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MessageSujet: ◮ j'aime pas les hôpitaux. [Livre 1 - Terminé]    ◮ j'aime pas les hôpitaux. [Livre 1 - Terminé] EmptyMar 13 Nov - 20:25



Mon sommeil est agité, mes nuits étaient courtes, l'appel de Jules me hantait, ses derniers mots coupés par la chute d'une bombe qui a rayé Jules et ma famille de la carte, m'avait sortit de ce repos qui était tout sauf réparateur. Ma tête était douloureuse, je regardais autour de moi, me voilà dans une chambre d'hôpital, seule, encore, le regard vide, de légères, mais présentes, cernes sous les yeux, une envie de pleurer toutes les larmes de mon corps et de mourir de déshydratation. Comment en étions nous arrivé là, comment j'étais arrivée là ? Qui m'avait amenée ici, autant de question sans réponses auxquelles je n'avais pas courage de répondre. L’environnement était clair, la télévision éteinte et ce que je devais appeler "mes affaires" avaient trouvé leur place sur la chaise en face du lit. Le lit à côté du mien était vide, bonne ou mauvaise nouvelle je ne savais pas vraiment. Mon sac en bandoulière trônait presque fièrement sur ce siège, j'avais pitié et envie de pleurer, je ramenais mes genoux à poitrine, restant calme et silencieuse. Une infirmière entra dans la chambre après avoir frappé sans grande utilité, politesse histoire d'annoncer qu'on entrait. Elle eut ce regard étonné de me voir réveillée, elle eut un sourire compatissant, presque de la pitié, je n'aime pas que l'on ai pitié de moi, il faut dire que j'étais une faible chose, perdue dans un endroit qui lui était inconnu.

Elle poussait devant elle un plateau repas. Assez rudimentaire, mais qui ressemblait être un festin tant mon ventre criait famine. Le simple verre d'eau pouvait se transformer en met délicat. Elle le laisse à côté, je la suivais du regard attendant qu'elle sorte, elle regarda ma transfusion, me demandait si j'allais bien, je trouvais sa question stupide. Alors je n'y répondais pas, j'avais la gorge sèche, la bouche pâteuse et peu envie de lui répondre, alors qu'un plat qui me semblait chaud n'attendait qu'à être ouvert et manger. Pourquoi me demande t-elle ça, en sachant pertinement que ce plateau repas m'intéressait beaucoup plus que sa question idiote. Elle quitta la pièce, et je tirais lentement le plat à moi. Des pommes de terres, qui baignaient dans l'huile, pas de viande, des petits pois lisses, qui sortaient d'une conserve, une pomme, et quelque chose qui devait s'apparenter à de la soupe de tomate. J'avais l'impression d'être à un repas de Noël, ambiance... Le simple fait que ce soit chaud, rendait ce moment sacré. Tout semblait prendre une autre dimension, une plus grande importante était donné aux choses simples, et pourtant ça ne faisait pas si longtemps que ça, que ma petite vie parfaite de danseuse étoile avait volé en éclat, il avait suffit d'une toute petite étincelle pour que le monde s'embrase et brûle ce qui est le plus important pour vous. Je portais cette affreuse et immonde tunique d'hôpital quelque chose de très peu sexy, je cherchais mes vêtements, posé, plié sur le même siège en face de moi. Je sentais mes jambes engourdies, je décidais qu'après mon repas, j'irais me dégourdir dans les jambes, traîner ma perfusion dans les couloirs, à la recherche de je ne savais pas, je comptais errer un petit moment, respirer l'air extérieur et retourner sous les draps à attendre que l'on me dise que je pouvais partir et trouver cet Etienne qui semblait être l'aide dont j'avais besoin en ces temps difficile. Je me levais donc, posais mes pieds contre le carrelage froid de l'endroit, je vacillais un peu, mais tenait bon, j'avais marché des heures et des jours, c'était pas cinquante malheureux mètres qui allait me faire peur. J'attrapais la tige de faire à laquelle ballottait ma transfusion, et me voilà parti pour de nouvelle aventure. Comme si, j'en avais pas eu assez.

Je devais chercher de la compagnie, quelqu'un à qui parler, pas une infirmière avec qui la conversation serait vite impersonnelle, et qui tournerait très vite autour du fait que je devais certainement retourner me reposer. J'arpentais les couloirs, je n'aime pas vraiment les hôpitaux, ou même tout ce qui touche à la médecine. J'y vais souvent sous la contrainte, quand vraiment c'est de dernier recours. C'est certainement l'un des domaine les plus gratifiant du monde, sauver et soigner des vies, mais au final, les hôpitaux empestent la maladie, et j'ai horreur de ça. Monsieur Propre, façon naphtaline, imaginez donc mon angoisse. Un peu fatiguée, je m'asseyais en face de ce qui semblait être un distributeur de boissons chaudes, quasiment tous les voyants étaient allumés, signifiant que la machine était quasiment vide, je pliais mes jambes en tailleur en face, la tête pleine, le regard dans le vide. Je regardais la transfusion que j'avais dans le bras. J'espérais quand même sortir rapidement de cet hôpital, non pas que je ne sois pas reconnaissante ou quoique ce soit, je n'ai simplement pas envie de rester plus qu'il ne faut dans cet endroit qui me mettait mal à l'aise. D'ailleurs ça se voyait, je glissais une mèche de cheveux derrière mon oreille, je me mordais la lèvre inférieure, je regardais un peu partout à la recherche du'n point qui me permettrait concentration, mais rien n'y faisait : impossible d'être à l'aise par ici.
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MessageSujet: Re: ◮ j'aime pas les hôpitaux. [Livre 1 - Terminé]    ◮ j'aime pas les hôpitaux. [Livre 1 - Terminé] EmptyMar 13 Nov - 21:34

    Je regardai la télé depuis vingt minutes. Oh, ne vous y trompez pas ! Je la regardai, elle, l’objet joli et gracieux qu’était une boite noire totalement sans âme dès qu’on coûtait le cordon. En fait, pour être clair, je la regardai dans l’espoir qu’elle se mette à fonctionner par miracle. En fait, si un être humain armé de toute sa volonté aurait pu créer de l’électricité, comme le mutant, là, dans le film que j’avais vu y’a deux ans, je peux vous certifier que cette télé serait en train de me montrer les plus beaux navets du monde. Ou le programme chasse-pêche-nature et tradition de Arte. Mais je n’étais malheureusement pas un mutant, et je la fixai du regard depuis vingt minutes sans que ça n’ait aucun effet. Je n’avais pas le droit de bouger de mon lit, le médecin avait été catégorique à mon réveil, ce matin. Pas le droit du tout. Genre nada. J’avais eu beau le supplier, tempêter, il n’avait pas changé d’avis, et pire, il n’avait pas changé de comportement. Alors j’avais rendu les armes. Ou presque. Je regardai le lit vide de mon colocataire de chambre qui était un petit chouchou. Il avait eu le droit de prendre l’air. Benoit s’occupait de Baxter cet après midi. Et moi, je me faisais ch#er comme un rat mort, et encore. J’étais certain que les rats morts avaient le droit de danser la guigandélire au paradis, alors que je n’avais même pas le droit de lever le petit orteil du lit dans lequel j’étais séquestré. J’étais contraint de me larviser devant une télé qui n’était même pas en état de marche. C’était très triste.

    Je boudais le plateau que m’avait apporté la dernière infirmière à être passée, n’ayant pas vraiment faim et n’ayant pas non plus encore de leur faire plaisir. Petite revanche personnelle très précisément. Je m’ennuyais affreusement. J’avais compté le nombre de taches sur le mur blanc d’en face et sur le plafond. J’avais même joué au jeu du « je compte les secondes dans ma tête et je regarde l’horloge pur voir si c’est juste ». Je regardai ma montre et soupirai à nouveau. Si seulement je pouvais avoir un livre, rien qu’un tout petit livre… même un journal de mickey. Même si je préférais, tant qu’à faire, un bon livre de maths que je lisais, parfois, avant de m’endormir. Je regardai l’heure une nouvelle fois. Trente secondes avaient passé. Benoit devait me ramener Baxter dans 15789 secondes maintenant. Muet, mon colocataire, devait rentrer dans environ 24745 secondes. Et le médecin, ou Talbert si j’avais de la chance, devait passer dans 5423 secondes. 5422. 5421. J’avais maintenant 5396 secondes à occuper, au minimum. Oui, je m’amusais à compter les secondes. Finalement, je cessai mon décompte vers les 5252 secondes, parce que le chiffre me faisait bien marrer, et je m’extirpai des draps du lit d’hôpital pour clopiner vers les affaires les plus proches et enfiler un tee-shirt au hasard. Coup de bol, je tombais sur celui qui représentait un Spirou junior tirant la langue. Mon préféré. Je jetai un coup d’œil à la fenêtre d’où j’eus un petit aperçu du quartier. Huit jours. Huit jours que nous étions ici. J’étais arrivé inconscient et je l’avais été plus ou moins trois jours. Plus ou moins, parce que j’avais eu le temps de croiser Mathilda qui avait prêté main forte aux infirmiers. Je m’étais reposé un jour. Ca faisait quatre donc. Puis j’avais eu gain de cause pour sortir et à l’aide béquille j’avais exploré le quartier. Deux jours donc six. Hier, j’avais vu Ben. Et aujourd’hui, interdiction de sortir. Interdiction de forcer sur ma jambe. Bon sang, ils voulaient me rendre fou, c’était un complot, une machination. Je cherchai les béquilles du regard et soupirai, ne les trouvant pas. Ah, pour sûr, ils avaient compris les deux seules fois où j’avais eu le droit de sortir, que ce n’était pas une bonne idée de me les laisser. Je boitillai jusqu’à la porte, regardai à droite et à gauche, et traversai le couloir. Je m’appuyai contre un mur pour souffler, considérant au passage ma tenue. Ce n’était peut être pas une bonne idée de se promener en caleçon dans les couloirs, d’autant plus qu’on pouvait bien voir mon joli pansement avec un dessin de crocodile. Ou pas. C’était plutôt un bandage qui prenait toute la cuisse. Je grimaçai à l’idée d’enfiler un pantalon. Oh, j’en avais bien mis les premiers jours, mais là, le coup du pantalon, je ne le sentais pas. J’hésitai plusieurs minutes. L’étage était calme. J’aperçu une baie vitrée un peu plus loin. Et des magazines. Miraculum ! Ce ne devait pas être les dernières publications de Princetown ou du CERN, mais c’étaient des mots sur du papier, en bref, de la lecture et donc une occupation. Je clopinai jusqu’à la baie vitrée et les fauteuils et me laissant tomber sur le premier que j’atteignis, je poussai un soupir. Et grimaçai. Ma jambe avait heurté le coin d’une table basse, et mon petit orteil se plaignait de ce mauvais traitement. Le petit crétin, qu’il aille se plaindre à son ami muscle-de-la-cuisse qui souffrait le martyr depuis huit jours. P’tit crétin. J’attrapai la première revue qui me tomba sous la main et je me mis à la feuilleter d’un air intéressé. Ou pas. Ce n’était pas vraiment du tout une publicité, même de l’institut pasteur. Même le journal du coin. Non, c’était un genre de truc mélangeant le magazine féminin à l’ADN de la revue people. Un genre d’hybride incomestible qui était totalement stupide mais qui pouvait m’occuper quelques minutes. Et me faire passer pour un gros crétin auprès de ceux qui pourraient utiliser le couloir. Bah ce n’était pas un mal non plus.

    Les minutes s’écoulaient et j’avais fini de feuilleter tous les magazines. J’étais maintenant au courant de tous les divorces, scandales et autres magouilles du monde des célébrités, et je me fis la réflexion que je dormais très bien sans être au courant de tout ça. C’était franchement nul. Il fallait que je fasse quelque chose pour que personne ne soit obligé de lire ça. Rapidement, je déchirai les pires pages pour faire des petits avions en papier que je lançai dans le couloir. C’était marrant. Je m’appliquai de plus en plus. Âge mental : sept ans. Mais ils n’avaient qu’à ne pas tenter de m’immobiliser. Nah. Des pas résonnèrent dans le couloir et j’haussai un sourcil interrogateur. Le médecin ? Non, sûrement pas. Il était bien trop tôt. Une infirmière ? Peut être. Sûrement. Il fallait juste attendre le…

      « REH ! Mais qu’est ce que vous faites hors de votre chambre ! Et qu’est ce que c’est que… CA ?! »


    … cri. Parce que les infirmières, dès qu’elles me croisaient, ne pouvaient pas s’empêcher de crier. A croire que c’était un réflexe. Peut être étais-je trop beau ? Ou alors, c’était une maladie, une Rehïte aiguë comme mes professeurs avaient au collège. Assurément. Mais la vingtaine d’avions écrasés par terre qu’elle pointait du doigt y étaient peut être aussi pour quelque chose. J’haussai les épaules :

      « Je m’ennuyais. »


    Vu son regard noir, l’infirmière devait être en train de considérer la solution de me jeter par la fenêtre ou de m’étrangler. Et ce très sérieusement. Son regard énervé allait des avions à mon tee-shirt en passant par mes pieds nus et la porte de ma chambre, quelques mètres plus loin, qui était toujours ouverte. Même mon petit sourire ne sembla pas l’apaiser. Un soupir. Et un autre. Elle fixa à nouveau les avions. Et revint sur moi qui souriais toujours. Elle semblait vouloir dire quelque chose, mais se retenant sûrement par politesse. Je me sentis un peu mal une fraction de seconde. Je m’ennuyais en même temps. Il ne fallait pas me laisser enfermé, c’était mauvais pour ma santé mentale et la santé mentale des autres.

      « Je dois aller voir un autre patient, mais si je ne vous trouve pas dans votre chambre à mon retour… »


    J’avais l’impression qu’elle me prenait pour un gosse de dix ans, mais je ne lui en tins pas rigueur. Je lui fis un grand sourire et la suivis du regard jusqu’à l’angle. Puis je considérai le prolongement du couloir et ma chambre. Bon… J’avais sûrement quelques minutes avant qu’elle ne revienne. Le temps d’aller prendre un café non ? Je clopinai lentement vers ma chambre, attrapai une robe de chambre et me mis en marche en direction des machines à café que j’avais remarquées pendant que l’infirmière me faisait part de son mécontentement.

    Lorsque j’arrivai à la machine à café, je m’aperçus qu’il y avait déjà quelqu’un. Une jeune femme qui semblait perdue. Je lorgnai sur les fauteuils mais je tendis d’abord une main amicale à l’autre patiente.

      « Salut ! J’imagine que vous avez entendu la harpie ! Je m’appelle Alexandre. Bon sang, c’est pire que la prison ce truc. Je ne sais pas comment ça s’appelle, mais c’est tout nul. Moi qui voulais des vacances aux Caraïbes, je suis servi ! Ca vous gêne si on va s’asseoir ? Faut pas que je reste debout trop longtemps, sinon je vais me faire taper !»


    Le tout accompagné d’un clin d’œil complice. J’allais me faire taper dans tous les cas, parce que je n’étais pas dans ma chambre, mais en bien jolie compagnie. J’espérai juste qu’elle n’allait pas me laisser en plan, parce que sinon j’allais encore m’ennuyer. Et c’était nul de s’ennuyer.
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MessageSujet: Re: ◮ j'aime pas les hôpitaux. [Livre 1 - Terminé]    ◮ j'aime pas les hôpitaux. [Livre 1 - Terminé] EmptyMer 14 Nov - 20:34

Dans le couloir ça s'agite. Je croyais que les hôpitaux étaient du genre calme plat, limite un calme qui met presque mal à l'aise. Mais non, ça semblait s'agiter, je bougeais pas, c'était triste, j'étais assise, devant une machine à café, à ne rien, dire ne rien faire, je pense au passé, je suis coincée dans le passé, je n'en sors pas, je n'arrive pas à m'en défaire, je ne peux pas oublier. Comment voulez vous que j'y arrive ? De toute façon, personne me le demande. Je regarde à côté, ça s'agite plus loin alors je ne bouge pas. Je suis perdue dans un endroit que je connais pas, et que je vais devoir apprendre à connaître, je vais devoir y vivre, m'habituer à une nouvelle vie, de nouvelle personne. Ma vie d'avant n'est plus, et la pilule est un peu dure à avaler. Car au final, je me rend compte que j'ai pu faire ce qui me passionnait, mais qui ne servait à rien en ces temps de panique et de peur, je suis juste bonne à tricoter des écharpes et coudre des boutons. Quand je fais l'inventaire de mes possibilités, j'ai envie de pleurer. Je rassemblais mes jambes et les ramenais à ma poitrine, je posais ma tête sur mes genoux, formant une boule, la position de la fille paumée par excellence qui essaye de remettre les morceaux de sa vie en place.

Ma tête restait douloureuse, et je restais à regarder le goutte à goutte du liquide de la perfusion. Je ne savais pas bien ce qu'il y avait la dedans. Tout ce que je savais que c'est que ça semblait me remettre sur pied. Le souvenir de mon voyage jusqu'ici, me rendait malade, on voit bien dans ces moments là, à quel point le court de notre vie est fragile, à quel point nous pouvons le briser. C'est triste à dire, mais nous sommes d'une affligeante faiblesse. J'étais dans ces jours, où j'avais l'impression que plus rien ne valait la peine, qu'il était peut être préférable de tout quitter pour pourquoi se sentir un peu mieux. Je reposais les pieds sur le froid carrelage, quand une main se tendit vers moi. Une main masculine, il semblait de bonne humeur, ou fier de quelque chose, je ne savais pas bien quoi. En tout cas il semblait habitué au lieu. Tout le contraire de moi, il était souriant, ce qui changeait de la morosité de l'endroit. Je levais les yeux, lui fit un sourire forcé et poli, ne comprenant pas bien ce qu'il me voulait. Il proposa de s'asseoir, sauf que j'étais déjà assise pour le coup...

« Valentine, ravie. Sans vouloir paraître... impolie, je suis déjà... assise. » fis-je remarquer en lui montrant les sièges du regard. Il semblait à la recherche de compagnie, du moins c'est de cette manière que je pris sa démarche de socialisation vers moi. Mais je serrais sa main, assez mollement il fallait l'avouer. Je n'étais pas spécialement au meilleur de ma forme, mieux qu'hier, mais moins que demain. Je rêvais de retrouver ma vie, de me dire que demain, je retrouverais la salle d'entraînement et que je pourrais m'élancer pour préparer le prochain ballet. Mais non, j'étais ici, dans une robe moche d'hôpital, à parler avec un type qui porter une robe de chambre par dessus un tee shirt petit spirou qui tire la langue, un peu plus et on pourrait croire que j'étais en asile. Déprimant. « Prison, je ne sais pas, je viens de me... réveiller. » continuais-je. Dialoguer avec quelqu'un était une chose qui ne m'avait pas été donné pendant ma route vers Louisville. J'étais rester quasiment silencieuse, sauf lors de ma rencontre avec cette petite vieille. J'avais presque l'impression de retrouver le son de ma voix, cette pensée idiote me fit sourire. « Asseyez vous, face à la machine, c'est passionnant... » Je rêvais de ballet, de pointes, de retrouver mes collants, et mes grands sweats, mes jogging en pilou, ma vie de danseuse étoile et quitter cette vie qui s'annonçait moins... moins... faîte pour moi. Déprimant.
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MessageSujet: Re: ◮ j'aime pas les hôpitaux. [Livre 1 - Terminé]    ◮ j'aime pas les hôpitaux. [Livre 1 - Terminé] EmptyJeu 15 Nov - 12:52

      « Valentine, ravie. Sans vouloir paraître... impolie, je suis déjà... assise. »


    J’haussai un sourcil interrogateur. Assise ? Ah ! C’était pour ça qu’elle était toute petite alors ! Ce n’était pas juste parce qu’elle était plus petite que moi, ce qui n’était pas courant. Oh, je n’étais pas un nain, ne craignais rien ! C’était juste que les gens qui faisaient moins d’un mètre soixante dix, ben… ca courait les rues. Façon de parler, bien sûr. Parce que même si à Paris les gens donnaient toujours l’impression de vouloir faire un marathon, ils ne couraient pas au sens propre du terme. Mais bon, je m’éparpillais en pensée, comme d’habitude. Je me mis à son niveau, et m’installai confortablement, avec quelques difficultés pas réellement étonnantes du fait de la raison de ma présence dans cet hôpital. Ou clinique. Fin un truc où on soignait les gens et où on les séquestrait contre leur volonté en leur empêchant de faire des rencontres aussi sympathiques que Valentine.

      « Prison, je ne sais pas, je viens de me... réveiller. Asseyez vous, face à la machine, c'est passionnant... »


    Je réprimai un éclat de rire en voyant qu’elle n’avait pas le moral. Je ne savais pas d’où elle venait, et ce qui l’avait amené à Louisville, mais je me doutais bien que ce ne devait pas être joyeux. Surtout si elle venait de se réveiller. Bon sang de bonsoir. C’était vraiment pas cool. Je me contentais de sourire, comme pour la rassurer, même si je n’étais pas à mon aise dans le rôle de remonte-moral. J’étais plus fait pour celui du crétin qui divertissait la galerie et celui du boxeur qui s’excitait sur un punching ball pour évacuer toute la violence qu’il avait accumulée pendant la journée et qu’il n’avait pas pu envoyer dans la figure de ceux qui l’avaient énervé. Je pianotai sur l’accoudoir du fauteuil pour évacuer une certaine nervosité. Il fallait que je parle, parce que j’étais bavard, déjà, enfin bavard lorsque je m’ennuyais et que j’avais envie de parler et que je rencontrais quelqu’un qui avait l’air perdu et qu’il fallait consoler ou rassurer ou un truc dans le genre, et ensuite, parce que… j’avais envie de faire la connaissance de Valentine. Je pris le ton caricatural d’un présentateur télé, en me tournant vers la jeune femme :

      « Alors Valentine, comme ça tu viens juste de te réveiller ? Et bien , c’est que tu es une grosse dormeuse ! Il est presque quatorze heures, tu sais ! Et oh ! Un papillon !


    Je suivis le papillon du regard, avant de me souvenir que je n’étais pas seul et de sourire d’un air contrit à Valentine. Je me sentis particulièrement… Stupide.

      « Désolé d’être aussi… hum… moi. C’est que je n’ai pas le droit de sortir normalement et y’a pas vraiment beaucoup de gens qui ont le temps de venir me voir alors, discuter avec quelqu’un c’est toujours sympa lorsqu’on en a l’opportunité ! »


    Je redevins sérieux instantanément. Ou presque. J’étais gêné et je ne savais pas où me mettre. Etrangement, je me sentis ridicule, ce qui n’arrivait que très rarement. Je me passais une main nerveuse dans mes cheveux châtains, ne sachant pas trop où me mettre. J’étais totalement ridicule. Je me récitais les premières décimales de pi pour me ramener un peu sur terre. Je sentis un moment de flottement que je ne pouvais pas laisser durer plus longtemps. Le silence, si je l’appréciais parfois (rarement, d’accord, il fallait bien l’avouer), m’angoissait à cet instant. Il n’avait pas le droit de retrouver sa place et de s’y installer à son aise. Ce fut donc naturellement que je demandai :

      « D’où est ce que tu viens ? »


    Le tutoiement était venu tout seul. Comme ma voix qui était redevenue… normale. J’avais l’intuition que Valentine n’avait pas besoin d’un crétin actuellement mais plutôt d’un être humain normal qui avait passablement vécu la même chose qu’elle. Peut être même n’avait elle pas envie de parler. Sûrement. Je devais être un peu beaucoup envahissant lorsque je me m’y mettais. Très envahissant à dire vrai. Un peu trop. Carrément trop. J’essayai de trouver une position qui ne risquait pas d’appuyer sur ma cuisse, mais c’était mal-aisé. Je repris la parole, bien moins spontané qu’au début, pour réveiller ce que je cachais avec expertise depuis tant d’année. Un Alexandre réfléchi, qui pouvait être d’une discussion intéressante et sérieuse. Parce que je sentais que Valentine avait plus besoin de cet Alexandre que de l’autre.

      « Je viens de Provence. Ca doit s’entendre à mon accent. Je crois que Louisville est une ville sympathique, à ce que j’en ai vu. En tout cas, les réfugiés sont bien accueillis à ce que j’ai vu, le Maire semble responsable. Il y a aussi des militaires qui se sont retrouvés ici, je pense qu’ils veulent bien faire pour qu’on s’organise pour les mois à venir. Tout devrait bien se passer. Non ? »


    Je ressentis soudainement avec une conscience aiguë l’absence de nouvelles de mes parents, de mon frère, ma sœur et de mon neveu. Je n’avais pas de nouvelles. Pas de nouvelles, bonnes nouvelles non ? C’était ce qu’on disait dans tous les cas. Et puis personne n’avait de nouvelles de personnes. J’espérai que le reste de ma famille allait se retrouver à Velaux, en Provence, pour se serrer les coudes, ou du moins qu’ils allaient bien. Je n’avais pas de nouvelles de Tusto et de Diego non plus. Mais bon… ils savaient se débrouiller seuls, aidés de leur instinct animal. J’eus envie de revoir Baxter. C’était mon principal point de repère. Avec Bertin. Parce quoi qu’on puisse en dire, je ne connaissais pas vraiment les militaires qui avaient échoué avec moi à Louisville. Normalement, je faisais parti d’un autre régiment. Je n’avais pas de nouvelles des autres maîtres chiens. Je n’avais pas d’amis proches, pas d’ennemis. Que des connaissances, des bons camarades. Je refusais de m’inquiéter.


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MessageSujet: Re: ◮ j'aime pas les hôpitaux. [Livre 1 - Terminé]    ◮ j'aime pas les hôpitaux. [Livre 1 - Terminé] EmptyJeu 15 Nov - 22:39

Je ne suis vraiment du genre bavarde. Du moins, je parle peu, j'agis bien plus souvent. Dans mon métier, mon ancien métier maintenant, je n'avais pas besoin de parler, je pouvais apprécier le silence et la musique comme des choses pures, le glissement des chaussons, le claquement des pointes sur le parquet, le toucher de la barre, je fermais les yeux, me souvenant des mouvements, des sauts, des pas, il était encore tôt. Quand il s'asseyait, je sortais de mes pensées, je remarquais une difficulté à s'asseoir, une gêne, une blessure, peu importe, certainement la raison pour la laquelle il était là. Je tendais mes jambes, les étirer, tendant mes pieds par réflexe, et je reposais mes pieds au sol, les pointes, puis la plante et le talon, lentement, tranquillement. Je me rendais compte à quel point je ne pouvais oublier. J'étais une danseuse, je n'étais que ça, je ne pouvais être que ça, je ne me sentais pas capable de faire autre chose. Ma tête était de moins en moins douloureuse, devait y avoir quelque chose dans le sérum qui s'incrustait dans mes veines. Alexandre, c'était donc son prénom. Il semblait vouloir faire la conversation. Il avait l'air gentil, plutôt... bout en train, et certainement que son caractère donnait beaucoup de fil à retordre aux infirmières. Il fut alors distrait par un papillon, sérieusement , il a été distrait... par un papillon. Cet Alexandre semblait être un cas très particulier dans l'espère humaine. Je n'avais pas le coeur à sourire, même s'il était certainement très drôle.

Il me demandait d'où je venais. Je n'ai pas eu le temps de répondre qu'il ajouta encore quelque chose. Il avait un débit de parole impressionnant, il venait du sud, de la Provence. La Provence est une région magnifique, plus lumineuse que la région parisienne. La Région parisienne est grise, et un peu triste, mais vous savez, une parisienne est une parisienne. Il parlait de Louisville, des réfugiés. Ce mot me fit tilter, c'était ça. Réfugiée, c'est ce que j'étais, dans mon propre pays, quelle belle ironie. Je tournais la tête vers Alexandre, levais les yeux vers lui, souriant faiblement, l'optimiste n'est pas contagieux, c'était bien dommage. « Je suis parisienne. J'aimerais bien être aussi optimiste que .. toi. » répondis-je en ramenant une mèche derrière mon oreille. Quel avenir pouvait t-on nous promettre quand le monde s'embrasait, ce n'était plus qu'une question de temps avant que l'on ne manque de tout, et surtout de patience et d'humanité. La loi du plus fort est toujours la meilleur, nous l'allons le montrer tout à l'heure. Cette entrée en matière me semblait bien vraie pour la suite des évènements. J'eus un rire discret, en ces temps, comme si c'était le moment de faire de la poésie. Il parlait des militaires, comme si une bande de type armé en tenue de camouflage pouvait faire quoique ce soit. C'était trop tard. Paris avait pris feu, toutes les capitales. Arrêtons de nous voiler la face. « Je suis arrivée jusqu'ici et tant mieux, je suis une réfugiée, dans mon propre pays. Qu'est ce qui est plus ironique que ça, hein ? J'ai tout perdu, il ne me reste plus rien. Alors, désolée, mais je suis un peu déprimante aujourd'hui. » terminais-je en reposant mon regard sur cette machine à café. Je commence à prendre conscience que je suis bel et bien seule. C'est triste. Seule au départ et très seule à l'arrivée. Ma vie est d'une tristesse c'est affligeant. Je me demandais alors si ma mère était en vie. Elle était capable. Mais avais-je seulement envie de me dire que c'était la seule famille qu'il me restait ? Non. Je préférais qu'elle soit morte.

Je restais assise. Je me frottais les yeux. Me grattais la tête, je ne savais pas quoi dire, ni même ce que je devais faire. Ce qui était certain c'est que retourner dans ma chambre pour ne rien faire n'était pas le programme qui me parlait le plus. Et rester assise à regarder avec passion la machine à café, n'était pas non plus une activité très stimulante. Mais au moins j'avais de la compagnie et je pense que ça ne me faisait pas plus de mal, même si je ne voulais pas vraiment l'avouer. Je ne pouvais pas dire que j'avais besoin de solitude, j'ai eu ma dose de solitude pour les années à venir, je ne suis pas du genre solitaire, je préfère être entourée. Je soupirais, fatiguée, de tout cette histoire. « Donc Alexandre, c'est quoi ton métier ? Tu pourras certainement être utile à la nouvelle société qui se dessine, personnellement, je doute particulièrement de mon utilité, je suis... j'étais, disons, une danseuse, une danseuse étoile, une profession appréciée à sa juste valeur, mais qui n'a pas franchement de grande utilité aujourd'hui. » ironisais-je sans sourire pour autant. Une réfugiée danseuse étoile. Non mais vous vous rendez compte de l'inutilité de ma personne ? Je ferais mieux de couper cette perfusion et de m'étouffer avec. Je repris une position en tailleur, me sentant mon à l'aise de cette manière. Je bâillais, encore un peu dans le pâté de mon long sommeil que j'avais amplement mérité. J'avais marché, et marché, sans jamais vraiment bien dormir, apeurée par l'idée de me laisser aller au sommeil et d'être vulnérable. La convalescence psychologique allait être très longue, dure, peut être même.
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MessageSujet: Re: ◮ j'aime pas les hôpitaux. [Livre 1 - Terminé]    ◮ j'aime pas les hôpitaux. [Livre 1 - Terminé] EmptyLun 19 Nov - 21:28

    Je repoussai toutes mes pensées sur mes connaissances et ma famille au fond de mon esprit. Et je me laissais redevenir le Alexandre qui avait lancé des avions en papier dans le couloir. Je gérais mieux le stress en étant bête. Être en mode « intelligent et réfléchi » ne me réussissait pas vraiment. Enfin… moins bien qu’en mode « je fais des c#nneries et j’aime ça parce que voilà ». J’attendais avec une certaine… impatience anxieuse, la ou les réponses de Valentine. J’étais partagé entre l’envie de sauter de partout pour laisser ressortir toute la bonne humeur que j’étais capable de condenser actuellement (on pouvait aussi appeler ça de l’hyperactivité, chez moi ça se mélangeait souvent), et l’envie de réprimer cette bonne humeur pour être plus ce dont Valentine avait besoin, ou du moins ce dont je croyais qu’elle avait besoin : un repère stable et inébranlable et sûr de lui. Seulement… c’était bien mignon tout ça, mais j’avais envie de bouger. Non, pire que ça. J’avais besoin de me défouler, d’évacuer toute l’énergie emmagasinée ce matin. Je sautillais sur le fauteuil en faisant en sorte de ne pas solliciter ma cuisse. Valentine finit par me répondre, et je me calmai un peu. Un peu.

      « Je suis parisienne. J'aimerais bien être aussi optimiste que .. toi. Je suis arrivée jusqu'ici et tant mieux, je suis une réfugiée, dans mon propre pays. Qu'est ce qui est plus ironique que ça, hein ? J'ai tout perdu, il ne me reste plus rien. Alors, désolée, mais je suis un peu déprimante aujourd'hui. »


    Elle soupira. Et moi aussi. Non, ce n’était pas pour me moquer d’elle, même si mon soupir, à la base, était conçu dans ce but, c’était juste un réflexe acquis au fil de ma croissance pour embêter les professeurs, les adultes en général plutôt, qui avaient la fâcheuse habitude de soupirer eux aussi face à moi. Je ne pouvais pas aller contre ce réflexe, il était trop ancré en moi. La rébellion face aux autres et à l’autorité était trop ancrée en moi. C’était comme respirer. C’était bête, mais fichtre que ça faisait du bien en fait ! Sauf que là, ce n’était pas un gradé, un prof, ou mes parents qui étaient en face mais une jeune femme qui était perdue. Et qui avait besoin de moi. Ou du moins, j’en avais l’impression. J’en prenais la responsabilité. Parce que je savais que je ne valais rien en réconfort et que j’avais l’impression d’expier mes fautes ? Peut être. Sûrement. C’était trop compliqué. Je remballais mes réflexions d’un geste mental rageur, quand la misstinguette reprit la parole :

      « Donc Alexandre, c'est quoi ton métier ? Tu pourras certainement être utile à la nouvelle société qui se dessine, personnellement, je doute particulièrement de mon utilité, je suis... j'étais, disons, une danseuse, une danseuse étoile, une profession appréciée à sa juste valeur, mais qui n'a pas franchement de grande utilité aujourd'hui. »


    Je réagis immédiatement, avec un grand sourire et … et avec l’enthousiasme même que j’avais voulu contenir pour être plus… calme :

      « Han ! Mais c’est trop la classe une danseuse étoile ! Enfin…, je repris un ton plus… posé, une danseuse étoile ? Tu sais, je pense que même si tu as l’impression que ce n’est pas utile actuellement, et tu n’as peut être pas tort, tu vas devenir indispensable dans les mois à venir. Attends, reprenons les choses dans l’ordre et tu vas comprendre pourquoi j’ai dis ça. »


    Je m’interrompis un peu. Je devais sembler… étrange. Capable de passer de la pire des excitations au calme le plus remarquable. Enfin, calme, tout était relatif. Je mourrai d’envie de blaguer, de rire aux éclats, mais Valentine était lucide, elle n’était pas des compagnies les plus joyeuses. Je me donnais l’objectif de la faire rire avant que le persécuteur en chef, qu’on appelait médecin parfois, ne vienne me récupérer. Ou l’infirmière avant. Je fis en sorte de me retrouver face à Valentine et je fixai mes yeux marron si communs dans les siens, avec un petit sourire.

      « Réfugiée dans ton propre pays, tu dis ? Nous le sommes tous ! Je le suis, tu l’es, nous sommes… on peut faire toute la conjugaison et ça ne changera rien à la donne. Et alors ? Ce n’est pas pour ça que Louisville nous rejette. Eux aussi sont des réfugiés dans un sens. Il faut passer au dessus, tu verras. Si tout le monde est un réfugié, plus personne ne l’est c’est simple. « J'ai tout perdu, il ne me reste plus rien. » ? Foutaise ! C’est du n’importe quoi. »


    Je plaçai une main sur son cœur, sans aucune volonté de la peloter ou quoique ce soit, rassurez-vous. Je ne pensais pas non plus avoir une tête de pervers. De crétin, assurément. D’inconscient ? Peut être. Mais de pervers, non. J’avais trop peur de faire du mal.

      « Ton cœur bat, raccroche toi à ça, Valentine. Tu n’as pas tout perdu tant qu’il te reste ta vie, ton espoir, tes connaissances, ton savoir faire. Tu n’as pas tout perdu tant que tu n’as pas lâché prise, et tu n’as pas intérêt à lâcher, pas maintenant que tu es là, à Louisville. Tu n’erres plus, tu as chaud, tu n’as plus faim. Tu as dormi. Tu as beaucoup de choses, tu vois ! Je suis sûr que tu es quelqu’un d’extraordinaire, une personne d’utile. Personne n’est inutile. Et puis… »


    Je m’arrêtai pour reprendre mon souffle et pour retirer ma main. J’avais à cœur de remonter le moral de Valentine mais là, j’étais un peu trop sérieux depuis trop longtemps. Trop de trop, certes. En fait… je voulais vraiment lui remonter le moral. J’avais une facilité incomparable pour écarter les soucis et me réfugier dans une innocence et ce qu’elle avait appelé un optimisme assez particuliers. Tout le monde ne savait pas faire ça, il fallait que je le garde en tête. Je fixai à nouveau mes yeux dans les siens, et penchai la tête sur le côté tout en souriant :

      « Dans quelques temps, on va avoir besoin de toi. Pour nous faire rêver. Une danseuse étoile, interromps moi si je me trompe, mais c’est une artiste. C’est un ange tombé du ciel pour élever un peu plus nos cœurs non ? Alors dans quelques temps, on dira « heureusement que Valentine est là pour nous apporter un peu de la magie qu’il nous manque tellement. » Je t’assure que je suis sincère. »


    Je ne l’étais pas. Enfin, si, je l’étais. Mes yeux me trahissaient, je le savais. Je pensais ce que je disais, seulement le « quelques temps » allait être dur à passer pour Valentine. Nous allions avoir besoin de femmes et d’hommes débrouillards dans l’immédiat, l’art allait être nécessaire dans plusieurs semaines. Mais lorsque le besoin allait se faire sentir, il allait devenir obsédant et là, Valentine et tous les artistes allaient être indispensables. Mais pas maintenant. Mais ça, Valentine n’était pas obligée de le savoir… Je n’en pouvais plus. Il fallait que je sorte une c#nnerie, parce que… j’étais mal à l’aise. En fait, ça ne m’allait vraiment pas d’être aussi… comme dire… sensé. Il fallait que je sorte une effroyable bêtise. Ce ne devait pas être très compliqué. Ca m’était particulièrement naturel habituellement. Je n’eus qu’à rouvrir la bouche pour sortir une idiotie :

      « Nan, mais en plus, si tu n’étais pas là, je suis sûr que je me serai collé à la distraction et sérieux, mieux vaut éviter de m’entendre chanter ou danser. Je me vois mal sur scène en train de faire genre : , d’une voix exagérément aiguë puis grave je commençais à chanter la première chanson qui me vint à l’esprit, I´m a Barbie girl, in a Barbie world
      Life in plastic, it´s fantastic. You can brush my hair, undress me everywhere. Imagination, life is your creation. Come on Barbie, let´s go party! A-a-a-yeaaah Come on Barbie, let´s go party! Ou-a-ou ou-a-ou »


    Je m’interrompis brutalement, avec un petit rire. Et je rajoutai, modestement :

      « tu vois, je chante faux… »


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MessageSujet: Re: ◮ j'aime pas les hôpitaux. [Livre 1 - Terminé]    ◮ j'aime pas les hôpitaux. [Livre 1 - Terminé] EmptySam 24 Nov - 23:38

J'étais quelqu'un de plutôt... souriant. Je n'étais pas le genre de fille déprimante au possible, frustrée cause d'une vie sans saveur, j'avais eu de la chance dans ma vie, mais la chance tourne, et elle avait bien tournée pour moi. Il fallait avouer que j'étais pas d'humeur à faire des blagues, ou sourire. Mais je voyais bien les efforts que faisait Alexandre pour me remonter le moral. Il ne me connaissait pas, et il cherchait certainement à me faire sourire, et je trouvais ça cool évidemment. Il eut un grand sourire et se lança dans ce que l'on pouvait appeler un discours pour remonter le moral, ce n'était pas angoissant. Il disait que j'allais devenir indispensable pour les mois à venir. C'était... mignon de sa part mais arrêtons de croire que le monde allait redevenir le même que les gens allaient chercher une distraction tels que la Danse Classique. Et terminé, une fois lancé je ne pouvais pas l'arrêter, ce type était un vrai moulin à paroles, c'était complètement fou, au moins on ne devait pas s'ennuyer avec lui dans les parages. Je l'écoutais attentivement, foutaises ? Je n'avais plus rien. Je ne parlais pas de choses matérielles, je parlais de ce qui faisait de moi ce que j'étais, ma famille, plus rien, je ne me faisais pas d'illusion, tous installés dans la centre de Paris, s'ils survivaient à la bombe, la suite des évènements allait être pour eux la pire des tortures. Je ne suis pas dupe, ni même naïve.

Sa main se posa sur ma poitrine, j'en restais tellement étonnée que je n'ai pas été capable de faire quoique ce soit pour l'empêcher. J'en restais bouche bée... Il était très familier, il n'avait certainement pas de mauvaise intention, mais franchement... je ne comprenais pas ce geste.Et il continuait sa tirade, me sortant des phrases qui semblait sortir d'un film. C'était bien sympathique, il était vraiment très gentil, mais j'avais du mal à croire qu'il puisse lui même croire à ce qu'il disait. Il n'avait pas l'air d'être quelqu'un de stupide. C'était un discours contre un sourire, c'était un oeuvre de charité bien sympathique, j'eus un faible sourire, je ne croyais pas vraiment à ce qu'il racontait, mais c'était plutôt pour l'effort.J'allais dire quelque chose, mais non... il semblait qu'il n'avait pas terminé. . L'Art, ah oui l'Art en temps de guerre, l'Art en tant de guerre n'était pas spécialement la priorité, pas du tout même, c'était bien souvent l'Art qui était sacrifié sur l'autel de la survie, c'était triste, mais peut être que dans un ou deux ans, les gens se rendront compte qu'ils ont besoin de ce qu'ils ont trouvé futile aujourd'hui. Tout au long de l'histoire, les gens décident de sacrifier en premier les Arts lorsque d'autres considèrent qu'il faut le préserver. Je ne me sentais pas comme unique Et enfin il se mit à chanter... Cet homme était définitivement étrange... Et chantait faux... très faux. Une chanson chantée horriblement faux, qui me fit sourire, et m'arracha un rire qui me fit un bien fou. Un soulagement, j'étais plutôt contente de voir que j'étais encore capable de rire, même après tout ça. D'une certaine manière, il avait raison. Je n'avais plus froid, je n'avais plus faim, j'étais beaucoup moins fatiguée, et j'avais chaud, malgré cette sublime robe d'hôpital. J'enviais un peu sa robe de chambre pour le coup. « Y'a pire... Y'a vraiment pire. » déclarais-je entre deux rires. Je me redressais. « Merci, Alexandre, de euh.. me remonter le moral. » Je me frottais les yeux, un peu mal à l'aise de la situation de rire, je ne savais pas bien comment je devais me comporter, rire ou pleurer, j'avais l'impression de manquer de respect à ceux que j'avais perdu. Mais ça me faisait tellement de bien de rire et de sourire, j'avais passé de très longues journées, l'air maussade et fermé.

Pourtant Alexandre ne m'avait pas répondu, peut être avait il oublier. De toute façon, je n'avais pas spécialement envie de le harceler, s'il ne voulait pas me le dire ce qu'il faisait de sa vie, qu'il ne le dise pas, je ne lui tiendrais pas rigueur de toute façon, on ne se connaissait pas. Mais j'aurais tout de même bien aimé savoir si son travail l'obligeait à quoique ce soit, ou à écouter qui que ce soit, car il était si bavard et tellement agité que je ne le voyais tellement pas dans quelque chose que très stricte. Il ne semblait pas capable de gérer son ennui, son débit de parole, ce qui était plutôt bien.. Du moins de mon côté, j'avais l'impression que c'était un peu contagieux, même si je pensais que non au début, il semblait plein de joie et d'un optimisme presque insolent malgré la situation. On avait l'impression que rien ne pouvait ébranler sa bonne humeur. Mais je pouvais vraiment me tromper mais c'était l'impression qu'il me donnait. Je soupirais, et passait ma main dans mes cheveux, soulagée d'un poid, comme si je pouvais enfin respirer. Le temps d'adaption allait être long, le temps ou j'allais devoir répprendre à vivre était devant moi, j'essaye de voir le bon, mais pour l'instant c'est un peu compliqué. « Je ne me fais pas trop d'illusion pour l'Art Alexandre, je sais bien que c'est la première chose que l'on sacrifie en temps de crise. Mais c'est gentil d'avoir essayer. Mais je n'oublierais pas mon Art pour autant. » Je souriais encore.

Je m'étirais. Tirant sur la perfusion qui me fit mal et je grimaçais, c'était bien la première fois que j'avais quelque chose de planter dans le bras, je n'aimais pas vraiment la sensation, c'était comme une intrusion, comme je l'ai dit, je n'aime pas trop tout ce qui touche au médical, hôpitaux, médecin, tout ce qui pouvait et était capable de faire des piqûres, je vous parle pas de devoir donner mon sang. Bref, c'est un autre sujet, et je m'égare complètement. Je crois que je commence à déculpabiliser de ne pas être morte avec tout le monde. Je crois que je m'en veux de ne pas avoir vécu leur dernier moment avec eux. J'aurais du être là bas, mais à un retard de réveil, amène un retard, un retard de bus, un retard de métro, puis on loupe le train, et on doit prendre celui d'après, mais il n'y a pas de suivant parce que vous n'avez plus rien à l'autre bout du train. Et vous auriez pu être au mauvais endroit, au mauvais moment, mais ce n'est pas le cas. Alors, Alexandre, doit avoir raison. Je suis en vie, et c'est certainement ce qui compte le plus.

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MessageSujet: Re: ◮ j'aime pas les hôpitaux. [Livre 1 - Terminé]    ◮ j'aime pas les hôpitaux. [Livre 1 - Terminé] EmptyLun 26 Nov - 19:17

    Elle explosa de rire. J’en restais bouche bée. Et je la rejoignis dans son rire, si clair, si cristallin… qui semblait ne pas avoir servi depuis longtemps. En comparaison, le mien semblait si… dur, grave, rauque. Mais c’était du fait de ma voix qui l’était aussi, à n’en pas douter. Ses fossettes, lorsqu’elle riait, me firent rire elle aussi. Je détournai le regard, faisant disparaître de mes yeux une larme qui y avait perlé. Je n’arrivais pas à arrêter de rire. Je chantais faux, oui, je le savais. Mais ce n’était pas pour ça que je riais. Je riais, parce que le rire était contagieux, surtout lorsque rien n’était fait pour le promouvoir. C’était l’un de mes grands jeux, avec Emmanuel, lorsque nous étions enfants, d’exploser de rire, pour rien, juste pour jouer, pendant les repas de famille. En quelques minutes, toute la table riait, mais personne ne savait réellement pourquoi. C’était marrant, et généralement, ça mettait de la bonne humeur, et ça rajoutait un peu de complicité entre mon frère si austère et moi, si… dissipé. Toujours dissipé. Mais bon, j’étais heureux. Je regardai Valentine rire, du coin de l’œil. Et mon sourire d’accentua. Encore une victoire de canard.

      « Y'a pire... Y'a vraiment pire. Merci, Alexandre, de euh.. me remonter le moral. »


    Elle s’arrêta la première, et je me doutai bien du pourquoi. Elle avait honte de rire, alors que sa famille était sûrement morte, comme la mienne. Enfin, non, je gardais l’espoir de savoir mes parents en vie, mon frère, ma sœur, mon beau-frère et mon neveu, au moins. Je n’étais peut être pas le fils parfait, je ne les voyais peut être pas souvent mais… non, ils étaient en vie. Mon sourire, qui avait failli s’éteindre, se raviva comme une flamme à laquelle on aurait donné un peu de bois sec. Les yeux de Valentine semblaient encore briller de son rire. J’étais gêné de son merci, parce que je ne le méritais pas. Enfin si mais… vu tout le mal que j’avais pu faire dans ma vie, heureusement que je faisais parfois des choses bien. Vu le nombre de personnes que j’avais tuées, par le biais de mes frères militaires, sur le chemin vers Louisville, je me devais bien de faire rire une réfugiée. Peut être même que j’avais tué, que nous avions tué (je n’étais pas en état de marcher seul, alors imaginez moi tenir une arme et m’en servir contre les civils… mais j’étais quand même solidaire des autres soldats donc oui, je les avais tués, ces civils…), des parents de Valentine. J’avais l’impression de me planter un couteau dans le cœur en pensant à cela, tandis qu’elle me remerciait. Je me sentis sale. Hypocrite. Menteur. Qu’est ce que j’étais en train de faire là ? D’essayer de la faire s’attacher à moi ? Moi qui étais mauvais au plus profond de mon être ? J’essayai de rester souriant. Toujours. Parce que ça ne la concernait pas, et que je n’avais pas le droit d’obscurcir son soleil en lui montrant à quel point j’étais noir. Au moins, j’avais fait quelque chose de bien. Une petite chose. Je l’avais faite rire, et je m’y raccrochais. J’avais fait quelque chose de bien, c’était déjà ça non ? Elle soupira, je soupirai de concert, incapable de me retenir. Le fourire était passé, et je la sentais prête à reprendre la discussion. Je ne l’étais pas, moi. Enfin un peu. Je chassai toutes les idées noires qui pouvaient habiter ma petite tête. J’étais de nouveau prêt.

      « Je ne me fais pas trop d'illusion pour l'Art Alexandre, je sais bien que c'est la première chose que l'on sacrifie en temps de crise. Mais c'est gentil d'avoir essayer. Mais je n'oublierais pas mon Art pour autant. »


    Elle souriait. Bon sang qu’un tel sourire était… exceptionnel. Je voulais qu’elle ne cesse jamais de sourire. Le sourire, c’est une clé secrète qui ouvre bien des cœurs. Merci Baden Powell. C’était aussi un peu d’espoir, et de bonheur alors que tout semblait vouloir éteindre ces deux… qualités humaines. Purement humaines. Elle s’étira, et moi, je réfléchissais à ce qu’elle avait dit en dernier. Et aussi à la réponse que je ne lui avais pas donnée. Devais-je lui dire ce que j’étais ? Non. Si. Peut être. Mon éloquence était admirable, même en pensée. C’était dingue. Vraiment. Digne de me mettre des baffes mentales (et ne riez pas, ça fait très mal ! (ou pas mais bon) ). Franchement. Dans tous les cas, je n’arrivais pas à me décider. Au pire… je ne savais pas. Je n’osais pas. C’était idiot non ? Pourquoi ne pas dire que j’étais maître chien dans un régiment parachutiste ? Pourquoi ? Ce n’était pas une honte, au contraire ! Ce n’était pas comme si… comme si… j’étais garagiste, tenez ! La franchement, pour être comparé à Blanquette, pour le coup… c’était vraiment trop la honte. Donc bref, pourquoi hésitais-je ? Vous avez trois heures pour répondre, dix pages minimum sur du petit carreau. Et il fallait vraiment que je fasse quelque chose pour ma débilité moi. Avant que ça ne se propage. Bref. Le silence s’éternisait. Ce n’était pas normal.

      « Franchement, garde ton Art. Et offre le nous plus tard. Valentine, tu vas avoir la lourde tâche de sauver les Louisvilliens, ou villois ? j’ai toujours un doute !, mon sourire s’accentua, tandis que les yeux rieurs, je rajoutai, Bref, dans tous les cas, c’est à toi que revient la lourde tâche de sauver les oreilles des habitants, parce que si tu danses, je me tais, promets. D’ailleurs, tu me montreras ? »


    C’était sorti tout seul. Je me frappai mentalement. Non mais je me prenais pour qui ? Parce que je l’avais fait rire, c’était bon ? J’étais son meilleur ami, et wesh frère on va boire une bière ? Je me mordillai la lèvre. Et le pire arriva. Je me sentis rougir. Franchement, moi. Moi. Alexandre Maxime Reh. Je me sentis rougir. De gêne. Franchement. C’était la fin du monde, nous y étions, tout allait exploser. J’étais capable de tenir tête à à peu près tout le monde, il ne devait guère y avoir que mon grand père, et encore, qui était capable de me faire baisser la tête. Les autres, c’était juste pour ne pas m’attirer plus d’ennui si je détournais le regard. Bref. Moi. Je me sentis rougir. La machine à café me sembla extraordinairement intéressante. Je me passai une main nerveuse dans les cheveux. Je me rattrapai aux branches, maladroitement, les cassant unes à une sous le poids de ma bêtise et de ma maladresse.

      « ‘Fin nan oublie ça, c’était stupide. Le tout, c’est que tu… ailles mieux, Valou… Valentine. J’parle beaucoup en fait. Je crois. Remarque, à nous deux, ça doit faire une moyenne correcte de mots par minute. ‘Fin je… ‘fin… »


    Il fallait que quelqu’un me foute un vrai gnon là. Fallait que je ferme ma bouche un peu. Que j’arrête de raconter des bêtises. Parce que là, j’avais l’impression de m’enfoncer. Franchement. Moi. Gêné. C’était l’apocalypse. Mes neurones préparaient le plan d’évacuation mais le ras-de-marrée était en train de tous les annihiler. C’était l’hécatombe. Je m’enfonçai dans le fauteuil, me retenant d’en rajouter. J’espérai juste qu’elle ne l’avait pas pris mal. J’hésitai à m’excuser. Bon déjà, les excuses… euh… elles ne m’étaient pas franchement familières. Oh, je n’étais pas du genre à me croire plus mieux que tout le monde et tout, c’était juste que généralement je pouvais justifier tous mes coups. Physiques. Là, c’était du verbal. Et du maladroit. Et pire que tout, du pas-volontaire. Et pas pensé méchamment. J’essayai de changer de sujet au bout de quelques secondes.

      « C’est joli la Provence, tu sais ? Pas vraiment aussi vert que la Normandie. Mais c’est un paysage différent. Quand j’étais petit, on allait souvent dans la garrigue et les kékés, pour courir et marcher. Je rentrais toujours tout égratigné, parce que me viandait tout le temps dans le thym et tout. Mon frère disait que je ne savais pas tenir en place. Moi je lui disais que lui il ne savait pas bouger. Bref, c’était marrant. C’est marrant, parce que j’ai encore l’impression de sentir l’odeur des kékés. Ce mélange entre le thym, le romarin, la lavande… les odeurs de Provence. Tu étais déjà venue en Normandie toi ? »


    Parler. Parler. Le silence me dérangeait le plus souvent. Il fallait que je parle, que je commente, que je critique, que je fasse des remarques. Pour me prouver que j’étais là ? Sans aucun doute. Aussi, parce que généralement, ça poussait les autres à me dire de me taire, et du coup j’en remettais une couche par-dessus. Je ne savais pas si c’était franchement intelligent de ma part de raconter ma vie ainsi, à Valentine. Moi, ça me rassurait. Les souvenirs, c’était chouette non ? Et puis, quelqu’un qui parle, ça fait du bruit. Et c’est cool d’avoir un bruit de fond. Parce que l’électricité n’étant plus, ou presque, les petits bourdonnements des radios, des télés, du courant tout simplement, manquait. Me manquait du moins. Et Baxter aussi. Tiens, peut être que… non. Rassurer Valentine, oui. Lui parler, oui. Lui raconter ma vie, chanter (faux), dire des bêtises. Oui, oui et re-oui. Mais partager Baxter… non. Il ne fallait pas pousser quand même.

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MessageSujet: Re: ◮ j'aime pas les hôpitaux. [Livre 1 - Terminé]    ◮ j'aime pas les hôpitaux. [Livre 1 - Terminé] EmptyMar 27 Nov - 21:41

Et je sais que le temps guérit les blessures, mais celle ci me semble bien profonde. Comme un gigantesque trou dans la poitrine, c'est la seule chose qui reste, un trou, un immense gouffre qui semblait sans fin jusqu'à maintenant. C'était comme si on voyait un point de lumière, un point blanc au fond du tunnel. Un peu d'espoir dans l'obscurité. La promesse d'une lueur, c'était tout ce dont j'avais besoin je crois. De savoir que j'irais certainement mieux. Cette idée me rendait le sourire, il fallait donner crédit à Alexandre qui était en grande partie la cause de mon revirement d'humeur. On ne peut pas vivre avec les morts, mais on peut avec les vivants. Je ne pourrais jamais oublier mes proches, non, mais ça ne voulait pas dire qu'ils devaient me hanter. Je ne peux pas dire que je suis pleinement consolée, et que mon morale est au beau fixe, mais je vais quand même beaucoup mieux. Et il se remit à parler, enthousiaste, joyeux, il parlait, parlait coupant court au silence, au blanc, s'ils étaient tous comme ça dans sa famille, les repas de famille devait être ... très folklorique. Il me demandait alors si je pouvais lui montrer. Si je pouvais m'exprimer. J'eus un sourire, je trouvais que l'hôpital n'était spécialement un endroit fait pour la danse classique. Mais les couloirs étaient grands, je ne me sentais pourtant pas capable et là.. Je n'ai pas bien compris ce qu'il se passa dans sa tête, tout du moins, ça semblait s'embrouiller complètement dans sa tête. Mais alors ça devait aller trop vite... ou alors les connexions se sont mal faîte.

Et puis il se mit à parler de sa région de la Provence. J'y étais allée, avec mes amis, pour les vacances, on avait choisit le sud pour le soleil, pour pouvoir lézarder sur les plages sauvages. On était des parisiens, nous n'avions pas de prétention, on était pas des parisiens coincés dans les hôtels, on avait avait l'effort de découvrir une région, il parlait des odeurs, j'étais presque admirative, de le voir raconter tout en se souvenant. Parler de son frère, qui semblait très différent de lui. Je me souvenais avec lui, de mes vacances entre amis, dans une maison qu'on avait loué pour les deux semaines, avec les vélos parqués contre la balustrade. Je me souviens que c'était lumineux, et que c'était un endroit... joyeux et chantant, ou on prenait son temps.

Il me demandait si j'étais déjà venue ici. Oui, quand j'étais petite, mes grands parents/parents m'avait amenée ici, je devais avoir une dizaine d'année, mes souvenirs de Louisville sont plutôt flous, je crois que je leur en voulais d'être à Louisville, pendant que mes copines de classe étaient restées à Paris. Je crois que j'avais même loupé une fête d'anniversaire, une mémorable boum comme on en fait plus. Et il se tut. Il me faisait rire, à un moment, il parlait, riait, et puis à des moments, on avait l'impression qu'il prenait conscience qu'il devait parler un peu trop, Mais moi ça me dérangeait pas, vu que je parlais peu, il avait raison à nous deux la moyenne était plutôt bonne. Mais j'avais entendu personne ces derniers jours que ça me faisait plaisir qu'un inconnu complètement... étrange, et plutôt drôle me faisait la conversation. « Je suis déjà venue ici, mais j'étais pas très grande, donc ce sera pas très intéressant à raconter. Mais je suis déjà allée en Provence, en vacances, avec des amis et... » j'eus un temps.. Mes amis, tous, supposons morts... ambiance, mais je repris mon souffle, bien plus forte que le deuil, et je comptais bien continuer mon histoire, il parlait plus que moi,, je n'allais pas essayer de mettre les compteurs à égalité, mais j'avais bien envie de lui parler. « Et donc, on était à Cagne sur Mer, on allait en Italie après, on est resté deux semaines au lieu d'une, tellement on avait adoré, c'était une .. superbe période. » J'eus un sourire faible, un brin de nostalgie dans la tête, je me souviens de mes amis, et moi, qui descendions à toute vitesse dans les descentes sur nos vélos, le sourire aux lèvres. « Je te montrerais quand j'irais mieux. Promis. »

Je crois, malgré les conditions, malgré la situation, que les choses devaient rester simples. « Tu me parles de la Provence ? Ça me rappelle les vacances, et, j'aime bien. » Je reprenais ma position du tailleur, les pieds nus sous les cuisses, j'avais envie de danser. « Dis moi Alexandre, t'es déjà allé à Paris ? Paris c'est joli, c'est historique, y'a beaucoup de chose à faire, et des quartiers magnifiques, mais c'est tellement impersonnel... la ville de personnes, ou tu es personne... Et ... Tu vois.. même si j'essaye de parler j'ai du mal, c'est pas que j'y arrive pas, c'est que je suis pas très douée. »

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MessageSujet: Re: ◮ j'aime pas les hôpitaux. [Livre 1 - Terminé]    ◮ j'aime pas les hôpitaux. [Livre 1 - Terminé] EmptyDim 2 Déc - 21:24

    J’ai à peine songé à Baxter et au fait que jamais je ne pourrais le partager avec qui que ce soit, que déjà Valentine me parle. Enfin, la formulation peut laisser penser que clash, bam, elle bondit hors de son siège pour me parler sans s’arrêter pendant vingt minutes. En fait, non, bien sûr, elle est une fille bien, qui parle peu mais c’est normal, qui ne noie pas l’autre sous des bêtises sans queue ni tête. Je souris, sans vraiment savoir pour quoi en fait, en l’écoutant :

      « Je suis déjà venue ici, mais j'étais pas très grande, donc ce sera pas très intéressant à raconter. Mais je suis déjà allée en Provence, en vacances, avec des amis et... »


    Une pause. J’haussai un sourcil, me demandant ce qu’elle ne disait pas. Des amis et un petit copain ? Assurément, pour une fille aussi jolie, les soupirants ne devaient pas manquer ! Oua alors, elle songeait tout simplement à ses amis. Non, l’hypothèse du copain restait la plus probable, parce que voilà. En même temps, pourquoi se retiendrait-elle de le dire ? parce qu’il était mort ou porté disparu, assurément. Je me repositionnai sur le siège, un ne sachant pas vraiment si je pouvais lui poser la question. Et puis zut, à quoi ça servait de réfléchir, je vous le demandais… parce que là, sincèrement, j’étais en train de me faire des nœuds au cerveau pour pas grand choses, d’autant plus que Valentine avait déjà repris :

    « Et donc, on était à Cagne sur Mer, on allait en Italie après, on est resté deux semaines au lieu d'une, tellement on avait adoré, c'était une .. superbe période. Je te montrerais quand j'irais mieux. Promis. »

    Je me redressai instantanément, hésitant une nouvelle fois entre parler spontanément, ce qui donnerait un « vrai de vrai ? Pour moi tout seul un spectacle ? Trop bien ! Trop sympa ! », et répondre posément et intelligemment avec un « Non, mais je rigolais, il faut que tu te reposes bien, et tu auras certainement mieux à faire ! ». Je finis par opter pour un « Cagne sur Mer ? Connais pas, j’étais plutôt côté Marseille, mais plus dans la pampa en fait, mais tant que c’est en Provence, ça passe » qui se termina en murmure inarticulé lorsqu’elle reprit :

      « Tu me parles de la Provence ? Ça me rappelle les vacances, et, j'aime bien. Dis moi Alexandre, t'es déjà allé à Paris ? Paris c'est joli, c'est historique, y'a beaucoup de chose à faire, et des quartiers magnifiques, mais c'est tellement impersonnel... la ville de personnes, ou tu es personne... Et ... Tu vois.. même si j'essaye de parler j'ai du mal, c'est pas que j'y arrive pas, c'est que je suis pas très douée. »


    J’étais… bizarre. Non, pas bizarre. Je crois que ça faisait longtemps que je laissais parler quelqu’un aussi longuement sans faire de commentaire, l’interrompre ou tout simplement jouer avec mes doigts, un crayon ou tout ce qui me tombait sous la main. Ca faisait longtemps que je n’avais pas sincèrement été… intéressé ? Concerné ? par ce que quelqu’un disait. Oh, il y avait bien Bertin avec qui je pouvais discuter longuement, mais ce n’était pas pareil, parce que, tout d’abord, je le considérais comme un exemple, à mes heures perdues, et ensuite parce que je le connaissais depuis plusieurs années et que ce n’était pas facile, au départ, d’interrompre quelqu’un qui vous avait envoyé un mail. Si un jour vous y arrivez, faut m’envoyer un mail avec un screen, sincèrement. Parce que ce serait d’un niveau juste splendide. Donc bref, j’écoutais Valentine comme je n’écoutais que très rarement, voire jamais, des personnes que je ne connaissais que depuis une dizaine de minutes et auxquelles j’avais essayé de remonter le moral. Parce que déjà, le simple fait que je m’astreigne la mission de remonter le moral de quelqu’un était étrange, alors en plus… bref, vous avez compris. J’espère. Je lui fis un petit sourire, qui se mua en petit rire.

      « Moi ? Te parler de la Provence ? Mais même pas en rêve ! Nan, je rigole, quand tu veux. La Provence, c’est juste… bref, d’abord, faut que je réponde à ta question. Parce que sinon je vais oublier et ce ne sera pas beau à voir. C’était quoi déjà ? Attend, nan, laisse-moi réfléchir…, je fis une petite pause, faisant mine de réfléchir avec ce même air taquin que celui qui creusait des fossettes sur mon visage lorsque j’avais échangé le sel et le sucre dans les bocaux, Ah oui ! Si j’étais déjà allé à Paris ! Paris, c’est genre la ville avec le truc pointu en métal ? Nope, j’crois pas que j’y sois déjà allé. C’est dommage. Quoique… ah non en fait. Si. Non. J’sais plus… »


    En réalité, je m’en souvenais parfaitement. C’était pendant un voyage scolaire auquel j’avais pu participer in extremis parce que mes parents avaient réussi à persuader le directeur de mon cinquième collège que ça pouvait m’être bénéfique. La bonne blague. Dans tous les cas, nous avions usé nos semelles dans pas mal de musées, et je m’étais amusé à respecter scrupuleusement tous les règlements : autrement dit, à en enfreindre avec une minutie exemplaire le moindre article. Sans compter, bien sûr, mes escapades de l’hôtel, le soir, pour aller boire un verre et visiter la Capitale de nuit. Je m’étais perdu une fois, avais retrouvé in extremis l’hôtel vers six heures du matin tandis que les Professeurs qui avaient bien sûr été alertés de mon escapade donnaient mon signalement aux policiers appelés en catastrophe. Il allait sans dire que c’était le dernier soir passé à Paris, et que j’étais rentré illico presto en Provence. C’était donc en quatrième. Cette nuit là, j’avais découvert la beauté des jeux de lumière, la prestance du Panthéon, et le silence de la nuit. L’alcool aussi, même si je le connaissais depuis quelques semaines déjà, ce vieux bougre. Le Panthéon. Je m’étais amusé à calculer le nombre de bus que l’on devait pouvoir caser à l’intérieur pendant que j’en faisais le tour dans la lumière blafarde des lampadaires de la Capitale. Un sourire s’étira sur mes lèvres, et je répondis sincèrement à Valentine, étrangement… moi et sérieux à la fois. Un peu rêveur pour être franc :

      « En fait, j’y suis déjà allé. Une fois. J’étais en… quatrième. On avait visité plus de musée que de bars malheureusement, mais c’était sympa… »


    Je décidai de garder pour moi ce sentiment de plénitude qui m’avait saisi au cœur de la nuit lorsque je marchais dans une ville vivante et endormie à la fois, calme et si mouvante en même temps, un musée à ciel ouvert où l’on pouvait tenter d’escalader les trottoirs, marcher au milieu de la route, sans être réprimandé. Et je quittai cet instant de calme pour recommencer à dire des bêtises. Il fallait que j’arrête d’être trop… posé. Ce n’était pas Alexandre qu’elle devait voir. Et puis, elle n’avait pas le droit de s’immiscer ainsi en moi. Elle n’avait pas le droit de savoir que je pouvais être… moi. Il fallait que je lui apparaisse comme dissipé, un peu bêta, impulsif, fonceur, irresponsable. Ce que j’étais sans nul doute, il ne faut pas vous leurrer.

      « Mais on s’en fout, de ma vie non ? Et puis, en plus si je recommence à ne pas parler beaucoup alors que toi, tu commences à parler comme moi et ben, ça ne va plus aller. J’ai un rythme de mots à la minute à tenir, ma p’tite dame ! Donc la Provence… Tu disais que tu trouvais Paris impersonnel ? La Provence, c’est la région où tu te construis une personnalité je pense. En fait, un touriste qui y va, il trouve ça chouette parce qu’il fait chaud, y’a la mer et puis, c’est le Sud quoi. Et après tu as ceux qui y vivent et qui sont blasés et qui veulent partir dans des endroits plus mieux. Et après bah… y’a les gens normaux et un peu enracinés dans la terre de lavande qui regardent les touristes comme des extraterrestres, qui se parfument au thym et au romarin et qui lorsqu’ils se croisent dans la rue t’interjectionnent avec un « Oh fang le minot, tu vas attraper une insolation à te promener en plein cagnard sans chapeau. Regarde, y’a dégun dans la rue. Va te prendre un 51 sinon la mère elle va gueuler. », et patin coufin . Avec l’aqueçant du Sud, bien sûr. D’ailleurs, en parlant de ça, t’as pas l’accent de Paris toi. Y’a un accent là bas ?»


    Je savais pertinemment qu’on entendait un soupçon de mon accent provençal lorsque je parlais, mais je savais aussi que lorsque je le voulais, je pouvais l’accentuer de telle manière qu’on avait l’impression que je venais de rentrer les brebis et que je me calfeutrais dans ma bori, tout en assumant les quinze générations de purs Provençaux qui coulaient dans mon sang.
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MessageSujet: Re: ◮ j'aime pas les hôpitaux. [Livre 1 - Terminé]    ◮ j'aime pas les hôpitaux. [Livre 1 - Terminé] EmptyJeu 6 Déc - 20:59

Je crois que j'étais encore plus perdue qu'avant, en faîte. J'étais entre deux eaux, perdue entre joie et tristesse. Je ne me complaisais pas dans une mélancolie ou dans un spleen. Je ne sais simplement pas si je dois redevenir cette fille souriante et passionnée, ou attendre un peu par respect. Je n'aime pas cette idée de porter toute la population, je me détachais les cheveux, et passait une mèche derrière mon oreille. Je calais l'élastique autour de mon poignet ou la transfusion ne faisait pas effet. Il fallait avouer que j'aimais parler à Alexandre, et il fallait aussi dire que je le connaissais depuis quelques minutes seulement. Il se redressait d'un coup, le coup tendu, puis semblait repousser quelque chose en lui, mais si rapidement, qu'il enchaîna sur Cagne sur Mer, qu'il ne connaissait pas. J'en étais un peu étonnée. Il me fit rire, décrivant Paris comme une ville avec un truc pointu. Je me mordais la lèvre inférieure pour repousser mon rire. Mais c'était peine perdu. Je n'aime pas spécialement les hôpitaux à l'origine, mais là il fallait avouer que j'étais bien tombée. Il semblait indécis... Il ne savait pas apparemment, je fronçais les sourcils ne comprenant pas bien ce qu'il se passait.

Et puis il reprit, admettant qu'il y était déjà allé. Qu'il avait visité des musées et des bars. Quatrième, se devait être un voyage scolaire, du moins... c'est ce que je supposais. Mais il ne me donna alors pas beaucoup de détails. Peut être n'avait il pas aimé Paris. Ce que je pouvais comprendre. Une de mes amie qui vivait la Bretagne n'aimait pas vraiment Paris. Pour un week end, mais c'était bien là sa limite, un week end, une semaine, pour des vacances, pour visiter, mais impossible pour elle d'y vivre. Mais j'ai de si bons souvenirs dans les rues de Montmattre, près de mon appartement, à monter sur les marches et regarder Paris sur les marches du Sacré Coeur. Il avouait qu'il était plutôt du côté de Marseille. Je n'y suis jamais allée, je ne sais pas si c'était parce que j'étais une parisienne que je n'y étais jamais allé. Mais passons. Il se remit à parler, se mettant presque en scène, faisant des imitations. Et j'en restais... surprise, mais dans le bon sens du terme, j'avais cette expression de surprise amusée, ne m'attendant pas du tout à cet espèce de sketch. Il marqua encore plus son accent du sud, j'eus un rire amusé, me couvrant la bouche, baissant la tête, mes cheveux quelque peu bouclé à cause de l'élastique que je venais de retirer, suivait le mouvement de ma tête, je me relevais la tête d'un coup tentant de retenir le fou rire qui me tenait au ventre, j'en avais presque les larmes aux yeux, je ne pouvais même pas me concentrer sur ce qu'il avait dit après sa parfaite interprétation du sud profond à l'accent chantant. Je ne pouvais pas m'arrêter de rire, la main couvrant ma bouche, mais mon fou rire était évident, peu discret mais avouez que je faisais des efforts pour qu'on ne le voit pas. Ça ne marchait pas très bien, mais tant pis. « Désolée... Désolée Alexandre... Mais vraiment... »Vraiment trop drôle. J'en avais quasiment les larmes aux yeux, je levais mes mains pour essuyer la petite larme qui coulait sur ma pommette. Ça faisait longtemps qu'un tel fou rire ne m'était pas arrivé, j'en étais contente, soulagée. Je gardais aux lèvres, un sourire, et j'aimerais qu'il là tout le temps.

J'étais fatiguée de cette transfusion, mais l'enlever était définitivement une mauvaise idée. Je repensais alors à ce court instant avant que ma vie ne bascule, ce moment ou je préparais mes affaires pour prendre le train maugréant contre ce retard de bus, me la jouant parisienne de province, insupportable petite danseuse étoile qui allait bientôt de rendre compte que ce retard de bus lui avait sauvé la vie. Et maintenant j'étais là, à rire avec un type que j'avais rencontré il y a quoi... un peu plus d'une demi heure. Je ne savais plus quoi, j'avais tellement ris que j'en avais eu mal au ventre. « Et t'as d'autre "talent" d'imitateur ou c'est juste un truc qui vient comme ça, un truc marseillais ? » demandais-je me tournant rapidement vers lui, presque... enthousiaste.
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MessageSujet: Re: ◮ j'aime pas les hôpitaux. [Livre 1 - Terminé]    ◮ j'aime pas les hôpitaux. [Livre 1 - Terminé] EmptyLun 10 Déc - 21:13

    Elle avait détaché ses cheveux lorsque je parlais et ça me faisait immanquablement penser à Blandine lorsqu’elle révisait ses concours de classe prépa. J’avais passé un certain temps dans la chambre de ma sœur lorsque j’étais gamin pour éviter de croiser Emmanuel ou mes parents énervés. Je m’allongeais sur le parquet en silence, c’était la seule condition qu’elle m’imposait pour que je puisse rester, et je la regardais bosser à son bureau si sérieusement. Si, à l’époque, elle se doutait de quelque chose quant à mes capacités intellectuelles, elle l’avait gardé pour elle. En tout cas, Valentine me rappelait ma sœur, que je n’avais pas vu depuis plusieurs mois. Et que je n’allais certainement pas revoir. Mais il ne fallait pas que j’y pense, ce n’était pas le moment. Parce que Valentine essayait de me cacher un fourire, et ce fourire justement j’essayai de le cacher maintenant. Avec peine d’ailleurs, parce que les nerfs, ça ne se contrôlait pas facilement. Elle hoqueta, les yeux brillants de larmes de rire contenues :

      « Désolée... Désolée Alexandre... Mais vraiment... »


    J’explosai de rire sans pouvoir me retenir davantage, conscient que mon imitation était totalement risible. C’était le but, d’ailleurs. Faire rire Valentine, mettre un peu de rose dans son quotidien qui lui semblait si noir actuellement. Je voulais qu’elle rit, je voulais la voir sourire, derrière ses cheveux, parce qu’au moins, ça nous permettait de ne plus songer à la guerre qui nous avait, assurément, tout prit maintenant. Sauf l’espoir et le rire, bien sûr. Je riais en silence, un large sourire me fendant le visage, et des larmes perlant à mes yeux chocolat. Je riais de la voir rire… Toujours cette qualité contaminative, si le terme existait, qu’avait le rire. C’était dingue comme ce pouvait être contagieux. Réellement. Vous faisiez rire quelqu’un et vous vous retrouviez à vous poiler avec cette personne comme si c’était elle qui avait lâché la blague. C’était…

      « Et t'as d'autre "talent" d'imitateur ou c'est juste un truc qui vient comme ça, un truc marseillais ? »


    Elle ne jouait plus, là. Du moins, j’avais vraiment l’impression qu’elle ne faisait plus semblant de rire ou de vouloir me parler juste pour me faire plaisir, comme au début lorsqu’elle avait engagé la conversation. Elle semblait presque… enthousiaste. Je ne pensais pas que l’optimisme et la bêtise étaient contagieux eux aussi ! Enfin, bien sûr, la bêtise restait mon apanage et je n’allais pas non plus me faire trop d’illusions en espérant qu’elle était toute heureuse de vivre et qu’elle ne songeait plus à sa famille, ses amis, et en bref toutes ses connaissances. Inconsciemment, je me demandais si elle avait un copain. Même si c’était tout à fait hors de propos. Dans tous les cas, lui poser la question aurait l’effet d’une douche froide quelque soit sa réponse, et en plus ça ne me regardait pas, et ça ne m’intéressait pas. Oulalala… je me mentais à moi-même, c’était mal… En faisant traîner le a de mal bien sûr. Je me frappai mentalement, et toujours en jouant un rôle, je m’exclamai :

      « Mais ma p’tite dame, je ne suis pas marseillais ! Voyons, quelle confusion honteuse, je suis Provençal, de la Camargue, de la Garrigue, de la pampa ! Mais comme tu es parisienne, je ne vais pas t’en tenir rigueur. Vous avez le droit de ne pas connaître très bien les peuples de Province. D’ailleurs, tu as vu comme c’est proche, Provence, Province ? C’est parce que c’était la première, ou l’une des premières, ‘fin tu vois le genre, des provinces romaines, du coup on l’appelait la Provincia ou un truc dans le genre et Bam, ça a fait des chocapics ! Et des petits Alexandre-le-Grand-pas-Macédonien-mais-Provençal-parce-qu’ils-le-valent… bien… Et donc ouais, mon accent, c’est comme les oliviers : made in Provence. Pas besoin de le forcer, là je ne te faisais pas de l’imitation, c’était naturel. Genre Loréal… « c’est dur à faire ? Nan, c’est naturel »… »


    Je m’interrompis pour reprendre mon souffle. J’avais un réel talent pour débiter un nombre époustouflant de c#nneries à la minute, c’était juste ahurissant. A croire que je pouvais faire ça toute la journée sans m’arrêter. En fait, je pouvais vraiment faire ça toute la journée. Parce que je le valais bien, pour revenir sur la thématique de l’industrie du shampoing. Je respirai un peu, me grattant de manière très distinguée le bras qui avait subi une perfusion comme celle de Valentine quelques temps plus tôt. Il allait sans dire que je l’avais envoyée valdinguer assez rapidement à partir du moment où j’avais été suffisamment conscient pour savoir qu’elle était là. Je pointai d’ailleurs celle de la danseuse étoile, en demandant avec une moue étonnée :

      « Nan mais sérieux, pourquoi tu la gardes ? Elle ne te gêne pas ? je trouve ça tellement chiant ! La mienne, dès que j’ai ouvert l’œil, j’ai insisté pour qu’on la jarte de mon bras. Mais bon, tu dois être bien plus sensée que moi… »


    Je regrettais d’avoir ouvert la bouche pour sortir cette dernière bêtise. Elle n’avait pas besoin de savoir que je faisais vraiment le c#n… Elle n’avait pas besoin de savoir que pour être totalement libre et sans contrainte je rejetais toutes les formes de chaînes, d’entraves, d’autorité, et que la perfusion comptait parmi les premières, et qu’elle soit bonne pour moi n’y changeait rien dans ma tête. D’un côté ma raison me disait toute la journée « mais écoute les, crétin, tu sais qu’ils ont raison, tu sais que tu fais le c#n et que tu ne vas pas te faire du bien » et de l’autre, le petit diable qui m’habitait jubilait en me disant « voilà, c’est bien. Ils ne te connaissent pas, ils s’enchaînent et toi tu es libre comme l’air. Ils ne peuvent rien t’imposer ! ». J’avais tenté de me rattraper aux branches de l’arbre en louant le sérieux de Valentine, mais je sentais bien que lesdites branches craquaient sous le poids de ma bêtise et la vitesse de mon débit de parole. Que disait un auteur dont j’avais oublié le nom déjà ? Pense d’abord, parle après ou quelque chose dans le genre. Et bien moi, c’était agis d’abord, parle tout le temps et pense rarement. Bienvenue chez crétin.com (la licence .fr était déjà prise), Alexandre pour vous servir. Et le pire, c’était que pour le coup, niveau bêtise, le service était rapide, avec des Gutscheins comme on disait en allemand, et des offres promotionnelles à la française, assez régulières. Et pour dire c#nneries dites dans la même heure, les onzième et douzième étaient offertes. Youpi, c’est les soldes ! Je déraillai totalement en pensée. Ca devenait grave. Je sentis le besoin de m’excuser pour mon silence qui dirait depuis une durée outrageusement longue selon mon référentiel.

      « Désolé, je pensais. Ouais, il parait que ça m’arrive. Et en plus, j’ai faim. On m'a toujours dit que la bouffe d'hôpital, c'était dégueu, perso, j'trouve ça comestible. Enfin, plus comestible que ce que moi, je fais en fait. Tu cuisines bien ? Tu aimes bien ce qu'on a à bouffer ? Tu as déjà mangé d'ailleurs... ? parce que si tu viens de te réveiller, tu dois avoir vachement faim ! »

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MessageSujet: Re: ◮ j'aime pas les hôpitaux. [Livre 1 - Terminé]    ◮ j'aime pas les hôpitaux. [Livre 1 - Terminé] EmptyVen 28 Déc - 15:17

Je reprenais mon souffle, j'en avais encore mal au ventre. Il avait explosé de rire à l'unisson, m'entraînant encore plus dans mon fou rire, il n'y a rien de plus contagieux qu'un fou rire. Je me sentais tout de même bien mieux, il y a encore quelques minutes j'étais encore en train de fixer une machine à café, me lamentant en silence. Et je trouve que cela reste une situation qui n'était pas condamnable. Au final, je n'avais plus vraiment de repères, plus grand chose quand on y réfléchissait. Mais maintenant, ça allait bien mieux. J'aime bien ce qui est en train de se passer, c'était spontané. J'eus un soupir, soulagée, fatiguée, je ne savais pas bien. Et il se lança dans une explication à laquelle, je ne comprenais rien, j'étais quasiment convaincue que tout ceci était très clair, mais il avait un débit de parole hors du commun, il parlait à une vitesse inouïe, et j'avais beaucoup de mal à me reconcentrer sur ce qu'il racontait après mon fou rire. J'avais fait l'erreur de parler de Marseillais alors qu'il ne l'étais absolument pas. J'avais pris pour argent content ce qu'il avait dit à propos qu'il était plutôt du côté de Marseille.

Il commençait à me demander pourquoi je gardais ma perfusion. Ma tête se redressait vers lui. Pourquoi la garder ? J'étais arrivée sèche comme une coquille de noix, déshydratée au possible, avec le ventre vide depuis des jours. Le moindre nutriment, la moindre petite chose qui me permet de tenir debout sans soutien je prend, je garde, même si je ne supporte pas cette sensation d'intrusion sous ma peau. Et qu'elle ne devrait pas non plus être trop indéterminée dans le temps. Je regardais Alexandre, il déclarait l'avoir arrachée dès qu'il avait eu les yeux ouverts, je ne comprenais pas bien pourquoi un tel geste. Après tout, je ne pouvais me vanter de le connaître parfaitement et de comprendre ses paroles et ses actes. Mais déjà il avait fait beaucoup pour moi, me sortir de ma léthargie, et voir qu'il y a avait peut être un peu d'espoir. Je haussais les épaules, et il reprit la parole.

Il me demandait si j'avais mangé. Il exprima son avis sur les repas qu'il ne trouvait pas si dégoûtant que cela. J'adhérais à cette déclaration. De toute façon, peu m'importait ce qu'il avait dans mon assiette, cela aurait pu être du son d'avoine, de la bouillie de n'importe quoi, j'avais eu tellement faim, que tout semblait avoir un goût de victoire. Mais j'avais eu un repas honorable, que j'avais mangé plus que lentement, avec un vrai cérémonial, proprement, sans hâte. Et j'avais tout terminé. Les plats étaient quasiment propre, j'avais pris le soin de ne pas laisser la moindre trace de nourriture dans ce plateau repas. Ce n'était pas le moment de faire les difficiles, et je ne l'avais jamais été. Je me demandais alors ce que j'aurais fait à cette heure. En pause certainement, à attendre le début de la deuxième session. Je n'aime pas cette pensée que je viens d'avoir. Ma vie à l'Opéra de Paris est terminée, ma collection de pointe d'entraînement, de ballet, les costumes, les tutu, les tulles, les tenues d'entraînement.« Oui j'ai mangé, peu importe le goût que ça avait d'ailleurs, j'étais affamée. J'attends avec impatience le dîner même. » commençais-je. Si je savais cuisiner ? Oh assez bien, ma grand mère était une femme qui cuisinait parfaitement bien, elle avait mis un point d'honneur à m'apprendre à cuisiner. Après tout, c'était elle qui m'avait tout appris, c'était avec elle que j'avais grandi, elle était ma mère, à défaut de celle qui m'avait abandonné car son amour pour la drogue et les fêtes nocturnes dans des quartiers huppés, était plus fort que l'amour qu'elle pouvait me porter. L'idée même qu'elle est pu survivre à ma grand mère, me donnait la nausée. « Je cuisine plutôt bien. Simplement pas assez souvent, à cause de mon activité à l'Opéra et des entraînements. Je risque d'avoir plus de temps pour m'améliorer je suppose. » Je haussais les épaules, un peu résignée, la rigueur des entraînement allait certainement se perdre, cette idée me rendait terriblement triste. L'idée était certainement de me forcer à garder mon rythme de vie, en fonction de ce que je trouverais pour m'occuper Louisville. Une nouvelle vie devait bien commencer, ramener le passé sur la table était une si mauvaise habitude à prendre. Je reportais mon attention sur la machine à café, puis sur Alexandre, me demandait ce qu'il allait bien pouvoir raconter, il me semblait que peu importe la manière il réussissait toujours à dire ce qui lui passait pas la tête. Du moins une majeure partie.

Je baillais une première fois, si fort, que j'en fus la première étonnée. Je crois que la fatigue me rattrapait, je n'avais pas beaucoup dormi ces derniers jours, le trajet avait été rude, long, fastidieux, sans pitié. Mais j'avais été étonnée de ma propre volonté, Je demandais alors un homme venant du Sud c'était retrouvé dans un trou paumé de la Normandie... Je ne me souvenais pas que le Sud avait été touché, ou alors j'avais loupé beaucoup d'épisodes... Ou alors je n'avais simplement pas écoutée. « Dis moi... hum... Pourquoi quitter le Sud pour la Normandie ? Tu connais quelqu'un ici ? Ca me semble vraiment loin de venir de Provence, tu étais en vacances peut être ? Je te pose trop de questions, excuse moi.. »

Spoiler:
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MessageSujet: Re: ◮ j'aime pas les hôpitaux. [Livre 1 - Terminé]    ◮ j'aime pas les hôpitaux. [Livre 1 - Terminé] EmptySam 26 Jan - 23:27

      « Oui j'ai mangé, peu importe le goût que ça avait d'ailleurs, j'étais affamée. J'attends avec impatience le dîner même. Je cuisine plutôt bien. Simplement pas assez souvent, à cause de mon activité à l'Opéra et des entraînements. Je risque d'avoir plus de temps pour m'améliorer je suppose. »


    Elle bailla et j’eus un petit sourire amusé en baillant de concert. Je pensais qu’il n’y avait rien de plus contagieux qu’un fourire, mais je me trompais, parce que les bâillements c’était pire, bien pire. C’était sournois, parce que vous ne les contrôlez pas du tout, encore moins que les rires. Je me rendis soudainement compte que je la retenais peut être alors qu’elle devait être carrément crevée vu sa tronche de déterrée (j’avais suffisamment de tact pour ne pas dire ça à haute voix, quand même), et qu’elle était peut être censée dormir bien au chaud dans sa chambre d’hôpital. Je m’apprêtais d’ailleurs à lui en faire la remarque (que je ne voulais surtout pas la retenir et blablabla en sautant le passage sur sa tronche, quand même…), lorsqu’elle me posa une question que je ne plaçais pas du tout dans le top cent des questions que je voulais entendre à dire vrai…

      « Dis moi... hum... Pourquoi quitter le Sud pour la Normandie ? Tu connais quelqu'un ici ? Ca me semble vraiment loin de venir de Provence, tu étais en vacances peut être ? Je te pose trop de questions, excuse moi.. »


    Je cachai mon embarra dans un décoiffage de cheveux embarrassé. Je ne savais pas pourquoi, je n’avais pas spécialement envie de lui dire que j’étais militaire. C’était stupide, mais… j’appréhendais sa réaction. Généralement j’étais bien au dessus de ça, me fichant totalement (en apparence tout du moins) de l’impact de mes dires et de mes réactions sur les autres et des jugements qu’ils pouvaient porter sur ma petite personne. De toute manière ça ne me touchais plus, voire pas plus que cela, et j’avais l’habitude qu’on me méprise, qu’on me considère comme un fou ou un crétin (pour ce dernier point, c’était pour mon plus grand plaisir). Mais cette fois, je n’avais pas envie de chuter dans l’estime de Valentine et m’en rendre compte une fois de plus parvint à me faire mal. Mal alors que je n’avais pas pensé un seul instant que ça puisse me porter préjudice de lui parler et de lui remonter le moral. Depuis quand le jugement que quelqu’un pouvait poser sur moi avait à mes yeux un quelconque intérêt ? Depuis quand me souciais-je de ce que pensait quelqu’un à mon sujet ? Ca ne m’était plus arrivé depuis Autun où la lueur de déception que je lisais dans les regards de mes chefs et du proviseur me touchait. Je ne savais pas quoi répondre à la parisienne qui était à côté de moi, et ça me perturbait. Il était bien fier, l’Alexandre je-cause-tout-le-temps-et-je-suis-si-sûr-de-moi… Je bégayai un mensonge, un demi-mensonge plutôt, sans croiser son regard. Il était bien fier, aussi, le fieffé menteur… Je gardais un aplomb sans pareil devant quiconque, de mon père à mes officiers en passant par mon berger allemand, mais voilà que je bégayais comme un collégien pris en faute. Même en cinquième lorsqu’on m’avait surpris à fumer un joint j’avais eu plus d’assurance dans mon insolence !

      « Euuh… une réunion. Je… pour le boulot. Je m’occupe de chiens. C’est pas très important… Bref. Je... suis ridicule.»


    Et bam, ça y était, j’avais une pancarte « Métier d’Alexandre le grand à creuser puisque ça semble le gêner et donc cacher un lourd secret » ou une autre c#nnerie dans le genre. Je devais déjà être catalogué. Mais Valentine était aussi fine que j’étais stupide et crétin derrière mes résultats exceptionnels aux tests de QI. Comme je l’avais dit au Proviseur d’Autun des années auparavant, ce n’étaient que des c#nneries, ces tests. J’étais brillant, je comprenais vite, sans aucun souci, les concepts de mathématiques et de physique, de chimie, de biologie, de français, j’assimilais les nouvelles choses aussi vite que l’éclair, mais je n’étais qu’un p#tain de crétin de m#rde qui ne savait pas être gentil et qui semait les emm#rdes des kilomètres à la ronde par sa simple présence. A chaque fois que quelqu’un, un médecin, un psy (j’en avais vu quelques uns que je menais en bateau avant de les faire craquer), me sortait un « j’ai regardé votre dossier », c’était fini pour lui. Et tout ça pour dire, que Valentine était bien plus fine que moi. Je me doutais bien, peut être l’espérais-je aussi un peu, qu’elle n’allait pas appuyer sur le sujet, se contentant de reporter le sujet du pourquoi de ma présence ici à plus tard, si on était amené à se croiser à nouveau. Chose que j’espérais comme je craignais. J’aimais bien Valentine. Elle avait une sensibilité que je n’avais pas, un calme dont j’étais incapable, une gentillesse qui ne m’était atteignable que dans mes rêves et des états d’ébriétés très très difficiles à atteindre. Je pianotais sur l’accoudoir du fauteuil, cherchant une esquive possible. Ce fut un cri facilement reconnaissable arrivant de l’autre côté du couloir qui me fit sursauter et osciller entre la peur, l’amusement, l’envie d’être aussi insolent qu’immature, et le soulagement le plus total :

      « Ah, et bien c’est ici que je vous trouve ! Non mais vous êtes impossible ! Reh, vous allez me faire le plaisir de retourner dans votre chambre maintenant, ou j’appelle vos supérieurs et… »

      « P#tain mais ta gueule, tu vas la fermer oui ? »


    Ca m’avait échappé dans un souffle, lorsqu’elle avait commencé à parler de mes supérieurs. Elle ne voyait pas que y’avait Valentine à côté de moi, cette blondasse ? Et puis, c’était quoi ces manières de crier dans les couloirs, est ce que je criais sans raison moi ? Oui ? Non, j’avais toujours des raisons tout à fait justifiées. Et ce n’était pas la question. Je me levais en chancelant, en essayant de ne pas trop forcer sur ma jambe qui, soit dit en passant, ne me faisait plus vraiment mal. Aïe. Faisait… au passé. A peine le pied posé au sol que je retenais à grand peine une grimace. Je la transformais en grimace exagérée adressée à Valentine alors que l’infirmière s’approchait de nous.

      « Et bien Valentine, je crois que ma princesse m’attendait dans la plus haute tour du plus haut donjon du château et qu’elle est déçue de ne pas m’y avoir trouvé ! Bref, en gros, va falloir que je te laisse… et »


    Le regard de l’infirmière qui, soit dit en passant, ne correspondait pas vraiment au modèle de princesse que l’on rencontrait dans les disney et autres livres pour enfants, m’invita à me la boucler et à abréger les au revoir, aussi me fis-je un plaisir de tendre la main à Valentine avec un clin d’œil :

      « En tout cas, ce fut un plaisir de te rencontrer ! Repose toi bien, et n’oublie pas, tant qu’il y a de la vie, y’a de l’espoir, et si même les harpies comme celle qui vient de crier, sans vouloir vous offenser madame, peuvent apporter une pierre à l’édifice, alors quelqu’un d’aussi exceptionnel que toi… je ne te raconte même pas à quel point tu vas devenir indispensable lorsqu’on s’apercevra que je suis capable d’empoisonner la ville en tentant de faire une omelette ! »


    Je faillis partir dans un fourire et une autre réplique lorsque je m’aperçus que le regard de l’infirmière s’était durci et qu’elle me proposait son bras secourable pour rejoindre ma chambre. Avec un sourire encore plus insolent, en m’étant de côté toute l’angoisse que j’avais pu ressentir en m’apercevant que j’appréciais vraiment trop Valentine, je repoussai son bras :

      « D’accord ! D’accord ! j’y vais ! Ô rage, Ô désespoir, Ô vieillesse ennemie, que n’ai-je don’ vécu que pour cette infamie ? Je suis désolé de refuser votre main très chère et… aïe fais chier jambe de mercredi… A plus tard Valou ! Hum… Valentine ! Repose toi bien sinon la méchante infirmière viendra te gronder ! »


    J'éclatai une nouvelle fois de rire, devant le visage de l'infirmière. A regret, je tournai le dos à Valentine, guettant en me retournant toutes les deux secondes le moindre signe complice de sa part, et boitillant en direction de ma chambre !

    Spoiler:
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