaines maintenant. Dire qu’elle s’était intégrée aux habitants de la ville était un énorme mensonge et une désillusion. Et lui semblait comme un échec personnel. Elle n’était tout de même pas méchante, ni asociale, ni… bizarre. Alors pourquoi personne, à part quelques autres réfugiés comme elle, ne semblait vouloir faire d’elle non pas une amie mais au moins une connaissance, avec qui passer un peu de temps sans se prendre la tête. Elle avait désespérément besoin de pouvoir avoir une discussion normale avec quelqu’un.

Lorsqu’elle constata que l’inconnu ne semblait pas se réveiller encore cette fois-ci, elle ressortit de sa chambre. Elle se dirigea vers la petite salle d’attente qui se trouvait juste au bout du couloir, un peu avant les ascenseurs, et alla y prendre un verre d’eau à la fontaine qui s’y dressait. Lentement, elle le porta à sa bouche pour en boire une gorgée et laissa son regard dériver autour d’elle. Certains patients étaient sortis de leur chambre pour faire quelques pas, tandis que des blouses blanches sortaient par des portes cinglées d’un « accès personnel médical » qui dissuadait tout un chacun de s’y aventurer. Elle avala encore une autre gorgée, laissant les minutes s’écouler paisiblement pendant un instant, et reprit d’un pas lent le chemin vers la chambre un peu plus loin. Elle doutait qu’il se réveille aujourd’hui. Les médecins l’avaient prévenue : il était très affaibli à son arrivée à l’hôpital et il allait avoir besoin de beaucoup de repos.

Soupirant, elle poussa la porte et, immédiatement, ses yeux cherchèrent le visage de celui qu’elle avait abandonné quelques minutes à peine auparavant. Annabelle faillit lâcher le gobelet. À la place, elle ouvrit la bouche pour laisser une petite exclamation franchir ses lèvres :

« Oh ! »

Il était assis, là, dans son lit. Il était réveillé. Bel et bien réveillé. Est-ce qu’il allait se souvenir d’elle ? Se souvenir qu’elle l’avait conduit ici ? Chassant ces questions, et décidant qu’un « oh » n’était pas la meilleure façon de l’aborder alors qu’il venait enfin de se réveiller, elle s’approcha du lit, et s’arrêta à deux bons mètres de lui.

« Bonjour. Comment vous vous sentez ? »

Elle avait adopté un ton doux et calme, comme si sa voix pouvait apaiser momentanément la douleur qu’il devait probablement ressentir. Il avait dû subir de nombreux soins en arrivant et il était plus qu’évident qu’il se réveillerait certainement avec un mal de crâne. Elle avait concentré toute son attention à l’homme en face d’elle et son gobelet d’eau serré entre ses doigts était complètement tombé dans l'oubli…

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MessageSujet: Re: L'heure du réveil a sonné [Livre 1 - Terminé]   L'heure du réveil a sonné [Livre 1 - Terminé] EmptyVen 22 Mar - 21:36

« Un jour, un homme m'a dit « Si tu as mal, dis toi qu'un jour tu auras encore plus mal et accepte cette douleur comme propre à toi puis avances. Avances en oubliant et tu verras, tout te semblera moins douloureux ». Ces mots ont fait écho dans ma tête ces treize dernières années que ce soit pour une douleur d'ordre physique, mentale ou sentimentale. Il m'est arrivé de me prendre des « claques dans la gueu** » à ne plus m'en relever pourtant, à chaque fois, alors que je pensais que je ne me relèverai pas de l'attaque, je finissais par remonter cette pente insurmontable. J'arrivai à passer au delà de cette douleur qui me brulait le coeur, qui me brulait le corps, qui m'arrachait les tripes.

Si la douleur physique qui m'enlaçaient inlacablement me faisait ressentir la moindre partie de mon corps ce n'était rien en comparaison à la bombe qui allait ballayer les croyances de mon réveil... »


Lucas s'était réinstallé dans le lit dans une position qui ne lui permettait guère de se sentir mieux. Son corps lui soufflait dans un mumure de ne plus bouger ou l'arrêt de celui-ci se referait sans attendre mais Lucas, comme à son habitude, ne l'écouta pas n'écoutant que lui et sa vision de la douleur: superficielle. Rougissant presque de ressentir une telle douleure dans son corps, il grogna à plusieurs reprises sans désserrer les dents et se rendit compte, avec désespoir, qu'on lui avait posé une poche. Levant le drap et son calçon, il découvrit l'objet de sa crainte qu'il suivit du regard jusqu'à une poche accroché au lit.

« Pas ça... »

Rebaissant le drap, il ne fit pas attention qu'une personne venait d'entrer dans la pièce.

« Oh »

Le jeune homme tourna son regard vers elle et n'eut pour toute réponse qu'un « oh » souriant.

Bonjour. Comment est-ce que vous vous sentez ?

Passant une main dans ses cheveux, qu'il trouva étrangement plus long qu'à son dernier souvenir, son bras se contracta lui échappant un nouveau grognement avant de reposer sa main sur sa cuisse. Il jugea, par la douleur, que son épaule avait été démise puis remise en place par le corps médical. Qu'avait-il fait? S'était-il une nouvelle fois battu? Avait-il eu un accident de la circulation en allant à Cherbourg? Un silence s'installa pendant qu'il cherchait dans ses souvenirs une réponse oubliant complètement la présence de la jeune femme et sa question par la même occasion. Ce n'est que lorsqu'il comprit qu'il n'avait aucune réponse en lui qu'il se tourna vers la jeune femme. Il sourit.

Excusez-moi, je … réfléchissais... Disons que je me sens … trop.. si vous voulez mon avis.. Mais dites-moi, je me suis battu avec qui cette fois-ci? J'espère qu'ils étaient plusieurs... au moins pour ma fierté...

Il lâcha un léger rire. Lucas savait qu'il se souviendrait d'un accident mais pas forcement d'une bagarre qui aurait mal tourné. Il avait tendance à oublier ce genre de chose qu'il considérait pas cela comme quelque chose de bien important. La bagarre c'était sa vie. Son frère avait l'habitude de le savoir à l’hôpital ou tout du moins en clinique. Il ne passait pas le voir, trop occuper, mais essayait toujours de joindre sa chambre.

Est-ce que mon frère a essayé de me joindre? Et puis... je suis où exactement? A Cherbourg? Excusez moi de poser toutes ces questions mais je crois que mon cerveau est trop embrouillé pour additionner un plus un...

Il sourit et leva machinalement la main vers son crâne, geste typique de gêne, en oubliant son épaule douloureuse. Il grimaça puis reposa à nouveau sa main. Trop perturbé par son absence de souvenir, le mécanicien ne s'était pas rendu compte de la tenue de la jeune femme, ce n'est qu'après une minute d'observation qu'il fit le rapprochement. Elle n'était pas médecin ni infirmière ni... rien du tout. Pourquoi était-elle là? La migraine lui reprit. Sa tête vacilla doucement.

« A ce moment là, je ne savais rien et j'étais loin de m'imaginer ce qui s'était réellement passé... A ce moment là, je ne savais pas que mon frère était perdu et que, je l'étais aussi sans m'en rendre compte
... »
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MessageSujet: Re: L'heure du réveil a sonné [Livre 1 - Terminé]   L'heure du réveil a sonné [Livre 1 - Terminé] EmptyLun 1 Avr - 10:25

L'heure du réveil a sonné.

La surprise à le voir éveillé à son retour dans la chambre avait fait s’afficher sur son visage un sourire sincère. Elle était contente qu’il se soit enfin réveillé. Elle l’observa se passer une main dans les cheveux, visiblement à la recherche de souvenirs précédents l’arrivée à l’hôpital. Annabelle attendait impatiemment qu’il dise quelque chose, pour la rassurer sur son état. Elle avait à cœur qu’il aille bien et qu’il se remette vite. Elle évita de penser que plus vite il se remettrait, plus vite il quitterait cet endroit et plus vite elle n’aurait plus à y mettre les pieds. C’était ridicule, comme de penser qu’il souhaiterait garder contact avec elle après être sorti de l’hôpital. Il allait probablement aller rejoindre sa famille et ils ne se recroiseraient plus. Elle ne pouvait s’expliquer cet attachement soudain pour cet homme qu’elle ne connaissait pas trois jours auparavant, si ce n’était par le fait qu’elle se sentait enfin utile dans cette ville, dans cette communauté qui ne l’acceptait pas… Enfin il prit la parole et elle se rapprocha encore un peu, tout en lui laissant assez d’espace vital pour ne pas qu’il se sente acculé par une inconnue.

En l’entendant rire, elle sourit plus largement aussi. Il ne devait pas aller si mal s’il riait, non ? Elle n’était pas médecin mais elle avait tendance à croire que le rire ne pouvait émerger que lorsque le corps était suffisamment libre de douleur pour le faire. Elle le laissa poser toutes les questions qu’il voulait avant de lui répondre du ton toujours calme qu’elle avait adopté précédemment.

« Vous n’êtes pas à Cherbourg. Vous êtes à l’hôpital de Louisville. Vous ne vous souvenez pas être venu jusqu’ici ? »

Le nom de Cherbourg lui avait sonné dans les oreilles, réveillant encore une fois ces souvenirs de sa fuite de Saint-Lô jusqu’à Louisville. Bon sang, est-ce qu’elle allait sursauter à chaque fois qu’elle entendrait ces noms de ville ? Combien de temps allait-elle rester dans cette peur dévorante qui pressait son cœur dans un étau de fer ? Elle soupira légèrement et reprit son explication à l’homme qui devait se poser plein de questions.

« Ne vous en faites pas, la mémoire va certainement vous revenir très vite. A ce que je sais, personne n’a cherché à vous joindre… Mais la situation fait que toute communication est difficile alors je ne sais même pas si votre frère sait que vous vous trouvez là. »

Elle essayait de ne pas l’abrutir de questions et d’informations inutiles pour l’instant. Les médecins avaient dit qu’il serait fragile quelques temps après son réveil et qu’il allait falloir éviter de le brusquer. Néanmoins, le côté curieux d’Annabelle la laissait rarement tranquille et elle avait ce besoin incessant de savoir.

« Et je n’ai aucune idée de ce qui vous est arrivé avant que je vous trouve. Peut-être vous êtes-vous battu, parce que vous aviez plusieurs sales blessures, mais je vous ai trouvé dans cet état aux abords de la ville alors il n’y a que vous qui pouvez répondre à votre propre question. »

La tête de l’homme en face d’elle vacilla un instant et elle se rapprocha pour lui toucher l’épaule, un air inquiet sur le visage.

« Doucement. Vous avez été plongé dans le sommeil pendant deux jours, il vous faut encore du repos. »

Elle repoussa une mèche de cheveux derrière son oreille en l’observant tranquillement, comme pour déceler rien qu’à ses traits comment elle pourrait l’aider et ce qu’elle pourrait faire pour qu’il aille mieux, tout en sachant que seul le repos serait la chose à faire. Elle ne devrait pas rester près de lui alors qu’il avait besoin de calme. Pourtant, elle resta.

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MessageSujet: Re: L'heure du réveil a sonné [Livre 1 - Terminé]   L'heure du réveil a sonné [Livre 1 - Terminé] EmptyVen 10 Mai - 20:52





L'heure du réveil a sonné
Annabelle & Lucas
« Se réveiller, c’est se mettre à la recherche du monde. »




« L’aiguille tourne, elle fait tic-tac, elle emplie la salle de ce son brut et déroutant : tic, tac, tic, tac puis un tac s’accroche, le tic semble porté disparu. Je l’attends. Je l’attends si fort que je me perce les mains avec mes ongles. Pourquoi cette seconde ne veut pas passer ? Je vous le demande. Pourquoi ? Pourquoi le monde s’est-il arrêté ? Pourquoi cette jeune femme me semble si lointaine ? Si fausse ? Je la regarde. Je vois ses lèvres remuer. Je vois son corps s’articuler en s’approchant alors que je vacille. Mais le temps, lui, n’avance plus. Aujourd’hui, en cette seconde, le temps s’est arrêté pour m’emprisonner dans un brouillard de plus en plus épais. Que faire ? Que dire ? Qu’accepter ?

Une seconde plus tôt…

Au début je ne compris pas. Louisville ? Pourquoi cette ville ? C’était bien loin de Cherbourg et cette ville ne faisait pas partie de mon itinéraire, loin de là. Cela faisait longtemps que j’avais oublié cette ville qui me rappelait trop de souvenirs familiaux. Des communications difficiles ? Une situation particulière ? Une panne de courant peut être mais c’était en rien une situation assez délicate pour que le ton de la jeune femme semble si inquiet malgré son désir de le cacher. Me trouver blessé ? Ca expliquait ma venue dans cet hôpital mais nullement la cause de mes blessures. De quel type étaient-elles ? Mon premier pressentiment me revint plus fort que jamais : j’avais perdu le fil d’une histoire bien plus importante que moi et plus les questions sans réponses me venaient plus ma panique grimpait. Un sentiment qui était enfui en moi depuis mes premières armes et que je pensais contrôler. Je manquai d’air. Ma tête était lourde.

Un milliard de secondes perdues dans le brouillard de mes pensées et pourtant, une simple seconde plus tard…

Puis ça me vint, cette odeur de fumer et de sang. Je suffoquai, je m’étouffais dans cette poussière ambiante. Le jour, la nuit, tout semblait inexistant. Les cris. Les cris me glacèrent le sang. Je me sentais propulser sur le côté. Je me sentais courir à bout de souffle avec ce goût brulant dans la bouche et dans mes poumons et cette odeur, cette odeur de mort qui se répandait aussi vite qu’une nuée de sauterelle sur un champ de blé. Je me sentais hurler. Je sentais mon doigt presser la détente aussi implacable que l’homme qui sauve sa vie. Je me sentais me battre. Me battre pour la vie. Celle des gens autour de moi puis, surtout, pour ma vie. Mon cœur battait mais mon cerveau ne réagissait plus qu’à l’adrénaline. La guerre.

Mon regard se brouilla davantage alors que je luttais pour inspirer un air pur. Je ne savais comment prendre ces impressions, ce n’était pas des souvenirs comme on peut l’imaginer. Pas d’image. Aucune image juste des sensations enfuies en moi qui venaient m’assaillir dans ma panique. Une panique franche. Il était sûr d’une chose : rien, rien ne serait plus comme avant.

Je ne sais ce que fit ou dit la jeune femme mais la seconde passa. Les contours blancs de la chambre me revinrent, plus blancs qu’ils ne l’avaient jamais été. Puis les cheveux blonds et le regard inquiet de la jeune femme me frappèrent, me ramenant définitivement à la réalité. Je mis plusieurs minutes à me remettre de l’expérience et à récupérer un souffle et une prestance à peu près correcte tout à fait honteux d’avoir affligé à la femme, cette vision de moi-même.

Ce n’était pas ma première crise de panique, la première avait eu lieu après un attentat en terre d’Afrique après ma première mission à l’étranger. Le genre de chose dont on se remet difficilement mais on m’avait aidé à me contrôler, pas assez à priori. Je tentai de me ressaisir sans véritable succès mais tenta d’exprimer mes pensées.

Une … une guerre c’est ça ? Nous… nous sommes en pleine guerre ?

Je m’arrêtai, la gorge sèche.

Je pourrai avoir de l’eau ?

Je ne fis pas attention au collier militaire posé près de la carafe et de l’eau trop troublé par la bombe qui s’était échouée dans ma tête. Je bus une gorgée et tâcha de reprendre le dessus méthodiquement. Une part de moi doutée et espérée avoir raison cependant je le savais déjà, ce n’était que le début. Je me réinstallai.

Je ne sais pas si j’ai vraiment envie de savoir ce que vous savez… Thomas… faut que je sache pour mon frère… Cherbourg… Cherbourg, vous avez des nouvelles de Cherbourg ? Des soldats s’en sont sortis ? Dites-moi !

Mon cœur passa la 5eme ainsi que ma respiration. Une seconde passa, le temps de me ressaisir à nouveau. Et dire que ce ne fut que le début…. »



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MessageSujet: Re: L'heure du réveil a sonné [Livre 1 - Terminé]   L'heure du réveil a sonné [Livre 1 - Terminé] EmptyLun 20 Mai - 20:02

L'heure du réveil a sonné.

L’homme semblait complètement perdu. Annabelle avait l’impression qu’il n’avait pas écouté un traître mot de ce qu’elle avait dit. Qu’est-ce qui avait bien pu lui arriver avant qu’elle ne le découvre à moitié mort aux abords de la ville ? Il semblait plongé dans ses souvenirs et elle ne put que le regarder œuvrer pour les retrouver sans pouvoir l’aider en quoi que ce soit. Elle eut l’impression d’observer une image d’elle-même lorsqu’elle était perdue dans ses souvenirs propres. Ceux de l’agression notamment. C’était donc cette image qu’elle projetait au monde quand elle était ravagée par les souvenirs douloureux ? Il eut des difficultés à respirer et elle attendit patiemment que cela cesse et reprenne un rythme normal.

« Ça va aller. Calmez-vous. Respirez. Ils vont partir. »

Elle ne savait pas trop d’où lui venaient ces mots. Elle les murmurait, comme une incantation. Elle savait juste que c’était ce qu’il lui semblait bon de dire en cet instant, pour aider cet homme autant que possible. Elle se pencha légèrement vers lui, sa main toujours sur son épaule, et tenta de capter son regard perdu. Après quelques secondes, elle y parvint, ou plutôt il se raccrocha à elle et il reprit ses esprits. Lorsqu’il parla, elle lâcha son épaule, et s’éloigna de quelques pas.

« Oui, nous sommes en guerre. Depuis deux semaines maintenant. »

Est-ce qu’il ne se souvenait donc de rien ? De tous les événements récents ? De tout ce qui s’était passé ? Ces explosions ? Ces combats ? Annabelle avait l’impression soudainement qu’elle n’était plus à sa place. Qu’est-ce qu’elle faisait là ? Elle n’avait rien à faire là. Ce n’était pas à elle d’expliquer à cet homme l’horreur qu’était devenu le monde. Non, elle n’avait pas la force de lui dire tout ça. Elle recula encore d’un pas sans pour autant quitter la pièce.

Elle se dirigea néanmoins vers la table de chevet du patient pour verser un verre d’eau avant de le lui tendre. Elle recula à nouveau dès qu’il eut saisi le gobelet. Une chape de souffrance s’était déversée sur la chambre et elle n’avait plus du tout envie de se trouver là. Elle ne saurait pas lui donner les informations qu’il désirait tant. Il fallait qu’elle parte. Lorsqu’il parla à nouveau, elle crut que ses questions ne viendraient pas.  « Je ne sais pas si j’ai vraiment envie de savoir ce que vous savez… » Bien, alors ne continue pas, reste sur ça, cela suffit. Mais il continua tout de même et elle était déjà triste des réponses qu’elle allait devoir lui donner.

« Personne ne sait ce qui se passe à Cherbourg actuellement. Peut-être que les militaires le savent, mais nous les civils, on est au courant de rien. »

Elle n’ajouta rien. Il n’y avait rien à ajouter.

« Je suis désolée, je ne sais rien de plus. » Elle marqua une petite pause avant de continuer. « Comment vous appelez-vous ? Je… j’ai vu un nom sur ça. » Elle pointa du doigt le collier sur la table de chevet. « Thomas Asling. Je présume d’après ce que vous venez de dire que c’est votre frère ? »

Elle ne savait pas que faire, que dire. Elle n’avait pas envie de le faire souffrir plus que ce n’était déjà le cas, mais il devait aussi se rendre compte de la situation.

« Je vais appeler une infirmière, les médecins doivent être prévenus que vous vous êtes réveillé. Je reviens dans quelques minutes. »

Annabelle avait bien conscience qu’elle avait pris la première excuse pour sortir de là. Elle n’était pas celle qu’il fallait pour cet homme à cet instant. Elle n’avait aucune compétence en la matière. Elle ne pouvait pas lui raconter, lui expliquer. Il fallait que quelqu’un d’autre le fasse à sa place. Elle croisa une infirmière à peine sortie de la chambre et lui dit rapidement que le patient venait de se réveiller. Sur un signe de tête, celle-ci s’éloigna prestement pour aller chercher un médecin qui ne tarderait pas à arriver pour l’examiner. La jeune femme resta un long moment comme pétrifiée dans le couloir avant de se décider à revenir dans la chambre. Avec un petit soupir inaudible, elle poussa la porte…

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MessageSujet: Re: L'heure du réveil a sonné [Livre 1 - Terminé]   L'heure du réveil a sonné [Livre 1 - Terminé] EmptyLun 27 Mai - 19:42





L'heure du réveil a sonné
Annabelle & Lucas
« Se réveiller, c’est se mettre à la recherche du monde. »




La peur paralyse. La peur paralyse puis nous rend fou. Elle nous prend aux tripes et ne nous lâche pas, désireuse de nous pousser vers des extrémités inconnues de nous-même. La peur rend fou. Elle nous pétrifie puis elle nous absorbe et nous montre une partie de nous que nous aimerions ne rencontrer ou retrouver. Elle nous fait sortir de nos retranchements. Elle nous montre du doigts ce qu’on évite depuis le début, ce que l’on cache. Notre caractère. Nos faiblesses. Nos craintes. Nos désirs inavoués. La peur s’émise en nous et nous brûle. Elle nous lit et s’approprie ce que nous avons de plus enfuis en nous pour nous affaiblir davantage ou nous pousser vers des actions involontaires.

L’impuissance que je ressentais face à ces nouvelles finissait de m’achever sur mon lit d’hôpital. Je comprenais enfin la raison de mon hospitalisation sans toutefois me souvenir des coups reçus. Le néant abyssal de mes souvenirs me frappait davantage que les coups apriori reçu durant mon périple pour arriver dans cette ville. Louisville. Pourquoi mes pas m’avaient amené ici ? Précisément dans cette ville ? Et d’où est-ce que je venais ? Où est-ce que j’étais avant que ce chaos ne commence ? Je ne savais pas. J’étais perdu. J’étais perdu comme ce jour-là, 20 ans plus tôt. J’avais 7 ans, je courrai dans la forêt alors qu’on me l’avait formellement interdit. Je voulais me cacher. Je voulais gagner. Mon frère m’a recherché puis mes parents et en fin une partie de la ville. La nuit était froide. J’avais froid. Je grelotai tout en cherchant le chemin du retour. Le chemin du foyer, du bon feu, du repas et de ma famille. J’ai voulu perdre cette nuit-là et ce pour la première fois. C’est mon frère qui me sorti de cette nuit noire et glaciale. Cette fois-ci, pouvait-il seulement encore se sortir lui-même du noir ?

La jeune femme me touchait l’épaule et semblait vouloir le calmer. Je me raccrochai alors à cette femme qui avait la lourde tâche de m’apprendre la fin du monde. Je me sentais à présent comme un enfant à qui on apprenait que le père noël n’existait pas. Perdu. Abattu. Incompris. Je ne pouvais même pas voir des indices. Quand j’ai appris la supercherie du père noël, je me suis rapidement souvenu de certains détails étonnant qui ne m’avaient pas plus perturbé que ça au début. Au fur et à mesure, j’avais accepté cet état de fait et prit conscience de tous les masques que mes parents et mon frère avaient pris pour m’y faire croire. Aujourd’hui, en la regardant dans les yeux alors qu’elle m’expliquait, navrée, qu’elle n’avait aucune information sur Cherbourg, je ne descellai aucune supercherie. Aucun mensonge. Aucun indice me permettant de croire à un canular. Non. Mon cœur me le disait ainsi qu’une petite voix au fond de moi. Tout ça et puis mes blessures. Mais je ne me souvenais pas. Mon brouillon neuronale s’éclaircit qu’en entendant cette jeune femme prononcer le nom de mon frère. Elle désignait un objet sur la table. Je tournai la tête non sans mal et bloquai sur le collier.

Un médaillon. Je n’avais plus le mien depuis plus d’un an. Une brèche en moi s’ouvrit alors que je prenais pleinement conscience de ce que la présence de ce médaillon impliqué : la mort. J’étais seul. Je n’avais plus personne. J’étais en vie. J’étais en vie mais désespérément seul. Le noir se fit autour de moi. Je n’entendis pas la jeune femme s’éloigner et sortir de la chambre. Je l’oubliai alors que mes doigts se serraient autour du médaillon que je rapprochai de mes yeux. Je le fis tourner plusieurs fois et fini par lire l’inscription : Thomas Asling 230409050793MA. Son matricule. Son nom. Son identité. La seule manière de reconnaitre un corps au sein de l’armée. Pourquoi l’avais-je entre mes mains. Pourquoi n’était-il pas autour du cou de mon frère ? Des larmes glissèrent de mes yeux sans que je ne puisse les retenir. Je n’étais pourtant pas du genre à pleurer. Même à la mort de ma mère, mes larmes étaient restées en moi aussi glaciales et coupantes que les lames de mes remords. Puis je me souvins. Ma tête bascula…

Je courais. J’avais du mal à respirer. La cendre et cette odeur de chair bruler me vriller les poumons et l’estomac. Je continuai de courir tout en regardant derrière moi. Je m’arrêtai devant les grilles de la base, elles étaient éclatées. La base avait été prise. Je vis les corps. Je me cachai. Je courais entre les bâtiments. Je ne voulais pas me faire voir. Pi je vérifiai méticuleusement le visage de chaque corps ainsi que leur respiration. Je me retournai en entendant du bruit. D’autres soldats étaient venus en renfort. Trop tard. Comme moi. Je sentais le désespoir couler en moi à mesure où l’idée du pire me venait.

Je fronçais les sourcils et tournai le médaillon plusieurs fois entre mes doigts.

Je me cachai derrière une voiture en feu. Je me levai et tirai trois coups. L’homme chuta. Je courus et entrai dans un bâtiment à moitié démoli. Je fouille. Je ne trouve pas ce que je veux. Je ne le trouve pas. Je grogne entre mes dents. Une lueur me brûle la rétine. Je me décale et je le vois. Le médaillon. Autour de moi, mon frère n’est pas mal. Où est-il passé ?

Je sortais de ma torpeur. Ce n’était pas une blague. La vie avait fait place à la mort. Ces flash m’indiquaient un temps de bataille sur Cherbourg. Mon cœur battait la chamade alors que je réalisai doucement que ce que je venais de ressentir provenait de ma mémoire et des tourments que celle-ci avait vécu. Je soupirai, mon frère n’était peut-être pas encore mort. Deux semaines. La jeune femme avait dit deux semaines. Deux semaines de guerre. Qu’était-il devenu ? Et moi, qu’avais-je vécu pour arriver jusqu’ici ? Et pourquoi ce choix alors que je m’étais promis, il y avait bien longtemps de ne plus mettre les pieds dans cette ville ?

La jeune femme revint. Je la regardai correctement pour la première fois. Elle était belle mais semblait plus détruite qu’autre chose. Elle semblait voir vécu traumatisme sur traumatisme avant de me retrouver. Elle m’avait sauvé alors qu’elle aurait pu m’abandonner et récupérer ce qui pouvait être récupérable. Ses yeux étaient tristes. Elle ne voulait pas être là. Qui le voudrait ? Un instant je crus qu’elle allait partir en courant mais non, elle restait là, près de la porte. Je baissai les yeux vers le médaillon et finis par le serrer dans ma main. Je finirai par le retrouver. Il m’avait retrouvé une fois, je devais faire de même. Les sourcils froncés, je relevai la tête et lui sourit difficilement.
Je .. je m’excuse. Vous m’avez sauvé la vie c’est déjà beaucoup… Vous devriez pas à avoir à m’expliquer que le père noël n’existe pas… fin… vous comprenez ?

Je m’arrêtai conscient de l’absurdité de mes propos.

Je m’appelle Lucas… Je ne sais pas comment je suis arrivé jusqu’ici mais j’ai eu la chance de croiser votre route à un moment où à un autre… merci... j’ai une dette… C’est un peu cliché mais je n’aime pas en avoir.. j’en ai trop eu après mes missions… je… je crois ne plus avoir l’occasion d’en rembourser beaucoup …. Putai* mais qu’est-ce qui s’est passé ?

Nouvel arrêt.

Je suis désolé, je ne comprends pas… je ne veux pas vous embêter… je présume que vous avez des souvenirs et que… ils ne doivent pas être joyeux…

Je pinçai mes lèvres. Je savais pertinemment qu’une guerre pouvait assassiner des populations entières mais aussi détruire les survivants. Elle était en vie. C’était un bien et une chance apparente. Mais cette chance pouvait cacher autant, si ce n’est plus, de souffrances indicibles…




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MessageSujet: Re: L'heure du réveil a sonné [Livre 1 - Terminé]   L'heure du réveil a sonné [Livre 1 - Terminé] EmptyDim 9 Juin - 21:21

L'heure du réveil a sonné.

L’atmosphère de l’hôpital la dérangeait. Elle se rappelait de cette fois où elle avait rendu visite à son père qui s’était fait opéré suite à une chute, quand elle avait douze ans. Dès l’instant où elle était rentrée dans ces lieux, elle avait froncé le nez, essayant de se dégager de cette odeur désagréable qui l’entourait et qui cherchait à s’insérer dans la moindre cellule de son corps. Depuis, à chaque fois, c’était le même rituel. Annabelle ne se rendait dans les hôpitaux que quand c’était vraiment obligatoire. Et, avant d’en franchir les portes, elle devait constamment faire un travail sur elle-même pour éviter de reculer lorsque les portes automatiques s’ouvraient devant elle. Inspirant autant d’air frais qu’elle le pouvait, elle bloquait ensuite sa respiration aussi longtemps qu’elle le pouvait, avant de devoir enfin la relâcher lentement pour laisser entrer l’air vicié de l’hôpital. Elle ne supportait pas cette odeur.

Et, là, dans ce couloir, l’odeur était plus forte que dans la chambre. C’est ce qui la poussa à y rentrer à nouveau. Plutôt affronter les démons de cet inconnu – et les siens – que l’air rance de ces lieux médicaux. Une fois la porte fermée derrière elle, elle soupira légèrement, gardant ses yeux loin du lit du malade. Il ne devait pas se rendre compte à quel point c’était difficile pour elle de se tenir là, alors qu’elle abhorrait tout en ces lieux. Mais elle s’était sentie responsable de lui. Et utile. Pour une fois. Alors elle était venue, bravant son dégoût. Elle ne redressa la tête que quand elle l’entendit parler. Plusieurs expressions passèrent par son visage au fur et à mesure de son discours. Qu’est-ce que le Père Noël venait faire là-dedans ? Cependant, elle ne dit rien tout de suite, se contentant de l’écouter, se disant aussi que ça lui ferait peut-être du bien de parler. Entre chacune de ses pauses, elle tenta de lui répondre :

« Pourquoi est-ce que vous vous excusez ? Parce que vous me posez des questions ? C’est tout à fait normal, je comprends. C’est juste que… »

C’est juste qu’elle avait le sentiment de ne pas avoir la force de lui expliquer tout ça. Elle poussa un soupir et n’acheva pas sa phrase. Elle devait bien pouvoir trouver la force de lui raconter ce qui se passait dehors. Qui allait le faire sinon ? Une infirmière ? Un médecin ? Non, c’était mieux que cela vienne d’une personne comme lui, d’un autre réfugié. Après tout, ils se comprenaient sur certains points.

« Et vous n’avez aucune dette envers moi. J’ai fait ce que n’importe qui aurait fait en vous trouvant blessé non loin d’ici. Et puis, il faut se serrer les coudes, sinon, on risque fort de ne pas passer l’hiver. Vous et moi, on est comme tous les autres réfugiés : on a vécu des choses horribles avant d’arriver ici, mais on s’en sortira quand même et il se peut même que toute cette horreur devienne notre force. »

Elle répétait là les mots que Raulne avait employés avec elle quelques jours auparavant, sans s’en rendre compte. Mais elle les avait tellement ressassés, ces mots, qu’elle avait fini par y croire et par en faire sa ligne de conduite. Elle lui avait tenu tête lors de leur rencontre, et se disait finalement qu’il avait eu raison sur toute la ligne. Transformer vos faiblesses en forces, et vous pourrez vous battre contre n’importe quel adversaire. Et là, à cet instant précis, elle y croyait plus que jamais.

« Vous ne m’embêtez pas. Si je suis là, c’est parce que je m’inquiétais pour vous… et que je me sentais un peu responsable de vous aussi, puisque c’est moi qui vous ai trouvé aux abords de la ville. Je voulais voir comment vous alliez. »

Elle acheva avec un sourire et un ton un peu humoristique :

« Bienvenue à Louisville, Lucas. Vous avez été salement amoché, mais je crois que vous devriez survivre. Je m’appelle Annabelle. »

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MessageSujet: Re: L'heure du réveil a sonné [Livre 1 - Terminé]   L'heure du réveil a sonné [Livre 1 - Terminé] EmptyJeu 13 Juin - 19:08

Je savais pertinemment qu’une guerre pouvait assassiner des populations entières mais aussi détruire les survivants. Elle était en vie. C’était un bien et une chance apparente. Mais cette chance pouvait cacher autant, si ce n’est plus, de souffrances indicibles. J’avais eu l’occasion de voir ce que provoquer un mort dans une famille, la mienne qui plus est, mais aussi d’en d’autres. J’avais vu également ce que provoquait un mouvement populaire, une guerre civile ou un attentat. Autant de choses en créant d’autres plus imprévues. Des morts, une douleur insoutenable, une envie de hurler et de crier justice ou encore une dépression, une immobilité puis une mort de plus. Par peine et sous la douleur, on était poussé vers des retranchements qu’on n’aurait pas crus propre à nous. On pouvait se faire du mal ou faire du mal à d’autre. On pouvait foncer tête baissé afin de jouer avec le bourreau ou alors savourer une douce vengeance. Dans des situations extrêmes nos réactions pouvaient tout autant l’être. J’étais l’un de ces hommes. Je l’avais été plusieurs années auparavant et toutes les années qui suivirent jusqu’à ce jour. Aujourd’hui, mon sang froid devait être de mise. Je devais vivre et ne pas mourir pour rien.

La jeune femme me répondit à chaque fois. Je l’écoutai et tentai de sourire le plus possible. Je me devais de faire ça, positiver bien que ce trou noir me faisait plus flipper qu’autre chose. Je ne comprenais pas pourquoi ma mémoire me jouait ce mauvais tour. J’étais tendu et me crispai davantage lorsque j’essayai de me souvenir des jours précédents. Elle expliqua qu’entre réfugiés il fallait se serrer les coudes étant donnés qu’on avait tous vécu des choses horribles. Je me retenais de m’emporter par ma frustration. A ces mots, j’essayai de revenir en arrière mais rien. Rien. Absolument rien ne me revenait. Rien mise à part mes deux derniers flashs. Oui, il était certain que j’avais vécu des choses horribles mais l’étaient-elles plus que ce que j’avais eu l’occasion de vivre en mission ? Je ne pouvais donner de réponse à cette question. Une guerre restait une guerre mondiale ou non. Le plus désarmant était dans le simple fait que cela touchait notre pays. Notre pays qui était en paix jusqu’ici. On pensait ne jamais revivre une guerre mondiale et pourtant nous étions en plein dedans. Apparemment. D’après ce qu’Annabelle m’avait dit. Une part de moi le croyait mais une autre, la plus petite, avait toujours ce doute. Doute lié au fait est que je ne me souvenais pas. Comment pouvais-je ne pas me souvenir de ça ? Oublier un rendez-vous, de faire les courses, de nettoyer son équipement ça… oui. Mais pas une guerre. Pas 17 jours. Elle parla alors de force. J’eu alors le souvenir violent d’un homme en uniforme. Je fronçai les sourcils désireux de ne pas penser à de mauvaises choses totalement révolue en ce jour. Il était sans doute mort. Cette pensée m’accabla. Je n’avais jamais aimé ce lieutenant mais je ne l’espérai pas mort, comme aucun des soldats que j’avais côtoyé. Personne ne devait mourir comme ça. Seul ou bien au milieu de ses hommes. Personne. La jeune femme avait raison sur une chose tout comme ce lieutenant à l’époque. Il ne fallait pas se laisser abattre. Je ne l’avais jamais fait. J’avais même été radicale mais je ne préférais pas penser à ça. Ce jour-là, je voulais juste ouvrir les yeux sur ce qui était la réalité et accepter ma mémoire fracturée comme le reste de mon corps. Je regardai la jeune femme et comprit que elle, peut-être aurait aimé être à ma place afin de ne pas se souvenir de ce qu’elle avait vécu. Je ne pouvais pas me plaindre de ça, pas devant elle.

J’étais un réfugié. C’est vrai. Je n’étais pas Louisvillois même si j’avais passé du temps par ici. Ils allaient tous être sur leur réserve en particulier ici, dans le nord même si ma mère avait toujours vendu leur gentillesse. Je savais qu’il fallait souvent la chercher et à l’époque, je cherchai tout sauf ça. Ils me détestaient et en vu de tout ce que j’avais pu faire, je ne pouvais les en blâmer. Je lui souris et lâcha un léger rire lorsqu’elle se présenta. Annabelle. Alors c’était à une jolie jeune Annabelle que je devais la vie. Mon sourire ne se fit que plus sincère et je tendis la main vers elle. Elle me la serra avec un hochement de tête entendu.

Enchanté Mademoiselle, vous avez enjolivé ma journée ! J’ai de suite moins l’impression d’être passé dans un rouleau compresseur arpentant la forêt…

Je modifiai quelque peu ma position.

Je te… vous remercie en tout cas. Vous n’étiez obligé de rien vis-à-vis de moi. J’aime votre philosophie, elle a eu l’occasion de sauver bien des vies en mission et surtout… au retour au foyer. Gardez là.

Après léger silence que je brisai très vite.

Alors vous êtes une « réfugiée » ? Il y a déjà des classifications dans la ville ? J’imagine qu’en sortant de l’hôpital ce sera comme me prendre des cailloux sur la tête à chaque coin de rue … Ils n’ont pas dû bien changer depuis que je suis parti … Remarquez ça peut avoir son utilité, ils seront tellement énervé de me revoir ici, qu’ils s’attarderont plus sur moi que sur vous…

Je ris et posai une main sur mon flan en grimaçant. Bon, je n’étais pas encore tout à fait guéri de mes blessures. J’avais toujours eu tendance à vouloir aller plus vite que la musique, on me l’avait toujours reproché : médecin, parents, frère, Lo…petites ami(e)s…

J’ai vécu ici durant plusieurs étés, mon Oncle vivait pas loin de la ville… Si vous avez besoin de quoique ce soit, venez me voir j’essaierai de vous aider. Vous avez un logement ? Sinon vous pourrez aller dans la maison de mon Oncle… elle n’est plus habitée depuis sa mort mais… fin elle a un toit.. je pense…

Je ne savais même pas ça. Mon frère lui s’en souciait. Moi. Moi j’avais tout raillé de ma mémoire volontairement à cette époque.
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MessageSujet: Re: L'heure du réveil a sonné [Livre 1 - Terminé]   L'heure du réveil a sonné [Livre 1 - Terminé] EmptyMer 3 Juil - 11:19

L'heure du réveil a sonné.

La jeune femme lui sourit avec gentillesse quand il lui serra la main en retour, accompagnant son geste de quelques paroles amicales. Cela faisait du bien de parler à un être sympathique, qui ne cherchait pas à tirer quelque chose de vous, ou qui vous brutalisait verbalement parce que vous étiez une réfugiée. À vrai dire, à part Lyra, elle n’avait pas croisé grand-monde qui était agréable avec elle. Mathilda ne l’avait pas accueillie avec bonne humeur, Mickaël l’avait espionnée et un peu agressée avant de se radoucir, Raulne avait tout fait pour savoir ce qu’elle cachait… Elle pouvait compter ses amis à Louisville sur les doigts d’une seule main. Cette réalité l’accabla. Auparavant, elle avait beaucoup d’amis. Auparavant. À Toulouse. Elle soupira encore une fois, secouant la tête en constatant qu’elle pensait encore à ça. Cela lui faisait du mal à chaque fois, il fallait qu’elle arrête de faire comme si elle allait pouvoir y retourner un jour. Elle savait bien que ce n’était plus possible, et que jamais elle ne reverrait sa ville rose.

Elle laissa échapper un petit rire quand il buta sur le « tu » et le laissa continuer avant de parler :

« Je crois qu’on peut se tutoyer. Après tout, on doit avoir plus ou moins le même âge je pense. »

Cette réponse était pratique, parce qu’elle lui évitait aussi de devoir répondre à ce qu’il avait dit. Elle avait été un peu gênée quand il l’avait complimentée et c’était plus facile pour elle ne pas avoir à répondre à ça. Elle n’aurait pu émettre que des paroles emplies de gaucherie et d’embarras et elle était quasi-certaine qu’elle n’aurait pas gardé la même couleur sur ses joues.

« En quelque sorte. » Elle haussa les épaules. « Disons que certains habitants ne sont pas heureux de devoir recueillir des bouches en plus à nourrir. Du coup, on n’est pas toujours très bien accueillis. Et puis il y a les militaires, un petit groupe qui est à Louisville depuis le début de tout ça. Je n’en sais pas beaucoup sur eux. » Elle marqua une petite pause, toujours plongée dans ses pensées, mais reprit rapidement. « Vous êtes originaire d’ici ? » Elle rit un peu et réalisa qu’elle ne l’avait pas tutoyé comme elle l’avait préconisé l’instant d’avant. « Enfin… tu. Et pourquoi ils seraient énervés que tu sois de retour ? »

Ok, le « tu » n’était pas évident, surtout face à un inconnu comme Lucas. Mais après tout, elle avait bien tutoyé Mickaël plusieurs jours avant, et au moins, ici, c’était un visage amical. Alors elle pouvait bien appliquer ce qu’elle avait décidé. Annabelle s’était à peine mis cette résolution en tête qu’il parla à nouveau, répondant en partie à ses questions précédentes. Mais il fit plus que cela et elle fut à nouveau gênée.

« Je… C’est vraiment très gentil surtout qu’on ne se connaît pas. Je ne connais pas grand-monde qui accepterait d’héberger un inconnu. Merci, vraiment. En ce moment je loge chez deux habitantes de Louisville. Elles n’ont pas eu trop le choix, les militaires ont dit aux gens d’accueillir les réfugiés chez eux, ils les ont presque forcés. Donc merci pour votre… ton offre mais j’ai déjà un toit. »

Alors qu’elle terminait ces quelques mots, la porte s’ouvrit derrière elle et elle se retourna pour voir qui venait de rentrer dans la pièce. Annabelle avait presque oublié qu’elle avait été voir une infirmière quelques instants plus tôt pour prévenir du réveil de Lucas. Un médecin venait donc de franchir la porte pour l’examiner. Il lui jeta un regard, et lui demanda si elle était de la famille du patient. Balbutiant, elle répondit rapidement que non et fit un geste vers la porte pour signifier qu’elle allait partir. Avant de faire un pas, elle fit face à Lucas une dernière fois.

« Je vous laisse. Je repasserai certainement vous… te voir un autre jour, donc ne sois pas surpris si je franchis la porte. Et merci encore pour la proposition. C’est vraiment très gentil. »

La jeune femme finit sa tirade par un petit geste évasif de la main, en forme d’au revoir et se dirigea vers la porte. Elle la ferma soigneusement derrière elle, sans faire de bruit, et quitta les couloirs malodorants de l’hôpital le cœur léger.

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MessageSujet: Re: L'heure du réveil a sonné [Livre 1 - Terminé]   L'heure du réveil a sonné [Livre 1 - Terminé] EmptyMar 9 Juil - 18:11

La maison de mon Oncle. Mon frère lui s’en souciait. Moi. Moi j’avais tout raillé de ma mémoire volontairement à cette époque. C’était lui le chic type responsable qui s’attardait à la tâche avec ardeur et sans éprouver grande difficulté. A la mort de mon Oncle, ma mère allait assez « bien » pour s’occuper de la maison de celui-ci. A la mort de ma mère… ce fut mon frère qui s’en occupa. Il s’en occupa tellement bien et je m’en occupais tellement pas que je ne pouvais même pas dire si celle-ci possédait encore un toit, des fenêtres, une porte… fin toute la panoplie indispensable à une maison. Lorsque je lui proposai un toit, au final, je ne savais même pas s’il existait encore et cela me fit sourire, légèrement. J’étais vraiment inqualifiable. Pourquoi était-ce moi le mec en vie dans la famille ? Pourquoi était-ce moi le dernier rescapé ? Je n’étais pas sûr de la vie ou de la mort de mon frère mais dans tous les cas je ne voyais vraiment pas pourquoi j’étais encore éveillé dans ce monde alors que d’autres surement plus proche des autres et d’une vie stable étaient morts sous les tirs et sous les bombes ? On dit que les meilleurs partent les premiers. C’était exactement ça. Je ne faisais pas parti des meilleurs ni des bons. A la mort de ma mère j’avais tout fait pour oublier à nouveau et surtout pour ne pas entendre parler de cette maison. Maison qui serait peut-être mon dernier refuge avant ma mort. Quelle ironie.

Annabelle m’avait proposé de la tutoyer suite à mon propre méli-mélo. Elle pensait qu’on avait plus ou moins le même âge. Toutefois je la voyais plus jeune. Je me surpris à la détailler à nouveau pour lui donner un âge : 24 ? 25 ? 23 ? Je ne savais poser un vote définitif. J’haussai un sourcil ainsi que les épaules jugeant que je le saurai un jour peut être si elle venait à vouloir me revoir. Maintenant que j’étais réveillé, elle n’avait plus à venir par ici. Elle avait fait sa bonne action, deux qui plus est. Je lui souris de nouveau. Il m’était difficile de ne pas apprécier cette compagnie après tout qui aurait veillé à un « réfugié » si détesté inconnu qui plus est ? Qui mise à part cette femme ? Je n’étais même pas sûr qu’un autre réfugié l’aurait fait alors un habitant de Louisville… J’éprouvai certains doutes quant à ma survie dans cette ville. J’avais vécu bien trop de bons moments que j’avais touché d’oublier pour franchir les portes de l’hôpital un jour. Je n’étais pas sûr de vouloir rouvrir une partie de cette boîte de pandore. Pourtant, en regardant par la fenêtre, je n’avais qu’une envie ; c’était bien de courir dehors.

Elle me demanda pourquoi on ne m’appréciait pas, je répondis à demi-mots. Elle m’expliqua la situation à l’extérieur et je l’écoutais attentivement notant la présence de militaire et priant dans mon coin que ceux-ci soient des bons et non ces parasites que j’avais appris à détester. J’appliquai une visite à ces derniers sur ma nouvelle liste de chose à faire. C’est lorsque je lui propose un logement qu’elle s’empourpra, apparemment gênée. Sa réponse fut rapide et je ris à sa première remarque. Je n’étais pas tout le monde et puis ce n’était pas elle qui risquait de me blesser. Au fond, c’était plus à elle d’avoir peur de moi que l’inverse. J’étais plus grand, plus fort et un ancien militaire avec des réflexes souvent extrêmes : ce n’était pas à moi de m’inquiéter et puis, je lui devais bien ça. C’est là que la porte s’ouvrit. Un doc. Je fronçais les sourcils sentant que cette intrusion marquait la fin de ma rencontre avec la belle Annabelle.

Je vous laisse. Je repasserai certainement vous… te voir un autre jour, donc ne sois pas surpris si je franchis la porte. Et merci encore pour la proposition. C’est vraiment très gentil.

Et j’en serai ravi… mais ne vous sentez pas obligé de venir voir un vil réfugié si le cœur ne t’en dit pas… Ma proposition tiendra toujours si dans une semaine tu as besoin de te sentir plus chez toi et moins comme une invitée forcée va chez Benoit Lefranc… Merci encore…
Elle sourit et s’éloigna me laissant seul avec mon nouveau doc. Doc avec qui j’allais forcement ne pas m’entendre.

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